3 de fevereiro de 2010

Journal des Journées N°88

JOURNAL DES JOURNÉES

Le lundi 1er février 2010, édition de 17h 38

N° 88


« Qu’il connaisse bien la spire où son époque l’entraîne

dans l’œuvre continuée de Babel,

et qu’il sache sa fonction d’interprète dans la discorde des langages. »

Jacques Lacan, Ecrits, p. 321


LE FORUM DU 7 FÉVRIER


Inscriptions : chèque de 20 euros à “Forum des psys”, 15, place Charles Gruet, 33000 Bordeaux ; étudiants de moins de 26 ans : 10 euros.


La Mutualité, 24, rue Saint Victor Paris 5e




9h 15 : accueil


10h-11h

Bernard-Henri LEVY, Ouverture


Agnès AFLALO, Le chiffre mortel

Eric LAURENT, Nouveaux semblants de l’évaluation


11h-12h

Cynthia FLEURY, Conscience et science panoptiques

Roland GORI, L’évaluation : un dispositif de servitude volontaire


12h-13h

Bernard-Henri LEVY, Une culture de mort


15h-16h

Jean-Claude MILNER, Le retour du travailleur idéal

Yves-Charles ZARKA, “L’évaluation, tribunal d’inquisition !”


16h-17h

Mathias GOKALP, L’évaluation et le comédien en entreprise

Margaret MOREAU, Liens entre Évaluation, Lean et MTM (Méthodes de Mesure du Temps)


17h

Carole Dewambrechies-La Sagna ; François Ansermet

Clotilde Leguil, Contre le déluge de l’évaluation, retour à Freud

Guy Briole, La société des Morticoles réalisée



Fin à 19h

LES EXTRAVAGANCES DE L’EVALUATION

EN SANTE MENTALE


La V2, ou les limites du supportable !

par Jean-Pierre Deffieux


Ce qu’on appelle la V2 (visite 2), c’est le 2ème temps de l’évaluation des établissements de santé par l’HAS (haute autorité de santé). Ce n’est pas un missile balistique… quoique !

La clinique dans laquelle j’interviens a passé la V1 en 2005, « haut la main », pas une recommandation ! Pour arriver à cela tout en continuant à fonctionner suivant nos principes, relève de l’exploit. Nous avons réussi à naviguer dans ce dédale avec un talent de l’esquive assez remarquable.

Sauf un accrochage assez sérieux : j’ai bloqué sur ce que l’HAS appelle « La liberté de circulation des malades ». C’était avant l’affaire de Pau, le meurtre horrible de deux infirmières par un ancien patient entré dans l’hôpital et dans le service sans que personne ne s’en rende compte.

La consigne de l’HAS en 2005 était déjà ce qu’elle est toujours aujourd’hui : chercher d’abord et avant tout à satisfaire le patient en tout point, comme on doit satisfaire un client dans un hôtel. Sur le plan de l’accueil et du confort, ça se conçoit. Mais la souffrance subjective suivant ses différentes expressions, elle, ne peut pas être traitée de la même façon. Notre but premier n’est pas de satisfaire le patient et sa famille, il n’est pas de dire oui à toutes ses demandes. Par exemple, avoir comme but essentiel de satisfaire l’exigence du paranoïaque ou le refus du mélancolique rend la prise en charge tout simplement impossible.

L’HAS, qui ne distingue pas l’intendance de la dimension du soin, « recommande » (commander) qu’il faut aller dans le sens de ce que veut le patient pour qu’il soit content de son séjour. D’ailleurs à la fin du séjour, chaque patient remplit une « fiche qualité » dans laquelle il donne des bons ou des mauvais points sur tout ce qui a concerné son séjour. Donc en 2005, dans cet esprit « club méditerranée » de l’HAS, Il était hors de question d’intervenir, pendant son séjour dans les allées et venues du patient hors de l’établissement. Il fallait respecter sa liberté.

Or, nous, nous pensions autrement, nous pensions que le patient, certes, entre librement dans l’établissement de soin mais qu’il est sous notre responsabilité et que dans le cadre de la psychiatrie il est risqué de ne pas s’enquérir des modalités de la circulation du patient. Donc pour chaque sortie pendant le séjour nous demandons au patient de bien vouloir nous prévenir de ces souhaits de sortie, de nous dire où il va, quand il reviendra, qui viendra le chercher, nous veillons même à ce qu’il ne reste pas seul pendant sa sortie, que sa famille ou son conjoint s’occupe bien de lui. Rien de coercitif dans tout cela ! Simplement le sens de la responsabilité concernant des sujets psychotiques, souvent très dépressifs ou schizophrènes. Et nous l’avions écrit, pensant bien faire, dans nos longs documents préparatoires.

Malheur à nous ! Nous contrevenions à la liberté de circulation du patient, nous devions respecter, suivant l’HAS, ses allées et venues sans rien demander, sans aucune restrictions.

Je me mis donc en colère… pour la première fois (lors d’une visite de l’HAS) ! En leur disant qu’ils n’avaient aucune notion de la psychiatrie, et à plus fortes raisons de la psychose, que leurs positions étaient dangereuses et je leur expliquai pourquoi. Certes j’y allais un peu fort, ils l’ont plutôt mal pris, mais imperturbablement ils ont continué à répéter leur litanie, leur slogan HASsien en nous demandant de changer de méthodes, ce que nous n’avons bien sûr pas fait.

Et puis Pau est passé par là et depuis on boucle tout ! le président de la République est venu à l’hôpital de Pau et a déclaré que le projet principal pour la psychiatrie devait être la sécurité.

Désormais donc, Il faut écrire le contraire de ce qu’on devait écrire il y a 4 ans : La liberté de circulation est un terme banni, il faut désormais « identifier les situations rendant nécessaires une restriction de liberté de circulation. Il faut informer le patient et son entourage de ces restrictions ».

Donc en décembre 2009, contrairement à 2005, nous étions dans les clous… ouf !

Sauf qu’on est passé d’un extrême à l’autre sans que ça ne dérange personne.

Désormais, le gouvernement envoie de larges subventions aux établissements publics et privés pour construire des murs, des barrières et des portails automatiques. C'est-à-dire tout ce que nous avons combattu depuis 25 ans.

Alors, venons-en à la V2, en décembre dernier. Plus d’un an de préparation, des dizaines de réunions, des milliers de pages de dossiers (1m 20 de dossiers alignés prêts à recevoir les visiteurs), des pages et des pages de grilles de codages et de statistiques à n’en plus finir… c’est-à-dire à n’en plus finir de ne pas pouvoir faire son travail !

Et ils arrivent à 3 pour 4 jours entiers. Tout est épluché de la cave au grenier, Tous les corps de métiers sont reçus, interrogés de jour comme de nuit et surtout les centaines de questions plus ou moins claires, souvent absconses auxquelles nous avons répondues tant bien que mal par écrit dans les mois précédant sont reprises en d’interminables réunions où nous devons répondre, cette fois oralement, pour vérifier si ce qu’on dit correspond bien à ce qu’on écrit.

Ils sont assez courtois, certains même plutôt affables, ils sont en position de représentants mandatés par l’HAS, et prétendent être là pour recueillir ce qui est dit et écrit afin de le transmettre à l’HAS qui décidera. Des passeurs en quelque sorte !… Sauf que cette apparente neutralité masque mal que tout dépend bien sûr de leur interprétation personnelle.

Les séquences se succèdent les unes après les autres, et chacun, suivant un rituel pénible, doit se présenter au début de chaque séquence comme si on se voyait pour la première fois alors qu’on ne se quitte pas.

Nos codages et nos commentaires sont examinés, discutés, critiqués, toujours suivant les recommandations de l’HAS. Il ne s’agit pas d’avoir un avis, une réflexion, une pensée, non il faut respecter les recommandations de l’HAS .

Nous sommes programmés pour l’ennui et pour ma part je suis crispé sur l’engagement intérieur que j’ai pris : ne pas me mettre en colère ou plus prosaïquement « ne pas péter les plombs ». Cela ne veut pas dire céder sur tout, mais dire les choses calmement, posément.

Nous avons déjà déployé des trésors d’inventivité pour répondre aux questions écrites sans déroger à nos convictions, ce qui est une gymnastique digne de la quadrature du cercle. il faut maintenant arriver à passer entre les gouttes glacées de la grille HAS.

C’est le 3ème jour que j’ai rompu le contrat que je m’étais fixé, et à deux reprises.

D’abord concernant la prise en charge de la douleur. Répétons ici que pour l’HAS, tout se vaut, il n’y a aucune différence entre la psychiatrie et la médecine, il n’y a pas de différence entre la douleur physique et la douleur morale.

Donc cette séquence commence piano et crescendo :

Est-ce qu’on a bien constitué un CLUD ? (comité de lutte contre la douleur) ? Comment est-il composé ? Combien de fois on se réunit ? Est-ce qu’on fait des comptes rendus ? Où sont-ils ? Peut-on les consulter ? Tout cela se passe dans un climat de courtoisie qui nous ferait presqu’oublier où nous sommes !

Nous répondons posément à tout cela, nous faisons aussi part du beau texte écrit pour le CLUD, par le Dr CDLS sur la douleur morale. Mais ils n’en ont rien à faire et manifestement ils ne l’ont pas lu.

Puis vient la question qui dérange : « Avez-vous mis à disposition des outils de mesures de la douleur adaptés aux patients ? Comment analysez vous ces mesures ? »

Jusque-là on était parvenu à ne pas trop déranger notre éthique et nos convictions. Mais là subitement ça se gâte !

Ils insistent parce qu’ils ne sont pas satisfaits de ce qu’on a répondu par écrit. Mais Nous reprenons cependant patiemment ce que nous avons écrit, qui sont nos façons de faire, et ce à quoi nous croyons.

Je leur dis :

« Nous avons surtout à faire à la douleur morale, et nous en tenons compte dans tous les entretiens et les consultations à partir du discours du patient. De plus, nous prenons toutes les précautions pour que les patients ne souffrent pas quand ils présentent une maladie organique intercurrente pendant le séjour, nous faisons venir des médecins pour traiter ces questions, nous avons aussi des protocoles pour le traitement de la douleur avec des mdcts efficaces (ils aiment bcp les protocoles, donc nous leur mettons cela sous la dent pour essayer de faire passer le reste).

Mais non, ce n’est pas ce que recommande l’HAS et la question « qui tue » finit par sortir : « Pratiquez-vous les échelles de douleurs ? Demandez-vous au patient de donner une note à sa douleur ? Entre 1 et 10.

La moutarde me monte au nez :

Je dis que nous n’utilisons pas ce type d’évaluation, que ce n’est pas notre façon de voir les choses et que c’est totalement inadapté au psychique. Ils insistent et Là ça y est, j’éclate :

Je leur dis avec un air moqueur et un ton sec qu’il ne faut pas qu’ils comptent sur moi pour demander à un patient mélancolique , mutique de surcroit, à combien aujourd’hui il évalue sa douleur morale. Et si par miracle il me dit, je suis à 7, je ne lui répondrai pas, encore un effort ! vous sortirez de l’établissement quand vous serez à 2.

Manifestement, j’ai marqué un point, mais eux vont m’en retirer un… Ils ont l’air de comprendre qu’il y a là quelque chose qui ne colle pas dans leur programme préconçu, il y a une cheville qui ne rentre pas dans le trou prévu. Mais cependant ils ne sont pas contents d’avoir été contredits.

Deuxième épisode, l’après midi de cette 3ème journée. C’est le gros morceau, la séquence « Prise en charge du patient, Santé mentale ». Cette fois c’est sûr je ne me fâcherai pas. Pas deux fois dans la même journée.

3 heures, 93 pages…

Je résiste. J’arrive même à les faire sourire de leur aveuglement lorsqu’ils nous demandent avec le plus grand sérieux pour quoi nous n’informons pas les patients, ce qui est une recommandation de l’HAS, sur les dons d’organes.

Je leur fais simplement remarquer que beaucoup de nos patients sont suicidaires !

Ça y est, ça va être la fin ! Il reste une dizaine de pages !

Et on arrive à la référence 36, « l’éducation thérapeutique du patient ».

Ce chapitre, cette formulation me hérisse au dernier degré.

Et la question arrive très vite : « Avez-vous identifié des thèmes d’éducation thérapeutique ? » « Quels programmes avez-vous mis en place ? Comment avez-vous associer l’entourage familiale à ce programme ? »

Dans la grille d’auto évaluation que nous avions remplie à ce sujet, nous avions botté en touche, nous étions restés modestes : nous nous étions donnés humblement la note moyenne de B (note va de D à A) pour ne pas trop les agacer avec nos conceptions « fumeuses ». Chaque auto évaluation doit être noté par nous, et au fur et à mesure de nos progrès dans le sens de l’HAS, bien sûr, la note monte,… c’est l’inverse de la douleur, si vous voulez !

Je réponds : « Nous avons pris cela sur le mode du contact singulier et quotidien avec chaque patient et avons plutôt orienté les choses du côté de la prise des médicaments, de la prise en charge des régimes alimentaires ou de la prise en charge des patients présentant des conduites alcooliques. »

Bien entendu, nous savons très bien que là, nous ne suivons pas les consignes de l’HAS, une fois de plus, nous avons tenté de biaiser, car l’éducation thérapeutique, c’est le dressage du patient à la mode TCC. On va d’abord vous dire dans quelle catégorie vous êtes et ensuite on va vous apprendre à être un bon bipolaire ou un bon schizophrène, à bien vous conduire suivant cette étiquette et surtout à vous y identifier jusqu’à votre mort !! Pour cela, On va vous inscrire dans des associations de bipolaires ou de schizophrènes et vous allez restés entre vous, et on va vous distribuer des textes rédigés par l’HAS et par les labos pharmaceutiques.

Donc c’est à ce moment-là, que bien qu’accroché au bord de la table, j’explosai de nouveau et cette fois en déferlante :

« Jamais je ne ferai cela, jamais je n’accepterai de stigmatiser mes patients derrière une étiquette pour toute leur vie. Jamais je ne les réduirais à être des malades enfermés dans une irresponsabilité totale, victimes de la politique actuelle de la santé mentale. Vous confondez la médecine et la psychiatrie : j’accepterai tout à fait que des patients diabétiques soient aidés à s’adapter à la complexité de la prise en charge de leur maladie, mais jamais des sujets qui doivent être considérés dans leur singularité, comme des humains responsables et dont nous ne savons rien de ce qu’ils seront dans 10 ans. »

Il y eut un assez long silence, une gène, des regards échangés entre eux, comme s’ils avaient en face d’eux un de ces humains à rééduquer.

Pour ma part, à peine avais-je terminé ma phrase que j’oscillais entre la jouissance de ma réparti et le reproche d’être incorrigible.

J’attendais ce qui allait me tomber dessus et quelle ne fut pas alors ma surprise d’entendre l’un dire aux autres : « Mais comment allons nous pouvoir rendre compte de ces propos dans nos grilles d’évaluation ? »


Ces textes sont rassemblés en document attaché

VARIA

Gil Caroz, A propos de l’Ecole Une en Europe

Jésus Santiago, Politique des admissions et l’Ecole Une

Elise Alvarenga, Passe et Ecole Une

Claire Talébian, Un tour de Passe, passe

Adelaide Ortega, Identité ?

Francis Felzine, Traduttore, tradittore

Carlo Vigano, Le Scuola Una in Italia

Clara Maria Holguin, Sobre la NEL

Monica Marin, Lo vivo de la ELP

Angelina Harari, A EBP apos o acontecimento Paris e o ENAPaOL

Patricia Tassara, Una posicion analizante



2010

11 avril : Forum des psys sur la justice

26-30 avril : Congrès de l’AMP

29 mai : Journée du Cereda

5 juin : Colloque du Cien à Nancy

26 et 27 juin : Journées de la NLS à Genève

10 et 11 juillet : Journées de l’Ecole à Rennes

25 et 26 septembre : “Médecine et Psychanalyse” à Clermont-Ferrand

9 et 10 octobre : Journées de l’Ecole à Paris

2011

2 et 3 juillet : PIPOL V à Bruxelles


www.causefreudienne.org

ECF 1 rue Huysmans paris 6è Tél. + 33 (0) 1 45 49 02 68

diffusé sur ecf-messager, forupsy, et amp-uqbar


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VARIA

A propos de l’Ecole Une en Europe

par Gil Caroz

Comme l’écrit Estela Paskvan, la tension entre le Un et le Multiple est irréductible. Les contributions au débat sur l’Ecole Une publiées dans le JJ en témoignent. C’est aussi ce que montre l’expérience des Ecoles de l’AMP, du moins dans la NLS où j’ai eu l’occasion de connaître de près, pendant quelques années, le rapport entre le Comité exécutif qui incarne le Un de l’Ecole et les différents groupes de l’Ecole, répartis dans plusieurs pays.

Instruits au danger que recèle le paradigme « problème-solution » nous n’avons pas l’idée que cette tension, cette incompatibilité « de structure » entre le Un et le Multiple doit disparaître. Mais on peut distinguer les occurrences où cette pierre d’achoppement est source de malaise et d’inhibition, et celles où au contraire elle est le point de départ d’une élaboration inventive et efficace.

On demeure dans l’impasse, me semble-t-il, quand le rapport entre le Un et le Multiple s’inscrit dans la logique du groupe freudien, à savoir dans une dialectique entre, d’une part, les instances qui incarnent le signifiant maître dans une Ecole et d’autre part, les groupes locaux. Ainsi, à la NLS, telle que je l’ai connue, les initiatives du Comité exécutif concernant les groupes étaient souvent accueillies par un « non merci, vous êtes loin, vous ne comprenez rien à ce qui se passe ici, restez bien à votre place et laissez-nous faire à notre façon ». Le même son de cloche s’entend entre les lignes de certains textes du débat qui s’est produit autour de la ELP et qui met en en tension le local et le lointain, ou plus précisément, l’Ecole espagnole et la FEEP en tant que la dernière incarne l’Ecole Une pour la ELP concernant la passe.

Or, justement, on peut lire la déclaration de l’Ecole Une comme une interprétation du rapport entre le Un et le Multiple, conduisant au-delà de cette dialectique infernale du maître et ses assujettis. L’Ecole Une n’est pas destinée à consolider le règne d’un signifiant maître unifiant. Elle doit plutôt donner toute sa place à un vide central dans une Ecole « dont les membres trouveraient dans la reconnaissance d’un non savoir irréductible […] le ressort de poursuivre un travail d’élaboration orienté par le désir d’une invention de savoir et de sa transmission intégrale ».

Ce n’est donc pas autour d’un S1 que l’Ecole Une s’organise, mais autour d’un « S de A barré ». La consistance du S1 (par exemple « la FEEP ») se réduit alors à n’être plus qu’un semblant nécessaire, sans aucune consistance de jouissance. Le rêve d’un maître qui saurait réduire à zéro le malaise inhérent au rapport de l’Un et du Multiple, est abandonné. Le ratage dont « S de A barré » est le mathème, devient ainsi la source d’un dynamisme qui anime une grande conversation entre les membres de l’Ecole Une des différents lieux.

Le malaise n’est donc pas dans le fait d’un malentendu entre le Un et le Multiple. Il ne tient pas à un trop de distance entre les deux. Le malentendu et la distance sont nécessaires à la conversation. Si il y a malaise, celui-ci surgit quand la conversation s’arrête, quand le silence s’installe.

Qu’est-ce qui fait que cela arrive ? Qu’à un moment donné la conversation s’estompe ?

Miquel Bassols nous fait comprendre que les impasses qui se produisent à ce niveau trouvent leur équivalence dans l’expérience de la cure. Il y a, dit-il, « une inertie difficilement franchissable dans l’expérience analytique […] Plus la fin approche […] et plus se renforce la demande ou la revendication d’une identification; plus l’objet en jeu est isolé, plus s’éloigne l’identification rassurante ». On peut en conclure que l’Ecole Une, par la béance du non savoir qu’elle ouvre dans les différents lieux, provoque une angoisse qui pousse vers un accrochage d’autant plus fort à une identification communautaire, équivalente à une volonté de consolidation de l’autonomie du moi.

Que faire ?

On peut supposer que l’état de l’ensemble des analyses des membres des groupes participe à la détermination de la position du groupe envers le Un auquel il se réfère. Ainsi, les avancées des analyses dans chacune de nos communautés peut aider l’Ecole Une à creuser son trou dans chaque lieu. Le franchissement du plan des S1 au-delà du père et au-delà du « national » vers à une tolérance du « S de A barré » devrait logiquement faciliter l’abord du point de non savoir, non par la force unifiante de l’identification au signifiant maître, mais par une participation à l’élaboration d’un nouveau savoir dans le cadre de la grande conversation de l’Ecole Une. L’étude des travaux d’un grand nombre d’AE, témoignant de leur propre franchissement de ce point, peut sans doute lui aussi être utile pour relancer la conversation.

Mais nous ne pouvons pas nous contenter de miser là-dessus, car il n’y a pas que les groupes et leurs membres, il y a aussi les Ecoles et leurs instances. Certes, une Ecole doit assurer les devoirs du maître. Il faut constituer des listes, les mettre à jour, réclamer des cotisations, rédiger des rapports, organiser des Congrès, promouvoir des publications….Ceux d’entre nous qui veulent bien prendre en charge le signifiant maître savent que si il y a sans doute une jouissance à le faire, pas tout est plaisir là dedans. Mais il y a aussi ce que peuvent faire les Ecoles et leurs instances pour promouvoir au sein du groupe local la conversation autour de ce trou « innommable » du non-savoir.

Les instances de l’AMP, de l’AMP-Amérique, de la FEEP et des Ecoles, peuvent donner une consistance à l’Ecole Une dans nos communautés. La passe doit rester l’affaire de l’Ecole Une et à ce titre je ne vois pas pourquoi la FEEP ne pourrait pas être le lieu délocalisé pour les cartels de la passe. Ceci dit, je pense qu’il faut interpréter le mot « médiation » qu’on utilise pour décrire le rôle de la FEEP ou de l’AMP auprès des Ecoles. Je ne pense pas que l’Ecole Une soit une instance de médiation entre le Un et le Multiple, si ce mot participe du fantasme d’un père, d’un tiers, d’une instance extérieure, d’un S1 qui viendrait résoudre les conflits au sein des groupes ou entre les groupes. En revanche, elle est bien un outil de médiation si nous lui donnons le rôle de créer les conditions pour que la grande conversation puisse avoir lieu. Comme je l’ai mentionné plus haut, nous avons connu à la NLS la tension inévitable entre le Un et le Multiple. Mais la NLS a aussi prouvé qu’une Ecole peut créer les conditions de la conversation en installant des dispositifs inventifs d’admission de nouveaux membres, d’échanges entre les Cartels et de séminaires itinérants.

Ainsi, la question des admissions a été traitée il y a trois ans au sein de la NLS en faisant référence à la passe, même si celle-ci ne se pratique pas couramment dans cette Ecole. Dans le texte qui a ouvert un débat sur la question entre les membres de l’Ecole, nous avons écrit ce qui a orienté le travail de la commission d’admission en 2007: «Le peu de présence de la passe à la NLS n’empêche pas une certaine forme de questionnement que la Commission d’admission peut avoir concernant la position subjective du candidat, et la façon dont son analyse a noué sa cause intime à celle de la psychanalyse […] nous tentons d’évaluer à quelle mesure la demande de rentrer dans l'École reflète un engagement pour la cause analytique qui l’emporte, ne fut-ce qu’un tout petit peu, sur sa volonté d’être reconnu, mentionné dans l’annuaire d’une École, etc. »

Autre exemple, les cartels. Depuis sa création, les cartels de la NLS ont été organisés de façon à promouvoir un débat électronique large autant que possible, permettant aux nouveaux adhérents qui gravitent autour de l’Ecole, de débattre sans médiation avec les plus anciens parmi ses membres. Des cartels ont été organisés autour du thème du congrès à venir, des cas clinique et des commentaires sur ces cas ont été échangés via courriel, et un extime chevronné était désigné pour ajouter son grain de sel à cette conversation. Ce dispositif orchestré par un membre du Comité exécutif de la NLS, fonctionne toujours. Il n’a pas encore perdu son élan.

Troisièmement, les séminaires « Nouages » de la NLS, sont organisés depuis 2006 par le Comité exécutif de la NLS. Leur financement est partagé entre l’Ecole et les groupes. Il s’agit d’un séminaire qui a lieu au sein des groupes et qui promeut un débat à partir de trois exposés de trois orateurs : un membre du groupe local, un membre invité d’un autre groupe de la NLS, et un représentant du Comité exécutif. Ces séminaires sont animés par le président du groupe local et un compte-rendu, rédigé par un « rapporteur » désigné à l’avance, est diffusé sur les listes électroniques de l’Ecole. Ces séminaires, toujours en vigueur, assurent une circulation de la conversation permettant à tous les membres, et pas seulement aux « notables » d’être présents et actifs au débat qui se déroule au sein de l’Ecole.

Ainsi, la NLS a prouvé que tenir le signifiant maître dans les institutions psychanalytiques n’empêche pas de se faire éclairer par la passe et ses dispositifs. Que le dispositif de la passe se passe du discours du maître pour son orientation et son action, ne veut pas dire que le tenant du S1 dans une Ecole doit lui aussi être dans un rapport d’exclusion avec la passe. Par ailleurs, en s’ouvrant à la conversation généralisée, celle qui confronte le nouveau venu avec le sommet de la pyramide, la fraicheur du débat est assurée.

Pour conclure. Suite à une réunion qui a eu lieu récemment à Bruxelles avec Jacques-Alain Miller en vue de la préparation de PIPOL 5, le projet de la FEEP se construit selon une nouvelle perspective qui consiste à remanier le rapport entre le Un et Multiple (ceci, bien entendu, dans le cas où ma présidence sera entérinée par l’Assemblée générale comme le stipulent les Statuts). Là où aujourd’hui l’Europe psychanalytique est structurée comme une pyramide (les membres des communautés régionales à la base, les instances de la FEEP au sommet et les Ecoles entre les deux) nous comptons créer un lien direct entre le sommet et la base de façon à permettre à chacun d’avoir un rapport sans médiation à l’instance européenne. Dans un premier temps, cela signifie que la FEEP fera un recensement de toutes les régions d’Europe où se trouvent des communautés de travail qui se réfèrent à ses quatre Ecole (ECF, ELP, SLP, NLS) et au Champ freudien. Cette liste de régions sera éditée et publiée selon un ordre alphabétique et non à partir de la référence de la communauté locale à l’une ou l’autre Ecole. Par ailleurs, un annuaire électronique sera établi, avec les noms de tous les membres des groupes régionaux, qu’ils soient membres d’une Ecole ou pas, selon un ordre alphabétique.

Cette restructuration de la FEEP aura une double fonction. D’une part, elle donnera une consistance politique au grand nombre de membres et adhérents de nos Ecoles en Europe. Ce rassemblement devra nous donner le point d’appui nécessaire pour défendre la psychanalyse auprès des instances européennes qui veulent réglementer les psychothérapies et le champ de la Santé Mentale. C’est l’aspect du discours du maître que la FEEP comme S1 devra incarner. D’autre part le lien directe de chaque membre des groupes régionaux à un signifiant européen de la psychanalyse devrait promouvoir une conversation, délocalisée et au-delà de l’Ecole ou du groupe « national ». Nous proposerons d’ailleurs à l’Assemblée générale une nouvelle nomination de la Fédération qui ira dans ce sens : « Euro Fédération de Psychanalyse ».

Politique des admissions et l’École Une :

une modalité de la pragmatique analytique

par Jésus Santiago

Je constate que la récente discussion, présentée dans les Journaux des Journées, sur l’ouverture des Congrès de l’AMP aux non-Membres, a éveillé des interrogations sur la pratique des admissions des Écoles de l’AMP. Même si on sait qu’une chose est d’ouvrir les portes des Congrès, et qu’autre chose est d’ouvrir celles de l’École, le problème apparaît d’une manière qui touche directement ce qui constitue l’une des faces inhérentes de cette pratique. Quand on examine, plus à fond cette pratique, on se rend compte qu’elle contient plusieurs implications à la vie d’une École. Au-delà du problème de l’ouverture ou de la fermeture, on signale la question de l’inclusion des nouvelles générations qui se traduit par un présumé «malthusianisme invétéré» des Écoles. Et également on remet en question l’excès des interférences des exigences de la société et de l’Etat sur nos politiques de recrutement, de telle sorte que, selon cet avis, l’on risque d’abandonner le principe de la «psychanalyse profane»1. Tout cela a motivé J.-A. Miller à prendre la parole pour formaliser ce que sont les admissions au sein de l’École de Lacan2. Je postule même que la politique et les procédures des admissions, adoptées par l’AMP depuis qu’elle existe, coïncident et, d’une certaine manière, anticipent les divers propos de cette formalisation. Enfin, la pratique des admissions est exemplaire de ce que c’est l’essentiel de la pragmatique3 dans la psychanalyse, en ce sens que la pratique anticipe presque toujours le concept.

Contre-expérience de la tendance patrimoniale

Tout d’abord la démonstration que notre orientation se déduit sous forme d’une contre-expérience de ce qui s’est passé, sur ce point particulier, avec l’École Freudienne de Paris, me paraît assez instrutif. C’est Miller qui nous transmet ce donné historique, à savoir, en moins de seize ans, après sa fondation, le total de membres de cette institution a atteint six cents, c’est-à-dire, presque le double de membres que l’École de la Cause Freudienne possède depuis trente ans. Cette politique d’admissions qui n’a pas changé tout au long de son existence, est selon lui, l’un des facteurs qui explique sa disparition dans la mesure où cette croissance démesurée était alimentée par la perspective patrimoniale qui gravitait autour de quelques figures éminentes de cette institution4. L’École tendait dès lors à se transformer en un «syndicat de co-propriétaires»5, vu qu’elle comportait une vision patrimoniale du transfert et, par conséquent, une totale fermeture à la logique temporelle de la formation de l’analyste. Par cette approche patrimoniale, je veux donc qualifier la tendance d’une institution qui méprise la limite entre les intérêts publics et privés, étant donné que, dans le cas de l’École, cela a entraîné la suppression de sa modalité transférentielle préférentielle, à savoir, le transfert de travail.

Une clinique des admissions

En effet, le postulat, proposé par J.-A. Miller, selon lequel le recrutement des nouveaux membres par l’École doit être conçu comme une pratique de psychanalyse appliquée est crucial , même s’elle est orientée par le fait que la catégorie de Membre renvoie à la psychanalyse pure. Il affirme que le problème des admissions «c’est la psychanalyse appliquée à la constitution et au gouvernement d’une communauté professionnelle, et aux relations de cette communauté avec les puissances établies dans la société, et avec l’appareil de l’Etat »6. Cela signifie que le but premier de cette pratique ne s’adresse pas au registre de l’intention, mais à celui de l’extension, c’est-à-dire, il se réfère à l’École en tant qu’une institution vue sous l’optique de l’ensemble de ses membres.

Envisager notre politique d’admissions par le biais de l’ouverture ou de la fermeture c’est masquer sa dimension d’application clinique dans la mesure où elle est configurée comme l’un des instruments pour traiter les diverses interférences de la conjoncture historico-sociale sur le sujet-École. Qui peut méconnaître l’offensive globale contre la psychanalyse exprimée par l’idéologie scientiste du ‘tout’ quantifiable et des thérapies cognitivo-comportementales ? Ou encore, les iniciatives des lois issues de l’Etat contemporain qui prévoient l’adaptation de la pratique de la psychanalyse aux dispositifs de réglementations des professions qui, dans notre cas, se confondent avec les modèles psychothérapiques adaptatifs ? Face à ces exigences issues de l’Autre social, notre politique ne peut pas être quelque chose d’immuable et statique. Au contraire, elle doit s’exprimer par les diverses variations temporelles qui se font nécessaires pour maintenir en éveil notre décision de promouvoir et de préserver la valeur « agalmatique » du Membre de l’École.

Ces variations dans la politique de recrutement ne se produisent pas sans quelque mesure et prudence étant donné que l’admission de nouveaux membres s’effectue selon le nombre de gens compatibles avec la composition et le style de travail d’une communauté établie, surtout quand celle-ci est dotée d’initiative et de dynamisme propres. D’autre part, comme l’affirme Eric Laurent, ce recrutement se fait en accord avec la volonté de l’École d’imprimer, dans chaque pays, une politique pour la psychanalyse7. Celle-ci comporte, en premier lieu, une orientation d’intérêt public qui, pour l’essentiel, s’adresse à la formation de l’analyste dont la principale référence est la passe. A mon avis, l’orientation pour les admissions cherche à préserver, dans nos divers dispositifs de recrutement, comme c’est le cas des entretiens que font les Conseils des Écoles, une vérification qui, évidemment, prend en compte le champ de l’énonciation du candidat, en ce qui concerne les indices de sa relation avec la cause analytique mise en évidence par son parcours lors de sa formation analytique. Donc, ces dispositifs doivent contenir, en leur sein, l’exigence éthique que les fins et les moyens de la psychanalyse ne se confondent pas avec les instruments et les méthodes psychothérapiques usuelles.

C’est selon ce point de vue plus général que je conçoit les divers aspects qui comprennent la pratique d’admissions en ce qui concerne la question des nouvelles générations. Je ne voit pas l’inclusion de celles-ci seulement comme une question d’ouverture de nos portes aux jeunes. Si cela est nécessaire, je ne considère pas, cependant, que cela soit l’unique et la meilleure manière d’attirer l’attention des jeunes sur l’École. A mon avis, il est absolument faux de supposer que la présence d’un supposé « malthusianisme invétéré » dans nos pratiques d’admission soit le reflet d’une simple mauvaise volonté envers les nouvelles générations.

Pour atteindre un tel objectif, l’essentiel est de rendre les Écoles de l’AMP perméables à leur époque et, surtout, capables de répercuter dans leurs pratiques de transmission et de diffusion l’avenir même de la psychanalyse. Dans ce sens, nos institutions analytiques ont donné des preuves effectives de cette ouverture quand elles ont pris la décision d’assumer le risque de se lancer dans de nouvelles iniciatives de pratiques et de méthodes d’intervention. C’est le cas du combat à l’idéologie de la quantification, aux tentatives de massification des TCC, au réglementation par l’Etat de la pratique de la psychanalyse. On pourrait multiplier ces exemples. D’autre part, il y a cet événement inédit, parmi nous, qui est l’éthique de l’énonciation analysante, événement qui renforcera encore plus l’aspect clinique de notre conception des admissions. Il me semble évident que les Conseils des Écoles sauront trouver les formes d’inclusion de cette dimension dans leur manière de saisir la relation du sujet à la logique du discours analytique.

Approfondir la relation avec l’École Une

L’affirmation d’Eric Laurent, dans son «Rapport moral présenté devant l’Assemblée Générale de l’AMP le 24 janvier 2009», selon laquelle «il n’y a pas de meilleur aperçu du moment d’une École que la façon dont elle présente ses admissions pour homologation»8 veut dire que, si la vitalité d’une École s’exprime à ce moment-là, c’est parce qu’il y a quelque chose dans cette pratique qui va au-delà des limites de la psychanalyse appliquée. Je propose, ainsi, que la pratique des admissions ne devient le signe de cette vitalité qu’au moment qu’elle contient en son sein l’esprit de l’École Une. Quand le Conseil d’une École accueille la demande d’un candidat, il met à l’épreuve sa relation avec l’École Une dans la mesure où celle-ci est l’incarnation de sa relation avec la psychanalyse en tant que telle.

Pour cette raison, je peut dire que l’esprit de l’École Une était déjà présent au moment de la fondation de l’AMP en ce qui concerne la question des admissions. A mon avis, c’est ce qui explique que ses Statuts ont opté, dés sa fondation, pour le principe selon lequel un candidat admis par une École, devient seulement Membre de cette École quand il reçoit l’homologation de l’AMP. Quand l’AMP homologue un candidat admis, c’est l’École Une qui est là, étant donné qu’elle seule peut orienter la valeur intentionnelle que la catégorie de Membre porte en soi, valeur qui indique l’insuffisance de la distinction entre psychanalyse pure et appliquée en ce qui concerne la pratique des admissions. Que la pratique des admissions soit une des forces matérielles de l’École Une, au sens où c’est elle qui nous oriente quant à la détermination du candidat par rapport au discours analytique, ne veut pas dire que nous soyons indifférents aux exigences des semblants de la civilisation.

En prenant en compte l’aspect décisif du parcours de formation du candidat, on ne méprise absolument pas les composants que constituent son bagage de titres et de travaux. J’ajoute qu’en tant qu’une modalité de la pragmatique analytique, la politique lacanienne des admissions ne prend pas sa source dans la tradition utilitariste. Au contraire, elle est signataire de la perspective lacanienne du rapport entre l’ordre du réel et du semblant. Pour donner corps à cette perspective, J.-A. Miller signalait l’inspiration hégélienne présente à l’intérieur de cette pratique, dans la mesure où où il n’y a pas de place, chez elle, pour les consciences soumises à la loi du coeur qui perçoivent le réel en jeu, dans la transmission du discours analytique, comme dépourvu de la valeur concrète des semblants nécessaires au travail de la civilisation9. En somme, cette conjonction entre l’élément subversif inhérent à la politique de formation de l’analyste, à laquelle on ne fait aucune concession, et l’élément concret de l’effet de ses semblants sur la civilisation, confère à la pratique des admissions, au sein des Écoles, sa propre singularité.

Passe et École Une

par Elisa Alvarenga

Passe et École Une sont pour moi indissociables. Et quand il s’agit de commencer un débat sur l’École Une au Brésil, c’est inévitable de parler de la passe, ce que a commencé a faire Angelina Harari dans son texte – « La Politique Lacanienne : l’EBP après l’événement Paris et l’ENAPaOL ».

J’ai rencontré pour la prémière fois la passe en 1991, après le lancement, par Jacques-Alain Miller, de la « Question de Madrid », qui introduisait l’entrée par la passe dans les Écoles de l’AMP. À l’époque l’EBP n’existait pas encore et je rentrais au Brésil de Paris, où j’avais vécu et faisais mon analyse. J’ai alors démandé à faire la passe à l’entrée de l’ECF, avec l’idée de garder un lien étroit avec l’École où, il y avait quelques années, je me formais. L’expérience fut pour moi inoubliable : je fus prise par un véritable événement de corps, avec une clarté des idées jamais expérimentée de la même façon. La tentative de formalisation de ce qui avait été jusque là mon analyse, m’a permis d’entrevoir la position d’objet que l’analyste occupait dans le transfert, produisant la certitude de ne pouvoir plus reculer face à ce gain de savoir-là et me permettant de recommencer ma pratique comme analyste praticante sur de nouvelles bases. J’ai pu participer effectivement de « Iniciativa Escola », qui visait la création de l’EBP, et faire partie de la liste de membres au moment de sa Fondation par Jacques-Alain Miller. Dès le début, donc, la passe a été pour moi une procédure « délocalisée », au sens où son fonctionnement allait au-délà des frontières entre les Écoles.

L’EBP est née avec le dispositif de la passe à l’entrée pour ceux qui voulaient en devenir membres, et je fus alors désignée passeur, fonction qui m’a donné du boulot et de la joie. J’ai rencontré des collègues de partout au Brésil – ils ont été, si je m’en souviens bien, 9 passants – et j’ai apris beaucoup avec ses expériences d’analyse. Plusieurs membres de l’EBP sont entrés à l’École par la passe.

L’EBP ne disposait pas d’un cartel de la passe pour vérifier la fin de l’analyse, mais le dispositif de la passe bilangue, duquel j’ai aussi été passeur, fut crée. Une des passantes dont j’ai écouté la passe à l’EBP et transmise à l’ECF fut nommée AE, avant que je ne demande ma passe de fin d’analyse. Celle-ci fut aussi réalisé à l’ECF, École à laquelle appartenait mon analyste, et ce fut une nouvelle expérience, totalement distincte de celle de la passe à l’entrée, déjà dans l’année 2000. Loin d’une passe « parfaite », j’ai dû compter, après la nomination, avec un « contrôleur » sans préjugés, qui m’a permis de traverser des inhibitions, symptômes et angoisses. Le travail comme AE fut une expérience intense, non seulement de transmission au Brésil, où j’ai pu avancer à partir des questions posées par mes collègues, mais aussi d’échanges avec d’autres AE de l’École Une, qui partageaient le même enthousiasme et parfois quelques angoisses.

Finalement, j‘ai eu l’expérience de participer à un cartel de la passe de fin d’analyse, iniciée au Brésil en 2005. Il s’agit, encore une fois, d’une expérience inédite, à partir de la contribution, sans égal, de chaque collègue qui a décidé de faire confiance à la passe et à l’EBP. Prenant en compte les statistiques présentés par Yasmine Grasser dans le JJ 70, ainsi que les numéros présentés par Mauricio Tarrab dans le JJ 85, on peut constater que, au Brésil, les demandes de passe ont été bien moins frequentes – 12 demandes en 4 ans - ; ce qui est comprehensible, une fois que le nombre de membres de l’EBP est aussi bien plus mince et son dispositif de la passe a seulement 4 ans de fonctionnement. Le numéro de nominations d’AE – 2 – proportionnellement au numéro de demandes, est toutefois expressif.

Le travail dans le cartel de la passe de l’EBP est un exemple vivant du travail à l’École Une : un cartel composé par ex-AE – deux ont fait la passe à l’ELP, une à l’EBP et une autre à l’ECF -, créé par l’AMP, ayant comme plus-un Graciela Brodsky, s’entretien, chaque fois qu’il s’agit de vérifier la possibilité d’une nomination, avec un extime, dans notre cas Eric Laurent. Quand le cartel rencontre des donnés pour une nomination, il est pris par un enthousiasme qui resonne en chacun, de manière surprenante, à partir de la transmission des passeurs. La transmission de chaque passeur passe visiblement par le fait qu’il est la passe, et depend du moment qu’il traverse dans son analyse. C’est aussi pourquoi je pense que, quoique la politique de l’énonciation analysante ait sa place dans l’avancée de la psychanalyse et dans le recrutement des nouveaux membres de l’École, la passe garde sa place, incomparable, pour la vérification de la fin d’une analyse et du passage à l’analyste.

C’est avec grande joie que nous avons nommé Sérgio de Campos et que nous avons reçu la nouvelle de la nomination d’Angelina Harari, par le cartel de l’ECF – Angelina montre, encore une fois, que la passe est de l’École Une. Avec Ana Lúcia, nous avons maintenant trois AE en exercice à l’EBP, et je pense que nous sommes en bonnes conditions pour la permutation. Soit pour la composition d’un nouveau cartel formé par AE, avec le plus-un antérieur, soit pour le composer d’une autre façon. Comme notre dispositif a été aprouvé par l’Assemblée Générale de l’EBP le 1er mai 2005, nous espérons que nous ayons, prochainement, une orientation de l’AMP pour la permutation des participants du cartel et du secretariat de la passe, sinon pour des changements possibles au fonctionnement, après la Conférence de l’ECF sur la Passe et la Réunion du Conseil de l’AMP.

Un dispositif moins idéalisé, et moins exigeant, qui puisse vérifier differentes possibilités de fin d’analyse, à partir de ce qui est en train de se discuter au JJ autour de la procédure, pourrait, ainsi je l’espère, rendre la passe plus desirée par les collègues de l’EBP, qui déjà s’appliquent à la nouvelle politique de l’énonciation. Il est l’heure pour que les membres de l’EBP, ainsi que les « nouveaux venus » prennent la parole dans ce débat sur l’École Une !

Un tour de Passe, passe

par Claire Talébian

Ce fut une passe au grand galop. A cette seule différence, que les chevaux étaient ceux d’une voiture, me conduisant chez les deux passeurs que j’avais tirés au sort, bien évidemment à des distances très opposées. Il fallait y impliquer le corps en espérant qu’il n’en fasse pas qu’à sa guise. Tout cela a commencé en mars par ma lettre de demande d’entrer dans le processus de la Passe. En mai, a eu lieu la rencontre avec un des membres du cartel, puis, le tirage au sort des passeurs, et enfin le temps de la passe elle-même, qui s’est déroulé sur juin et début juillet. En septembre, ce fut l’audition des passeurs et en décembre, la conclusion du cartel de la passe. Je découvris alors, avec intérêt, dans le Journal des Journées, les variantes de la Passe (type?) en nombre de mois, voire d’années. Suis-je l’exception qui confirme que tous les acteurs de cette affaire peuvent faire le pari de la hâte ? Tout cela s’est passé en un temps que les moins de… je m’égare; avant le grand remue-méninges. Pour être exacte, avant, pendant et après. J’ai « terminé » mon analyse en février et en mars j’ai donc fait la demande d’entrer dans le processus de la Passe. Le « risque » de devenir A.E. et le désir d’entrée à l’École, je ne les ai aperçus qu’après. Pour le premier, je comptais sur le bon sens du cartel, car je n’ai pas encore la carrure, ni la disponibilité pour interpréter l’École, et pour le second, cela s’est dessiné au cours de la Passe en un désir bien décidé. Avant tout, je voulais savoir si ce que j’avais dit être une fin d’analyse en était bien une et plus prosaïquement, si ces 20 ans (avec quelques interruptions et changements d’analystes) passés auprès d’analystes avait bien été une analyse. Tout le monde ne désire pas dans un premier temps être « nommé ». Pourquoi la Passe ? J’aurais eu envie de dire « parce que… », mais Bernard Seynhaeve l’a déjà fait. Et pourtant, juste après avoir écrit le mot « FIN », le désir de commencer la Passe s’est imposé J’ai vu les deux passeurs dans le même temps parce que… c’était dans le tempo ; pas pensé au pianissimo ... Avant de les rencontrer et sitôt décidée à faire ma demande de passe, j’ai écrit ; écrit au kilomètre tout ce qui me revenait de mon analyse. Des moments cruciaux pour moi, des effets de changement d’analystes, lapsus, actes manqués, rêves, franchissement d’une vérité à une autre, et des meilleurs… Puis, vint le temps de mettre tout cela en ordre. Tenter de me servir des concepts analytiques pour repérer fantasmes, mutations subjectives, objets pulsionnels et des moins bons… Ce sont aussi les passeurs qui m’ont, par leurs questions, amenée à éclaircir, à explorer les recoins les plus obscurs de l’analyse pour en livrer les coordonnées et donner une certaine logique à cette aventure qui a accompagné une part de ma vie. J’avais beaucoup écrit, mais pendant la passe, je n’ai plus consulté mes notes. Les passeurs ont pris le relais de l’écriture en noircissant les pages d’énoncés que je leur livrais, en toute confiance. Rien de moins facile que de se découvrir corps et sujet à des uns-connus. J’ai fait des découvertes, butté sur des questions, rêvé… et j’en passe. Cette hâte m’a plutôt convenu, moi qui suis d’un naturel lent. Pas (trop) d’angoisse dans les rencontres, chaque fois le trac, mais à ma grande surprise beaucoup de choses à dire, ainsi qu’une curiosité attentive de part et d’autre. Comment faire entrer vingt ans d’analyse dans un temps compté ? C’est impossible - puisque - je l’ai fait ! Mais surtout, le sentiment d’avoir pris une vraie décision dans ma vie, un choix forcé, sans forçage. Un acte sans obligation, un risque narcissique nécessaire, et des résidus de symptômes qui m’ont lâchée. D’autres sont en « passe » d’être assumés, pas sans « lichettes » de Jouissance (SXVI). J’ai le souvenir, d’une certaine gaité, et de me reprocher de ne pas me prendre au sérieux. Pourtant, cet acte engage le passant, les passeurs, le cartel de la passe. C’est du sérieux ça, madame ! Pas un truc en toc. Mais la gaité persista. Ce fut pour moi le moment de relire des textes fondamentaux et surtout la « Théorie de Turin » de JAM, « Renvoyer chacun des membres de la communauté à sa solitude de son rapport à l’idéal. » Quand le secrétaire de la passe me fit part de leur conclusion, à savoir, proposer au conseil de l’École ma candidature pour devenir membre, j’en ai été ravie. Je suis prête, même si je ne sais pas encore à quoi. Je n’ai fait aucune critique du processus !!! Suis-je une imbécile heureuse ? Peut-être… mais avec une bonne dose « d’inconscient ». La Passe est elle Morte ? On le sait, des morts on ne retient que le bien ! Alors, Vive la Passe !

Identité ?

par Adelaide Ortega

Il y a un débat qui fait la Une de tous nos journaux.

Ne pas lire les articles des journaux qui traitent de ça, ni entendre ce qui s’en dit à la radio, ne pas parler de ça avec les autres. Ne rien penser à ce propos, ne rien vouloir ou ne rien pouvoir en savoir. Dans ce domaine, tout n’est qu’opinions, préjugés, fictions creuses. C’est la chose dont il ne faut pas parler dans le monde civilisé au risque de tomber dans le sans fond de la bêtise. S’agit-il de résistance? De dénégation ? Forclusion ? D’où me venait cet interdit qui me conduisait au mutisme ? Chose trop intime pour être extirpée des limbes où elle se tient ? L’Extime en personne ! L’horreur est proche.

Donc j’écris. C’est devenu LE débat national pour l’année 2010 ! Pourquoi avoir réveillé le monstre, pourquoi vouloir le démasquer, le montrer ? Que nous veut-on avec cette politique qui parie pour le pire ? Au XXIème siècle, à la fin de la première décennie, un débat, sans mémoire et sans histoire(s), sur quelque chose qui n’existe pas : l’identité nationale. On veut la faire exister, consister. On nous assure qu’il ne faut plus avoir peur de dénoncer, de trahir, des valeurs et des personnes, on peut tout dire à propos de ceux qui sont nos étrangers. Sont-ils encore nos prochains ? Oui, nous dit le pape. Ils mendient aux portes des églises. Trop proches, alors ? Trop nombreux ? Ces êtres qui nous collent au regard, et nous mettent sous le regard des réalités inhumaines, des corps fatigués, sans abris, parlant des langues ignorées de nous, comme des bêtes. Jouissances ignorées de… nous-mêmes.

Pas beau à voir ? L’art contemporain nous a habitué à ce défaut de beauté qui caractérise notre époque. On a levé les voiles de la pudeur pour les besoins de la globalisation. Marché absolu : tout se vend, tout s’achète à n’importe quelle condition, et il n’est plus nécessaire d’envelopper les objets de jouissance dans des belles formes, là comme ailleurs. Jusqu’à nous faire admettre qu’il est bien –politiquement correct- de pouvoir montrer pour des bonnes causes, ce qui d’habitude, de par la tradition, ne se dévoilait que pour le pire. A la Biennale de Venise et dans une galerie parisienne, en 2009, des installations et des films montraient ces réalités…mais comment en parler ? Il semblerait que ces images de l’art empruntant leurs sujets aux images télévisuelles (documentaires montrant « le réel ») ne soient pas appréciées des amateurs. Il n’y avait pas de ça à la Dogana, à Venise chez un collectionneur mondialement connu ! Trop réaliste ? pas assez fantastique ou spectaculaire ?

Ces œuvres portent une intention au-delà du monde de l’art, au-delà de la laideur, et de l’horreur « visible », au-delà du « faire pitié », elles montrent des paysages et des architectures bizarres, des zones étranges à la frontière de la vie humaine, des hommes qui vivent là, qui parlent, sans commentaires. Ces œuvres, en tant qu’art, demeurent là sous nos yeux dans des lieux paisibles, elles insistent, elles reviennent en boucle au lieu de filer derrière une autre info insipide. On croit avoir déjà vu, on croit savoir de quoi il s’agit, mais l’art ne dit rien de ces significations déjà là, il nous laisse dans la perplexité devant ce que produit notre monde.

De quelque bord que l’on soit : de gauche, de droite, au centre, aux extrêmes, on dénonce : c’est insupportable, il faut faire quelque chose, il faudrait que leurs pays respectifs fassent en sorte de ne pas les laisser sortir. Fermer les frontières ! Selon la couleur politique, les moyens invoqués diffèrent, mais tous disent : qu’ils restent chez eux ! Qu’on arrête de se mélanger ! On ne retrouve pas ses petits.

Débat d’actualité, dans lequel s’engouffrent tous les ressentiments, toutes les haines de soi et de l’autre, de tous les autres. Pourquoi débattre en même temps que continuent des chasses à l’homme dans les bois. Causer pendant que des chercheurs inventent des détecteurs de CO2 -écologie ironique- produit dans les cachettes des camions, machines qui sont encore à perfectionner car les transports de légumes brouillent les signaux, des alarmes qui obligent les chauffeurs à descendre de leur cabine pour permettre des fouilles. Ils sont traqués, pourchassés, pour une question d’identité : ils sont « sans papiers ». A quoi bon ? A l’époque de la globalisation, tout se vend et tout s’achète. Ces êtres sans identité humaine sont purement des forces de travail qui cherchent à se vendre à n’importe quel prix, esclaves modernes dont les « passeurs » sont les modernes marchands. Leurs employeurs leur donneront un prix, une valeur monnayable, le temps d’être rattrapés par les lois et leurs hommes.

Problème : Immigration ? Intégration ? Assimilation ? Lisez : « notre nation s’est constituée au fil des siècles par l’accueil et l’intégration des personnes d’origine étrangère. » Dans ce conte de fées, les siècles se suivent et se ressemblent. Il ne manque pas, dans les débats organisés par les préfets, de témoignages d’étrangers qui ont réussi à s’intégrer, à s’adapter au monde environnant réduit au monde du travail et qui ont donc pu devenir français. Preuve que la France est une bonne mère, une bonne terre, d’accueil. N’y aurait-il plus d’historiens, plus de citoyens, de « martyrs » pour témoigner du contraire ? Des mots, des mots…

Solution : Des contrats de bonne conduite signés avec la Nation : voilà ce à quoi doit aboutir le processus dit « d’intégration », voilà à quoi sert le débat sur l’identité nationale. Il y a des passagers clandestins sur le navire France, mais il y a pire : des mauvais matelots qui risquent de le faire couler. On va leur apprendre à parler, à bien se tenir, à respecter la valeur des insignes de la France.

Conclusion : Evaluation ! Evaluation ! Qui veut évaluer ? Des appels d’offres sont lancés auprès de consultants pour établir des critères et des grilles d’évaluation du niveau d’intégration qui vaudra pour prétendre à la nationalité française. Qui veut être évalué ?

Traduttore, tradittore ?

par Francis Felzine

Le Monde des Livres du 8 janvier 2010 nous l’apprend : l’œuvre de Freud, tombée récemment dans le domaine public, échappe désormais au seul milieu psychanalytique et à ses querelles, « à la pierre tombale jargonnante qui a jusqu’ici dissuadé le grand public de le lire » (sic). La parole est aux traducteurs. Pour Bernard Lortholary, l’homme qui se propose de ressusciter Freud, ce dernier a été traduit par des gens qui connaissaient mieux la psychanalyse que l’allemand. Un autre, Dorian Astor, annonce la couleur : « En France, l’œuvre freudienne a longtemps été enfermée dans une forteresse psychanalytique qui prétendait détenir sa vérité. Il y avait l’idée que, si l’on n’était pas psychanalyste, on ne pouvait pas traduire Freud. Or dire qu’une traduction est définitive [Note de l’auteur de cet article: qui a jamais affirmé une chose semblable ?], c’est un réflexe totalitaire. Pour ma part, je suis germaniste, traducteur littéraire, et je refuse de me battre avec les psychanalystes sur le terrain de l’orthodoxie. Mais je peux les affronter sur le terrain de la langue … »

L’un comme l’autre ont l’ambition de transmettre l’œuvre freudienne retenue en otage, de la réveiller tel le prince la Belle au bois dormant : retour au texte, l’allemand fluide deviendra un français limpide. L’idéal est posé. Celui des Œuvres complètes aux Puf est différent : rigueur théorique revendiquée pour traduire une langue « faussement simple », dit François Robert.

Les arguments des uns et des autres en faveur de « culture » ou « civilisation » pour traduire Kultur ne manquent pas de pertinence. Evidemment, ils finissent par choisir, et la question reste entière. Ce que Freud en dit lui-même devrait dissuader quiconque d’être trop péremptoire. Voici ce qu’il écrit par exemple à la fin de la 35 ème Conférence d’introduction à la psychanalyse, intitulée « D’une Weltanschauung » [mot dont Freud tient la traduction dans d’autres langues pour difficile … Ne serait-ce pas "idéologie" ? L’évaluation comme Weltanschauung !] : « … le processus du développement de la Kultur ̶ d’autres disent " Zivilisation" ̶ « ( « … der Prozeβ der Kulturentwicklung ̶ Zivilisation sagen andere ̶ … » GW XV p. 194 ). Les notes en bas de page ne demeurent-elles pas une béquille souvent indispensable ?

Angst, est-ce la peur ou l‘angoisse ? Selon Dorian Astor, l’homme qui veut prendre la forteresse psychanalytique, parler d’une « angoisse inconsciente » n’aurait pas de sens. Surprenante affirmation venant de quelqu’un qui revendique un pur rapport à la langue. Où l’on voit que ce n’est pas tant être psychanalyste qui est requis pour travailler le texte freudien qu’analysant … Lui donc rendra Angst par « peur ». Le texte de 1926 deviendra-t-il Inhibition, symptôme et peur ? François Robert optera pour « angoisse ». Imagine-ton un petit Hans de langue française dire « Jai de l’angoisse devant le cheval » ? Bernard Lortholary se montre plus raisonnable en choisissant tantôt « peur », tantôt « angoisse », le contexte donnant la solution.

Lacan ne dit pas autre chose quand, dans Radiophonie, il répond au reproche qui lui est fait de méconnaître le sens du mot Entstellung en le rendant par « déplacement » (Écrits p.11) Il rappelle ce principe élémentaire de la traduction : « On constatera [que ce mot ] je le traduis ( comme il faut ) au gré de chaque contexte » Mais il dit aussi : « Dommage que pour un retour à Freud où l’on voudrait m’en remontrer, on ignore ce passage du Moïse où Freud tranche qu’il entend ainsi l’Entstellung … » (Autres écrits p. 419-420).

Ses critiques à l’égard des traductions publiées sont féroces. En 1958, il dit de la partie traduite qu’elle est « tissée d’oublis, de non-sens, de falsifications et d’erreurs qui en rendent la lecture au mieux inintelligible et au pire controuvée … » (Autres écrits p.169). Il peut dire ça parce qu’il a lu, et commenté, le texte freudien avec une attention sans égale, et incité ses élèves à faire de même. Son œuvre fourmille de références aux termes de Freud en allemand, et si Entstellung y est successivement rendu par « déplacement », « transposition », « ex-sistence », « dé-position » ou « distorsion », si la Verwerfung est à ce point interrogée avant que le terme de « forclusion » ne s’impose, c’est que Lacan interroge inlassablement la pratique, et vise le concept. Mais il lui suffit d’évoquer Prévert et « La pêche à la baleine » pour que ce signifiant freudien devienne « envoyer balader » (« D’une question préliminaire … »), et vive sous nos yeux.

Lacan n’a fait œuvre de traducteur stricto sensu que deux fois (« De quelques mécanismes névrotiques dans la jalousie, la paranoïa et l’homosexualité » de Freud et « Logos » de Heidegger) ̶ qui peut d’ailleurs douter du lien intime de ces travaux avec son élaboration ? Mais surtout il a repris des mains de Freud le témoin de la psychanalyse, et c’est à lui que nous devons sa survie d’abord, sa vitalité ensuite ̶ comme nous devons la poursuite de son orientation à Jacques-Alain Miller (qui, débattant avec Michel Onfray dans le magazine Philosophie de février 2010, rappelle d’ailleurs à son contradicteur qu’attention flottante n’est pas une traduction juste). La psychanalyse, et donc le texte freudien, est une affaire trop sérieuse pour être laissée aux seules mains de germanistes patentés. Pour talentueux qu’ils soient, prétendre à une position de surplomb (ce qui n’est sans doute pas le cas de tous) est purement imaginaire.

Sans doute faut-il se réjouir de la parution de nouvelles traductions. Il convient d’en faire un usage pragmatique et de n’attendre d’elles que ce que, à l’instar de la plus belle fille du monde, elles (ne) peuvent (pas) donner.

Le travail d’élucidation de l’œuvre freudienne, quant à lui, est sans commune mesure. On sait que le retour à Freud a commencé dans les années trente avec Jacques Lacan. Là déjà s’amorçait une autre œuvre, en français celle-là.

La Scuola Una in Italia

Par Carlo Viganò

Anche nella SLP “che si dica” viene dimenticato e resta nascosto in ciò che si dice.

I lavoratori decisi, coloro che fanno sintomo nella patria del trionfo della religione, cioè di quello scientismo con il quale psicologia e salute mentale ammantano il reale della soggettività, sono oggi più numerosi di ieri.

Eppure essi faticano a trovare nella Scuola il soggetto dell’Un-tensione. Essi si proiettano nella pratica con l’ansia di dare valore estensionale alla psicoanalisi e dimenticano che tale valore può venire solo dal conferire peso di reale alle strutture dell’esperienza analitica. Proprio quel peso che il sembiante scientifico oggi tende a svalutare.

Come trovare le vie per la testimonianza dell’uniano come frutto dell’esperienza analitica, al di là del falso sembiante dell’unanimismo universitario? E’ il problema italiano della passe: che essa parli.

Che parlino gli AE e che parlino anche i cartelli della passe, che il loro lavoro sia incontrato e faccia scuola rispetto alla tensione verso l’Uno. Senza di ciò l’estensione diventa moltiplicazione di puro prestigio e l’intensione purezza moralista.

La nostra dispersione geografica e culturale non favorisce il processo della testimonianza, ma le istanze della Scuola (Presidenza e Consiglio) devono trovare il coraggio di dare parola alle differenze, all’uno per uno, nei Convegni, ma anche negli intercartelli, negli incontri clinici, nel confronto tra le città.

Credo che l’Uno della Scuola sia un reale da testimoniare e che la passe ne costituisca il punto di precipitazione o il punto di taglio. L’estimità di questo punto non può infatti rimanere confinata nella presenza di JAM o di Laurent ad un’assemblea.

In conclusione: un cartello della passe è necessario in Italia, ma non per ragioni identitarie, neppure nel senso della lingua italiana, ma come presenza in atto di un operatore logico. Solo un taglio reale si può opporre a quella divisione di cui parla Mazzotti e che non fa sintomo nella direzione detta sopra.

Sobre la NEL

par Clara Maria Holguin

Donde está la NEL? Donde estoy yo? Es que acaso este debate nos es ajeno? O quizá seguimos siendo demasiado nuevos-jóvenes para un debate sobre el Pase? Soy miembro de la NEL desde su creación en Buenos Aires - ya no tan nueva ni joven, ella, ni yo- pero aun con entusiasmo, me pregunto por nuestro silencio, al menos por el mío. En algunas ocasiones se ha mencionado –no sin acierto- como el significante que nombra la Escuela como nueva, logra atraparnos, petrificándonos. Puro significante al que haría falta un poco de carne.

Después de leer el último Journal, donde usted publica la carta de M. Tarrab, pude ordenar un poco mis ideas. Al comentársela, fue él quien me motivo a escribirle. Sugerí entonces una posible forma de enunciar el problema para la NEL.

Quizá debamos pasar no demasiado rápido. Hacer la diferencia entre “la política de la enunciación”, y “hacer de la enunciación una política”, permitiría decir que no hay “ política de enunciación sin la enunciación de una política”.

La política de enunciación, bien se ha señalado, ha sido desde el inicio el Pase. Sin embargo que sea una política no implica necesariamente su libidinizacion. Qué falta para ello? Qué se requiere para tener en el horizonte el pase….querer terminar un análisis, dar un testimonio de ello?

Es aquí donde entusiasta acojo la iniciativa “la enunciación de la política”, no solo porque permite en algunos casos, hacer caer rígidas jerarquías, o en otros, hacer ver donde se está respecto a su formación analítica, sino porque pone a la orden del día, la orientación misma de la Escuela de Lacan, orientación a partir de la cual la enunciación es solo una: la relación de cada uno con su inconsciente. Es como ya se dijo“La renovación del pacto con el inconsciente”. Desde allí, creo podremos tener un chance, el chance de construir esta política, que no es otra cosa que libidinizar el pase, de tal modo, que las estrellas no dictaminen una dogmatica y mantengamos “la política de enunciación” ya señalada por Lacan.

Al terminar esta nota, hemos recibido por parte del Presidente de la NEL, Juan Fernando Perez, la muy grata noticia sobre el inicio de un debate al interior de la NEL. El Comité Ejecutivo de la NEL, en asocio con Lizbeth Ahumada, nuestra representante en el Comité de Acción de la Escuela Una, expondrá en la próximas semanas a toda la Escuela un conjunto de proposiciones destinado a aportar elementos para el esclarecimiento de la actual política de la AMP, conocida ésta bajo la expresión de política de desmasificación de la enunciación.

Buen comienzo. ¡!

Lo vivo de la ELP

parMonica Marin

Muchas gracias por provocarnos para salir del silencio sobre el pase en la ELP.

Silencio que está presente desde los comienzos mismos de esta Escuela .En el primer Consejo, no supimos conseguir, no logramos prodigar a los AEs por toda la ELP, más allá del intenso trabajo que cada uno realizaba en sus respectivas Sedes y Comunidades. Algo no circulaba desde los inicios de la ELP, a pesar del ingente trabajo de todos y cada una de las instancias por ponerla en marcha.

Hay , sin embargo, otro silencio, que me parece que resuena mucho : el silencio del pase mismo.

Tomé parte en el dispositivo en dos oportunidades, la primera como pasadora y la segunda como miembro del cartel del pase que funcionó en 2005 – 2007.

Cómo transmitir la sorpresa y emoción experimentadas, al enterarme, por la llamada de un pasante, que yo era su pasadora.??

Ciertamente, debo confesar que lo primero que me surgió fue que era un error, que se trataría de otra persona...y al instante , superado eso, una emoción!, unas ganas de hacerlo ¡!

Una vez realizadas las entrevistas con el pasante, fueron, a su pedido, varias, preparar el testimonio y el encuentro con el cartel : otra experiencia conmocionante.

Y el efecto sobre el propio análisis, de un antes y un después, así como un relanzamiento del deseo de Escuela.

Pero como podrá observar hablo del pasante en singular. Y es que en los dos años de pasadora, sólo me cupo recibir a un pasante de la ELP, qué silencio, verdad?

Ya en el cartel, recibimos a los pasadores de tres pasantes.

Cada uno de los pasadores, habiendo preparado cuidadosamente sus testimonios, nos posibilitaron un trabajo intenso , que nos permitió trabajar sobre las singularidades de cada caso, en dos de los cuales pudimos verificar el fin de análisis, y en el tercero: experimentar la gran alegría de una nominación

Y ahí, sí: la reunión con el éxtimo, la prueba de la Escuela Una.

También oir al AE que nuestro cartel había nominado en Roma, otra experiencia de Escuela Una ¡!

Pero..., de los tres pasantes no había ninguno de la ELP: el silencio del pase en la ELP otra vez.

Qué nos pasa?, qué es una Escuela que no produce – si me puedo expresar así- un AE?

Tercer silencio: el de los carteles, una y otra vez en las Asambleas nos lamentamos de la poca actividad de carteles...

Tal como Lacan los propuso, podemos entender tanto al cartel como al pase, desde el punto de vista institucional, como instrumentos anti didactas

Entonces el silencio de la ELP, haría resonar el silencio de las beatitudes y suficiencias que Lacan señala en su Escrito

Es eso?, tendremos que interrogar entonces cuál es la situación del psicoanálisis en la ELP??

Sí, hagámoslo!!, hablemos de los análisis personales, de la práctica del control, presentemos nuestra clínica y hagamos surgir lo vivo de la experiencia oculto , hasta ahora, bajo el manto de los tres silencios : sobre el pase, del pase y de los carteles.

Hagamos circular lo vivo de la ELP!!!, estoy segura que está.

A EBP após o acontecimento Paris e o ENAPaOL

par Angelina Harari

Vários foram os efeitos dos últimos acontecimentos que foram até ordenados numericamente nas JJ: Paris o primeiro, ENAPaOL o segundo e na expectativa está o terceiro, o da AMP/2010/Paris.

Gostaria de destacar entre os efeitos este que porta como marca o da leveza no tratamento dos semblantes, estes com os quais cada um se vira em sua existência; a partir desta leveza acredita-se que a “Destituição dos Rambos” continue sua marcha em todo o território da AMP, nos dizeres do conselheiro Oscar Reymundo.

A leveza no tratamento dos semblantes foi causada pela política da enunciação expressa nas apresentações do evento Paris que, por sua vez, vem causando outras reviravoltas, como a queda dos rambos ou o deslocamento daquele que se encontra muito assentado em seu lugar.

A EBP, através de sua atual direção (Rômulo Ferreira da Silva e Angelina Harari), postulou 2 estratégias na reunião do Conselho AMP-América, ocorrida durante a semana BAL, ambas as estratégias visaram o Congresso AMP/2010 e são decorrentes da decisão de abertura das inscrições para a participação dos “novos”.

A primeira estratégia consiste na inclusão dos “novos” também na EBP, mais especificamente na atividade preparatória do Congresso da AMP, cuja convocatória nacional se realizará em março, às vésperas do Congresso. Trata-se de uma Conversação, sustentada pelo conjunto dos participantes e animada pelos trabalhos clínicos selecionados para a jornada clínica da AMP.

A segunda foi criar um procedimento direto de Declaração de Inscrição, sem necessidade de comprovação. Quem se declara inscrito recebe a coletânea Scilicet, que, em magnífica edição brasileira, foi lançada em dezembro. Damos assim relevância ao precioso trabalho de edição, preciso e precioso o trabalho das organizadoras Vera Avellar Ribeiro e Simone Souto.

O efeito de leveza no tratamento dos semblantes, certamente obtido atravéz da fala em primeira pessoa, se fêz sentir também do lado múltiplo da EBP, onde a comunidade trabalha no cotidiano, tanto no Brunch & Scilicet organizado por Ana Lydia Santiago e Antonio Beneti em Minas Gerais, onde se escutou a enunciação analisante em clima agradável e animado, colhendo um verdadeiro efeito de conversação, quanto no Rio na atividade Ventos de Buenos Aires e em SP, na atividade que contou com a presença de Graciela Brodsky, onde ela abordou uma questão do livro 18 de Lacan: o real no limite do discurso. Na Bahia, informa-nos Sonia Vicente, há uma preparatória à Conversação Clínica da EBP e que repercutiu entusiásticamente a notícia da participação ampliada no congresso da AMP, reativando o agalma na Escola. Por sua vez, Iordan Gurgel avalia o entusiasmo rumo à Paris, entre os novos que agora poderão viajar, como efeito da ressonância positiva obtida com as apresentações no Seminário Internacional da EBP, um dos eventos da semana BAL. De forma espontânea os AMEs concernidos trouxeram ilustrações da própria experiência de análise.

A leveza e o humor são os efeitos verificados nas atividades desenvolvidas pela EBP, onde muitos começam a colocar seu grão de sal. Também são verificados efeitos nas análises, onde o inconsciente extravaza de forma mais viva e evidente, como nos relata Elisa Alvarenga.

Na ocasião do brunch, na EBP-Minas, Jésus Santiago evoca que a enunciação não é uma prática tão nova na psicanálise, se se considera que Freud valeu-se da interpretação de seus próprios sonhos, a exemplo do sonho de injeção de Irma, para não se deixar desviar da ética da psicanálise. Isto não impede que ela ressurja, entre nós, com uma configuração nova, pois, o seu impacto decisivo para os rumos da orientação lacaniana se faz animada pela ética do passe.

Para Ana Lydia Santiago essa prática foi possível porque, tanto os membros da AMP, quanto os membros das Seções da EBP, conectados que estão ao movimento da orientação lacaniana impulsionado por JAM, em prol da psicanálise no mundo, têm privilegiado, já há algum tempo, a própria experiência do inconsciente, como um dos pilares importantes de nossa formação.

Sobre a demanda de entrada, Ana Lucia Lutterbach nos diz que já se pode sentir que a abertura para participação no congresso produziu um efeito interessante que, certamente, irá refletir na diminuição da demanda e da insatisfação. E, uma participação mais efetiva sem título.

Uma palavra final para introduzir-nos ao debate a respeito da Escola Una: vimos com entusiasmo os colegas europeus expressarem suas posições que sustentaram e sustentam uma conversação no JJ. Isto nos remeteu à conversação sobre a Escola Una que teve lugar em Roma, no Congresso de 2006, na qual posições dos Ex-Aes, expostas durante o Congresso, sobre o futuro do dispositivo do passe, mesmo que restritas aos membros da AMP, pois estávamos em outro momento, alimentaram um animado debate.

Não à toa a Escola Una, desde sua criação, sustenta uma conversação nos Congressos da AMP, por onde se drena o debate sobre o passe. Jacques-Alain Miller em seu texto “A Escola Una em Debate”, publicado na JJ 75, evoca a posição não localista do passe na AMP, em função da incidência da Escola Una.

Mas, quanto ao Brasil? O que acontece na EBP em relação ao passe? Posso dizer que nos autorizamos a termos um dispositivo próprio há 5 anos, respaldados no sucesso do Congresso de Comandatuba em 2004.

Mas antes disto, desde o momento da fundação, estivemos envolvidos institucionalmente com a experiência do passe: passe na entrada seguido do passe bilíngue.

No último Congresso o + um do cartel do passe, Graciela Brodsky, apresentou uma produção relativa à experiência do cartel do passe. Com isto não quero antecipar não termos problemas neste quesito, apenas introduzo um pequeno histórico que certamente será usado no debate sobre o passe a ser lançado, via Boletim do Conselho na lista Veredas, para que o conjunto da comunidade interessada na psicanálise possa se expressar.

Há a questão da autonomia do dispositivo, a questão da permutação, a questão do regulamento interno aprovado em A.G. de 2005, todas questões a serem postas a céu aberto e isto sem esperar o fim das férias que o verão tropical termina impondo-nos.

Una posición analizante

par Patricia Tassara

Estoy de acuerdo cuando se dice que sin pase no hay Escuela y que si el pase no anda, la producción de analistas de una Escuela, está tocada incidiendo por lo tanto en la formación y por supuesto, en la práctica. El pase ha sido para mí una orientación en sus tres vertientes: análisis, práctica y de formación. ¿Cómo se sostendría lo real de cada experiencia analítica sin el pase en una Escuela de analistas lacanianos?

También coincido cuando algunos textos sitúan la importancia de trabajar sobre la pregunta acerca del final de análisis-hoy. Me pregunto cuántos ex AE tiene la AMP desde la instauración del dispositivo. Sería interesante escucharles hablar sobre el efecto actual del final alcanzado en aquél momento de pase y nominación. Pero no son los únicos que pueden decir algo sobre esto. Por ello he decidido, dar cuenta de mi experiencia como pasadora y pasante transmitiendo los efectos de dicha experiencia para pensar acerca de la relación entre saber y satisfacción, los finales de análisis.

El pase a la entrada

Estoy vinculada al dispositivo del Pase desde el año 1999, cuando tras haber sido adherente al grupo valenciano desde hacía aproximadamente 4 años, sumado a la crisis-disolución del 98 más los pasos dados en los primeros 6 años de análisis, decididamente se conformó para mí, el deseo de pertenecer a la ECFB bajo la modalidad del pase a la entrada vigente en ese momento, en vez de hacerlo por la vía de la demostración del trabajo. Quería reclutarme por la creencia en el inconsciente, el mío, haciendo un ejercicio de enunciación, un esfuerzo de transmisión.

Esa primera experiencia con el dispositivo fue muy positiva como lo fue el encuentro con los pasadores. El atravesamiento de esa puerta del pase fue para mí, mucho más que dar cuenta de estar en análisis. Tuve la oportunidad de situar el entrecruzamiento de síntoma y el fantasma [ S/ <> a ] . Salí de ese pase renovada. Los efectos no se hicieron esperar. Se reavivó mi transferencia con la formación que dispensa el Seminario del Campo Freudiano en Valencia (que había suspendido tras la crisis valenciana), decidí cursar la Tétrada de la Sección Clínica en Barcelona y comenzó el trabajo de transferencia en la Escuela. En cuanto a la práctica, ésta se alivianó, mejorando notablemente, en tanto ahora había más luz en aquello sobre lo que me había autorizado, despejando así la escucha.

Tras la respuesta particular, el silencio

La respuesta del cartel, fue la admisión a la Escuela como miembro. Al terminar de leer esa grata respuesta…no había nada más, el resto del folio estaba en blanco (en aquél momento aún se enviaban cartas). Ese vacío tuvo su efecto a posteriori, del que daré cuenta. Durante mucho tiempo también me pregunté acerca de la ausencia de informes, sin saber si era un silencio o discreción. Hoy puedo decir que para mí no era posible hablar de esa experiencia como pasadora, como lo hago ahora a cielo abierto, cuando los mismos cárteles no se pronunciaban. Ahora es un buen momento que hay que saber atrapar, para transmitir esa experiencia. Es un esfuerzo de transmisión, con la necesaria discreción del bien-decir, sabiéndome aún analizante en análisis.

Pasadora de dos momentos de Escuela

Hace 10 años, el analista me designa pasadora. Fue para mí una sorpresa y una alegría. Aún estaba vigente la entrada por el pase y llegué a escuchar un pasante que lo pedía a mediados del 2000, pero rápidamente se derogó esta modalidad. En su momento, escribí artículos a la red y organicé distintos espacios en Valencia sobre el pase: con mis colegas valencianos y también invitando AEs, en un intento de cernir nuestras preguntas. Esto no sólo se hizo en Valencia. Pero a pesar de ello, un real de pesado silencio se hacía escuchar.

La modalidad del pase a la entrada tuvo su lógica propia en el momento justo produciendo un entusiasmo necesario pero: ¿Se produjo una multiplicación de autorizaciones? ¿Se produjo una inflación identificatoria en la figura del pasante? ¿Se olvidó que detrás de la posición de pasante estaba la de ‘aún’ analizante?. ¿Se tomó la experiencia de pasaje por ese dispositivo como una autorización del Otro de la Escuela? O como dice J.A.Miller en Journal “Cuando apareció que los jurados del pase a la entrada no habían ido mucho más lejos que verificar que el sujeto en cuestión estaba en análisis, este ‘pase a la entrada’ fue suspendido”. ¿Significa que los jurados perdieron su transferencia de trabajo con los pases a la entrada? En todo caso, se trata de renovarnos con el Pase sin tropezar con la misma piedra.


Los pasadores

En cuanto a los pasadores puede ser que en algunos casos, no en todos, la experiencia de pasador invite a hacer el pase o lo precipite. La experiencia como pasador permite abonar la confianza en el dispositivo en tanto él está “en la cocina de la Escuela” (X Esqué) pero el final de análisis de un pasante no depende de dicha función.

En cuanto a “que se nombren muchos pasadores” para promover la participación en la experiencia, tampoco creo que sea la vía. Los pasadores son fundamentales y deben ser bien designados. Poder debatir a nivel de Escuela sobre qué se sostiene la designación de un pasador - ahora que tenemos varios AME en la ELP- sería otra manera de debatir sobre el pase. Son principalmente los AME los que deben hacer un esfuerzo por transmitirlo.. Esa designación tiene efectos sobre el paciente y quizás también en el analista. Algo cambia allí.

A mediados del 2002 vuelvo a experimentar como pasadora la escucha de un segundo testimonio, esta vez de final de análisis, que transmití al cartel y del que se decidió una nominación de AE. Una de las cuestiones más importantes que ese testimonio dejó en mí, fue la confianza en el dispositivo, que va más allá de las ‘personas’ que lo integran, como algo fundamental para que un analizante decida atravesar la puerta del pase y constituir una Escuela.

El pase

Los efectos en mi análisis no se hicieron esperar durante los años que siguieron y a finales del 2004, creo estar convencida de haber llegado al final tras el encuentro con el S (A/), de una manera inédita para mí. El pathos del síntoma había desaparecido. Había obtenido importantes conclusiones. Pero sobretodo, descubro una nueva y singular satisfacción que me otorgaba la ganancia de saber del inconsciente. La libido había sido retirada del fantasma. Aquello que antes sufría, ahora lo bailaba con el tango!

Salgo del análisis confiada y decidida a dar cuenta de ese final, atravesando por segunda vez la puerta del pase. La experiencia, aunque segunda, era renovada. El encuentro con los pasadores fue inolvidable, muy bueno nuevamente. No hubo una nominación pero sí una muy buena respuesta.

Me hizo falta un tiempo de dos años para poner a prueba ese final y darme cuenta que la solución obtenida hasta ese momento era insuficiente cuando la angustia volvió a señalar un real tras un acontecimiento de vida. Retorno al análisis sin dudarlo!. “El lazo tiene que ser recorrido varias veces. En efecto, la única manera de dar cuenta del término ducharbeiten, de la necesidad de elaboración, es concibiendo cómo el lazo ha de ser recorrido más de una vez”. J. Lacan Seminario 11 pag 140.

Entendí que había quedado fascinada con el S(A/), y el importante alivio terapéutico alcanzado, que junto con la satisfacción que otorgaba el saber, había tejido un nuevo velo para el objeto a, impidiendo su última extracción.

Arreglármelas bastante con un síntoma aliviado, no era saber-hacer con el sinthome.

Enseñada por una suposición vacía. El cartel del pase

El pasado año, el Secretariado del pase me propone formar parte del Cartel del Pase

D 7. Verifiqué en dicho trabajo, que todos estamos allí en posición analizante, posición que permitió al cartel, decidirse por una nominación de AE con la intervención de un éxtimo. Fuimos enseñados. Escucho por segunda vez el testimonio de un AE, pero desde la transmisión de los pasadores. No veo la hora de poder estar en el próximo Congreso de Paris para escuchar a todos los nuevos AEs nominados!

El trabajo en el cartel del pase me permitió una importantísima vuelta en mi propio recorrido. Por ahora puedo decir que es muy importante diferenciar la satisfacción de saber-sobre un modo de goce, de la satisfacción ‘sin saber previo, solamente posible con la extracción del objeto a.

No se trata de un saber –hacer con la falta (lógica fálica) sino de un saber- hacer con el sinthome es decir, un saber-hacer justamente con el agujero en el saber (lógica del no todo) Es la incompletad del saber del Otro. Reencuentro así, el blanco del folio! Un saber imposible en tanto real, que sólo puede ser entre-dicho desde la soledad con mi propio acto de hablar que apunta a una ‘nueva alianza’ con el goce particular- con la Escuela –con el partenaire sintoma, más allá del Otro que no existe.

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