6 de novembro de 2009

[ecf-messager] Journal des Journées SPECIAL PROGRAMME avec trois documents

Spécial Ecole de la Cause freudienne

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Programme des Journées

et élections au Conseil

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JOURNAL DES JOURNÉES

Le jeudi 5 novembre 2009, édition de 21h 35


L’Ecole de la Cause freudienne

sous la tyrannie de la transparence

par Jacques-Alain Miller


J’ai annoncé dans le numéro 53, achevé à 14h 29, que je publierai un texte de moi intitulé « Inutile inerview » . Il s’agissait des réponses que j’avais données aux questions d’Olivia Recasens, du Point, qui avait eu l’idée de faire paraître un entrefilet sur les prochaines Journées. J’étais descendu de bon matin acheter le magazine, je l’avais feuilleté rapidement : rien. J’étais étonné, d’autant que j’avais eu Olivia au téléphone la veille, à propos de Lévi-Strauss, et qu’elle ne m’avait rien dit d’une suppression de cet entrefilet. Bon, je reprends le numéro, je l’épluche page par page : rien. « Bah, me dis-je, ça a sauté en raison de la mort du grand homme, ils avaient besoin de place ». Puis, je pense à glisser « l’interview inutile » dans le Journal n° 54, à paraître demain, le dernier avant l’événement.

A peine avais-je adressé le numéro à Benichou et Holvoet, que je reçois un mail d’Eric Laurent, 13h 34 : « Première fois qu’il y a un truc comme ça dans un mag. A toi, Eric ». Dumbfounded, j’appelle aussi sec mon copain, lui demande la page : « Page 92 ». En effet, c’est là, et ce n’est pas petit, et il y a une belle photo d’Alain Prost. J’appelle Olivia, lui narre l’épisode, la remercie. Me voilà à devoir analyser cette hallucination négative. Je vous l’épargne, d’autant que je n’ai pas le loisir de m’y mettre. Et je n’évoque le fait que pour la raison suivante : qu’il illustre bien ceci, que désormais, l’Ecole de la Cause freudienne n’appartient plus seulement à ses membres, et qu’elle vit, et doit vivre, sous le regard du public.

Nous en avons trop fait, nous avons trop grandi, nous nous sommes trop risqués, et en première ligne, dans le combat politique de ces dernières années, pour ne pas avoir été… remarqué. Longtemps, les psychanalystes ont prospéré sous le régime du « Vivons heureux, vivons cachés ». J’ai aimé ça, moi aussi, j’ai cédé à la jouissance de ne pas répondre, laisser pisser, attendre que l’orage passe, spéculer sur la fatigue et la distraction d’autrui. Mais il y a choix forcé. Nous sommes découverts ! Le Président de l’Assemblée nationale, quatrième dignitaire de la République, et médecin ORL, s’est penché sur le cas des psys, et leur a prescrit un fort amendement qui se prend par l’oreille, comme le poison du spectre dans Hamlet. Il est destiné à soigner notre phobie du contact avec l’Etat. Le Point nous suit à la trace. L’un de nos membres les plus audacieux se produit à la télévision, au théâtre, et maintenant réalise un documentaire sur « la première séance » qui fait jaser jusqu’en Amérique. L’analysante la plus célèbre du monde, qui n’est rien dans l’Etat, mais quelque chose dans les médias, sans parler du cœur du président de la République, nous regarde avec bienveillance. Nous sommes bien contents de tenir un colloque dans les locaux du ministère de la Santé, de nous faire encenser par Mme Bachelot après M. Douste-Blazy, et nous somme d’utilité publique pour l’avoir demandé, et ONG reconnu par les Nations-Unies. Nous sommes heureux, fiers, soulagés du public qui afflue à nos Journées, de la jeunesse qui se presse dans nos cabinets. Eh bien, mes amis, tout ceci se paye. Vous ne pensiez tout de même pas que c’était gratis ?

Cela se paye d’une perte : c’en est fini du petit monde fermé sur soi où nous trouvions notre confort.

Dans les microcosmes divers, sur ces « montagnes magiques », où les psychanalystes ont l’habitude de soigner leurs « restes symptomatiques », comme s’exprime Freud avec un tact exquis, les augures, ayant déjà pris depuis longtemps leur mesure les uns les autres, s’étant accordés en silence sur le partage du gâteau, se contentent de surveiller le voisin du coin de l’œil, pour s’assurer qu’il n’avale pas plus que la part à lui concédée par la justice distributive du groupe. Gare aux trouble-fête qui voudraient par mégarde s’asseoir à la table des demi-dieux ! Pénia ne dîne pas chez Poros, elle grelotte dans la rue, style « la petite marchande d’allumettes », elle a tout juste le droit de humer le fumet des plats, (en fait, souvenir d’une scène de Charlot, je crois). Conformément aux préceptes de Sun-Tzu, A paralyse B, qui paralyse C, qui paralyse A. De proche en proche, le nœud bo se fait de plus en plus serré, jusqu’à ce qu’enfin, toute créativité crève, toute initiative périclite, tout désir défaille - et chacun de rejoindre sa datcha. Il n’en sort que pour s’assurer que les autres respectent le pacte tacite des barbichettes.

Non, non, et non ! L’Ecole de la Cause freudienne ne connaîtra pas ce sort.

Eric Laurent, nouveau Kondratieff, notait, il y a dix ans, que les scissions se produisaient dans l’Ecole de Lacan, ou plutôt dans l’Ecole procédant de Lacan, avec une périodicité de dix ans. La notion m’avait frappé, et la prophétie. Dix ans, nous y sommes. Et en effet, une scission se dessine. Mais c’est la scission de l’ECF d’avec elle-même. L’heure est venue de sa passe, comme plusieurs l’ont en effet aperçu avant moi. C’est le moment pour elle de « renaître, pour savoir si (elle) veut ce qu’(elle) désire… » (Ecrits, p.682, dernier paragraphe).

Tous sortent, A, B, et C, tous les prisonniers à la fois - ce qui est la condition d’un progrès (cf. Autres écrits, p. 520, dernier paragraphe), mot qu’il est rare de lire, sans guillemets d’ironie, sous la plume de Lacan, plutôt anti-progressiste, à la différence de notre ami Aleman, par exemple, et quelques autres. Tous, nous laissons derrière nous notre montagne magique, comme Zarathoustra. Revenons neufs !

Non, il ne s’agit pas de changer de statuts, de local, de papier peint. Il s’agit pour l’analyste de satisfaire à l’injonction rimbaldienne, « être absolument moderne », sans cesser d’être lui-même, au sens de « s’autoriser de lui-même », je veux dire, en étant lui-même avec autant de résolution qu’il sera moderne.

Notre réputation ? Voulons-nous celle d’enfants sages ? On leur donne des tapes, aux enfants sages, car sages, ils ne le sont jamais assez. Il faut être un peu incommode, et ne pas plier, pour être respecté. Notre réputation se porte très bien, merci (en dépit de calomnies dont il est clair qu’elles n’ont jamais cessé, et qu’elles venaient parfois de certaines gens à la langue fourchue, que nous avons promus, édités…)

Quand ils élisent leur président, on dit des Américains qu’ils l’élisent en fait pour tout l’Occident, ou même pour le monde entier. Peu importe que ce soit vrai ou non, je retiens la notion que certains puissent, dans certaines circonstances, agir comme les délégués informels des autres. Le Conseil et le Président de l’Ecole sont élus, et resteront élus, par les membres, dûment reconnus, de l’Ecole. Mais ils le seront désormais sous le regard, et au nom, de tous ceux qui sont « les amis de l’Ecole », qui « participent à ses activités », comme nous disons dans notre chère langue de bois, ce qui veut dire qu’ils sont notre relève.

Logique avec moi-même, je proposerai à l’Assemblée du samedi soir d’approuver le principe d’une Génération Journées, qu’il appartiendra au Conseil élu ce soir-là, et au Directoire qui en sera issu, de mettre en œuvre, avec tout le discernement qu’exige l’entrée dans l’Ecole, en tant que membre, un par un (par quoi on devient, en quelque sorte, pupille de l’Ecole, voir la pertinente contribution de Rose-Marie Bognar aux Journées, « La pupille de la Nation »).


Ce jeudi 5 novembre 2009

14h-20h30

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Ce numéro

Ce numéro spécial comprend, avec le texte que l’on vient de lire :

  • « La petite fille aux allumettes », conte de Hans Christian Andersen ;

  • le programme des Journées, avec le nom des présidents de séance ;

  • la brochure des arguments présentés, à l’appui de leur candidature au Conseil, par chacun des 17 collègues qui se proposent au vote de l’Assemblée ;

  • un dessin humoristique de Stéphane Daure.

Les trois derniers items figurent en documents attachés.


La petite fille aux allumettes

Conte d'Andersen

Il faisait effroyablement froid; il neigeait depuis le matin; il faisait déjà sombre; le soir approchait, le soir du dernier jour de l'année. Au milieu des rafales, par ce froid glacial, une pauvre petite fille marchait dans la rue: elle n'avait rien sur la tête, elle était pieds nus. Lorsqu'elle était sortie de chez elle le matin, elle avait eu de vieilles pantoufles beaucoup trop grandes pour elle. Aussi les perdit-elle lorsqu'elle eut à se sauver devant une file de voitures; les voitures passées, elle chercha après ses chaussures; un méchant gamin s'enfuyait emportant en riant l'une des pantoufles; l'autre avait été entièrement écrasée.

Voilà la malheureuse enfant n'ayant plus rien pour abriter ses pauvres petits petons. Dans son vieux tablier, elle portait des allumettes: elle en tenait à la main un paquet. Mais, ce jour, la veille du nouvel an, tout le monde était affairé; par cet affreux temps, personne ne s'arrêtait pour considérer l'air suppliant de la petite qui faisait pitié. La journée finissait, et elle n'avait pas encore vendu un seul paquet d'allumettes. Tremblante de froid et de faim, elle se traînait de rue en rue.

Des flocons de neige couvraient sa longue chevelure blonde. De toutes les fenêtres brillaient des lumières: de presque toutes les maisons sortait une délicieuse odeur, celle de l'oie, qu'on rôtissait pour le festin du soir: c'était la Saint-Sylvestre. Cela, oui, cela lui faisait arrêter ses pas errants.

Enfin, après avoir une dernière fois offert en vain son paquet d'allumettes, l'enfant aperçoit une encoignure entre deux maisons, dont l'une dépassait un peu l'autre. Harassée, elle s'y assied et s'y blottit, tirant à elle ses petits pieds: mais elle grelotte et frissonne encore plus qu'avant et cependant elle n'ose rentrer chez elle. Elle n'y rapporterait pas la plus petite monnaie, et son père la battrait. 
L'enfant avait ses petites menottes toutes transies. «Si je prenais une allumette, se dit-elle, une seule pour réchauffer mes doigts? » C'est ce qu'elle fit. Quelle flamme merveilleuse c'était! Il sembla tout à coup à la petite fille qu'elle se trouvait devant un grand poêle en fonte, décoré d'ornements en cuivre. La petite allait étendre ses pieds pour les réchauffer, lorsque la petite flamme s'éteignit brusquement: le poêle disparut, et l'enfant restait là, tenant en main un petit morceau de bois à moitié brûlé.

Elle frotta une seconde allumette: la lueur se projetait sur la muraille qui devint transparente. Derrière, la table était mise: elle était couverte d'une belle nappe blanche, sur laquelle brillait une superbe vaisselle de porcelaine. Au milieu, s'étalait une magnifique oie rôtie, entourée de compote de pommes: et voilà que la bête se met en mouvement et, avec un couteau et une fourchette fixés dans sa poitrine, vient se présenter devant la pauvre petite. Et puis plus rien: la flamme s'éteint.

L'enfant prend une troisième allumette, et elle se voit transportée près d'un arbre de Noël, splendide. Sur ses branches vertes, brillaient mille bougies de couleurs: de tous côtés, pendait une foule de merveilles. La petite étendit la main pour saisir la moins belle: l'allumette s'éteint. L'arbre semble monter vers le ciel et ses bougies deviennent des étoiles: il y en a une qui se détache et qui redescend vers la terre, laissant une trainée de feu. 
«Voilà quelqu'un qui va mourir » se dit la petite. Sa vieille grand-mère, le seul être qui l'avait aimée et chérie, et qui était morte il n'y avait pas longtemps, lui avait dit que lorsqu'on voit une étoile qui file, d'un autre côté une âme monte vers le paradis. Elle frotta encore une allumette: une grande clarté se répandit et, devant l'enfant, se tenait la vieille grand-mère.

- Grand-mère, s'écria la petite, grand-mère, emmène-moi. Oh! tu vas me quitter quand l'allumette sera éteinte: tu t'évanouiras comme le poêle si chaud, le superbe rôti d'oie, le splendide arbre de Noël. Reste, je te prie, ou emporte-moi.

Et l'enfant alluma une nouvelle allumette, et puis une autre, et enfin tout le paquet, pour voir la bonne grand-mère le plus longtemps possible. La grand-mère prit la petite dans ses bras et elle la porta bien haut, en un lieu où il n'y avait plus ni de froid, ni de faim, ni de chagrin: c'était devant le trône de Dieu. 
Le lendemain matin, cependant, les passants trouvèrent dans l'encoignure le corps de la petite ; ses joues étaient rouges, elle semblait sourire ; elle était morte de froid, pendant la nuit qui avait apporté à tant d'autres des joies et des plaisirs. Elle tenait dans sa petite main, toute raidie, les restes brûlés d'un paquet d'allumettes.

- Quelle sottise ! dit un sans-coeur. Comment a-t-elle pu croire que cela la réchaufferait ? D'autres versèrent des larmes sur l'enfant; c'est qu'ils ne savaient pas toutes les belles choses qu'elle avait vues pendant la nuit du nouvel an, c'est qu'ils ignoraient que, si elle avait bien souffert, elle goûtait maintenant dans les bras de sa grand-mère la plus douce félicité.




1

Salle Kurt Gödel

341

trou-matisés !@carlo vigano

Yasmine Grasser, Comment Lacan m’a traumatisée

Paulo Siqueira, N’importe quoi !

lui est elle, elle est lui @thierry vigneron

Antoni Vicens, Au pire

Agnès Giraudel, Le dire est mâl(e)

être chassé(e)@pierre stréliski

François Bony, On ne veut pas de lui”

Gudrun Scherer, “Weg”


la mesure du bien-dire@pierre-gilles guéguen

Ana Lucia Lutterbach-Holck, Notes d’un témoignage

Pauline Prost, Comment j’ai appris à me taire

se faire voir@pierre-gilles guéguen

Pascal Pernot, Inédit, spécial Journées

Beatriz Vindret, Passée par la fenêtre, sortie du sens

l’inconscient devenu joyeux@fabien grasser

Laetitia Belle, D’Est en Ouest

Chantal Simonetti, Ce qui n’existe pas, ce qui rate, ce qui insiste


2

Salle des Imbroglios

342a

lacan aux deux visages@jesus santiago

Jean-Claude Maleval, [texte à venir]

Jean-Claude Razavet, Tours et retours

percée du désir de l’analyste@patricia bosquin-caroz

Sonia Chiriaco, Retour vers le futur antérieur

Charles-Henri Crochet, Se décrocher

sexuation masquée@marie-josé asnoun

Daniel Roy, Deux ou trois choses que je sais de lui

Elisabeth Gurniki-Durieux, Le perce-oreille


la traversée de la mort@antonio di ciaccia

Patrick Monribot, Le dur désir de durer

Jean-Philippe Parchliniak, La résurrection : Troisième

yes, you can !@antonio di ciaccia

Monique Amirault, Le symptôme inexistant

Claude Quénardel, Vie privée

n’être personne@sophie marret-maleval

Alain Abelhauser, Une vieille godasse

Rose-Marie Bognar, La pupille de la Nation


3

Salle des Insights

342b

la vocation médicale@guy briole

Carole La Sagna, Un rêve chez Lacan

Corinne Rezki, La sainte e(s)t la diablesse,

l’autorisation analytique@augustin ménard

Rose-Paule Vinciguerra, S’autoriser, mais deux fois

Hélène Bonnaud, Ne s’autorise…

l’objet rien@eric zuliani

Ahmed Degachi, Rien ?

Françoise Biasotto, Beaucoup de silence pour rien


le calme et la colère@guy trobas

Marie-Hélène Brousse, Grosse colère

Dominique Wintrebert, Calmer une femme

lecture-sinthome@guy trobas

Philippe Hellebois, La bibliothèque vide

Laura Sokolowsky, “Une chance inouïe”, disait une voix

la conquête du oui@pierre naveau

Beatriz Gonzalez-Renou, Goût du “non”, vertige du “oui”

Angèle Terrier, Celle à qui on dit oui


4

Salle de la Belle Bouchère

343

pulsions de vie@francisco hugo freda

Viviane Marini-Gaumont, Mon entre-deux morts

François Ansermet, La mort aux trousses

la maladie des livres@hervé castanet

Pierre Naveau, Je veux être lu

Dalila Arpin, Un petit rat de bibliothèque

bouche cousue et décousue@herbert waschberger

Annie Dray-Stauffer, Sous un regard mort

Catherine Lacaze-Paule, S’ôter le frein de la bouche


de l’allemagne au japon@eric laurent

François Leguil, Les séductions paradoxales d’un Bildungsroman

Victoria Paz, Kabuki

le héros, la victime@eric laurent

Armand Zaloszyc, Destin d’un insubmersible

Dominique Haarscher, Mon nom est Parlêtre

les puissances de la voix@christine le boulengé

Jeanine Sparbé, Le bon usage de mon “Je m’efface”

Geneviève Mordant, La chair de m’a voix


5

Salle des Mathèmes

351

l’existentialisme analytique@jorge forbes

Philippe La Sagna, Un mode de vie sans mode d’emploi

Joëlle Joffe, Certainement pas psychanalyste

le poids des parents@nathalie charraud

Véronique Mariage, Le sot-l’y-laisse

Dominique Pasco, La Dame de Chenonceau

l’attente-symptôme@bernard lecoeur

Réginald Blanchet, L’acte instant

Chantal Bonneau, L’effacement d’une virgule


quoi faire, quoi ne pas faire@dominique miller

Catherine Lazarus-Matet, Pourquoi je n’ai pas fait la passe

Victoria Horne-Reinoso, Un rêve me dit quoi faire

les bons vivants@dominique miller

Françoise Labridy, Que vive le sinthome

Adela Bande-Alcantud, Bouche qui mange, bouche qui parle

l’analyste, un faux ami@anita gueydan

Jean-Daniel Matet, Au cas où !

Isabelle Rialet-Meneux, Clandestinement


6

Salle Parlanchina

352a

génie de la langue, désir de dire@françois leguil

Jo Attié, “Le premier analyste poète”

Nathalie Georges, Aime le maudit !

le vide et le corps@philippe hellebois

Philippe Stasse, Du cri au rire, et après… ?

Victoria Woollard, Mise à nue

vertigo@nicole guey

Fabian Fajnwaks, Vertiges

Sophie Gayard, Comment on tient debout ?


la douleur des femmes regardées@jean-louis gault

Laure Naveau, Médusée

Laura Petrosino, La naissance d’une femme

identifications croisées@jean-louis gault

Nathalie Jaudel, D’une barre l’autre

Patrick Lambouley, L’âne menteur et les réponses du cochon

les craintives@agnès aflalo

Christiane Alberti, Fracturer la réserve mentale

Marie-Claude Chauviré-Brosseau, Père qui était aussi yeux


7

Salle Sabina Spielrein

352b

les séductions de l’opéra@marco focchi

Jean-Robert Rabanel, La carte postale que m’envoya Lacan

Paz Corona, Je ris de me voir si belle en ce miroir…

écrire ou mourir@vicente palomera

Céline Menghi, La vie est comme une dame. Il faut la laisser vivre

Yves Vanderveken, Si je n’écris rien, je suis mort

l’école-symptôme@angelina harari

Jeanne Joucla, Rêves d’École

Inma Guignard-Luz, “Chemin faisant… quelques éclairs !”


raisons de la séance courte@yves-claude stavy

Jacqueline Dhéret, Jouir de la parole analysante

Stella Harrisson, Ne respirez plus… Coupez !

m’être@yves-claude stavy

Gil Caroz, Lâcher le manche ?

Anne Ganivet-Poumellec, Qu’est-ce que l’impératif ?

mère-ravage@ jean-pierre deffieux

Anne Béraud, L’éphémère

Katty Langelez, Psychanalyse sans chaussures


8

Salle Vater und Sohn

353

l’analyste et son « je suis »@miquel bassols

Lilia Mahjoub, Le devenir c’est bien, le rester c’est mieux

Pierre Sidon, Un devenir sans présent

l’adieu à l’analyste@anne lysy-stevens

Bernard Seynhaeve, Une passe en trois temps

Eugenia Varela Navarro, Extravertie

toutes les analyses ne se valent pas@tania coelho dos santos

Jean-Pierre Deffieux, D’un analyste l’autre

Francesca Biagi-Chai, Ma contre-analyse


n’avoir pas la maîtrise@serge cottet

Marie-Hélène Roch, Somnambule qui trébuche, vite on bûche

Jacques Ruff, Le maître interrompt

langue étrangère, langue intime@serge cottet

Dominique Fabre-Gaudry, Porte close

Adélaïde Ortega, Pesadilla

gauche et gentille@jean-françois cottes

Marie-Claude Sureau, Gaucheries

Hélène Deltombe, Gentillesse obligée


9

Amphi De Minimis

Bordeaux

tempo de l’analyse@philippe de georges

Esthela Solano-Suarez, Trois secondes avec Lacan

Anaëlle Lebovits, En quatrième vitesse

rêves de franchissement@alexandre stevens

Dominique Laurent, Rêver au-delà du pire

Clotilde Leguil, Le grand air

les nazis dans l’inconscient@marc lévy

Marie-Hélène Blancard, Hystoire juive

Myriam Mitelman, Trois rêves pour terrasser la mort


le père, la mère, l’abject, l’instante@lilia mahjoub

Alain Merlet, Encore un effort pour devenir psychanalyste

Cinzia Crosali, Tranchant comme la hache

le mirage des belles@lilia mahjoub

Rodolphe Adam, S’aimer dans une femme

Catherine Bonningue, Tour d’écrou

l’érotique de la danse@philippe benichou

Dominique Holvoet, Les yeux fermés

Gilles Chatenay, Tact du réel


10

Amphi Theodore Reik

Havane

venus d’ailleurs@julia richards et luis solano

Susanne Hommel, Une Allemande chez Lacan

Camilo Ramirez, Le péché de l’impeccable

le ressort de l’angoisse@jacques borie

Monique Kuznierek, Retour chez mon analyste

Philippe Chanjou, Angoisse, passe et suite

l’inabouti@alfredo zenoni

Jean-Pierre Klotz, On ne se trouve que si on y va

Patrick Roux, À deux doigts de…


la mère, l’image@carole la sagna

Massimo Termini, Passages d’images

Emmanuelle Borgnis-Desbordes, Michel-Ange, souvenir d’enfance

la solitude-passion@carole la sagna

Françoise Haccoun, Toute seule

Bénédicte Jullien, La seule qui ne parle pas aux Journées

ne pas écrire@philippe lacadée

Dominique Heiselbec, Le rêve de la copie blanche

Caroline Pauthe-Leduc, La brûlure

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BROCHURE

DES ARGUMENTS

Candidatures au Conseil de l’Ecole

2010-2012

17 candidats pour 12 places

  1. Aflalo Agnès
  2. Benichou Philippe
  3. Charraud Nathalie
  4. Cottes Jean-François
  5. Deffieux Jean-Pierre
  6. De Georges Philippe
  7. Ganivet Anne
  8. Georges Nathalie
  9. Holvoet Dominique
  10. Hommel Suzanne
  11. La Sagna Carole
  12. Matet Jean-Daniel
  13. Naveau Pierre
  14. Roy Daniel
  15. Siqueira Paolo
  16. Stavy Yves-Claude
  17. Vinciguerra Rose-Paule




Agnès Aflalo : Sens d’une stratégie vivante

L’actualité de l’École me donne une nouvelle fois envie de présenter ma candidature au Conseil. J’ai en effet présenté ma candidature en 2007, et il a manqué quelques voix pour que ma candidature soit retenue.

Depuis l’amendement Accoyer, l’accélération du temps historique que nous vivons est saisissante. Pour la première fois de son histoire en France, la psychanalyse a du repousser une attaque décidée. Faire face à l’événement s’imposait si nous voulions continuer notre travail, c’est-à-dire faire exister la psychanalyse et la transmettre à d’autres. Je me suis alors engagée dans la préparation des « Forums des psys » et la publication du journal Le Nouvel âne, qui ont contribué à infléchir l’exigence initiale du législateur. Lorsque Bernard-Henri Lévy a ouvert sa revue La Règle du jeu à l’école, j’ai accepté la responsabilité éditoriale du dossier spécial qu’il consacrait à la psychanalyse. J’ai pu contribuer à la reconnaissance de l’utilité publique de l’école quand la question s’est posée au niveau du ministère de la Santé, dont l’accord était indispensable : j’ai pu plaider sans relâche pour l’École, et je me suis alors appuyée sur mon travail, tant au CMP et au Centre de proximité de Bagnolet qu’aux « Forums des psys » et au Nouvel âne, pour que l’avis positif soit donné. J’ai ensuite œuvré avec discrétion, mais efficacité pour que l’École obtienne le statut d’ONG.

Il y a une cohérence dans ce que nous avons connu ces sept dernières années. Avant le début de cette période troublée, en 2002, Jacques-Alain Miller avait déjà proposé au Conseil que l’École cherche à obtenir la reconnaissance d’utilité publique, et le statut d’ONG l’année passée. En 2003, c’était la bataille contre l’amendement Accoyer. L’ouverture du CPCT de la rue de Chabrol est de 2004. L’école a obtenu l’utilité publique en 2006. L’analyse de la crise du CPCT en 2008, puis l’obtention du statut d’ONG pour l’École de 2009. C’est une même stratégie.

Qui peut nier que cette stratégie a été bénéfique ? L’École en sort renforcée sur tous les plans, social, politique, clinique, éthique, et aussi dans ses moyens de formation. L’audience du discours analytique s’est élargie, et ses « fondamentaux », comme on dit aujourd’hui, ont pu être approfondis. Alors que l’évaluation est une machine à produire le malheur, l’utilité publique de la psychanalyse se démontre chaque jour davantage. Son statut d’ONG assure sa relance pour quelques années encore.

Le souffle du désir vivifie l’École. Mais, à l’École aussi, l’inconscient, c’est la politique. Nous pouvons donc être sûr de l’efficacité du discours du maître avec le refoulement et le retour du refoulé qu’il induit. Autant dire que les crises se reproduisent chaque fois que l’identification produisant ses effets de massification, l’emporte sur le désir. Dans une École de Lacan, pas d’autre moyen qu’un désir en acte pour l’interpréter, et repasser de la maîtrise à son envers qu’est le discours analytique. Il laisse peu de place à la belle âme qui ne savait pas quand la logique véhicule le réel qui ne cesse jamais de se faire méconnaître.

Je voudrais que l’École poursuive cette stratégie vivante, et continue sur la même lancée, qu’elle ne soit pas freinée, ou déviée, ou incomprise. C’est le sens de ma candidature au Conseil.


Anne Ganivet-Poumellec : Candidature au Conseil de l’Ecole

A l’orée du XXIè siècle, un psychanalyse surdoué eu l’idée d’appliquer la psychanalyse à la psychanalyse ! devinez ce qui arriva ? un vaste foutoir, un gentil pince-fesses, un délire d’interprétations, un container d’objets a, un calme plat avant la tempête, le grand chambardement ...pince-moi, je rêve. Avec Jacques-Alain Miller, celui par qui le scandale arrive, c’est les journées avant les journées, le feu de l’action, le geste auguste du semeur et l’Auguste rigolard. Du jamais vu, vive cette école qui supporte ça et pourvu que ça dure.

On a toujours parié sur le tourbillon versus cartels lacaniens mais là, en direct, l’artiste le fait naître aux bouts de ses doigts, prendre forme et hop il nous emporte.

Vous êtes incroyable! C’est vous le prestidigitateur, vous faites surgir des fleurs et des lapins de votre chapeau, et encore et encore ; c’est vous le danseur de tango, vous embarquez l’école, la chavirez, elle vous suit et montre le haut de la cuisse ; c’est vous le funambule, sur un fil, vous nous engagez à lâcher le bord de la routine, saisir le balancier d’un joyeux désir affûté et nous voilà au-dessus du vide des émotions retenues et des politesses convenues à rire avec vous car ça tient.

Merci de cet incroyable instant de légèreté qui fait que nous avons hâte de nous retrouver sachant que nous ne nous reconnaîtrons pas, ce ne sera pas lui, ce ne sera pas elle non plus mais ce seront les journées de l’école de la cause freudienne.

Vous nous faites célébrer que « L’inconscient c’est la politique » et vous nous engagez à garder le vif de l’expérience par laquelle nous sommes faufilés, cousus au discours analytique.

Pour dire un mot de ma candidature au Conseil de l’ECF :

J’ai été amenée ces dernières années par le Champ freudien puis par l’Ecole à tricoter le tissu souple et solide qui caractérise nos constructions organisées. Il y a joies et difficultés à rendre effective une orientation. La gérance de l’EURL Huysmans, en particulier, m’a apportée cette expérience d’un travail étroit avec deux bureaux de l’Ecole. J’y ai rencontré des collègues généreux et courageux. La tâche du bureau n’est pas une sinécure, elle doit pouvoir s’appuyer sur une poignée de collègues avertis, tenaces et bienveillants. Je me propose pour soutenir l’action du futur bureau en étant présente au Conseil, celui qui aura vu le jour au sein de Journées sans précédent, et qui ne devra pas l’oublier.


Carole La Sagna : Un avant et un après

Je me porte candidate à l’élection du Conseil de l’Ecole. Je le fais pour la première fois, et, puis-je ajouter, c’est la première fonction éligible que je sollicite dans l’Ecole. J’ai fait de nombreuses choses dans le Champ freudien, et depuis longtemps, comme mes collègues le savent, mais sans solliciter d’élection.

Etait-ce par indifférence ? Sûrement pas. Par discrétion ? Sans doute. Mais peut-être aussi étais-je dissuadée de me porter candidate par le souci de ne pas ébranler dans ma ville et dans ma région, Bordeaux, l’Aquitaine, l’unité d’un groupe dont la vitalité locale a contribué au succès du discours analytique.

J’ai été membre du bureau de l’Ecole européenne de 95 à 98, puis du bureau de l’AMP de 98 à 2002. J’ai organisé les Journées de l’Ecole de la Cause en 97. C’est ensuite le combat des Forums des psys, aux côtés de Jacques-Alain Miller, qui m’a occupée : 10 Forums entre novembre 2003 et novembre 2007 !. C’était un combat pour que la psychanalyse soit reconnue comme essentielle dans le monde où nous vivons, et pour que chacun puisse, de son rapport à son inconscient, faire le fil de sa vie, s’il le souhaite.

Depuis des années déjà, je construisais UFORCA avec des collègues rassemblés par Jacques-Alain Miller : la question de la formation, de l’enseignement, de l’avenir, a fait partie de mes préoccupations constantes. L’organisation des Journées annelles UFORCA a requis aussi tous mes soins. A Bordeaux, j’ai créé avec Jean-Pierre Deffieux la Section clinique de Bordeaux.

Alors, l’Ecole ? Eh bien, je pensais que des collègues s'en occupaient, qu’ils y consacraient beaucoup d'énergie, et que, peut-être, j’étais plus utile ailleurs. Depuis, l’Ecole est devenue grande, elle a acquis l’utilité publique, et aujourd’hui, elle renouvelle son lien à l’inconscient, comme le montre l’extraordinaire élan de nos 38e Journées.

Ces Journées vont résonner dans l’Ecole pendant longtemps. Il y aura un avant et un après. Nous ne parlerons plus de la même façon après. C’est à cela qu’il faut s’efforcer. Ceux qui veulent que souffle le vent des Journées, et qu’il porte l’Ecole dans le 21e siècle, se doivent de monter maintenant au créneau. Voilà pourquoi je me présente.

Je serais ravie de travailler, encore une fois avec mes camarades, pour des choses importantes, cette fois dans les instances de l’Ecole. Au sein du Conseil de l’ECF, j’apporterai tout mon soutien à Jean-Daniel Matet s’il est porté à la présidence par l’Assemblée, et à son bureau.


Daniel Roy : Tours, entours, et tourbillons

Au moment où je décide de présenter ma candidature pour être membre du Conseil de l’École de la Cause freudienne, resurgissent tous les tours dans lesquels je fus, et suis encore, engagé - l’ACF Aquitania, le Nouveau Réseau CEREDA, la fonction de trésorier dans le Directoire « ancienne formule », celle de secrétaire du Comité exécutif de la NLS, et toujours le secrétariat de la NLS pour l’Europe de l’Est, et quelques autres … Et avec ces tours, une question : que peuvent-ils bien cerner, pour ainsi insister ?

Je tente d’y répondre.

À chaque fois, l’opportunité, l’occasion, prit la forme d’un tourbillon, tourbillon de signifiants nouveaux à mettre à l’épreuve du collectif, en s’en faisant, de façon transitoire et pourtant déterminée, le supporter. Encore une fois, aujourd’hui, le tourbillon est là, encore une fois il a été mis en mouvement par Jacques-Alain Miller.

Je crois que c’est comme cela que m’est venu le goût pour cette forme particulière que prend la vie institutionnelle dans les Écoles, et les autres composantes du Champ freudien : une gestion sérieuse et rigoureuse, qui préserve et maintient, au centre de l’institution, une incomplétude fondamentale. Chaque membre de la série (des instances) est traversé par cela, avec des effets subjectifs divers. En général, cela réveille.

Je veux saisir également le mot « entours » dans le texte de Jean-Daniel Matet : oui, le centre décomplété du tourbillon éclaire alors les entours de l’École - psychanalyse appliquée, utilité publique, ONG - d’un jour nouveau.

Il m’intéresse, au sein du Conseil, d’être attentif à cette pulsation centre-entours, à partir de questions simples : comment accueillir les jeunes collègues qui se posent aujourd’hui la question d’un « devenir psychanalyste », à partir du tourbillon des Journées de novembre ? Qu’est-ce que l’École peut attendre et faire entendre du Collège de la Passe, nouvellement réuni ? Quelle place l’École fait-elle aujourd’hui aux nouveaux collègues étrangers, toujours attirés par son aura ?

Comme vous le voyez, cher(e)s collègues, je souhaite continuer à parier, pour l’École, sur le tourbillon.


Dominique Holvoet : Chers collègues et amis

Ma candidature au Conseil de l’Ecole peut surprendre, peut-être d’ailleurs en suis-je le premier surpris. Si mon nom est connu de beaucoup en tant que webmaster du Forum des psys, mon travail effectif dans l’Ecole reste discret. Jusqu’ici j’ai œuvré dans ce qui borde l’Ecole, le Champ freudien et les Acf, et j’ai travaillé à ce qui fait le cœur de l’Ecole, poursuite de mon analyse, contrôle de ma pratique, et quelques écrits.

La vie institutionnelle ne m’est pourtant pas inconnue. J’ai eu la chance de participer pendant six ans à l’édification de la NLS, en participant à son Comité exécutif aux côtés d’Alexandre Stevens. Ce fut l’occasion de voir naître une Ecole de psychanalyse de l’AMP, de contribuer à sa fondation, et de découvrir à la fois l’immensité de la tâche, et en même temps le désir inébranlable qui agitait déjà ce nourrisson à peine né ! De même, depuis ses premiers moments je contribue à l’expérience du Courtil avec Bernard Seynhaeve et quelques autres, ce qui me rend particulièrement sensible à la juste place de la psychanalyse qui oriente tout un champ de la pratique dans les institutions et le champ social.

Lorsque je me suis présenté à l’Ecole de la Cause freudienne en 1998, c’était pour vérifier une consistance, savoir s’il y avait là un affectio societatis possible, et ce, malgré, ou précisément à cause de la crise qui secouait l’Ecole cette année-là. Ce que J-A Miller a réveillé avec sa théorie de l’Ecole, à Turin en 2000 (disponible dans les textes fondamentaux sur le site de l’ECF) est exactement ce qui conduit ma démarche d’aujourd’hui comme celle de 98, et qui rejoint ce qu’Agnès Aflalo rappelait - que « l’inconscient, c’est la politique ». Si l’École est une formation collective, elle a ceci de particulier que chacun de ses membres, analysant, n’est pas sans savoir la vraie nature du collectif. Chacun est seul, mais pour ne pas errer, cette solitude subjective n’est pas sans l’Autre.

C’est ainsi avec pugnacité et enthousiasme que je présente ma candidature au Conseil, non sans mesurer les enjeux cruciaux du devenir de l’Ecole pour la psychanalyse. C’est à cela que je propose de contribuer, à l’écoute des aînés en faisant entendre la voix des générations montantes.


Jean-Daniel Matet : Le vent des Journées, et ses conséquences pour l’Ecole

La préparation des Journées de l’ECF instaure cette année une rupture de rythme et de conception. Avant, nous attendions que le meilleur sorte de l’ouvrage repassé cent fois sur le métier. Cette fois-ci, c’est un pari sur le produit de la coupure, et sur l’incidence que celle-ci a eu dans la cure de chacun. Retournement logique dont nous ne sommes pas en mesure d’imaginer aujourd’hui toutes les conséquences. Il en est déjà une qui est heureuse : chacun veut faire entendre sa singularité, dire les raisons de son engagement dans la pratique.

Ce moment scientifique coïncide cette année avec une échéance institutionnelle : la réunion de l’Assemblée générale des membres de l’ECF, et la permutation bisannuelle de ses instances. Je présente ma candidature devant cette Assemblée, afin d’intégrer le Conseil de l’Ecole, puis de me proposer aux membres du nouveau Conseil pour exercer les fonctions de Président. J’annonce ainsi mon voeu d’exercer des fonctions directives. Cette déclaration, cartes sur table, facilitera la clarté du débat et l’engagement de chacun.

Le style inimitable de la préparation de ces Journées est une aubaine. C’est un signe bien fait pour encourager le Directoire et la présidence de l’Ecole à un style nouveau, à de nouvelles pratiques. Le sérieux apporté à la préparation scientifique n’est pas altéré par la légèreté de la forme. La surprise prend le pas sur la routine. C’est aussi une invitation à prendre la mesure des discours du temps, et à inventer ce qui permettra à l’aventure analytique de se renouveler - dans la cure, dans le contrôle, dans la pratique.

Opposition à l’évaluation généralisée, présentée comme facteur de progrès social ; promotion de l’efficace de la psychanalyse, qui peut être soutenu de propositions logiques transmissibles ; rectification des dérives possibles, liées à un usage extensif de la psychanalyse appliquée, qui perdrait son horizon psychanalytique à vouloir servir le maître. A cet égard, le CPCT est devenu un enjeu privilégié des pratiques sociales aux confins de la psychanalyse, quand elles n’en dénaturent pas la finalité.

Le Directoire de l’ECF et son administration doivent s’emparer de cette touche du temps nouveau, du XXIème siècle, annoncée par le titre des Journées, et s’inspirer de cet art de rebondir que démontre la pratique analytique lacanienne, en accompagnant par l’interprétation le jaillissement des formations de l’inconscient. Cette orientation de l’Ecole impose une gestion rigoureuse de l’association, qui n’oublie jamais sa perspective politique, sous le contrôle des membres du Conseil.

Les publications-papier (Lettre mensuelle et Revue) jouent un rôle essentiel pour soutenir le lien scientifique associatif, mais l’usage croissant du courrier électronique a vocation à nous les faire repenser. Leur lien avec le site Web de l’ECF doit être renforcé pour permettre une interactivité entre lecteurs et auteurs jusqu’à l’usage de la bibliothèque qui peut s’en trouver revivifié. Enfin, de l’expérience de ces Journées, le Directoire aura à tirer des enseignements sur ce qui facilite le transfert de travail.

Le cartel en constitue une forme privilégiée. Il tient sa force de constituer un rassemblement exigu et éphémère, préservant des effets de groupe. Le dispositif de la passe en fait le plus pertinent usage. Une politique qui prend appui sur les éléments fondamentaux de l’Ecole de Lacan, nouage singulier du un et du multiple, a démontré qu’un dispositif minimum était susceptible de produire les effets maximum pour la psychanalyse, jusqu’aux confins de l’AMP.

En briguant le suffrage de mes collègues, avec une équipe de direction que je proposerai ultérieurement, je souhaite participer au souffle du vent nouveau que nécessite le fonctionnement de l’Ecole. Tout en consolidant son indépendance matérielle, l’Ecole devra renouveler le lien entre ses membres, et avec ses entours.

Jean-François Cottes : Approfondir l’expérience analytique de l’Ecole

Le 5 octobre 1997, lors de la première Conversation de Paris, alors que s’enclenchait une crise dans l’Ecole, Jacques-Alain Miller produit au tableau le mathème de l’Ecole : DM <> DA. (Pourquoi l’Ecole respire mal. Archives de psychanalyse, p. 26, Agalma, Paris 1997.) Agnès Aflalo et moi-même venions, au cours de cette Conversation, de contribuer en nous référant aux quatre Discours de Lacan. J’avais proposé, à partir de mon expérience institutionnelle, un commentaire de deux indications de Lacan, l’une, à propos du Discours du Maître (DM) qui serait rendu moins con par le Discours de l’Analyste (DA), et une autre envisageant que du DA pourrait surgir un autre style de signifiant-maître.

Ce mathème, DM <> DA, me sert depuis de boussole pour me repérer dans la vie de l’Ecole. Il indique la cohabitation en tension entre DM et DA. On peut en avoir une lecture dialectique. Mais, l’expérience l’a montré depuis et récemment encore à propos des CPCT par exemple, il met aussi en jeu la question de l’acte, qui est sortie de la dialectique.

Plus récemment, l’an dernier, j’avais été invité à intervenir le 13 septembre lors de la Conférence institutionnelle de l’Ecole dans la table ronde sur le thème de La formation du psychanalyste au XXIème siècle. J’avais fait valoir le point de vue selon lequel l’équilibre entre psychanalyse pure et psychanalyse appliquée dans l’Ecole menaçait d’être rompu,sous l’influence de plusieurs facteurs : l’intervention de l’Etat dans la question des psychothérapies et sa réponse en terme strict d’acquisition de connaissances universitaires ; le développement exponentiel des CPCT, qui mettaient l’accent sur la pratique et la formation à la pratique de la psychanalyse ; la professionnalisation du psychanalyste.

Ces éléments de provenance externe et interne sont, IMHO, les indices d’un renforcement du DM dans l’Ecole, au détriment du DA.

Je rajouterai aujourd’hui que la reconnaissance d’utilité publique (RUP) – excellente, car incontestablement positive, étant donné le contexte des attaques répétées, passées et à venir, contre la psychanalyse – entraîne par ailleurs un renforcement du DM. Pas tant par le contrôle de l’Etat que par l’incidence sur le fonctionnement associatif, notamment le renouvellement complet des membres du Conseil d’administration tous les deux ans par le vote direct de l’Assemblée générale.

C’est pourquoi, en conformité avec le mathème de l’Ecole, un renforcement supplémentaire du DA est requis pour maintenir à l’Ecole son caractère de symptôme, de formation de compromis. Tant plus le DM monte en puissance, tant plus l’expérience proprement analytique de l’Ecole doit être approfondie.

C’est ce qui est en cours de façon inattendue et joyeuse, avec la préparation inouïe des Journées 38. Le tourbillon que crée Jacques-Alain Miller met en place les conditions d'une politique du DA au niveau de l'Ecole elle-même. JAM démontre en acte que le recentrement de l'Ecole sur la psychanalyse pure n'est pas fermeture, mais au contraire ouverture d'un cadre nouveau à la prise de parole des psychanalystes, adresse élargie, et contribution à la vie de l'esprit dans notre siècle.

C’est ce à quoi l’expérience de la passe doit aussi pouvoir contribuer, en produisant l’AE, celui qui sera à même d’analyser l’expérience de l’Ecole.

C’est ce à quoi le Conseil de l’ECF devra savoir ne pas faire obstacle dans les deux années qui viennent, et, peut-être - qui sait ? - le favoriser.

Jean-Pierre Deffieux : Candidature au Conseil de l’Ecole

2005, 2007, 2009. Jamais deux sans trois ! Est-ce de l’entêtement ? Un désir qui ne cède pas de prendre des responsabilités dans l’Ecole ? Est-ce l’enchantement que soulève Jacques-Alain Miller avec l’organisation de ces Journées ? Est-ce l’envie récurrente de mettre au service de cette Ecole et de ses membres mes compétences d’organisation et de gestion, exercées depuis plus de 10 ans dans Uforca ? Est-ce le plaisir que j’aurai à travailler efficacement avec Jean-Daniel Matet si l’Ecole et le Conseil le portent à la présidence ? Oui, il y a un peu de tout cela !

Et pourtant, il faut quand même que je reconnaisse que cette fois, j’ai hésité. Et si encore une fois l’Ecole me disait non ! Mais le soutien appuyé des coordinateurs des Sections cliniques et de Jacques-Alain Miller lors de l’assemblée d’Uforca m’a aussitôt décidé. Je me suis souvenu qu’après tout, les deux dernières fois, il s’en était fallu de très peu que je sois élu.

En 2005, la raison principale de ma candidature était l’enjeu de l’avenir pour la psychanalyse, dans un moment d’écrasement généralisé de la dimension subjective dans nos sociétés. Il y avait une lutte à mener, et c’est le moment où l’Ecole, qui venait d’être reconnue d’utilité publique, a senti la nécessité de s’ouvrir sur l’extérieur, sur le social, pour sauvegarder la vivacité de son discours, tout en veillant soigneusement à ne pas perdre la raison profonde de son existence : l’expérience analytique et la formation du psychanalyste.

En 2007, ce qui m’a poussé à me présenter, était l’élan dans lequel j’étais encore de l’organisation des Journées 2006 sur la famille, dont j’étais le directeur, et qui avaient eu un certain succès. J’avais aimé les relations de travail instaurées avec un grand nombre pendant cette année de préparation.

Après l’élection de fin 2007, le Conseil et son président m’ont proposé de créer dans l’Ecole des groupes de recherche, expérience nouvelle, d’ouverture hors de ses murs. Je m’y suis engagé à fond, et en quelques semaines ai mis sur pied tout un réseau en France de groupes de recherche.

Mais j’ai réalisé assez vite, grâce à la vigilance de Jacques-Alain Miller, et l’énergie qu’il a déployée pour nous recentrer sur notre mission, que cette expérience entrait dans un mouvement général qui risquait de nous égarer, de nous faire perdre le fil de ce que doit être une Ecole de psychanalyse. J’ai alors décidé d’arrêter cette expérience au bout d’un an, le 31 décembre 2008.

Si je suis élu, j’assurerai la fonction de trésorier de l’Ecole, et interromprai celle de trésorier d’Uforca.

Je le ferai à ma façon, car je n’ai pas de goût particulier pour les chiffres. Ce qui m’intéresse dans une trésorerie d’association, c’est ce que disent les chiffres, l’interprétation qu’on peut en faire pour déduire les enjeux à venir.

Un compte de résultat détaillée, c’est le scanner d’une association, à partir de quoi on peut repérer ce qu’on n’a pas fait, ce qu’on aurait du faire, et les perspectives qui sont offertes pour l’année suivante et celles qui suivront. Pour cela, il faut bien sûr une gestion rigoureuse, un suivi toute l’année, de mois en mois.

Enfin, le rôle d’un trésorier, c’est de savoir transmettre aux membres de l’association tout ce que je viens de mentionner, et, de plus, sans les ennuyer. Je pense y avoir assez bien réussi dans Uforca, je ferai de même pour l’Ecole.




Nathalie Charraud : Des chiffres, des lettres et des bûches

Ceci n’est pas un texte de candidature !

Un retrait de retrait équivaut-il à une candidature ? Pas tout à fait, c’est pourquoi je vous envoie ces quelques lignes d’explication.

Mon premier retrait était du au fait que je m’inclinais d’une certaine façon devant les textes qui expliquaient très bien pourquoi on était candidat, ce qu’on avait déjà fait pour l’Ecole et tout ce dont elle avait encore besoin. Je souscris à toutes ces propositions et il me semblait que je n’avais rien à ajouter. Voilà pour le côté « lettres ». Côté chiffres, s’y amalgamait une erreur de ma part sur le nombre de places à pourvoir qui concluait que je n’aurai aucune chance : le retrait du retrait correspond à une prise en compte de mon erreur. Pendant mes études de maths, la combinatoire était ma bête noire : permutation, arrangement, combinaison, avec leurs formules distinctes qu’il fallait appliquer à bon escient ! JAM nous demande, aux matheux ou ex-matheuse comme moi, de venir à sa rescousse pour les probabilités liées à la répartition des participants dans les salles ! Ah ! la Topologie, les coupures de Dedekind, l’Algèbre et la Logique à la rigueur, mais pas de probas, rapports des cas favorables sur le nombre de cas possibles ! Je m’embrouille déjà sur le nombre de personnes qui doivent être renouvelées au Conseil…

Un rêve de la nuit dernière vient à mon secours : je dois apporter du bois dans un appartement. Un collègue m’accompagne en voiture avec mon bois. Mais arrivés devant l’immeuble, il y a déjà du bois devant la porte et je me dis que ce n’est pas la peine que je monte le mien, surtout que je ne sais comment le porter ! En fait j’ai un sac en plastique, le collègue me dit « tu peux mettre les bûches dedans », devant mon hésitation, il ajoute « mais peut-être que tu réservais ce sac pour autre chose ». Exactement ! ce sac était destiné à contenir autre chose, dans le rêve je sais très bien quoi (mais plus maintenant).

Ce rêve paraît transparent par rapport à ma candidature à double détente pour le Conseil de l’Ecole.

Mais le sac vide, pur contenant, à garder précieusement comme sac vide, alors que c’est un simple sac en plastique, me renvoie à un certain vide à préserver certes, comme le souhaite peut-être Abel, mais aussi à l’ensemble vide qui peut contenir potentiellement le meilleur comme le pire, et j’aimerais entrer au Conseil pour participer aux idées nouvelles qui semblent s’ébaucher de toute part, et au choix de celles qui sont à réaliser, à mettre dans le sac !


Nathalie Georges : Les points forts

Une institution qui se déduit de la psychanalyse, qui est là pour la supporter, et dont quelques-uns d’entre nous assumons les charges permutatives, cela me fait rêver, moi qui ai aimé a long time ago, étudier l’histoire des institutions. Or je ne veux pas rêver. C’est pourquoi je me présente : pour éprouver la chose, in vivo. La vie est plutôt gaie, vue du Journal, tant mieux. Je mise sur la contagion de cette gaîté au Conseil.

Certes, l’École dotée de l’up, puis maintenant de la qualité d’ong, aura à se familiariser avec ce qu’elle devient. Cela rend l’aventure passionnante.

Comment se répartira le travail dans le Conseil ? En fonction des points forts, je suppose, selon le fameux principe de Tartakover dont Jacques-Alain Miller m’a fait apercevoir le ressort dans sa Lettre à l’opinion éclairée du 9 septembre 2001 : « Quelle prescience me fit lui confier qu'une phrase de lui, dite à moi il y a trente ans, chez les Desanti, m'était restée inoubliable ? "Diable ! Et laquelle ?" - "Ce conseil : toujours renforcer les points forts, jamais les points faibles" - "C'est le principe de Tartakover", rétorqua-t-il du tac au tac. Merci, Sollers, j'ai toujours fait comme vous m'avez dit. »

En me confiant la revue de l’École, le Bureau actuel a fait le pari d’une certaine force utilisable, et moi celui de ne pas décevoir, c’est-à-dire de veiller au bon usage et au destin de cette force, en la liant, en l’alliant, en apprenant à la délier à temps.

Tartakover a choisi les échecs, qui semblent le lui avoir bien rendu, enfin, pas si bien que ça, si l’on songe qu’il est mort dans la misère. On peut en inférer que sa propre force se serait retournée contre lui. C’est précisément le point de la passe de la psychanalyse : étant averti du principe du boomerang, utiliser la force de l’adversaire contre lui, sans craindre le déploiement de cette force.

« La grande science est de lui faire vouloir ce que vous voulez qu'il [l’adversaire] fasse et de lui fournir, sans qu'il s'en aperçoive, tous les moyens de vous seconder », écrit Sun Zi. Mais qui est donc l’adversaire ? Je n’imagine pas qu’un analyste ne se lève pas, ni ne se couche sans cette question. J’ajoute un mot de Queneau, savoureux. On lui demandait comment il préférait éliminer ses adversaires, et il dit : « Je suis contre l’élimination des adversaires. » Je m’intéresse aux publications et à la politique éditoriale de l’École. C’est dans ce domaine que j’imagine pouvoir faire quelque chose. Nous publions beaucoup (pas assez ?), nous nous intéressons à des champs connexes, le faisons-nous savoir ? Quels liens faire avec les éditeurs, les réalisateurs, les metteurs en scène des livres, films et pièces de théâtre que nous lisons, voyons, critiquons dans La Cause freudienne, Mental, la « Lettre mensuelle », « Horizon », les bulletins des ACF et les publications du Champ freudien ? Quel lien aussi avec la Bibliothèque et ses soirées ?

Quelle ouverture, surtout, pour nos travaux, étant donné les masques dont s’affuble « la psychanalyse » dans notre siècle ?

Pour ce faire, il me semble que faire partie du Conseil m’aidera à saisir les tenants et les aboutissants de notre action lacanienne, sans standards mais pas sans principes, action qui déborde les publications mais aussi les traverse, pour orienter la revue au plus près du souffle qui nous anime.

Je suis donc candidate.



Paulo Siqueira : Pour un Conseil du temps des Carnavals

L’ECF, si je comprends bien, d’après ce qu’on annonce comme innovations pour les prochaines Journées, aspire à une nouvelle période dans son existence, où, au moins une fois par an, et sans renoncer à la série du un par un dans nos congrès aux rituels immuables, l’on va admettre le multiple, dans l’esprit des Carnavals, selon Jam. Quoi de plus naturel dans ce cas, qu’un Brésilien d’origine, et Français par choix forcé, devant la perspective que l’École, connue par son esprit de sérieux (au sens lacanien du terme) adopte désormais le style de la Folia (l’autre nom du Carnaval en langue portugaise ), veuille donner sa contribution à un tel renouveau de l’esprit de notre vie associative ?

Bref, je me suis décidé à me porter derechef candidat aux prochaines élections des membres du Conseil de l’ECF, après avoir échoué l’année dernière dans ma première tentative. Je ne crois pas avoir servi ma cause (ni la Cause freudienne) en vous adressant alors une lettre de candidature dans le style de Magritte : « Ceci n’est pas une candidature » , ce qui a provoqué un malentendu compréhensible chez des amis qui ont pris cette phrase au pied de la lettre. Non sans surprise, moi qui croyais qu’avec mon style, je serais sûrement le moins voté des candidats, j’ai réussi quand même à arriver au bout des décomptes des voix en avant-dernière position !

Pourtant, ce qui advient maintenant à l’École m’a tout l’air d’être les prémices d’un nouveau vent qui s’engouffre dans nos voiles de l’ECF, grâce, encore une fois à Jam, qui fidèle à sa fonction d’au-moins-un, nous fait sortir de nos automata! Le nouvel esprit de nos échanges par courriel laisse présager qu’on laissera désormais la place au happening, non seulement dans nos Journées (oh combien sérieuses, studieuses, etcetera, mais réfractaires à toute surprise, et de plus en plus prise dans le pousse-à-l’ennui), mais aussi dans son style en général.

Ce qui me redonne l’envie de me jeter à l’eau, de demander une deuxième fois à notre communauté de membres, qu’elle me donne la chance de contribuer dans le Conseil au renouvellement de notre École, afin de porter le souffle rafraîchissant de ces Journées au-delà, c’est-à-dire, dans le fonctionnement le plus quotidien de notre École… Tant pis si, jetant encore une fois les dés qui jamais n’abolira le hasard, je ramasse encore une fois une gamelle !

Voici les postes de responsabilité que j’ai assumés dans le Champ freudien :

Responsable du Collège Franco-Brésilien

Rédacteur en chef de la revue La Cause freudienne

Membre élu en AG du Comitê d’Action de l’AMP-Ecole Une.

Directeur de l’Envers de Paris


Philippe Benichou : « The struggle is not yet over »

Il y a quand même un problème avec Jacques-Alain Miller et l'Ecole. Un problème ? Pourtant à chaque fois qu'il pose un acte la concernant, il vise juste. Exemples récents. Les Forums, où il renverse la politique de l'Ecole dans son lien avec les psychothérapies, en invitant des associations qui n'avaient pas vocation à faire cause commune avec l'ECF dans son combat contre l'amendement Accoyer, l'évaluation, et les TCC. L'année dernière, en réorientant l'ECF sur le "devenir analyste" et la psychanalyse pure, alors qu'il avait lui-même lancé les CPCT, et l'élaboration concernant la psychanalyse appliquée. Comment fait-il ? Et cet enthousiasme autour des Journées avec son Journal !

Mais l'enthousiasme n'est pas tout. La psychanalyse d'orientation lacanienne est ce qu'il y a de plus sérieux dans ce monde. Dans son troisième cours de cette année, ce n'est pas l'enthousiasme par lequel Jacques-Alain Miller a qualifié l'affect de l'analyste, mais le « détachement ». Cela mériterait à soi seul un enseignement cette année à l'Ecole.

Alors où est le problème ? Mais ce n'est pas possible qu'il n'y ait que lui pour séduire la déesse Raison ! Elle n'est pas si farouche, la dame. Moi aussi, il lui arrive de venir me solliciter, et je pense que le site Internet de l'ECF, dont Hugo Freda m'a confié la réalisation, en témoigne modestement. J'ai des idées pour les enseignements de l'ECF, pour la Bibliothèque, pour le site de l'ECF, qui doit continuer à se développer et s'actualiser plus régulièrement (merci à JAM de m'avoir réveillé, car je m'étais un peu endormi sur mes lauriers), pour que le Conseil de l'ECF communique davantage avec les membres de l'Ecole.

Je suis si heureux et fier de faire partie de cette Ecole, et de participer au devoir de faire exister la psychanalyse au 21ème siècle. « The struggle is not yet over », comme disait qui vous savez. On peut l'entendre ici http://www.youtube.com/watch?v=_sm5YFnEPBE. En l'écrivant, je me rends compte que c'est aussi vrai pour mon analyse...

Jacques-Alain Miller est taquin. Le voilà qui se met à parler d'un problème de colonne vertébrale dans l'ECF... Je souhaite faire partie de cette colonne, et de traiter ce problème avec mes collègues, par des actions éclairées. J'aimerais apporter au Conseil l'efficacité que ceux qui ont travaillé avec moi me reconnaissent.


Philippe De Georges : Les égrégaires conviviaux

J’assiste avec plaisir à l’effervescence suscitée par le thème des prochaines Journées d’Automne de l’Ecole. Tout ce qu’annonce le Journal des journées confirme la fécondité d’un pari sur l’évènement et sur la nouveauté. Je n’ai pas trouvé de Witz qui me permette de proposer la moindre intervention qui relève le gant de la question pourtant essentielle que Jacques-Alain Miller nous pose. Chercher pourquoi, ce serait déjà répondre. J’ai pris tranquillement le fait que « ce n’était pas pour cette fois ». Mon démon a droit aux vacances, et voir tant de collègues moins habitués des tribunes du Palais des Congrès s’emparer de cette offre et « l’ouvrir » suffisait à mon bonheur.

Mais Jacques-Alain Miller propose une session de rattrapage pour apparatchiks anciens ou nouveaux : il invite les candidats au Conseil à dire quelque chose de ce qui les pousse à postuler : « Candidater, ça vous démange, ou ça vous chatouille ? » N’est-ce pas une façon de dire qu’il y a là quelque chose qui n’est pas étranger à « l’inconscient, dont vous êtes sujet… » ?

Nous avons retenu que chaque membre de l’Ecole a à s’en sentir responsable ; ça trouve en moi l’écho de quelque idéal et de quelques exigences : je préfère l’intranquillité de ceux qui ont les mains sales au confort du sleeping member.

Parmi les textes publiés dans le Journal, J’ai particulièrement aimé celui de Marco Mauas : « Un analyste doit subir le Herem comme de structure », dit-il. Il parle des analystes d’Israël, mais cela vaut pour toute la Diaspora analytique. C’était la position de Freud, « juif pour les chrétiens, et chrétien pour les juifs ». C’est aussi ce que soutenait Lacan, retenant dans le nom d’hérétique la signification du choix. Jacques-Alain Miller avait employé l’oxymore de foule solitaire, pour définir la « communauté » susceptible de s’agréger, à partir d’individus aussi peu grégaires.

Il convient pourtant de faire vivre cette communauté, et plus concrètement l’Ecole que Lacan avait adopté. Elle a les statuts d’une association d’utilité publique, qui font état d’un conseil élu par son assemblée.

Il y a l’organe, Conseil. Quelle est sa fonction ? Les nouveaux statuts ont permis de donner à l’Ecole un nouveau cours politique, avec un exécutif clairement situé, incarné par le président, secondé par l’équipe restreinte (élue par le Conseil) qu’on appelle à nouveau Directoire. Nous y avons gagné en efficacité et en cohérence. Mais les tâches du Conseil restent à inventer, et son style. Est-ce l’équivalent du Conseil d’Administration d’une PME, une chambre d’enregistrement, une sorte de Sénat romain, de Conseil constitutionnel ou de comité des Sages ? On imagine en effet très bien douze collègues siégeant au calme, tous anciens AE ou anciens présidents de l’Ecole, vêtus, comme il se doit, de probité candide et de lin blanc. On les verrait, donnant l’Imprimatur et le Nihil obstat, vérifiant les comptes et délivrant de temps en temps quelques imprécations…Mais les statuts comme l’usage supposent que le Conseil, représentant de l’Assemblée, reflète ce qui fait la diversité et la richesse de l’Ecole. Son centre et son cœur sont à Paris. Mais il y a plus de vingt régions et autant de collèges locaux où vit aussi la psychanalyse d’orientation lacanienne. Il est souhaitable que le Conseil contiennent quelques collègues qui connaissent la vie de ces régions, des ACF, des Sections cliniques, des groupes périphériques du Champ freudien.

Je n’en appelle pas à la France profonde, aux vrais gens, à la glèbe et au sillon, je ne chante pas les louanges du terroir, ni les cigales et l’accent du Midi (que je n’ai pas), mais à ce qu’on appelle en politique le terrain, et la représentation. Le Conseil est nécessairement hétéroclite, faisant série d’Achille Talon à Zorglub, d’Alice (aux pays des merveilles) à Zebulon…Je me propose à nouveau pour être l’un de cette série.

Pierre Naveau : Candidature au Conseil de l’Ecole

Transfert, drôle de mot, pourrait-on dire aussi bien. Le mot de Freud, Übertragung, comporte tragen, qui veut dire “porter”. Il s’agit, en effet, d’être porté par le transfert et de le porter, de le soutenir. Il faut, pour cela, se donner du mal.

Lacan, à cet égard, a inventé le “transfert de travail”, qui est l’envers du “travail de transfert”. L’enjeu de ma candidature est ce transfert de travail. Quand j’ai présenté ma candidature, il y a deux ans, je souhaitais être dans l’action et, par conséquent, avoir une fonction au sein du Directoire, et, de préférence, celle de vice-président. Mon vœu a été réalisé. Cette fonction implique, certes, que l’on se déplace, que l’on voyage. Mais, le plus important est que l’on est alors une sorte d’ambassadeur, dans le sens où l’on porte, avec soi, le signifiant du transfert de travail. Il s’agit de rendre l’École présente et de transmettre l’actualité de son orientation. Il y a, en effet, un “travail” de l’École. J’ai ainsi participé, au cours de l’année 2009, à presque toutes les assemblées consultatives des ACF. J’ai été frappé par la vitalité et la force du transfert à la psychanalyse et à l’École. Les activités sont nombreuses et denses. Meetings et forums ont montré la capacité de mobilisation rapide des membres de l’ECF et des ACF. Les cartels connaissent un regain d’engouement. Le nombre des demandes d’entrée, non seulement à l’École, mais aussi dans les ACF, est important.

Le moment actuel, qui est marqué par la façon dont J.-A. M. anime l’organisation des prochaines Journées de l’École, m’incite à présenter – une nouvelle fois, donc – ma candidature. Il est clair que cette façon de faire inédite rend plus intense et plus puissant encore le transfert à la psychanalyse et à l’École. J’ai le désir de soutenir cette École en mouvement. Si la relation entre membres du Directoire et autres membres du Conseil est repensée, peut-être que, de façon ponctuelle et contingente, “quelque chose à faire” pourra être confié à chacun de ces autres membres du Conseil.

Par exemple, j’accepterais volontiers, comme cela m’a déjà été proposé de le faire, de suivre de près certains enseignements à l’École. Ce pourrait être ma manière, singulière, de prendre part au transfert de travail par lequel l’École est portée.


Rose-Paule Vinciguerra : Tirer les conséquences du renouveau

Ce n’est pas la première fois que je me présente à des élections pour faire partie d’une instance de l’Ecole. La première fois, c’était en 1996, lors de l’Assemblée générale qui élut deux membres du Directoire. J’ai exercé alors les fonctions de secrétaire aux échanges. Dans le contexte sensible d’alors, le Conseil en place me confia la tâche d’assurer la direction des Journées d’études de l’automne 1998. Puis, j’ai de nouveau assuré cette tâche, avec Guy Trobas en 2007. Aujourd’hui, je présente ma candidature au Conseil de l’Ecole dans une perspective nouvelle car après l’exercice de mon mandat d’AE et celui de membre d’un des cartels de la passe, une ou deux choses me tiennent à coeur.

En effet, il semble certain qu’avec l’écho que ne manqueront pas de susciter les Journées d’études 2009, et avec les candidatures de Jacques-Alain Miller et d’Eric Laurent aux cartels de la passe, de nouveaux effets, imprévisibles aujourd’hui, se produiront. A ces effets, le Conseil aura la tâche de réfléchir pour permettre que l’aventure de la psychanalyse se poursuive et se renouvelle.

D’autre part, les nouveaux AE en exercice auront sans doute, outre leur travail d’enseignement, et comme Lacan le leur demandait, la tâche d’être Analystes de l’Ecole (« de » étant pris au sens génitif ). Analyser l’Ecole veut dire, nous a appris Jacques-Alain Miller dans sa Théorie de Turin , « analyser l’Ecole comme sujet ». A la fin d’une analyse, le sujet est séparé de la jouissance de son signifiant-maître et les AE en exercice – qui n’ont donc pas encore oublié ce que la passe leur a appris - sentent certainement la nécessité de se faire entendre sur ce qui, par exemple, peut faire pencher l’Ecole du côté du collectif plutôt que du sujet. C’est pourquoi il me semble que le Conseil peut susciter « l’élaboration provoquée » des AE en fonction.

Ces deux points m’importent, mais il en est d’autres assurément. Les tâches du Conseil sont variées. Elles convergent cependant autour d’un même souci, qui est celui de maintenir la psychanalyse vivante.


Susanne Hommel : Freud-Lacan- Berlin-Paris und Zurück

Je suis membre de l’Ecole de la Cause Freudienne depuis le début, et même avant, puisque j’étais membre de l’Ecole Freudienne de Paris. Jusqu’à maintenant je suis restée à l’écart des tâches administratives et politiques de l’Ecole. Le moment est venu de m’impliquer politiquement dans les actions qui visent à faire vivre la psychanalyse. Comment faire pour tenir une place juste, mesurée, pour rester dans notre singularité sans nous croire supérieurs ? Le moment est venu aussi, pour moi, de tenir compte du fait que j’ai appris à parler dans la langue de Freud, la langue dans laquelle la psychanalyse a été inventée, écrite, formulée. Je vais essayer de mettre cette spécificité au service de la psychanalyse en France.

Il se trouve que, le 19 octobre 2009 une Freie Universität für Psychoanalyse va ouvrir à Berlin, la Sigmund Freud Privat-Universität. Le groupe Cologne-Paris, dont je fais partie depuis des années, a pris contact avec les dirigeants de cette Université. Quelques membres de notre groupe ont l’intention de s’y rendre en novembre pour y rencontrer le Directeur. Nous pourrons peut-être créer un nouveau pont entre la France et ce pays où on parle la langue de Freud.

La langue de Freud m’accompagne depuis des décennies. J’ai traduit l’Esquisse, écrit par Freud en 1895, « Le fétichisme », écrit en 1927, de nombreux textes plus courts, la longue correspondance entre Freud et Ferenczi, et beaucoup d’autres. Depuis de nombreuses années, des cartels sur les langues ont vu le jour, le thème « Le sujet entre les langues » a interpellé plusieurs cartels et groupes de travail.

En passant par l’Allemagne, l’Ecole pourrait prendre appui sur les Instances européennes pour contrer la vague contre la psychanalyse qui déferle actuellement sur l’Europe. Ce sont mes raisons de penser pouvoir participer utilement aux travaux actuels de l’Ecole.


Yves-Claude Stavy : Pour une Ecole responsable de son avenir

« Tard », ma candidature au Conseil de l’Ecole, mercredi soir, seulement quelques heures avant les douze coups de minuit ? Décoiffante bien plutôt, pour moi-même. La veille encore, je ne l’envisageais pas. Circonstances : l’annonce sur JJ 32, des candidatures d’Eric Laurent et de Jacques –Alain Miller aux prochains Cartels de la passe, afin, dixit : « de contribuer à faire souffler le vent des Journées sur la procédure et sur l’élaboration ».

Il y a ce qui relève du ‘décalé’ nécessaire des instances de « la procédure et de l’élaboration » de la passe, vis-à-vis des instances du Conseil de l’Ecole - non pour prôner « l’étude entre soi », mais pour parier sur son envers : donner chance à ce que parviennent, dans et pour l’Ecole, autant de petits points inédits secouant l’assurance du chemin déjà accompli.

Pour cela, il faut des chicanes. La chicane est « aide contre », cruciale pour distinguer transmission et communication. Exemple, le passeur: plaque sensible, bien sûr, mais obstacle à l’occasion, entre passant et cartel; ce dernier étant pourtant responsable du oui ou du non, sans pouvoir se suffire d’incriminer le(s) passeur(s). Si ce qui ce qui se dit et ce qui ne se dit pas dans ce qui s’entend, ne suffisent pas pour trancher, eh bien, c’est au Cartel de trouver la manière, singulière, inventive, de poursuivre le travail: (inviter tel passeur à interroger à nouveau le passant, choix d’un autre passeur, etc…) jusqu’à décision de réponse à chaque transmission à nulle autre pareille.

Dans une autre perspective, l’élaboration des Cartels de la passe relève elle aussi, d’une certaine manière, de la chicane nécessaire entre témoignages singuliers des passants et membres de l’Ecole; mais aussi entre ceux-là et les instances officielles de l’Ecole, - y compris lorsque la réponse du Cartel est un « oui » : le décalage entre Instances de la passe et celles du Conseil est un pari sur la performance de transmission de l’élaboration de la part des Cartels, vis-à-vis des Instances de l’Ecole - qui elles seules précisément, (à la différence des Cartels), décident des orientations retenues pour l’Ecole. Que serait en effet, un Conseil de l’Ecole se suffisant de ses fonctions de gestion? D’où l’importance que le Conseil de l’Ecole « se décale » lui aussi de lui-même : chacun tentant de se supporter un tout petit peu plus Autre, malgré la loi.

Aux questions de certains amis à propos d’une éventuelle candidature de ma part au Conseil de l’Ecole, je disais, hier encore: « Chaque chose en son temps». La joie que l’annonce d’Eric Laurent et de Jacques-Alain Miller a suscitée en moi, vient précipiter une tout autre décision: terminant très bientôt mes fonctions de membre passeur au sein d’un des deux Cartels de la passe, je franchis la porte : c’est « tout de suite ».

Je pose ma candidature au Conseil, afin de contribuer, comme je peux, avec mes collègues, à une Ecole responsable de son avenir.



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