17 de janeiro de 2008

[ecf-messager-liste] La Lettre en Ligne N°44

La lettre en ligne n° 44
LEL n° 44 - janvier 2008









Brave New Year ?
Le 9 et le 10 février, à la Maison de la Mutualité à Paris, se tiendra un grand
Meeting sous le titre Quelle Politique de Civilisation ? « Réhumaniser » la Société : comment ? Cognitivisme ou psychanalyse, Vivre sous Sarkozy, organisé par le Forum des Psys.
Le Nouvel Ane n° 8, sur le point de paraître, nous en apprendra plus sur ce meeting.
Nous savons déjà qu’il y sera aussi question de la réponse des psychanalystes à la tentative de mise au pas de l’Université en France à travers l’évaluation de l’AERES, l’agence d’évaluation de la recherche et de l’enseignement supérieur. Cette agence qui se soumettra elle-même aux standards européens de l’ENQA ( European Association for Quality Assurance in Higher Education) entend bien mettre à ses normes cognitivistes opaques l’enseignement universitaire, spécialement en psychologie. Le nombre des invités anglo-saxons du premier colloque de l’AERES nous laisse penser que nos évaluateurs lorgnent certainement vers les EU.
Là bas, comme le soulignait récemment le New-York Times, on enseigne Freud presque partout sauf en psychologie… La bonne nouvelle c’est qu’en 2008 l’AERES évaluera l’INSERM, célèbre pour son évaluation calamiteuse des psychothérapies. On évalue aujourd’hui même les ministres comme chacun sait, sur le mode de la comédie. L’agence Mars and Co est à la tâche pour cela. Sur le site internet de cette agence on peut lire que l’idéal méritocratique de Dominique Mars, son manager, est que trente ou quarante clients privilégiés puissent être assistés par 4 à 500 consultants… Là où les agences moins « méritantes » que Mars and Co font naïvement l’inverse. The brave new world à venir verra donc peut-être 90 % de la population conseiller, évaluer et surveiller les 10 % restant qui produiront autre chose que des conseils. Cela devrait permettre à nos vieilles structures de la recherche et de l’enseignement de réaliser le slogan d’un magazine de janvier : « Comment devenir soi en mieux ». On croyait qu’un monde, une culture ne pouvait être dévastée que par la violence aveugle. Mais il y a aussi d’autres formes d’action qui concourent à parachever un monde dévasté ; celles qui, par exemple, ne veulent laisser aucune place à ce qui participe de l’informulable. Informulable que rien n’interdit d’écrire, c’est aussi ce que propose la psychanalyse.
Nous sommes à un moment où le rapport social à l’autre prend le tour tragi-comique de la prothèse ou de l’autopsie. Eric Laurent, dans un texte de présentation du Congrès de l’Association Mondiale de Psychanalyse qui se tiendra à Buenos-Aires en avril 2008, soulignait que le corps était au centre des séries télévisées qui font de l’audience : de Nip/Tuck aux Experts. On y voit représenté un esprit machiavélique qui mesure, coupe et taille dans la chair. Mais en réalité ce qui est visé n’est qu’un reste de corps impalpable, une trace corporelle de l’Autre. La preuve qu’il y a de l’Autre est saisie dans ce rien palpitant visible pour l’expert ou maniable par le spécialiste. Pourquoi cette quête doit-elle s’abriter de tant de destruction ? Seulement, sans doute, parce qu’il faut voiler la crainte maintenue du désir de l’Autre que cachent ces corps dévastés. Que la mort soit plus rassurante que la castration (Freud) n’est pas très rassurant ! Ce que cherche le sujet moderne, dans son souci du corps, n’est pas l’identité ou la survie. C’est sans doute de mieux saisir aussi ce qui ne se mesure pas, ne s’évalue pas, mais commande souvent nos décisions parce que ça commande le désir : l’objet que Lacan désignait par la lettre « a ». Cet objet hésite entre le plus « faible » de nous-mêmes et de notre corps et ce qui est le point de départ d’une nouvelle logique, d’un nouveau discours. Pour avoir une idée de ce dont il s’agit vraiment avec ce « a » il faut avoir fait l’épreuve d’une psychanalyse. Mais la moindre angoisse donne aussi à chacun une bonne idée de cet objet. Même si beaucoup voudraient, à travers des campagnes médiatiques, nous persuader que l’angoisse des hommes n’est qu’un élément de la supposée dépression généralisée. On parlera bientôt des rapports des objets a au corps à Gand pour le VIème Congrès de la New Lacanian School.
PL



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