14 de outubro de 2010

699 PIPOL 5: First European Congress of Psychoanalysis 'Does Mental Health Exist?' Premier Congrès Européen de Psychanalyse "La santé mentale existe-t




Messager 699


PIPOL 5: First European Congress of Psychoanalysis 'Does Mental Health Exist?'
PIPOL 5: Premier Congrès Européen de Psychanalyse "La santé mentale existe-t-elle?"



First European Congress of Psychoanalysis
Does Mental Health Exist?

A large number of psychoanalysts work in institutions that operate under the label of Mental Health. In effect the analyst is affected by a clinic of ravages linked to the discourse of the Other, which Freud designated as ‘discontent in the civilisation’. However, when an analyst occupies the place of the Mental Health worker, he is engaged in a constant and necessary debate about that concept since there is an antinomy between the notion of Mental Health and psychoanalysis. Where Mental Health is put at the service of public order1, psychoanalysis tries to work out a place for each one's own ‘craziness’. Where Mental Health tries to standardise desire to put the subject in step with the common ideals, psychoanalysis supports a claim of the right to the ‘not like everyone else’2. Where Mental Health carries a trace of charity, psychoanalysis, according to Lacan, ‘decharitises’ [‘décharite’] and relieves the subject from the will of ‘the Other who wishes your good’. In effect, rather than vowing to put up with the world’s misery, the analyst comes to incarnate the cause of desire for the subject of the unconscious.3 But why to put the very existence of Mental Health into question? It is that the turns that have taken on the use of the term for a few decades are correlate to a disturbing dilution of the ‘psy’ clinic. Formerly, the confrontation between disciplines involved in the Mental Health was a source of a rigorous debate the co-ordinates of the scientific foundations of which were determined. The protagonists of this debate have not ceased to refine their clinical observations in order to found their arguments. Today this debate is extinct. States have turned Mental Health into their affair; it is the political and economic co-ordination of their actions which is at the foreground. The figures representing the Other of Mental Health push towards a consensus there where formerly a debate of the scholars took place4. Thus, in order to avoid teeth gnashing the DSM thinks itself to be ‘atheoretical’, and its drafting is measured on the scale of statistical norm and public opinion. Certain universities try to dilute the clinic of psychical suffering in the woolliness of ‘bio-psycho-social’. The definition of the Mental Health by the WHO in terms of ‘promotion of well-being’ and of ‘prevention of mental disorders’ extends its effects to everyone without any distinctions. This consensus created an epistemic mist that moves Mental Health away from the real of the clinic. The idea of a mental disorder as objectifiable and curable moves away from the study of the symptom that combines the singular jouissance of the subject and its truth. The reference to ‘well-being’ is only a reduction of the virtues formerly promoted by the wisdoms to a hygienism that pretends to be scientific. In this field, the woolliness is not without effects. Evaluation based on questionnaires is a parasite in the clinical encounter moved by speech and transference. The psychiatric nosography is transformed into a continuum that erases the differences between acute psychical suffering and the simple human condition. The market of psychotropic drugs doubtless benefits from this globalisation of the application field of Mental Health, becoming an ideal to attain. The cognitive-behavioural therapies, which snap at the subject of the unconscious, try to make an impact in the name of great efficacy demonstrated ‘scientifically’. We find ourselves faced with a clinical doctrine that claims that the ‘mental disorder’ is for everyone, while the unconscious is for no one. It follows that the cases presenting an acute suffering with a risk of passage to the act are often overlooked. In Europe many practitioners resist this movement of dilution and keep on the psychoanalytical orientation. All measures are good in order to submit them to the epistemic and ethical liquidity that is set up: the call to the legislator and to the ‘scientific’ studies in order to discredit their formations and practices, and if this is not enough, denigration and even defamation. As adherents of Lacanian psychoanalysis, we are among these practitioners. We do not give up either on our orientation or on the clinical rigour it requires. But we deplore the ravages committed in the name of Mental Health which deprived us of some serious interlocutors. Therefore, we do not claim a consensus, we claim a debate. Our question is: what does Mental Health mean today? And moreover: does it exist?

Gil Caroz, Director of PIPOL 5 - EuroFederation of Psychoanalysis

(Translation: Bogdan Wolf)

1 J.-A. Miller, Santé mentale et ordre public in Mental No 3, January, 1997.
2 J.-A. Miller, Choses de finesse en psychanalyse, Seminar course, 19 November 2008.
3 J. Lacan, Television, trans. D. Hollier, R. Kraus, A. Michelson, WW. Norton&Co, 1990.
4 A. Aflalo, L’assassinant manqué de la psychanalyse, Nantes, Cécile Defaut, 2009.


Premier Congrès Européen de Psychanalyse
La santé mentale existe-t-elle ?

Un grand nombre de psychanalystes travaillent dans des institutions qui portent le label de la Santé mentale. Le psychanalyste est en effet concerné par une clinique des ravages liés au discours de l’Autre, que Freud a désigné comme « malaise dans la civilisation ». Or, quand un psychanalyste occupe la place du travailleur de la Santé mentale, il entretient un débat permanent et bien nécessaire avec ce concept, car il y a une antinomie entre la notion de Santé mentale et la psychanalyse. Là où la Santé mentale se met au service de l’ordre public1, la psychanalyse tente d’aménager une place pour la « dinguerie » de chacun. Là où la Santé mentale tente de standardiser le désir pour mettre le sujet au pas des idéaux communs, la psychanalyse soutient une revendication du droit au « pas comme tout le monde »2. Là où la Santé mentale porte la trace d’une charité, la psychanalyse, selon le mot de Lacan, « décharite » et soulage le sujet de la volonté de « l’Autre qui vous veut du bien ». En effet, plutôt que de se vouer à se coltiner la misère du monde, le psychanalyste tâche d’incarner la cause du désir pour le sujet de l’inconscient3. Mais pourquoi mettre en question l’existence même de la Santé mentale ? C’est que les tournures que prend l’usage de ce terme depuis quelques décennies sont corrélées à une dilution inquiétante de la clinique « psy ». Jadis la confrontation entre les disciplines impliquées dans la Santé mentale était source d’un débat rigoureux, dont les fondements scientifiques étaient repérables. Les protagonistes de ce débat n’ont eu de cesse à raffiner leurs observations cliniques afin de fonder leurs arguments. Aujourd’hui ce débat s’est éteint. Les États ayant fait de la Santé mentale leur affaire, c’est la coordination politique et économique de son action qui est à l’avant-plan. Les figures qui représentent l’Autre de la Santé mentale poussent vers un consensus, là où jadis il y avait un débat de savants4. Ainsi le DSM, afin d’éviter tout grincement, se veut « a-théorique » et sa rédaction se mesure à l’échelle de la norme statistique et de l’opinion publique. Certaines universités tentent de diluer la clinique des souffrances psychiques dans un flou « bio-psycho-social ». La définition de la Santé mentale par l’OMS dans des termes de « promotion du bien-être » et de « prévention des troubles mentaux » étend son action à tous, sans distinction. Ce consensus crée un brouillard épistémique qui éloigne la Santé mentale du réel de la clinique. L’idée d’un trouble mental qui serait objectivable et curable écarte l’étude du symptôme qui conjugue la jouissance singulière du sujet avec sa vérité. La référence au « bien-être » n’est qu’une réduction des vertus préconisées jadis par les sagesses à un hygiénisme qui se donne des allures scientifiques. Sur le terrain, ce flou n’est pas sans effets. L’évaluation basée sur des questionnaires parasite la rencontre clinique véhiculée par la parole et le transfert. La nosographie psychiatrique s’est transformée en continuum qui gomme les différences entre les souffrances psychiques aiguës et la simple condition humaine. Le marché des psychotropes profite sans doute de cette globalisation du champ d’application de la Santé mentale, devenue un idéal à atteindre. Les thérapies cognitivo-comportementales, qui font fi du sujet de l’inconscient, tentent de s’imposer au nom d’une grande efficacité démontrée « scientifiquement ». Nous nous trouvons face à une doctrine clinique qui prétend que le « trouble mental » est pour tout le monde, tandis que l’inconscient n’est pour personne. Du coup, les cas présentant une souffrance aiguë avec un danger de passage à l’acte passent souvent à la trappe. Nombre de praticiens en Europe résistent à ce mouvement de dilution et tiennent à l’orientation psychanalytique. Toutes les mesures sont bonnes afin de les soumettre à la liquidité épistémique et éthique qui s’installe : l’appel au législateur et aux études « scientifiques » afin de discréditer leurs formations et leurs pratiques, et si cela n’est pas assez, le dénigrement voire la diffamation. Adhérents à la psychanalyse lacanienne, nous faisons partie de ces praticiens. Nous ne cédons ni sur notre orientation, ni sur la rigueur clinique qu’elle exige. Mais nous déplorons les ravages commis au nom de la Santé mentale qui nous ont privés de quelques interlocuteurs sérieux. Aussi, nous ne revendiquons pas un consensus, nous revendiquons un débat. De là notre question : que veut dire aujourd’hui la Santé mentale ? Et de surcroît : existe-t-elle ?

Gil Caroz, Directeur de PIPOL 5 - EuroFédération de Psychanalyse


1 J.-A. MILLER, « Santé mentale et ordre public », Mental, n°3, Janvier 1997.
2 J.-A. MILLER, « Choses de finesse en psychanalyse », cours du 19/11/2008.
3 J. LACAN, « Télévision », Autres écrits, Paris, Seuil, 2001.
4 A. AFLALO, L’assassinat manqué de la psychanalyse, Nantes, Cécile Defaut, 2009.







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