L'esprit de l'époque n'existe pas : enquête sur les artistes et les symptômes contemporains
Marie-Hélène Brousse et Dominique Laurent
À 21h15, au local - 1, rue Huysmans, 75006 Paris.
Dates : 12 janvier; 9 mars; 27 avril; 25 mai.
Argument
Lacan a déconstruit la perspective selon laquelle « l’esprit de l’époque », zeitgeist, serait à appréhender comme vérité universelle qui donnerait le fin mot sur une période donnée. Il a déplacé la question hégélienne en s’attachant bien plutôt à saisir la façon dont une époque vit la pulsion. La pulsion n’étant pas une, la perspective hégélienne s’est vue ainsi brisée. Si quelque chose renseigne sur « l’esprit de l’époque », c’est l’art. L’artiste met au premier plan le symptôme en récupérant son objet a, comme Lacan l’affirme dans son texte sur Marguerite Duras dans une formulation que nous éclairerons. La fiction de Duras ne renvoie pas à la sensibilité d’une époque mais elle la crée. Les fictions ont l’allure de la vérité, elles paraissent plus vraies que nature. Il n’en demeure pas moins qu’elles sont sœurs du réel. Elles en dépendent. Quand s’ouvre à nouveau la question de la vérité, les fictions seules ont ce poids de réel qui leur permet de traverser le semblant du discours du maître.
Les cinq soirées qui scanderont cette année tenteront d’éclaircir la tension entre l’Autre qui n’existe pas et la récupération propre à chaque artiste de son objet dans une fiction particulière. Elles exploreront la puissance des fictions. Depuis le storytelling, créateur de mythe, cher aux hommes politiques, en passant par le roman, le cinéma et le théâtre, chacun décline de façon distincte son rapport à une fiction toujours plus scénarisée, « spectacularisée » par des média multiples. Toutefois il est clair qu’aujourd’hui il y a une crise de la puissance du récit et que les artistes cherchent à détruire les formes traditionnelles de la fiction au profit d’autres, dans lesquelles l’objet est toujours plus crûment exhibé, dans un ratage qui rapproche plus encore l’artiste de l’analyste.
C’est donc à partir du ratage qu’il faudrait saisir l’enquête psychanalytique sur l’art contemporain pour saisir ce qu’on appelle si facilement « l’esprit de l’époque ». Le « Picasso symptôme », tel qu’il est exposé actuellement, permet de mieux saisir l’œuvre comme ratage nouveau dans l’histoire de l’art. L’enjeu de l’art contemporain, du point de vue psychanalytique, est de pouvoir produire une vérité singulière qui puisse collectiviser sans être pour cela un appel au maître, c’est-à-dire au sens.
Nos invités, créateurs et analystes, viendront donc ouvrir sur l’époque surprenante et même fracassante que nous vivons, des lignes de perspectives invisibles au discours courant : Gérard Wajcman ouvrira ce cycle avec « Les surprises du regard » le 8 décembre ; puis le 26 janvier 2009 Laurent Goumarre parlera de « La politique des corps ». On abordera aussi le vivre ensemble impossible avec Alain Françon, le passage à l’acte comme l’envers du rêve, la ville comme lieu des tribus moderne…
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