7 de junho de 2012

Psychanalyse et Cinéma - vendred i 15 juin

Psychanalyse et Cinéma
Vendredi 15 juin 2012
Séance 20 h 30

ETERNAL SUNSHINE OF THE SPOTLESS MIND

de Michel Gondry
Scénario de Charlie Kaufman

Le partenaire ineffaçable
How happy is the blameless Vestal's lot !
The world forgetting, by the world forgot ;
Eternal sunshine of the spotless mind !
Each pray'r accepted, and each wish resign'd.


Alexander Pope, Épître d’Héloïse à Abélard

Argumentaire
Par Charles-Henri Crochet
Si le titre d’Eternal… est issu d’une lettre d’Héloïse à Abélard, les personnages, eux, portent les prénoms des protagonistes de L’Arrache-Coeur, Clémentine et Joel. Michel Gondry affectionne l’oeuvre de Boris Vian. Une adaptation de l’Écume des jours sera, d’ailleurs, son prochain film. On retrouvera, aussi, dans Eternal…, des échos de L’Herbe rouge sur la manipulation du temps.

L’héroïne, Clémentine Kruczynski incarnée par l’excellente Kate Winslet, est une jeune femme pétillante et bavarde, quelque peu extravagante et perdue. Après deux ans de vie commune, elle décide, sans mot dire, de mettre un point final à son histoire d’amour tumultueuse affectée par la routine. Clémentine opte pour une séparation radicale. Elle souhaite rendre littéralement étranger l’homme avec qui elle partage sa vie. Plus, elle demande à la médecine d’être amputée d’une partie de son histoire. Pour ce faire, Clémentine appelle à la rescousse la firme médicale Lacuna Inc.
Le Dr Howard Mierzwiak offre à sa clientèle les moyens d’une rupture nette, précise et indolore. Sa salle d’attente ne désemplit pas le jour de la St Valentin. Le procédé Lacuna dénoue unilatéralement les liens auparavant tissés. La perte d’un être cher ne saurait faire souffrir. Nul travail de deuil n’est nécessaire. La rupture et l’oubli opèrent par les voies des neurosciences. L’investigation non invasive, guidée par l’imagerie cérébrale, anéantit l’autre. La science répond à l’exigence contemporaine d’une séparation efficace sans perte.

Jim Carrey, dans le rôle de Joel Barrish, est un garçon peu disert, discret voire effacé. Au détour d’une conversation, il apprend son propre effacement par sa compagne. Trahi, il décide de la suivre dans les méandres de l’oubli. Joel nous entraîne, pour nous perdre, dans le labyrinthe de ses souvenirs. Son intimité est projetée sur l’écran via un scénario d’une grande finesse. On parcourt alors les chemins alambiqués de sa vie psychique où la réalité se mêle aux souvenirs, à l’imaginaire. Rupture et rencontre s’entrechoquent : « Rendez-vous à Montauk. » Les personnages déambulent dans leur histoire comme dans un rêve, un cauchemar…

Récit gigogne, s’il en est, chaînes qui se déploient, hors du temps et de l’espace, antithèse du programme des neurosciences, mais jusqu’où ? L’opération neurocognitive n’est pas simple pour celui qui désire.

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