26 de agosto de 2012

Le Point du Blog : J-42


Le Point du Blog : J-42
Le blog des 42e Journées

J - 42... avant les 42e Journées !

Un compte à rebours...

C'est par ce qualificatif que Le Point du Blog se présente à vous.
La fin de l'été approche. Il est temps de se remettre au travail, et la série de textes que vous allez recevoir s'offre à vous dans cette perspective.
Accessibles en ligne, ces travaux peuvent également être lus sur le Blog. Vous y trouverez entre autres tous les renseignements pratiques qui vous permettront de préparer les prochaines Journées de l'Ecole de la Cause Freudienne et de vous documenter sur l'actualité brûlante de la psychanalyse.
Bonne lecture et bonne visite : http://www.42journees-ecf.org
Bertrand Lahutte

Une histoire sans paroles mais pas sans sujet

par  Isabelle Streliski (ECF, Angers)

« Bonjour d'Aurore » m'écrit-elle sur une carte postale. Je reçois cette jeune femme de vingt-sept ans depuis ses vingt ans. Elle n'a jamais eu l'usage de la parole, conséquence d'un accouchement difficile. Aurore est encombrée de son corps, rien ne vient faire limite pour le contenir. Aucun mot ne sort de sa bouche hors quelques sons qu'elle émet avec difficulté. Elle s'exprime par des gestes dont elle seule connaît la signification, elle a sa propre langue des signes, dont l'autre ne saisit pas toujours le sens. Sa mère, qui l'accompagne, est la voix et le regard qui absorbent Aurore.
Elle n'accepte aucun semblant du lien social. Au début, elle ne me serrait pas la main. Je laissais Aurore s'habituer à ce nouveau lieu et à ce nouveau lien. Elle s'asseyait face à mon bureau, un crayon à la main, sans rien inscrire sur la feuille. Puis Aurore essaiera de dessiner des rectangles, contours du lieu de la séance.
Son prénom, écrit dans mon agenda, la rendait souriante. Un jour elle prend ma main, la met sur la sienne pour me faire tracer quelque chose sur la feuille. Docile à sa demande, je guiderai sa main pour dessiner les lettres qui forment son prénom. Plus tard, elle lâchera ma main pour en écrire les lettres avec jubilation. L'ordinateur prendra le relais du crayon, pour inscrire les lettres de l'alphabet qui lui sont devenues familières. Elle a trouvé son nom grâce au transfert. Trace qui annonce l'amorce une petite séparation avec sa mère. Dans son monde indifférencié, l'écriture de son prénom la différencie. Elle se l'approprie et adresse maintenant à l'autre une carte postale où l'écriture de son prénom la fait exister.

Autisme : le défi du programme TEACCH

Mesibov Gary R.  Autisme : le défi du programme TEACCH, Pro aid Autisme, Paris, 1995

par Maryse Roy

L'auteur a codirigé avec le fondateur Eric Schopler la division TEACCH à l'université de Caroline du Nord. Le programme y est né au sein d'un groupe psychanalytique, mais les fondateurs, considérant que la thérapie psychodynamique n'aidait pas les enfants et favorisait « leurs comportements anormaux », ont opté « pour une hypothèse radicale » selon laquelle l'autisme n'est pas provoqué par une relation pathologique avec les parents mais par une anomalie cérébrale organique inconnue, ce qui les amena à expérimenter de nouvelles stratégies.
Les fondateurs se sont par ailleurs opposés au « principe de normalisation » qui a eu une grande influence dans la mise en place d'un service public dans les années 70-90 aux Etats-Unis. L'auteur critique le fait que le principe était devenu une fin en soi qui ne tenait pas compte « des besoins individuels de chaque personne handicapée ».
La méthode est mise au point pour éduquer les enfants autistes dans le cadre de l'école. Elle s'appuie sur leurs « aptitudes visuelles » et « leur tendance aux routines ». Les renforcements sont utilisés « systématiquement pour en faire des outils efficaces ». Le programme insiste sur la nécessité d'évaluer les déficits et les compétences susceptibles d'amélioration. « Les efforts éducatifs » n'ont pas pour but de « rendre normal » mais de permettre à l'âge adulte l'insertion de « la personne autiste » dans la société en respectant les différences que « l'autisme crée en chaque élève ». Même si le thérapeutique se glisse parfois dans le vocabulaire il est surtout question d'élève et d'enseignement.
En filigrane nous pouvons percevoir une critique de la méthode ABA sans qu'elle ne soit citée. En effet « il ne suffit pas d'apprendre à obéir aux directives de l'enseignant et d'enseigner une palette de comportements » mais d'apprendre à l'élève que « son environnement a du sens » et « qu'une cause produit un effet ». La critique se porte de façon explicite contre la psychanalyse, mais l'auteur déplore que le rejet justifié de l'approche psychanalytique ait eu pour conséquence de compromettre toute approche de soin individuel ou « de groupe productif » nécessaire avec « les personnes autistes de haut niveau ».
Exemple de cette approche : un jeune autiste parle sans arrêt, « sa conversation passe d'idées intéressantes à des faits sans importance ». Ils ont d'abord « réduit ce qu'il a l'autorisation de dire »… mais « le jeune homme ne comprenait pas les discriminations qu'on lui imposait » ; un compromis a été trouvé : ses conversations sont restreintes à des temps limités et à d'autres moments il doit essayer de terminer les interventions dès qu'il dépasse deux phrases ou 25 mots au total !
Le travail d'éducateur des personnes autistes est « de voir le monde par leurs yeux et d'utiliser ce point de vue pour leur apprendre à fonctionner dans notre culture aussi indépendamment que possible ». L'autisme est un handicap définitif, il s'agit par conséquent de « proposer des services complets du premier au dernier jour de leur vie pour assurer la cohérence des stratégies ». Un programme plus doux que ABA mais hégémonique dans son application.
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