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JOURNAL DES JOURNÉES
N° 46
le mardi 20 octobre 2009, édition de 21h 18
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en attaché : le Guide Twitter, rédigé pour nous par olirip
(Olivier Ripoll)
QUESTIONS D’ORGANISATION
Dominique Miller : 1813 ! (mail de 10h 37 ce matin)
J'ai appris hier soir, lundi, à 22h par François Marchaison que nous atteignons les 1 813 inscrits ! J'espérais ce moment depuis que j'ai vu l'élan que tu provoquais à travers le Journal. Mais là, ça vient bien plus vite que je l'imaginais !
Aussi, nous devons décider. Arrêtons-nous les inscriptions dés maintenant ? Ça voudrait dire qu'il faudrait envoyer un message d'urgence. C'est ta décision. Tu es le Directeur des Journées. Mais mon envie, c'est d'accueillir le maximum de personnes. Et je ne crois pas un instant que ce ne soit pas la tienne ! Vu la gaité et la force que tu emploies pour inventer ces Journées. C'est la logique de ce que tu as engagé, l'ouverture à d'autres. Pas seulement à notre cercle d'habitués déjà nombreux et toujours fidèles à nos Journées. L'esprit d'ECF 3, c'est cette ouverture à de l'imprévu et de l'hétéroclite, apparemment incontrôlée, mais non pas incontrôlable. C'est l'esprit du sinthome lacanien. Pas d'habitude, mais de l'innovation.
Bon ! Je dois t'avouer que je t'ai devancé, et que j'ai anticipé sur la solidarité de mes amis du Directoire. J'ai pris des dispositions auprès du Palais des Congrès en appelant dés ce matin pour mettre une option sur l'amphi Havane de 373 places pour le samedi, et pour ouvrir le grand Amphi à 2 300 places.
Dis-moi vite si, pour toi aussi, cette option est une réalité. Car, pour moi, ça l'est. Je dois envoyer le chèque demain.
Je suis emballée !
Je t'embrasse, cher Jacques-Alain.
Réponse
Ah ! c’est donc comme ça que tu t’y prends. Quelle chatte tu fais ! C’est moi qui décide, mais si je ne fais pas ce que tu désires, non seulement je suis illogique, en contradiction avec moi-même, mais en plus je t’attriste, alors que tu es « emballée », et je bloque un processus déjà engagé - engagé, comme par hasard, juste avant de me demander mon accord formel. Du grand art ! C’est ce qu’on appelle un choix forcé : le gars choisit librement, il y a seulement qu’il ne peut pas faire autrement.
Tu es femme, Dominique, et sur cette femme, je construirai, non pas une Eglise, mais un bordel monstre… Sauf ton respect.
Alors que, déjà, Paulo Siqueira me reproche, ou me reprochait, de trop donner dans l’idéologie du Carnaval, en même temps que Nathalie Jaudel, elle, m’accuse, ou m’accusait, d’attenter à son habeas corpus en organisant l’assignation autoritaire des participants à une salle, il faudrait maintenant que je me laisse déborder, mener par le bout du nez, par le désir de l’Autre, sous prétexte que c’est ma faute, que ce désir est causé par l’agalma que j’ai créée à l’insu de mon plein gré, dans ma hâte succédant à une longue incurie.
En même temps, il est vrai que tu me dédouanes On dira : « Ce n’est pas Jam qui est enivré par le nombre, c’est elle, sa belle-sœur, ou ex, c’est elle son âme damnée vous savez, elle lui fait faire ce qu’elle veut. » Ça, ça me plaît bien.
Le désir de l’Autre, du Nombre - dans La logique du fantasme, Lacan rend hommage à son public comme étant « le nombre » - je suis assez érotomaniaque - cad assez femme, « femme d’honneur » en quelque sorte - pour y céder, tu me connais. Mais il y a un problème plus sérieux, c’est que tous mes calculs pour le programme sont faits sur la base de neuf salles simultanées. Comme Cadet-Rousselle a trois maisons, trois femmes, et trois de tout, moi j’ai neuf salles, neuf analysants de Lacan, et 2 fois neuf = 18 AE et ex-AE. Qu’est-ce que je fais, moi, avec ta dixième salle ? Je ne peux tout de même pas en faire sortir de terre, des analysants de Lacan, des AE et ex-AE.
Les 9 analysants de Lacan : Carole La Sagna, Esthela Solano, Jean-Robert Rabanel, Jo Attié, Lilia Mahjoub, Philippe La Sagna, Susanne Hommel, Viviane Marini, Yasmine Grasser (parmi lesquels Esthela, PLS, et Yasmine ont été AE ).
Les 18 aexae : Alain Merlet, Ana Lucia Lutterbach Holck, Antoni Vicens, Bernard Seynhaeve, Céline Menghi, Dominique Laurent, François Leguil, Jacqueline Dhéret, Laure Naveau, Marie-Hélène Roch, Marie-Hélène Brousse, Massimo Termini, Monique Kuzniereck, Patrick Monribot, Pierre Naveau, Philippe Stasse, Rose-Paule Vinciguerra, et Véronique Mariage.
Qu’est-ce que je peux faire ?...
Idée ! Je pourrais ajouter aux 18 quelqu’un que j’ai poussé jadis à faire la passe, ce que je m’abstiens ordinairement de faire, quelqu’un qui, bien entendu, malgré mes discrètes ojurgations, s’est rivé à son « I prefer not to ». Non pas pour me faire enrager, non, mais par l’effet d’une « position subjective » qui me rappelait à l’époque le propos de Valéry au début de La Soirée avec Monsieur Teste : « Ainsi, chaque grand homme est taché d’une erreur. Chaque esprit qu’on trouve puissant, commence par la faute qui le fait connaître. J’ai rêvé alors que les têtes les plus fortes devaient être des inconnus, des avares, des hommes qui meurent sans avouer ».
Je crois bien ne lui avoir jamais confié cette association mienne, et cependant, lisant son texte pour la première fois ce matin à l’aube, j’y ai trouvé cette phrase : « J’ai pourtant cru être un grand homme… »
Ce quelqu’un est une femme, et c’est l’une des rares personnes que j’ai priées de faire un texte pour ces Journées, en lui donnant son titre : « Pourquoi je n’ai jamais fait la passe ». J’étais curieux, en effet, de savoir ce qu’elle trouverait à en dire, tant d’années plus tard. Il s’agit de mon amie Catherine Lazarus-Matet.
C’est dit : je la rajoute aux 18. Comme les Shiites croient à l’Imam invisible, je crois à l’AE invisible. Je l’ai d’ailleurs appelée ce matin, pour lui demander d’être des mentors (voir plus bas).
Au fait, pour faire douze, j’ai sollicité aussi une seconde collègue, Sonia Chiriaco, qui écrit si bien que j’avais pensé la mettre en plénière, mais cela ne s’est pas trouvé, vu l’invitation faite à Prost et à Stern. Pourquoi ne pas faire appel à elle, pour compléter les 20 ? Elle, elle a fait la passe, il y a cinq ou six ans ; son témoignage a été salué comme « authentique », ce qui est tout dire ; « dépitée » - c’est son mot - elle n’a pas demandé des précisions, et a tourné la page. Il m’en est sans doute resté comme un regret.
A l’instar de Catherine, Sonia a des affinités avec l’ombre, elle a la passion de la discrétion – un peu moins, maintenant - qui plonge loin dans son rapport inconscient à « l’objet regard ». Elle tiendra son rang sans problème. Et cela fera connaître à l’Ecole, qui est une ruche mais aussi une grosse huître, une des perles qu’elle contient sans le savoir.
Bon, la situation s’éclaircit. Reste l’analysant capable de faire un dixième « Lacan analyste ».
Eric Laurent ? Il ferait ça très bien, mais je lui ai déjà demandé un « Lacan analysant », et les places sont trop chères pour faire parler quelqu’un deux fois. Alors, qui ? Je lance un appel, une bouteille à la mer : « Cherche analysant de Lacan, membre ou non de l’ECF, prêt à parler, à nos Journées de Novembre, de Lacan dans sa pratique. »
Et si personne ne se déclare ?... Il y en a pourtant beaucoup, des analysants de Lacan, dans la nature, in the Wilderness… Mais de veilles rancoeurs demeurent… des mauvaises habitudes… Bad blood.
Eh bien, si personne ne se déclare, je le ferai moi-même, voilà.
Après tout, c’est bien à Lacan que j’ai demandé une analyse, deux fois même, et c’est seulement sur son refus réitéré que je suis allé chez le monstre que je croyais le plus… le plus plus de ses élèves, capable de tout, en monstre qu’il était, pour son maître, capable de choses dont je me sentais, moi, incapable, car « amicus Plato, sed magis amica veritas ». C’est du Aristote - si on y pense, pas si ami que ça de Platon…
Au fond, j’ai toujours su que c’est à Lacan que je parlais, via le monstre. Je l’ai quitté sans phrase, car il ne m’était plus rien dès lors qu’il se tournait contre Lacan. Bon, pour cette dixième place, la place vide, je serai le remplaçant sur le banc de touche.
Je retombe sur mes pieds.
Donc, OK, Dominique, tu as gagné, petite rusée. On y va. On fait comme tu dis.
Baisers.
IMMIGREC
Hier, 19 octobre 2009, rue d’Assas, à l’initiative de notre collègue Marina Frangiadaki, qui retourne prochainement à Athènes pour y exercer la psychanalyse, et prendre sa place dans notre Société hellénique (NLS) j’ai décidé la création de « Immigrec », qui sera le nom du Groupe Hellénique Parisien du Champ Freudien. Ses 8 membres feront connaître prochainement les missions qu’ils assignent à leur groupe. Réginald Blanchet, président en fonction de la Société Hellénique, a été averti dès hier soir de la création du groupe parisien ; je compte sur son dévouement à la cause pour que ce groupe soit étroitement connecté aux activités en Grèce, et pour que ses membres soient accueillis comme il convient à leur retour au pays.
Adreas MATTHAIOY
Anastasia KATSOGIANNI
Evangelia TSONI
Kyriaki SAMARTZI
Marina FRANGIADAKI
Sissy RAPTI
Stathis MERMIGKIS
Vassilis PLAGERAS
Grammateas (Secrétaire) pour un an : Marina Frangiadaki frangiadaki@yahoo.fr
13 bis av. Parmentier 75011 Paris tél. 06 24 19 65 65
D’autre part, j’entends créer dans les meilleurs délais, soit avant la fin novembre, une « Amicale du Champ freudien », destinée à réunir les collègues qui, ressortissants d’autres pays, sont venus se former en France ou en Belgique. Les collègues intéressés prendront contact avec moi par mail : jam@lacanian.net en indiquant comme objet, en majuscules, AMICALE CF. Afin d’éviter que cette nouvelle institution du Champ freudien se referme sur elle-même, je prévois d’y admettre des collègues de nationalité belge ou française, sous certaines conditions à déterminer en avançant.
LES NOUVEAUX MENTORS
Je n’ai vu aucune raison d’attendre pour constituer une première liste de « mentors », composés de collègues capables er désireux d’aider d’autres collègues à rédiger. En vue des Journées de Rennes, dix collègues nous rejoignent donc dès maintenant, Pierre Naveau et moi-même, pour participer à la préparation des travaux. Certains se sont proposés d’eux-mêmes, d’autres ont été par moi sollicités.
Catherine Lazarus-Matet
Christiane Alberti
Guy Briole
Hélène Bonnaud
Hervé Castanet
Jacques-Alain Miller
Nathalie Georges
Philippe Hellebois
Pierre Naveau
Pierre-Gilles Guéguen
Serge Cottet
Sonia Chiriaco
PROGRAMME DU DIMANCHE
Les invitations à la presse, aux people, et autres, partent aujourd’hui par courrier postal. J’ai inclus dans l’envoi le programme de la plénière, qui est plein comme un œuf, et ne devrait plus changer.
Grand Auditorium
du Palais des Congrès
porte Maillot
PROGRAMME DU DIMANCHE 8 NOVEMBRE
Horaires : accueil à 9h00 ; début à 9h40 ; fin de la matinée à 13h00 ; reprise à 15h00 ; fin à 18h00
Séquence 1 : Le Funambule
- Sur un fil, par Denis Josselin, artiste acrobate
Séquence 2 : L’Ouverture
- Allocution, par F. Hugo Freda, président de l’ECF
Séquence 3 : Freud, Lacan, et nous
Présidente de séance : Lilia Mahjoub
- Freud analysant, par Serge Cottet
- Lacan analysant, par Eric Laurent
- Un assassinat manqué, par Agnès Aflalo
Séquence 4 : Crypter, décrypter
- Conférence de cryptologie, par le mathématicien Jacques Stern, médaille d’or du CNRS
- Jacques Stern répond aux questions de Catherine Lazarus-Matet et JA. Miller
Séquence 5 : Ce qui fait courir un champion
Alain Post répond aux questions de Dominique Miller et JA. Miller
Séquence 6 : L’Education freudienne du peuple français
Projection grand écran de « La Première séance », un documentaire de Gérard Miller pour France 3
Séquence 7 : Clôture
Président de séance : JA. Miller
- Le chausse-pieds sans mesure, par Leonardo Gorostiza, vice-président de l’AMP
- « Despedida »
LE DEBAT DE L’ECOLE
François Leguil : Le Collège de la passe pendant la relance
Dans le numéro 41 du Journal des Journées, Jacques-Alain Miller note que l’Ecole a « laissé en son sein, dépérir la Passe, après des débuts en fanfare ». Il poursuit par une question et une perspective : « par quel processus, que je ne m’explique pas, en est-on arrivé là ? Les travaux du « Collège de la passe », qui siège actuellement, nous en instruiront certainement. Les Journées de Rennes feront une large place à cette question, et aux conclusions auxquelles le Collège sera parvenu ».
Il semble peu discutable que la passe, sa procédure, ses résultats connaissent dans l’Ecole, depuis quelques années, ce que l’on pourrait appeller pudiquement, et un peu familièrement : une baisse de régime. Cela, malgré les travaux des Cartels, malgré la sollicitude des Secrétariats, malgré les témoignages convaincants des A.E. nommés. Ce « dépérissement » comporte en lui-même sa limite : la passe, dans l’Ecole dépérit, mais ne périt pas. Peut-on penser, en inversant une formule connue de Lacan, que c’est parce que, si nous ne savons pas nous en servir, nous ne pouvons pas nous en passer ? D’une certaine manière, cela n’est pas faux, puisque l’Ecole et ses membres ne concevraient pas que les questions de l’émergence du désir de l’analyste ne s’y condensent pas, ne s’y concentrent pas.
Pourtant, ce serait témoigner d’une courte vue, si nous en restions là. En effet, l’ampleur de l’événement que nous traversons, celui de la préparation des prochaines Journées, ne permettra pas au Collège de raisonner autrement qu’en partant de l’étude de ce que cette ampleur signifie. Dans un tout premier temps, elle démontre que le désir de chacun de penser et de calculer son engagement dans la psychanalyse à partir des aventures de sa cure, est constant et général. Il a suffit que, dans un premier texte, « Nouveau concept pour les Journées », Jacques – Alain Miller évoque l’écart entre « le « devenir-analyste », qui insiste et « l’être-analyste », qui n’existe pas », pour que se forme un espace où se sont précipités toutes les audaces, et le front d’exposer en public ce qui ne va jamais de soi pour chacun.
L’enthousiasme ne fait pas l’analyste, mais, nous savons d’après Lacan que, sans l’enthousiasme, il n’y a pas d’analyste non plus. Notre Collège aura a étudier les raisons qui expliquent que cette ferveur objective, non seulement ne parvenait pas à lui, mais ne s’exprimait nulle part ailleurs. La Passe n’est pas faite pour les psychanalystes, mais pour la psychanalyse. Elle n’est pas une institution, mais une recherche. Elle n’est pas faite pour dresser des bilans, mais pour maintenir une promesse : une promesse de rationalité. Ce n’est pas la première fois qu’il faut veiller à sa relance, et ce ne sera sûrement pas la dernière. C’est, cependant, la première fois qu’elle se trouve interrogée par l’irruption massive d’un mouvement qui ressemble déjà à une lame de fond.
Il semble difficile d’imaginer que le Collège n’y verra pas l’invitation la plus pressante à repenser la question de ce que doivent être les A.E. dans l’AMP, à repenser celle de leur nature, de leur nombre, en un mot, des conditions de leur sélection. Le moins que l’on puisse dire et, pour parler comme dans Le Rouge et le Noir, et qu’il conviendra que ce Collège « se dépouille de prudence ». La solution n’empruntera pas le chemin d’une réflexion administrative.
Jacques-Alain Miller parle « des débuts en fanfare » de la Passe dans l’Ecole. Nous nous souvenons d’un de ses textes (c’était en 1983, je crois, peut-être dans la Lettre Mensuelle ou dans le Courrier de l’ECF) : pour parler de l’A.E., il évoquait l’Aymerillot devant Narbonne. Sans trop me laisser glisser vers un lyrisme qui m’est trop coutumier, comme le sont des facilités d’écriture, ne puis-je pas, tout de même, avouer que quelque chose de cet ordre se dessine sous nos yeux, dans le grand vent d’une foule armée de nul autre titre que ceux que propose sa volonté de montrer l’originalité sans égale de la psychanalyse.
La « splendeur inaugurale des commencements », dont parlent les Tristes tropiques, n’a rien à envier à la magie vigoureuse des recommencements.
Demain, la conférence de Russell Grigg,
à 21h 30 rue Huysmans
Au programme : politique, terrorisme, religion - et le Nom-du-Père !
Marta Serra : Puissant révulsif
J’imagine que vous êtes plongé dans les textes des Journées. Je vois que mobiliser l’Ecole vous enthousiasme. Il faut bien dire qu’il est parfois bien difficile de revivifier une Ecole, que ce soit en France ou ailleurs, par exemple en Espagne. Et voilà que, soudain, à notre surprise à nous autres, bavards Espagnols, nos collègues français abandonnent leurs bonnes manières, leur réserve, et acceptent de s’exposer.
La manière que vous avez de forcer des changements en usant de provocations, j’ai eu très souvent, du mal à la digérer, à l’accepter, ou même à la comprendre. Jusqu’à ce que je me rende compte qu’on ne peut faire tomber les semblants sans utiliser un puissant révulsif.
« Les blessures que tu infliges jouissent d’une bonne santé ». Cette phrase, qui est d’un poète, qui me revient souvent en mémoire quand je pense aux Ecoles du Champ freudien, que ce soit la vôtre, l’ECF, ou la mienne, l’ELP, ou la nôtre, l’AMP, qui manifestent tant de complaisance à l’endroit du malaise installé, qui obligent si souvent à taire son avis quand il n’est pas conforme. Résultat : on fait d’un Autre, ou d’un autre, la cause tous nos maux.
S’il y a une issue, peut-être l’avez-vous trouvée. J’espère seulement que cette épidémie s’étendra à l’ELP. Et à moi aussi… Avec toute mon affection. — Traduit de l’espagnol par JA . Miller
Normand Chabot : Un paradoxe de plus, pour le moins
L’externalisation de l’Unité ado du CPCT-Paris, souhaitée par Jacques-Alain Miller depuis un an de discussions, a donné lieu à la création de l’association « parADOxes » qui maintient les mêmes objectifs que le CPCT ado. Cette nouvelle structure créée sur décision institutionnelle, par souci d’indépendance administrative, et de manière à ce que son autonomie en allège la gestion a déposé ses statuts à la Préfecture de Paris le mercredi 7 octobre 2009 à 9h30. Là, pour le moins, les instances de l’Ecole et du CPCT se sont données les moyens du débat et des délibérations !
Autre principe retenu lors des conversations : devant la pénurie des lieux institutionnels où puisse s’appliquer la psychanalyse, « parADOxes » soutient, avec son équipe d’une dizaine de consultants psychologues, un temps clinique auprès d’adolescents (11-25 ans), et une formation - pas « de l’analyste » ! - dans le droit fil de l’orientation lacanienne et de l’éducation freudienne. L’association, qui compte parmi ses nouveaux membres des représentants d’autres champs professionnels proches de l’adolescence, réaffirme son lien étroit avec l’enseignement de l’ECF, des Sections cliniques et du Champ freudien, auquel plusieurs de ses membres participent activement.
Il n’y a aucune interruption de l’accueil des adolescents pendant les démarches administratives (pas d’embolie !) ; les traitements et les cartels cliniques se poursuivent jusqu’à fin 2009, date à laquelle nous espérons une meilleure visibilité quant au financement du Centre. Dans cette continuité, nous déployons tous les efforts nécessaires pour (re)obtenir les subventions d’organismes, publics ou privés, capables de soutenir ce projet dans son nouvel élan.
La « Veuve » et l’« Orphelin » ont un autre soutien, modeste et engagé !
Contact : Normand Chabot, directeur de “parADOxes” chabot.normand@orange.fr
A PROPOS DES MATHEMATIQUES
Joachim Lebovits
Cher Olivier Ripoll,
Je vous remercie d’avoir pris la peine de répondre à ma remarque adressée à J.A.M dans le JJ n° 42. Je réponds ici à votre réponse.
D’abord, vous considérez que l’adjectif « pures » s’appliquant aux mathématiques serait « blessant » pour les mathématiciens qui travaillent aux applications des mathématiques pures. Je ne suis pas certain que la question se pose en ces termes, mais quand bien même ce serait le cas, je doute que la substitution du terme « mathématiques fondamentales » à celui de « mathématiques pures » éviterait ce problème. Car les mathématiciens travaillant aux applications des mathématiques « pures » passeraient dans cette perspective du statut de mathématiciens « impurs » à celui de mathématiciens « secondaires » - ce n’est guère mieux en vérité, mais laissons cela.
Vous proposez par ailleurs d’appeler mathématiques « pures », les mathématiques « non encore appliquées à ce jour ». Nous sommes donc en accord sur ce point, à ceci près que nous en tirons deux conclusions opposées.
J’en conclue, moi, qu’il n’y a pas lieu de les distinguer, puisque leur différence n’est pas d’essence, mais de potentialité. Vous en concluez au contraire que mathématiques pures et appliquées se distinguent bel et bien.
Si l’on pense pourtant avec vous que toutes les inventions mathématiques finiront un jour par trouver une application, seules les jeunes mathématiques pourraient se voir qualifier de « pures ». Mais alors, je vous le demande : « Et la vielle Garde méritante, qui meurt mais ne se rend pas » ? Impure ? À moins qu’il ne faille résoudre le paradoxe par la classification suivante et ordonner les champs mathématiques en distinguant leur degré de pureté selon le temps qu’on met à leur trouver une application. Ça donnerait une classification de ce type :
a) mathématiques pures,
b) anciennes mathématiques très pures,
c) très anciennes mathématiques très très pures, versus
d) mathématiques ayant héritée d’une application en un nombre d’années variable : mathématiques appliquées.
Si tout effort de classification qui prétendrait distinguer les mathématiques pures des mathématiques appliquées s’avérait finalement stérile, pourquoi ne pas y renoncer ?
Je ne peux m’empêcher de faire une analogie entre, d’une part, cette volonté de séparer les mathématiques « pures » des mathématiques « appliquées » et, d’autre part le paradoxe du barbier qui ne rase que les hommes qui ne se rasent pas eux-mêmes. En effet, si les mathématiques appliquées développent de nouvelles mathématiques qui ne sont pas encore appliquées (puisqu’elles viennent d’être inventées), elles deviennent pures. De même, des mathématiques pures qui seraient appliquées deviennent, comme leur nom l’indique, appliquées. Et qu’en est-il alors des mathématiques nouvelles qui seraient développées à partir de mathématiques pures, mais en vue d’une application ?
Par ailleurs, la distinction entre « pures » et « appliquées » que vous transposez dans le champ de la physique, évoquant ainsi la dichotomie entre physique théorique et physique expérimentale ne me semble pas plus convaincante. Je subodore que vous sépareriez la première de la seconde par le fait que les applications de la première n’existent pas encore, tandis qu’elles existent pour la seconde. Nous sommes ramenés au problème évoqué plus haut, et comme le barbier n’a pas nécessairement décidé de se laisser pousser la barbe, nous restons dans l’impasse.
Vous opposez encore le « monde » que vous avez quitté au « milieu » que vous avez choisi. Je crois, moi, que le milieu des mathématiques financières n’est pas voué à demeurer le terrain de jeu coopératif du « qui perd gagne », et qu’il est aujourd’hui temps que la recherche scientifique - à laquelle je participe d’ailleurs - y contribue.
Vous écrivez pour finir : « Les mathématiques pures sont peut-être un mythe, soit, mais peut-être faut-il le laisser vivre ». Vous avez raison, les mathématiques pures sont un mythe. Mais je ne suis pas certain qu’il faille prendre les mythes pour autre chose que ce qu’ils sont. Pourtant, si les mathématiques pures sont un mythe, comme vous le reconnaissez, pour cette raison même elles vivront. Leur domaine n’a nul besoin pour cela d’obtenir davantage de crédits et postes d’enseignants chercheurs - les mythes ont, comme chacun sait, la peau dure. Si au contraire les mathématiques pures sont d’abord une réalité, c’est qu’elles ont déjà trouvé une application dans le champ de la science - ou quasi.
De deux choses l’une donc. Soit nous campons sur nos positions, et décidons de briser là. Soit nous continuons à marcher dans la direction que nous avons choisie, et nous nous retrouverons immanquablement en un unique point (résultant de la compactification de la droite réelle des « idées et positions », appelé point à l’infini, et si important dans l’enseignement de Lacan).
À vous, bien cher confrère,
PS : Vous notiez (toujours dans le JJ n° 42) que la géométrie algébrique post-Grothendieck est dépourvue d’applications. Il m’a semblé, au contraire, que la démonstration du dernier1 théorème de Fermat donnée en 1996 par Andrew Wiles avait requis, entre autre, l’usage des courbes elliptiques, qui appartiennent à la géométrie algébrique post-Grothendieck. Le théorème de Fermat étant lui-même riche en applications.
SPECTACLES ET MEDIAS
Pierre Naveau : L’Avare en jeune homme
Dimanche soir. La Comédie française. L’Avare. Mise en scène : Catherine Hiégel. Le décor : Un grand escalier. Harpagon : Denis Podalydès.
Un avare qui paie de sa personne, généreux, car faisant apparaître les multiples facettes du personnage. Méchant, féroce, cruel, bien sûr ; mais aussi, finaud, fourbe, roublard, séducteur, hypocrite. Avec un côté Rouletabille, méfiant jusques au tréfonds. Rien ne lui échappe. En tout cas, loin du Euclio de Plaute ; car l’avare de Denis Podalydès, c’est un avare en jeune homme, et même, presque, l’espace d’un fugitif instant, en damoiseau.
Tyrannique, démoniaque, certes. Mais, surtout, inquiétant, très inquiétant même. Le noir, autour des yeux, le souligne. Un Harpagon effrayant, donc, du fait même qu’il soit vif et sautillant. Marchant sur la pointe des pieds, prêt à surprendre et à bondir, courant et, à la fin, dansant. Un Harpagon athlète.
Il ne quitte pas des yeux son invisible cassette. Et, quand il est occupé à autre chose, aux aguets, il tend l’oreille. Les coups de bâton sont, à un moment ou à un autre, toujours évoqués. Comme dans Amphytrion (cf. Sosie, référence de Lacan) ou dans Les fourberies de Scapin.
Eh oui, les enfants (Élise, donnée à un vieil homme, et Cléante, devenu un rival), c’est vrai, ont peur. Mais (comme Laure me l’a fait remarquer) l’esprit de répartie ne leur fait point défaut. Ils résistent. Ils disent ce qu’ils ont à dire. La trouvaille : une Mariane - rivale, pour rire, de la cassette bien-aimée - qui domine Harpagon du haut de sa taille. Mariane, une femme ? L’on sent Harpagon, laissant là l’essence virile à sa vanité, tout disposé à filer doux.
Valère et La Flèche, drôle de couple. Complices d’un vol. N’y aurait-il pas d’intelligence sans duplicité ? Maître Jacques l’apprend à ses dépens. C’est surtout lui qui reçoit les coups de bâton.
Ah ! « l’exaltation de la cassette d’Harpagon par le quiproquo qui la lui fait substituer à sa propre fille quand c’est un amoureux qui lui en parle » (Lacan) ! Qu’est-ce que l’on rit ! Oh ! cette déchirure de la scène 7 de l’acte IV : le cri de l’avare volé (« Où courir ? Où ne pas courir ? »). La chère cassette tombée en d’autres mains que les siennes ! Bon, à la fin des fins, c’est avec elle qu’il est marié.
Les spectateurs ? Oui, en effet, des grandes personnes, comme dirait Malraux. Parmi elles, Monique Canto, Jean-Pierre Elkabach, Jean-Marie Colombani, etc. Mais, surtout, fait étonnant, saisissant, pour un dimanche soir, beaucoup d’adolescents et d’enfants. Car on rit. Les rires des enfants apprennent qu’il y a une différence entre l’avarice selon La Fontaine et l’avare d’après Molière. C’est l’avare - et non l’avarice - qui fait rire !
Demain, dans la rubrique « La Foire au désir », la seconde livraison :
« La chaussure du psychiatre », par Yvonne Ernoux.
Retour sur l’émission de France 2
Ce sont les derniers textes que je publierai sur cet événement, déjà passé.
Silvia Geller : Meshugah
Meshugah, es una linda palabra. En realidad en mi casa era meshiguene. El yiddish no se dice igual en todos los casos. La marca es del pueblo, o shtetl, del que se es originario. Crecí con esa palabra porque mis padres hablaban yiddish entre ellos. También es el término yiddish con el que Isaac Bashevis Singer titula su novela que había publicado por capítulos en The Forward de New York. Sabemos que I.B.Singer no tenía mucho interés en que se traduzcan sus textos del yiddish a otras lenguas porque eso colaboraría con su desaparición. De hecho el diario Forward publicaba muchas cosas en una media lengua, mitad yiddish, mitad inglés. Pero pienso que lo interesante de ese término es que hay algo del Witz y a la vez algo de la excepción. El psicoanálisis nos permite encontrar la buena manera de poder decir algo de la meshugah de cada uno.
Estoy ahora en París y vuelvo mañana por la noche para Buenos Aires. Vuelvo para las Journées. Estaré desde el 5 hasta el 9 de noviembre. Me gustaría conversar y pensar con usted el volumen 7 de la Colección del ICBA. Un abrazo.
frdm : La nouvelle conception du droit
Vous écrivez dans le Journal des Journées nº 43 : « l’URSS sous Staline, la Chine sous Mao, eurent l’avantage de jouir des constitutions les plus démocratiques du monde. J’imagine qu’il en va de même de la Corée du Nord. » C’est l'argument central de votre argument, à mon avis, selon lequel vous « remettez le droit à sa place »... qui ne serait que de s’occuper des roses que sont les textes juridiques idéaux qui poussent sur le « fumier des mauvaises habitudes ».
Or, il s’agit là de la conception « purement formelle » du droit et des droits, telle qu’elle était celle en France avant l’unification européenne, pas seulement celle par les Communautés et l’Union européennes, mais aussi celle par la Cour européenne des droits de l’homme. Désormais, la France doit se plier à une conception du droit qui exige des droits effectifs, et pas seulement proclamés.
Si ces droits effectifs ne sont pas vérifiés, l’État concerné est condamné à indemniser les intéressés, jusqu’à ce que cet État cède dans les droits effectifs (tant il est vrai que « le droit » n’avance presque que lorsque l’on touche à la cassette des États, c’est-à-dire de la branche exécutive des « pouvoirs »).
Pour prendre un sujet d’actualité, la Cour européenne des droits de l’homme se penche fréquemment dans le détail des procédures juridictionnelles, par exemple, notamment s’agissant de la France, pour dire notamment que le parquet n’est pas concrètement une fonction juridictionnelle, car ne présentant pas d’indépendance effective par rapport à l’exécutif.
Dans ces conditions, il est indifférent qu’une constitution telle celles que vous indiquez soit « la plus démocratique du monde ». C’est même indifférent en général, qu'une constitution soit plus ou moins « démocratique » : ce sont les « droits effectifs » qui comptent, dûment convertibles en espèces sonnantes et trébuchantes tirées du « fumier » des États, et pas des roses des constitutions. Et dans cette conception, ce sont les « droits effectifs » qui font apprécier le caractère « démocratique » ou non, ou d'ailleurs toujours plus ou moins « démocratique ». Alors exit comme simulacres les « constitutions les plus démocratiques du monde », qui n’ont rien de juridique (c’est là où est la faille dans votre exposé), puisqu’elles ne correspondent à aucun droit effectif, puisqu’il ne se présente aucune juridiction interne ou externe de nature à condamner effectivement les États concernés (c'est-à-dire la branche exécutive des « pouvoirs ») à indemniser de la violation des droits qui y sont prévus : si cette condition n'est pas remplie, il n'y a point de droit, les textes ne sont pas « juridiques ».
Dans cette conception du droit qui s’impose petit à petit à la France, les juristes examinent ce que vous appelez le « fumier des mauvaises habitudes », et pas « la rose des constitutions qui y a poussé ». La rose des constitutions n’est d'aucun intérêt pour les juges de la Cour européenne des droits de l’homme, dans le sens où elle doit être conforme aux droits effectifs, et pas l’inverse - et même si elle n’y est pas conforme, qu’importe ou presque pourvu que les droits soient effectifs.
Dans cette conception, il s’agit donc de rédiger des droits qui soient immédiatement effectifs, et pas des simulacres pour des lendemains qui chantent, qui n’ont rien de juridique.
C’est en revanche le cas des droits effectifs de la « Convention de sauvegarde des Droits de l’Homme et des Libertés fondamentales » adoptée par le Conseil de l'Europe en 1950, et entrée en vigueur en 1953.
La conception formelle à la française du droit s’éteint petit à petit depuis ces années 50. Petit à petit, c’est le cas de le dire. Il en reste des partisans, que vous confortez malheureusement par votre analyse du droit dans votre texte dans le Journal des Journées...
Fernando de Amorim : Petit mot
Votre phrase "Le godelureau qui plaît aux filles" m'interpelle ! Vous faites référence à Monsieur Jean Sarkozy (Monsieur, car je ne vois pas pourquoi je me permettrais de le traiter sans les égards les plus usuels). Un mouvement, peut-être pas juvénile, mais de jouvence, s'installe de plus en plus, et je pense qu'il faut le soutenir. Dans nos rangs, vous y êtes pour beaucoup. Il faut continuer. S'il y a quelqu'un qui peut faire ça, c'est bien vous. Les raisons de cela je vous les ai déjà exprimées dans un cadre privé.
Que les personnes plus âgées s'accrochent à leur poste en politique, à l'université et en psychanalyse est un réflexe commun à celles et ceux qui ont pris le goût de jouir et qui ne veulent pas admettre que le réel, dans sa version konstante Kraft, frappe à leur porte.
Il est un fait que les jeunes ne sont pas bienvenus, où que ce soit : leur présence signifie qu'un plus âgé doive quitter les commandes. Les attaquer sans leur donner - aux jeunes - une chance de montrer de quoi ils sont capables est injuste, ce si nous vivons bien dans une société civilisée.
Tuer l'adversaire dans le réel était et est la preuve des pulsions débridées. Nous n'en sommes pas là, Dieu merci !
Mais celles et ceux qui ont déjà souffert d'être chassés, malmenés, voire maltraités de par leur impétuosité, leur courage, ne vous évoque-t-ils rien ?
Pensez à vous, jeune louveteau qui avez eu le culot d'interpeller Lacan, proposant de mieux traiter ses séminaires, agalmas accumulés dans un coin et publiés sous forme de résumés. Il fallait un culotté pour donner à ces papiers leur vraie valeur.
Un exemple ? Je me prépare à intervenir sur la névrose obsessionnelle, et je relis Freud et Lacan cherchant l'inspiration, comme à mon accoutumé. Les marques de différentes couleurs qui traversent les pages de mes exemplaires de ses Séminaires, rendues lisibles par vous, m'indiquent que j'ai déjà lu ces pages, maintes fois. Et pourtant, en lisant aujourd'hui, une autre fois, comme si c'était la première, un ??????, un "j'ai trouvé" me remplit de joie et d'admiration. Lacan m'a toujours sorti de l'embarras clinique. Je lui en suis très reconnaissant.
Il vous manque, si j'ose dire, que quatre Séminaires pour boucler un tour important de votre existence. Par le soin que vous portez à son œuvre, vous honorez Lacan. Vous vous honorez.
Défendre Jean, défendre Jacques, défendre Alain, de l'amour et des haines, des envies et des jalousies de leur semblables, cela ne fait-il pas partie de nos responsabilités éthiques ?
Le temps passe, et quand je vous entend vous rebeller, vous battre, cela me ravie. Pour celles et ceux qui vous critiquent sur vos performances télévisuelles, je dirais simplement que c'est une chose que d'assister à un combat d'idées confortablement assis dans son fauteuil, et que c'en est une autre que d'être dans l'arène. La perspective est radicalement différente.
Vous avez cette capacité de déclencher des réactions et celles et ceux qui vous jalousent devraient vous remercier. Vous remercier puisque c'est parce que vous avez bravé la tempête qu'ils quittent leur abris (et cela n'a rien à voir avec une quelconque position masochiste, comme vous l'avez récemment évoqué).
Vous leur rappelez qu'ils sont encore vivants, qu'il y a encore du sang qui coule dans leur veines. Vous leur rappelez qu'ils ne sont pas encore morts car ils osent s'exprimer, même si c'est pour montrer le trou dans votre culotte. Vous les sortez de leur quiétude. Qui sait, ils s'acquitteront de leur dette en vous remerciant ? Comme avait fait Monsieur le professeur, mon cher Jean Laplanche, en payant sa dette avec du vin (écrire tout ça m'a donné soif !). Bonne soirée.
David Briard : Leçon de culture du sujet supposé savoir
JAM, n’a pas cherché à être formidable, mais plutôt à cultiver le bon petit terreau du sujet supposé savoir, et à cet endroit, c’était formidable, c’est éthique, il est de cette structure. En voici les faits. L’acte I, « Jean », là où pour Franz-Olivier Giesbert, il était difficile de distribuer la parole, il jouit de cela. Ça se termine, et tout le monde repart avec cela, par un « Le pouvoir, c’est la famille ». C’est une véritable coupure de séance analytique, d’interprétation lacanienne. Qui plus est, Franz-Olivier Giesbert de dire sur ce finish : vous, JAM, je vous garde, je vous aime, vous en savez un bout, et il le répètera 2 fois.
Acte II, « Sylvie », ou comment oser nommer d’emblée sa jouissance, du tac au tac, sur le fantasme. JAM : j’en sais un bout de ce qui vous anime, Mme, vous aimez que votre mari soit aimé de beaucoup d’autres femmes, si, si, vous l’avez marqué ici, écoutez bien ».
Acte III, « Barbara », le transfert existait avant même la montée sur le plateau, elle est amoureuse. Je cite Barbara s’adressant à JAM : « vous êtes de ceux qui coupent les séances, les lacaniens » (il faut y associer un mouvement de la main vers le bas de Barbara), et Barbara d’apporter une réponse où le lacanien entend un « j’ai hâte d'être avec vous en analyse ». Et Franz-Olivier Giesbert ne s’y trompe pas, puisqu’il lui propose le divan.
Je me range du coté de ceux qui pensent que la pratique analytique dans cette émission - à lire du coté du sujet supposé en savoir un bout, un grand, a dit Franz-Olivier Giesbert - est de celle que l’on retrouve dans les séances lacaniennes : (I) la coupure de séance, « le pouvoir, c'est la famille » (II) l’interprétation lacanienne, « vous aimez .... » (III) le signifiant du transfert : le lacanien. J’ai bien ri lors de cette émission.
Joêlle Joffe : Tu quoque…
Un "tu quoque mi fili" m'est aussitôt venu à l'esprit, que l'on soit riche ou pauvre, politique ou membre d'une école fût-elle de psychanalyse. Le "rythme" de vos interventions, entre la colère véhémente, le calme, le sourire, l'ironie (le oui à JFK sur l'intelligence) et la courtoisie, était bien tenu. Deux phrases étaient impeccables de simplicité :
- la vie sociale et ses prébendes ou bande s(je n'ai plus le mot exact) familiales et érotiques, vérifiées partout et liées à la nature humaine, sans le pathos commun,
- et votre magnifique : « ne pas payer l'impôt hypocrisie », à rapprocher peut-être du solde cynique de l'analyse qui doit rester voilé.
Paulo Siqueira : En dessous de la moyenne
Cher JAM, vous avez fait beaucoup de progrès dans l’esprit de carnaval que vous avez le bonheur d’introduire dans notre École, oh combien sérieuse, sinon grave jusqu’alors. Encore un effort... car si vous arrivez de plus en plus à vous moquer de vous-même, et si vous acceptez davantage que les autres vous plaisantent gentiment dans le JJ, vous avez des progrès à faire quand vous vous présentez pour un débat avec des “égaux” à la TV. Pour ça, il va falloir que votre frère GM vous coache sérieusement, vous y êtes toujours – excusez mon excès de franchise - en dessous de la moyenne.
Sans compter que vos positions politiques deviennent de plus en plus troublantes. Dire que tout le monde qui arrive au pouvoir est hypocrite, sauf Sarkô, n’est-ce pas adhérer au “tous pourris” du citoyen lambda, source intarissable de satisfaction pour les partis populistes et d’extrême droite ? Attention avec ce que vous dites, pas seulement devant vos élèves et amis, mais dans la “petite lucarne”, largement ouverte à tous les spectateurs de la planète, y compris à ceux qui aiment la “bête immonde”.
Voyez ce qui est arrivé à notre cher Don Diego Maradona, dit “El pibe de Oro” dont je prends la défense dans ce texte adressé surtout à nos amis brésiliens et argentins, que je vous envoies ci-dessous. C’est l’exemple même du prix à payer pour le succès dans les media, où d’abord on vous flatte, pour après on vous lâche, et à la fin, on vous lynche.
Certes, vous êtes sans crainte ni tremblement et, comme vous dites, vous aimez les contre pieds. Mais vous l’exercez mieux chez les analystes et amis de l’École que dans l’espace télévisuel. Veuillez interpréter cette “brincadeira”, la mienne, au sens brésilien du terme ( “brincar” veut dire, en portugais, jouer comme les enfants, pas au jeu du théâtre ou du cinéma; et on dit par exemple “brincar o carnaval” , le carnaval étant pour nous une “brincadeira”, soit, un jeu d’enfants).
PS - Je vous conseille d’aller voir une exposition magnifique dans le Musée Cernuschi, “Les Buddhas du Shandong”, sortis d’une fouille découverte récemment dans cette région à l’Est de la Chine, entre Shangai et Beiji. Vous y verrez que la beauté chez les Chinois a atteint des sommets que l’Occident n’a pu atteindre que rarement chez les grecs, chez les italiens et en France, bien sur. Vous y trouverez le calme et la tranquillité qu’il vous faudra pour poursuivre ce travail d’Hercule que ces Journées d’Automne vous demandent d’accomplir. Bon dimanche.
[Les populistes sont d’accord avec moi ? Normal ! Je suis populiste… L’accusation de populisme est la feuille de vigne dont le PS a habillé son égarement, et c’est aussi le cri de ralliement de l’establishment combiné droite-gauche-centre. Ça ne m’impressionne pas. « La Révolution française ? Oh ! Populiste ! Pouah ! » Mon problème, c’est que, populiste et fier de l’être, je suis en même temps libéral, au sens de Lacan, au sens analytique : » jouir, et laisser jouir ». Ça ne se marie pas toujours très bien, mais je vis avec ça. Amicalement à vous. J’ai de bons amis même chez les socialistes.Si ça vous branche…]
Rose-Marie Bognar : Père-turbations
Vous avez apporté les points fondamentaux, et qui resteront (hypocrisie, Parlement…) ; certains de vos signifiants passaient dans les propos des autres débatteurs ; en fait, vous avez orienté le débat, malgré les résistances des uns et des autres, qui ne voulaient pas lâcher leur proie !
Pour la forme, cela a été plus difficile, compte tenu des règles de ce genre d’exercice, léger, superficiel, virevoltant, à la recherche d’effets faciles, mitigé de dîner en ville et de réunion de savants, avec le présentateur dans le rôle de Mme Verdurin, farouche défenseur de la facilité, attaché à ce que la vérité restât dans le puits, au profit du spectacle. On vous a souvent coupé la parole, cela partait dans tous les sens. Aller plus vite que la musique, quand c’est une cacophonie criarde, n’était pas facile.
Il faut reconnaître que la cause de Jean Sarkozy était difficile à défendre, du fait de sa dimension caricaturale, qui mettait les rieurs et les vrais-faux indignés de l’autre côté. Mais vos flèches ont père-turbé leur festin !
Quant à Mme B., on a aperçu grâce à vous un livre autre que celui qu’elle était venue présenter, comme elle l’a reconnu elle-même, dans une incompréhension médusée : « Mais quel livre il a lu ?!»
Les Journées 38 ont lieu les 7 et 8 novembre prochains à Paris, au Palais des Congrès
ECF 1 rue Huysmans paris 6è Tél. + 33 (0) 1 45 49 02 68
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1. Le grand théorème de Fermat s’énonce comme suit : Il n’existe pas de solution (x,y,z) non triviale à l’équation xn + yn = zn pour n entier strictement supérieur à 2. D’énoncé diaboliquement simple, ce théorème a attendu plus de 350 ans sa résolution.
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