1 de novembro de 2009

[ecf-messager] Journal des Journées N°52

« Marie de la Trinité, analysante de Lacan. »

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JOURNAL DES JOURNÉES

N° 52


Le dimanche 1er novembre 2009, édition de 2h 01


ÉLISABETH ROUDINESCO PARLE DE LACAN,

QU’ELLE A TRÈS BIEN CONNU

par Nathalie Jaudel


« Garantissez-moi de mes amis, je saurai me défendre de mes ennemis »1 : on ne

saurait mieux dire, s’agissant de l’édifiant entretien sur le Dr Lacan qu’Elisabeth

Roudinesco, « sa première biographe à tous égards », qui l’a « très bien connu », a accordé le 28 octobre à Raphaël Enthoven2.

Les deux interlocuteurs ont rivalisé, au

nom du droit d’inventaire, d’ignominie venimeuse et de sous-entendus perfides, sur

le mode « je ne vise personne, mais suivez mon regard ».

Florilège, verbatim :

- RE : On a dit de Lacan qu’il était un génie, un escroc, un élévateur (?), un manipulateur, un sorcier, un chamane, un philosophe, un gourou. Et si Lacan était tout simplement le dernier surréaliste ?

- ER : On peut dire ça.

[…]

- ER : L’oral est fondamental chez Lacan […] Tout est oral chez Lacan, il n’y a pas d’œuvre écrite, sauf sa thèse.

[…]

- RE : Vous êtes d’accord avec Sollers quand il dit qu’il y a un embarras spécifique de Lacan par rapport à l’écrit, une préciosité, un tarabiscotage, un charabia parfois inutile ? Alors que sa parole est familière et percutante, son écriture, elle, est nouée, empesée.

- ER : Non, je ne dirais pas qu’il y a charabia. Il y a charabia de Lacan à la fin. Le dernier Lacan, que j’ai analysé (sic)

- RE : … il écrivait avec des chiffres à ce moment-là…

- ER : Oui, non, mais là il y a une évolution vers une folie, sans aucun doute, en tout cas un trouble. […] Sauf que, finalement, il va y avoir 25 volumes !

- RE : Oui, mais malgré lui !

- ER : On peut dire ça.

Suit un enregistrement de Dali parlant de la méthode paranoïaque critique.

- RE : La voix de Dali me rappelle la voix de Lacan. On a le sentiment finalement que l’un et l’autre, d’une certaine manière, sans aller dans la même direction, parlent du même endroit.

- ER : Oui, ils se sont rencontrés deux fois ; il y a eu un déjeuner à New-York où les deux vieillards se retrouvent, c’est absolument fascinant…

- RE : … le plus fou des deux n’est pas celui qu’on croit !

- ER : Non, n’est pas celui qu’on croit.

[…]

- RE : Est-ce que vous diriez que Lacan était un gourou au sens où il se présentait à ceux à qui il parlait comme le détenteur — au sens où on la met en détention, d’ailleurs — de la vérité, ou bien un père, au sens où il était aux yeux de ses élèves, non pas le détenteur de la vérité, mais simplement le garant du fait qu’il y a une vérité quelque part et qu’il est là pour garantir l’existence d’une vérité qu’il ne détient pas.

- ER : La deuxième option est la bonne. Le terme de gourou, je ne l’emploie jamais pour les psychanalystes et certainement pas pour Lacan parce qu’il est connoté secte, et gourou, il faut garder le terme quand il y a le corps qui rentre en jeu. […] De même, je ne parle pas de l’histoire des psychanalystes en chapelles et en associations comme de sectes parce que c’est un autre domaine ; même s’il y a des aspects sectaires critiquables, il faut bien mettre les choses à leur place. Donc pas gourou. Mais vous avez raison, garant d’une certaine vérité.

- RE : Garant du fait qu’il y a une vérité.

- ER : Mais bien sûr, bien sûr qu’il y a ça.

[…]

Suit un extrait de l’émission du lendemain avec François Roustang, : « On voit se former des groupes d’analystes qui sont des groupes de terroristes. […] Moi, à mon avis, ces petits analystes maintenant sont devenus des véritables petits ayatollahs. […] »

- RE : Que vous inspirent les diatribes de François Roustang contre les lacaniens devenus ayatollahs, enfin certains d’entre eux, en tout cas. Il n’a pas tort, non ?

- ER : Il désigne un phénomène exact avec des mots exagérés, surtout venant de quelqu’un qui a été un adulateur de Lacan. […] Le phénomène d’adulation existe avec tous les maîtres. Il y a des perroquets de Lacan. Ça existe. […] Il y a des lacaniens extrêmement sectaires, il y a des lacaniens beaucoup plus raisonnables. […] Le défaut majeur de Lacan a un moment donné c’est qu’il pense que seule sa lecture de Freud est valable. […] Autrement dit, à un moment donné, ce garant de l’existence de la vérité va se prendre, lui, pour le seul vrai interprète de Freud. […] Je crois qu’il faut être juste avec Lacan.

- RE : Quand on a entendu Dali à propos de la méthode paranoïaque critique, il terminait en disant que ce qu’il aimait le plus, après madame Dali évidemment, c’était l’argent. Est-ce qu’on peut en dire autant de Lacan ?

- ER : Oui, il aimait l’argent.

- RE : Est-ce que c’est la raison pour laquelle il faisait des séances brèves ?

- ER : [embarrassée, soupire] Oui et non.

- RE : Pardon de poser les questions qui fâchent, mais il faut les poser car les gens se les posent.

- ER : Oui, parce que Lacan avait sans aucun doute l’amour de l’argent, de la fortune et non parce qu’il y avait autre chose par quoi il était habité […] Je suis absolument hostile aux séances ultra-courtes, une séance doit durer minimum une demi-heure. […] Je pense que son amour de l’argent lui a porté beaucoup tort. Je crois qu’il avait ça, mais il avait aussi autre chose, hein, il faut faire le tri.

- RE : Voilà un homme qui a voulu rationaliser l’inconscient […] et il s’est retrouvé finalement à faire délirer la raison.

[…]

- ER : Lacan luttait contre lui-même en permanence ; il y a un diable dans Lacan — il y a un diable et quelqu’un qui lutte contre son aspect diabolique.

- RE : Un grand merci, Elisabeth Roudinesco, c’était un bonheur, comme à chaque fois, de vous entendre parler de psychanalyse, en particulier de Jacques Lacan.


Cher Jacques-Alain Miller, je ne sais que penser de Raphaël Enthoven, et me demande pourquoi il a choisi ce moment pour réaliser cette série d’émissions sur la psychanalyse, qui fait la part belle à ses ennemis les plus intimes. Peut-être pourrait-on demander cela à Gérard Miller.

Mais je me souviens de ce Forum contre l’amendement Accoyer où Elisabeth Roudinesco était votre invitée. Je me souviens que vous avez publié, chez Navarin éditeur son Pourquoi tant de haine ? Anatomie du Livre noir de la psychanalyse. Pourquoi avoir fait preuve de tant de complaisance à son égard, alors même qu’elle avait déjà maltraité le Dr Lacan dans sa biographie, et vous-même dans son Histoire de la psychanalyse ?

Une telle complaisance n’a-t-elle pas permis à cette moderne Erinye de se sentir autorisée à dire n’importe quoi, sur nous, sur vous, et sur celui, que, sous couvert d’objectivité, elle poursuit d’une hainamoration aussi implacable qu’éternelle ?

1 Souvent attribuée à Voltaire, la formule serait de Jean Hérault, sieur de Gourville (1625-1703), cité par Gabriel Sénac de Meilhan, in Considérations sur l'esprit et les mœurs (1788) ; on trouverait chez Jérôme de Stridon (vers 340-420) une phrase similaire : « Il est moins malaisé de se garder d'un ennemi déclaré que d'endurer un ennemi caché sous un nom d'ami. » (Apologie contre Rufin, fin du livre second.) Merci Google !
2 « La psychanalyse dans tous ses états », in « Les nouveaux chemins de la connaissance », France Culture, émission du jeudi 28 octobre 2009.


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TACHE D’HUILE ET BOULE DE NEIGE,

Écho du Laboratoire franco-bulgare

par Judith Miller


À la dernière Assemblée générale, je disais que ce laboratoire est le plus beau fleuron du Cien. Je reviens de Sofia, et persiste et signe.

Petit rappel qui reproduit le rapport de Daniel Roy, responsable de ce lab. avec Vessela Banova, (cf. le nouvel Annuaire pour ceux qui n’ont pas en mémoire les précédents). Ce Lab., « L’enfant et ses symptômes », a pour objectif la formation des équipes d’institutions accueillant des enfants et adolescents « présentant des handicaps multiples », de 6 à 20 ans. Cet objectif passe par l’élaboration en commun, avec les participants, d’un nouvel abord des réalités sociales et cliniques rencontrées, et par la prise en compte des conséquences de cette clinique sur l’organisation de l’institution ».

Longue est l’histoire de ce lab., sa vitalité n’en est que plus surprenante. Aucun train-train dans son travail, un train d’enfer plutôt, alimenté par le désir de chacun de partager les joies d’une clinique qu’illuminent les divins détails. Daniel Roy, sans qui elle n’aurait pas existé, précise l’histoire de la merveilleuse aventure, fruit d’un pari audacieux : « Il s’agit de la quatrième et dernière année de fonctionnement de ce laboratoire, qui fait suite au laboratoire « Grandir sans parents » initié 6 ans auparavant pour la formation des équipes des orphelinats en Bulgarie.. Son action s’est initiée dans le cadre d’un partenariat avec Médecins du Monde – Aquitaine », dont l’association bulgare « L’enfant et l’espace », une fois créée, est devenue est partie prenante.

Daniel Roy indique : « Les psychologues et médecins formés lors de ce premier laboratoire sont désormais devenus formateurs dans le nouveau, avec des psychanalystes français et, cette année belges. » En effet après avoir dérogé, 9 ans durant, à ses habitudes, en renouvelant chaque année son partenariat, Médecins du Monde mettait en juin dernier un terme à cette mission.

La question était posée : suite ou pas ? Et quelle suite ? Tous les intéressés ont été heureux d’apprendre que suite il y aurait : sensible au goût clinique des collègues bulgares, à la pertinence de leurs exposés qu’il a découverts en répondant à l’invitation du Champ freudien d’assurer le Séminaire du Champ freudien en Bulgarie en février 2009, Bernard Seynhaeve a mobilisé à son retour trois analystes du Courtil et une réunion en mai décidait qu’ils prendraient la relève de l’ensemble de la reconquête du Champ freudien en Bulgarie (Séminaire + laboratoire).

Un programme fut bientôt gaiement établi, avec l’accord de Vessela Banova et de trois autres collègues bulgares, qui l’assurèrent du soutien logistique de « L’enfant et l’espace ». Le 23 octobre, s’ouvrait le XVIIIe Séminaire du Champ freudien, auquel succédait la premier module du laboratoire « l’ES », les 24 et 25, sous le titre ”Dignité de la différence”. 80 professionnels ont entendu l’exposé de Bernard Seynhaeve qui donna vie au thème : « Tous des exceptions, qui s’inscrivent en faux contre la règle », corroboré par trois exposés cliniques d’institutions de Roussé, une ville dont on me dit qu’elle est restée plus que belle, sur les bord du Danube. Je veux bien croire qu’elle est un peu la capitale intellectuelle de Bulgarie, après avoir écouté ces exposés où délicatesse et persévérance rivalisaient de générosité et de modestie. Les questions et compléments des professionnels présents ont fécondé ces exposés déjà très denses. Au point que je me suis surprise à penser que le jeune Sliven avait bien de la chance. Quelle pensée saugrenue : Sliven est né physiquement très limité, après une hémorragie cérébrale, et son destin était d’être une sorte de légume ; eh bien, la façon dont il grandit dans les institutions où le laboratoire a des effets, est unique et magnifique.

Dans les conversations sur les deux autres cas, chacun a exprimé la teneur paradoxale de cette joie, issue d’une pratique sur mesure, et attentive à la singularité. Modeste, ai-je dit, j’ajoute : qui ne dramatise, ni ne s’apitoie. Comment ne pas donner au travail, passionné et passionnant, des praticiens de ce lab. le prix qu’eux-mêmes lui donnent ?

J’aurais encore beaucoup à dire …


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UN FORUM SE PRÉPARE

POUR LE DIMANCHE 7 FÉVRIER 2010

FLASH SUR THÈSE

Nombre de jeunes collègues - autour de l’Ecole, dans le Champ freudien, hors du Champ freudien - rédigent des mémoires de master, préparent des thèses, voire écrivent des livres : je leur ouvre cet espace, « Flash sur thèse ».

Kristell Jeannot, de Marseille, membre de l’ACF, travaille depuis plusieurs années sur Marie de la Trinité ; elle a eu accès à des archives réservées, à des textes inédits ; elle m’a consulté durant la rédaction de son mémoire de master, fait à Paris 8 sous la direction de Christiane Alberti ; elle est maintenant engagée dans une thèse sous la direction de Laurent Ottavi, à Rennes 2.


Kristell Jeannot : Marie de la Trinité, analysante de Lacan

Faut-il se prononcer sur l’œuvre mystique de Marie de la Trinité ? J’entends ici n’étudier que son envers. En effet, l’envers de son mysticisme, le réel clinique qu’il habillait, Marie nous a permis de le connaître par le récit de son analyse avec Lacan. Acte courageux. Au-delà de la forme rédactionnelle de sa mystique, elle donne à voir les nœuds secrets d’une impasse qui causèrent sa plongée dans ce qu’elle nomme son « Épreuve de Job ». Si le religieux, dit Lacan, « laisse à Dieu la charge de la cause, mais (coupant) là son propre accès à la vérité », eh bien, Marie, elle, donne une leçon d’éthique : elle s’efforce au bien-dire, notamment en rapportant les propos que lui tient Lacan.

Au début de son analyse, Marie exalte sa complainte à l’égard des causes extérieures à elle-même qui l’auraient rendues malade. Le Dr Lacan la détrompe de ses divertissements pascaliens : « Vous avez dû y mettre du vôtre pour que ce soit ainsi». Voici donc une traversée succincte de son analyse, au travers des rectifications subjectives opérées par l’analyste. J’ordonne ce matériel en utilisant une grille fournie par la tradition, celle des sept péchés capitaux.

Lacan lui dit : « Il y avait autre chose que l’amour de Dieu. S’il n’y avait eu que l’amour de Dieu, ce ne serait pas arrivé. »


Le premier péché : Acedia

En 1944, Marie de la Trinité aspira à la maladie, pour sortir du conflit qui la tourmentait : elle se trouvait partagée entre son désir de mener une vie contemplative, et la vie dominicaine qui était tous les jours la sienne : « Quelque fois, dit-elle, je me demande pourquoi le Seigneur ne me met pas dans une incapacité physique (…) : comme au moyen d’une maladie1 ».

De fait, la maladie psychique l’obligea à vivre en marge de la communauté religieuse durant presque quinze années. Elle n’avait plus d’élan vers rien, il lui était impossible d’entrer en oraison, ni même de prier. Elle chargeait ses Directeurs spirituels d’être responsables de son marasme. Lacan lui rétorqua :« Il me semble que vous n’avez jamais pris votre vie en main2 ». Il fut alors possible à Marie de concéder sa « lâcheté 3», et de dévoiler, point par point, sa propre responsabilité.


Le deuxième péché : Invidia

Marie s’insurgea de la mainmise des hommes sur le fonctionnement de l’Église. Une série de rêves mettent en évidence son Penisneid : « raconté le rêve d’hier – insisté sur l’analogie entre cette petite fille d’un rêve antérieur et ce petit garçon (…) rappelé qu’autrefois j’avais désiré être prêtre pour la louange de Dieu 4». Lacan l’interpréta : « or vous voyez que ce sacerdoce vous amène à ce petit garçon avec le regret de ne pas l’être ». En tout état de cause, elle fit œuvre de sa revendication phallique en mettant en exergue dans sa diologie, l’importance du sacerdoce personnel – relevant du Christ et rendu possible par l’union mystique à Dieu – vis-à-vis du sacerdoce ministériel.


Le troisième péché : Gula

Marie souffrit toute sa vie d’anorexie mentale. Au détour de son analyse, elle s’interrogea sur l’avidité paradoxale qui l’animait dans son lien à l’autre5 :« L’amour et la résistance : perdre la résistance, c’est perdre aussi l’amour - car je crois que l’amour est le 2e temps de la résistance. (…) L’avidité et l’amour expriment la mesure de la résistance. Otez la résistance, il n’y a plus d’avidité ni d’amour. ». Lacan soutint son développement :« Vous retrouvez là vos problèmes alimentaires. Essayons de serrer de plus près : pourquoi êtes vous venue plutôt jeudi6 - Si vous pouvez faire face à la tension où vous êtes sur ce divan et l’exprimer en paroles et non en gestes - Dans cette résistance que vous sentez, vous touchez le fond. (19/3/52)».7


Le quatrième péché : Superbia

Marie de la Trinité sur son œuvre : « Il me semble (comme s’il s’agissait nullement de moi, que l’ensemble de ce qui est écrit est aussi important sinon peut être plus, que les écrits de saint Jean de la Croix, saintes Thérèse d’Avila et de Lisieux (…)8 » De même, la modestie qu’elle revendiquait quotidiennement recouvrait une haute estime d’elle-même : « Je crois avoir une valeur supérieure à celle du milieu où je suis : une valeur d’idée et de richesse spirituelle – mais le jugement d’autrui m’anéantit.9». Lacan, tranchant, lui répondit : « Vous foisonnez d’idées, et vous êtes en admiration devant vos idées. 10 », « Le clocher – voyez le coq sur le clocher : ce n’est rien à côté de votre orgueil !11 », « Ce n’est pas vrai que vous doutez ainsi de vous, et ne dites pas : alors, je suis double 13»


Le cinquième péché : Luxuria

Le péché de luxure est plus difficile à démasquer. De fait, pour y accéder, le lecteur de son journal d’analyse est tenu de traduire le vocabulaire touchant à la sexualité du grec, voire de la sténographie. Elle mentionne le « geste instinctif » qui lui arrivait de faire avant de s’endormir, ainsi que des « phases de volupté : le bain chaud, la griserie de la nature13 ». Elle aborde cette intime question avec son analyste : « L’autre jour je14 vous posais une question sur ce qui se passe quand je suis prise par l’impérieuse envie de ceci ou de cela et que ma raison ne domine plus. Vous m’avez simplement répondu « N’avez-vous pas entendu parler d’un certain péché originel15 ?16 »


Le sixième péché : Avaritia

Lacan ne fut point avare d’interprétations et d’explications pour faire avancer sa religieuse patiente. Alors qu’elle se défendait, à corps et à cris, de son saint renoncement, il lui rétorqua : « C’est que votre renoncement n’était pas du vrai renoncement. », « Votre préoccupation, c’est le « bénéfice » - l’avarice – les avares ne gardent rien pour eux – ils se privent de tout.17 18 ».


Le septième péché : Ira

Avant d’être perçue comme une malade des nerfs, Marie de la Trinité et son entourage crurent à l’existence d’une emprise diabolique sur elle. Laissons une Sœur témoigner : « (…) il y a encore eu une scène pénible. Elle s’est jetée par terre avec une telle violence que je n’osais m’approcher pour la relever, (…) je me demandais si j’étais en présence d’un accès de folie ou d’une possession diabolique. L’expression de son visage m’a hantée toute la nuit (…).Voir cette figure angélique devenir tout à coup grimaçant et grinçante !19 » L’analyse mit à jour l’origine de ses crises de colère, son vœu d’obéissance : « j’éprouve des mouvements d’aversion physique contre qui a sur moi autorité20. ». Lacan lui trouva à ce titre un surnom sur mesure : « La terrorisée, terrorisante 21»


De l’usage de l’analyse comme pratique morale ?

L’analyse de Marie de la Trinité rappelle que la « vertu », en tant que telle, est « un nom sans substance22 ». Revêtir l’habit religieux et produire une œuvre mystique ne dit rien de l’éthique du sujet en cause23. Marie de la Trinité souffrit de sa propre hypocrisie à vouloir paraître ce qu’elle n’était pas, pour plaire à ses Supérieurs hiérarchiques. Son analyse lui permit d’avouer la falsification de sa vie, dont elle était à la fois auteur et victime. S’extraire des terres du mentir-vrai24 , lui permit de s’éloigner des affres angoissantes de la culpabilité et de la revendication.

Devant son aversion épidermique pour toutes les figures de l’Autorité, le Dr Lacan lui ouvrit la voie vers un épanouissement possible : « Il n’est pas prouvé que la vie religieuse est le moyen le plus favorable » pour s’unir à Dieu, « si vous trouvez que la vie religieuse c’est une (…25), il faut la jeter aux orties, et faire une religion à votre gré. » De fait, son analyse terminée, Marie de la Trinité reprit le cours de sa vie religieuse, ainsi que la rédaction de ses Carnets. La question se pose alors de savoir si la voie royale pour la possible définition d’une vertu ne serait pas la psychanalyse, suivant le rapprochement proposé par J.-A. Miller de la psychanalyse comme pratique morale26.

  1. Lettre de Marie de la Trinité à Mère saint Jean, 3/2/44, inédit.
  2. Décembre 52, Dossier maladie, inédit.
  3. 10/3/52, Dossier maladie, inédit.
  4. 23/10/50, Dossier maladie, inédit.
  5. Marie de la Trinité faisait usage très fréquemment du téléphone pour joindre ses Directeurs spirituels et ses thérapeutes, parfois plusieurs fois dans une même journée de même pour ses correspondances épistolières, qui pouvaient atteindre une dizaine de pages parfois.
  6. Marie est arrivée plutôt à la séance précédente. Note de l’auteure.
  7. A lire : « La passion de la bouche la plus passionnément gavée, c’est ce rien, où, dans l’anorexie, il réclame la privation où se reflète l’amour. », Jacques Lacan, in Discours aux Catholiques, Seuil, Comment faire pour enseigner ?, 2005, p. 60.
  8. Marie de la Trinité, Le petit Livre des Grâces, Paris, Arfuyen, 2002, p.9.
  9. 28/2/52, Dossier maladie, inédit.
  10. 25/5/51, Dossier maladie, inédit.
  11. 25/1/52, Dossier maladie, inédit.
  12. 13/2/52, Dossier maladie, inédit.
  13. 28/2/52, Dossier maladie, inédit.
  14. Paroles rapportées de Marie de la Trinité.
  15. Et la réponse du docteur Lacan.
  16. 13/3/52, Dossier maladie, inédit.
  17. 23/2/52, Dossier maladie, inédit.
  18. En référence : « La passion de l’avare, c’est ce rien où est réduit l’objet enfermé dans sa cassette bien-aimée. », Jacques Lacan, Discours aux Catholiques, op.cit., p.60.
  19. Lettre de Mère Saint Jean au Père Motte, 26/3/44, Dossier maladie, inédit.
  20. Lettre de Marie de la Trinité au Père Motte, 30/5/44, Dossier maladie, inédit.
  21. 10/12/51, Dossier Maladie, inédit.
  22. Voltaire, « Sur la vraie vertu », Mélanges, Bibliothèque de la Pléiade, France, 1981, p.237.
  23. En référence : « Par quoi un fait courageux ne doit pas conclure un homme vaillant (…) l’action est louable, non pas l’homme », Michel de Montaigne, « De l’inconstance de nos actions », Essais II, Chapitre XX, Folio classique, France, 2009, p. 19.
  24. Aragon, Le mentir-vrai, Folio, France, 2008.
  25. Coupé dans le texte. Note de l’auteure.
  26. Jacques-Alain Miller, « Lettre claire comme le jour pour les vingt ans de la mort de Jacques Lacan », septembre 2001, http://jacquesalainmiller.wordpress.com/2001/09/


News of the Day in Neuroscience

par Noa Farchi


Les grandes hypothèses de la neurobiologie ont été réexaminées pendant les dix dernières années, et de nouvelles hypothèses sont apparues en cherchant à déchiffrer le fonctionnement du cerveau dans ses deux tâches uniques: le processus de perception et l’initiation du mouvement.

Pour simplifier, le cerveau pourrait être décrit comme un immense réseau architecturé de cellules, dont certaines sont des capteurs de l'environnement extérieur du corps. La principale unité fonctionnelle est le neurone, une cellule spéciale en raison de sa capacité à traiter l'information par la génération et la transmission d'un signal électrique et / ou chimique qui inhibe ou excite un ensemble de cellules dans le réseau. Le neurone est également particulier en raison de sa capacité à changer, couramment appelée ‘plasticité’. Modifier sa structure physique, l’excitabilité et le modèle de communication permet au système neuronal de se souvenir des événements nouveaux et parfois ébaucher de nouveaux types de comportement. Plasticité, en terme biologique, signifie qu’une cellule peut être programmée initialement à calculer 1+1=X output. En plein changement, sa puissance de calcul varie et parvient à des résultats différents, tels que 1+1=-X ou 2X etc. Plus le système est plastique, plus elle peut accueillir des représentations nombreuses et différentes, et les mettre en association.

Ca peut mettre tout à l'envers. Le traitement de l'information externe, à savoir le processus de perception, est hiérarchique: elle commence en domaines «inférieur» du cerveau qui traite les éléments simples de la perception (ex. orientation de ligne) et continue dans les domaines «supérieurs» qui réintégrent l’information d’aspect plus complexe, tels la forme ou le mouvement, jusqu'à des cellules qui répondent à l'ensemble de l'image, tels les visages spécifiques, et qui méritent le nom de «neurone grand-mère. » Aujourd'hui, ce schéma hiérarchique ne tient plus. Les domaines supérieurs du cerveau influencent, dans une hiérarchie inverse, la fonction de ceux qui sont les plus «bas» jusqu'à la rétine. Cette ligne de pensée permet d'expliquer en termes biologiques, la façon dont la perception est améliorée par l’attention, ou influencée par un changement d'humeur, par la pensée.

De bruit ou d’histoire? Les neurones sont toujours actifs et produisent continuellement, dans une certaine mesure, des signaux éléctriques. Cette activité continuélle, dans le fond, était consideré comme le bruit du systéme, sans signification biologique. Ces dernières années, la manière de penser le bruit a considérablement changé. Il a été constaté que l'activité spontanée consiste en répétition de modèles précédemment construits d’activités neuronales (comme le plan visuel) et qu’il existe un rapport entre le niveau d’activité spontanée et celle qui est évoquée par un stimulus extérieur. Ainsi, une nouvelle hypothèse a été faite: l'activité spontanée représente quelque chose de ce que nous pouvons appeler l'histoire telle qu'elle est remaniée et remodelée, et la perception est une combinaison d'histoire de l'état du cerveau et le nouveau stimulus venant de l’extérieur.

La neurobiologie appliquée. Les progrès récents effectués dans la compréhension de la façon dont le cerveau encode l'information, permet le développement d'algorithmes mathématiques à l'interface entre le cerveau et une machine qui remplace un organe, faisant ainsi un prolongement du corps. Par exemple, de nos jours, les patients paralysés peuvent manipuler des bras robotisés, les ordinateurs ou leurs fauteuils roulants directement par l’exercice de leurs pensées à bouger l’organe manquant, et contrôlent ainsi des machines qui leur permettent d'être mobiles. Et inversement, les scientifiques ont développé des machines qui fonctionnent comme la substitution sensorielle, à savoir, transformer les caractéristiques d'une modalité sensorielle en des stimuli d'une autre modalité sensorielle. Par exemple, un appareil qui convertit l'image d'une caméra vidéo en une image tactile et la relie à des récepteurs tactiles sur le dos des sujets aveugles. Les sujets apprennent à «voir» devant par ce qu'ils sentent derrière eux.

A suivre, dans “News of the day in Neuroscience” : l'argument d'un philosophe contre le réductionnisme neuroscientifique de la conscience.


LE DROIT CONTRE L’ÉVALUATION


Un certains nombre de personnes appartenant au milieu psy suivent avec le plus grand intérêt les informations, et les commentaires inspirés d’une haute idée du droit, que frdm <fr@frdm.fr> leur adresse régulièrement. L’auteur a collaboré à LNA, et m’a récemment adressé une missive à la suite de l’émission de Giesbert à laquelle j’ai participé : elle est passée sur le Journal, j’ai promis d’y répondre. M. Emile Jalley, ancien élève de l’ENS, et auteur d’une somme sur l’histoire de la psychologie en France, a adressé à frdm une lettre qui m’a paru mériter d’être portée à la connaissance des lecteurs du Journal. Avec son autorisation, la voici. En toute fin du numéro, je donne un extrait de la correspondance qui précède.


Emile Jalley : Lettre à FR Dupont-Muzart

L’étude systématique de tous les rapports AERES, telle que celle que vous présentez concernant des échantillons de leur population, semblerait une véritable tache de bénédictin appliquée à une littérature grise à composante essentiellement idéologique. Que celle-ci soit d’abord pointée par une approche de caractère juridique est une approche tout à fait inédite et en soi très prometteuse.

Un point important à bien identifier, me semble-t-il, est que les « réponses des universités » peuvent en bien des cas, surtout en ce qui concerne la « psychologie scientifique », être présumées comme des décors de théâtre, derrière lesquels n’existe que le vide des coulisses.

Voici un exemple précis du système totalement corrompu auquel on a affaire concernant les publications scientifiques. Il s’agit d’un Maître de Conférences, dont je ne citerai pas le nom, ayant poste dans l’Université hégémonique René Descartes Paris V.

Le document d’autoprésentation sur Google de ce collègue donne une liste de publications ainsi construite : il s’agit de 6 chapitres de livres collectifs formant en tout 33 pages, le tout de sa production en 5 ans (de 2000 à 2005, rien depuis), ces textes allant de 3 à 9 pages pour une moyenne de 5,5 page par texte, et le nombre des auteurs allant pour chacun de ces textes de 2 à 4 selon les cas. Ces chapitres comptent pour 6 publications en faveur de Mr X, mais d’1 publication pour pas moins de 13 autres auteurs.

Parmi ces 13 autres auteurs, j’identifie 3 collègues connus de moi. Les autres sont peut-être des nouveaux collègues ne figurant pas sur le dernier annuaire en ma possession (2004), peut-être aussi des docteurs récents fonctionnant comme chargés de cours, des postdoctorants ou des doctorants, et éventuellement des étudiants dont le mémoire de maîtrise ou de DESS fournit souvent la base des recherches.

Tous ces personnels dont la plupart sont probablement des débutants, en tout cas des manœuvres inexpérimentés dans le domaine de la recherche scientifique, se regroupent pour former des équipes qui s’attellent sans complexes à la rédaction d’ « ouvrages scientifiques » collectifs composés en sortes de mille-feuilles.

J’avais déjà parlé dans mon ouvrage de 2004 de l’existence d’étudiants préposés à l’évaluation des articles dans les comités de rédactions par exemple de certaines revues de psychologie sociale.

Ces aperçus montrent ce que peut être le degré de sérieux de ces noyaux scientifiques agrégés autour des revues à comité de lectures dont certaines prétendent au niveau international. Rien ne garantit du reste que les revues et les ouvrages collectifs états-uniens qui servent de prototypes pour la « French Language Pychology » - titre d’une ancienne revue créée par l’inénarrable Paul Fraisse - ne soient pas de la même farine, et disons-le franchement du toc.

En résumé, ces 6 chapitres d’ouvrages formant 33 pages, aboutissent au débitage de 19 publications - « poubellications » est bien le néologisme lacanien approprié - au crédit de l’auteur principal, de 3 de ses collègues identifiables et d’une troupe de seconds couteaux jeunes et ambitieux et tout heureux de débuter à si peu de frais dans la « vie scientifique », sauf que ce sont probablement les rédacteurs de Mémoires de DESS - remplis de fautes d’orthographe et de syntaxe comme il se doit - qui auront fait tout le travail de base (voir Jalley, 2004).

On voudra bien excuser les longueurs de mon propos concernant ce simple coup de sonde. Mais on peut penser que tout le reste est probablement du même acabit, et certainement pire au niveau périphérique que ce qui se passe ici dans la plus grande université parisienne. On est dans la mystification, en pleine mascarade, et même en pleine imposture. C’est la comédie italienne du Pont Neuf au temps de Molière.

Par ailleurs, je suis très sensible à ce que vous dites sur le fait que « seuls des juristes peuvent s’opposer à la bureaucratie de l’AERES dans le cadre des rapports ». C’est dire que le débat ne porte plus du tout sur des questions de contenu intellectuel, mais qu’il a acquis une dimension idéologico-politique. Et quand ce genre de déplacement vers le juridique arrive à propos d’un domaine intellectuel et/ou culturel, cela signifie une crise majeure de la culture de l’époque. Des précédents existent : l’Inquisition papale à propos des enseignements des Universités européennes avec listes de propositions à condamner et transferts éventuels des coupables dans les prisons romaines (Giordano Bruno), la Cabbale et l’interdiction du Tartuffe, la condamnation de l’Encyclopédie de Diderot, le procès des Fleurs du mal, ne parlons de certains propos publics et définitivement disqualifiants - à mes yeux - pour leur auteur sur La Princesse de Clèves.

On n’a jamais vu la justice intervenir dans la discussion entre Leibniz et Newton, Hegel et Schelling, Wallon et Piaget, Freud et Jung. Ce qui signifie que les questions de contenu, même contradictoire, ont alors encore un sens.

Mais elles n’en ont plus du tout dans le « dialogue » entre la psychanalyse et la psychologie objectiviste. La première a le « droit » de signifier à la seconde qu’elle n’a même plus à réclamer d’être envisagée comme un interlocuteur intellectuel digne de ce nom. L’exemple précédent des « publications » de Paris V le montre bien.

Je me permets de diffuser, si vous le permettez, notre discussion, auprès d’un cercle de collègues susceptibles de s’y impliquer, parce qu’elle me paraît atteindre un degré de précision que je trouve intéressant.

En vous priant d’excuser la longueur de ce message,

Bien cordialement à vous.


L’AFTER DU PARACLET


Dora Pertessi (Athènes)

Votre « PARACLET » m’a touché. Il est bel et bien celui d’une vérité. « Ce n’est pas OK », c’est certain. Ce n’est pas OK de travailler dos à dos lorsqu’on devrait collaborer main dans la main. Deux groupes se sont formés, et l’on sait faire bonne figure devant ceux qui ne se doutent de rien, mais les semblants ne doivent pas et ne peuvent pas être le ciment d’une formation. D’un coté, se trouvent ceux qui ont « le pouvoir » et savent en faire bon abus. De l’autre, les laissés –pour-compte, dont on se soucie peu, bien qu’ils travaillent dur, publient et s’attachent à une ouverture de la psychanalyse en Grèce. La situation donc à Athènes peut se résumer en deux termes : Ubris (incidence) et Honte. Suggestion pour une prochaine Journée : « Les oracles de la Honte ».

Pourquoi donc pas ? Il faut commencer à toucher le réel de notre Ecole. Il faut oser la restructuration et le renouvellement de nos instances avec l’esprit paraclet qui signifie ente autres « Je voue en prie ».

Vicente Palomera : El triunfo de Jacques Lacan

Pensaba Lacan en Granada y en los Reyes Católicos cuando se refirió a la Reconquista o pensaba en los ojos de Elsa (como me señala Carmen Cuñat en Twitter , refiriéndose a Le fou d'Elsa). Oui, exactement, vous avez parlé de tout ça a Granada en 1990. Je m'en reviens parce que j'étais là et aussi parce que j'ai fait publier vôtre conference ("El triunfo de Jacques Lacan" (prononcé dans le Paraninfo de la Faculté de Droit de l'Université de Granada, le 26 octobre 1990) dans un volume avec toutes vos conferences en Espagne: Miller, J.-A., Introduccion a la clínica lacaniana, Conferencias en España, RBA-ELP, Barcelona, pp. 235-245.


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L’AFTER DU PROGRAMME


Christophe Delcourt : Le point samedi à 18h 53

Serait-il possible, dans un prochain communiqué, de rappeler aux intervenants qu'il doivent réserver la salle pour la demi-journée durant laquelle ils n'interviennent pas ? Il y en a encore pas mal qui ne l'ont pas fait.
Nous sommes à environ 700 réservations.
Je vous dirai combien il y en a demain soir, après les retours de Toussaint.
Peut-être faudra-t-il fixer une date de clôture, afin que j'ai le temps de tout traiter avant jeudi soir.
Je ne peux pas être à Paris ce soir-là, mais je serai au téléphone avec l'équipe d'accueil de la rue Huysmans, pour traiter les prévisibles petits problèmes de réservation.
Je serai à Paris vendredi pour le retrait des dossiers.


Dominique Holvoet : Florilège

Voici un florilège des premiers messages des inscrits via le formulaire, qui ont la possibilité de laisser un commentaire. Epatant, toute cette joie au travail !
>Petit exercice joyeux. et pour vous? Bon dépouillement;

> Bravo pour ce travail de titan. J'ai mis 10 mn à comprendre comment ça marchait mais il faut dire que dès que je vois un signe mathématique, je perds mes moyens. J'y suis tout de même arrivée, car très motivée. merci à toute l'équipe.
> J'arrive a Paris dans l'après-midi, donc je fait mes choix seulement pour l'après-midi. Encore merci;

> Sympa ce petit jeu !

> Au dela de 5 choix, j'ai laissé l'aléatoire donner à l'inattendu sa vertu, soit la perspective de rencontres fiévreusement attendues! Bravo pour ce tourbillon
> Cette fois, c'est dans le bon ordre! Merci!
> Suspens...

> Dur dur de choisir !

> Quel choix difficile !!
> Ces propositions de choix annulent la précédente envoyée par erreur. Merci.

> Bravo aux concepteurs de cet outil ultra-simple...

> Je n'ai pas rencontré de problème, mais je tiens à vous dire ma satisfaction concernant l'organisation de ces journées et toutes mes félicitations ainsi qu'un grand merci

> Bon courage à tous. Nicole ("les prénoms valent mieux que les noms")


Christian Chaverondier : Regrets

Je regrette que vous ayez eu recours (JJ N°50) à la marguerite de l'évaluation, un tantinet méprisante, pour appareiller votre appréciation des travaux de ceux qui ont répondu, fut ce avec maladresse, à votre invite pour les Journées. PS : cette réaction n'appelle pas de réponse pressante.


Didier Guenardeau

Certains propos sont devenus désobligeants. A quelque degré que ce puisse être, comment peut-on en arriver à écrire "lâchez-moi les baskets" (communiqué du 29 10 09), grosso modo aux non membres de l'ECF ? ...

Soixante-huitard ou non, propension à la familiarité organisée ou non, coup de fatigue ou non, la traduction de ce langage renvoie à un point de vue dominant bien voilé (plus ou moins, en fait), qui ne ressort certes pas toujours et en toutes occasions, mais dont la révélation en paroles fait fin de transfert. C'est net, et c'est à conséquence.

Une lecture de l'ensemble du Journal montre plus d'esbrouffe (accepterez-vous cela ?) vis à vis des personnes extérieures, éventuellement à coopter, qu'une réelle volonté d'ouvrir le cercle, et bien entendu, de l'intégrer, de le former, de lui rendre clair et compréhensible les choix psychanalytiques et le langage de l'école. Car, je le répète, on ne gagne rien à être obscur.

Lacan n'écrivait pas bien en français, c'est certain. Faut-il poursuivre dans ce sens ? Faut-il ne presque jamais ne pas éclaircir vivement et nettement les concepts, en les illustrant. Bon sang, ma formation m'autorise à la compréhension très fine de la langue et des concepts, mais je n'ai encore guère retiré depuis le début du Journal de plus qu'avant : c'est, pour être peu aimable, du baragouinage. Eh bien, je le regrette : on peut expliquer la psychanalyse clairement et l'illustrer clairement.

Pour le moment, ma colère ne désemplit pas à cette encontre. Et le spectacle du savoir me repousse. Je ne le fais pas, pour ma part. Je suis très adepte de "ce qui s'énonce aisément" ; je ne doute pas que ce soit par vous ou par certains autres, "conçu clairement".

Alors, cette révolution !, cette ouverture ? C'est par le langage, qu'elle se fera.

Une langue fermée - pis que Mallarmé, qui m'avait demandé des mois pour comprendre "Salut" (et ai-je compris ... ?) - une langue fermée et un discours qui l'entretient de même façon (au sens propre : "fabrique", "forme", "construction") maintiendra la psychanalyse sur le fil du rasoir, et moi, dehors ! C'est très très désagréable dans ces circonstances de lire que je puisse faire partie, en tant que Un d'un groupe, de ceux auxquels on demanderait de "lâcher les baskets". Ai-je jamais dit cela à mes élèves ? Et pourtant, j'ai des défauts.

Cela fait finalement : après une lecture très attentive des motivations du Journal. Cela : beaucoup de vent. Quant au souffle de l'esprit, le vent Paraclet, il semble parler à quelques uns dont JAM, mais quel compte est-il tenu de ceux, dont je suis bien assurément, qui souhaitaient entrer avec offrande d'un travail et attente modeste de progrès ensemble ?

Lorsque vous m'avez publié (automne 2008, et dans l'un de ces journaux), c'était peut-être aussi pour la clarté des lignes, c'était peut-être parce que je défendais l'an dernier le lieu de l'école (je n'ai pas changé d'avis, et suis ravi des suites lues ces jours-ci).

Mais enfin, l'essentiel reste à faire : rendre claire et compréhensible la psychanalyse. Car je ne doute guère l'être, analyste, même sans aucun droit. Je le suis, je le porte. Mais je suis aussi laïque, et je parle, en français.

J'ai souhaité que me soit remboursé ma place, et je l'ai demandé. Un jour, vous direz peut-être ce qu'il en était de votre lecture de mon exposé. J'en vois deux autres sur le silence et le rien. Ah.


LES JOURNEES DE RENNES

SE TIENDRONT LES 10 ET 11 JUILLET 2010


PSYCHANALYSE ET POLITIQUE 3


Lettre à Jorge Aleman

par Paulo Siqueira


Cher ami Jorge Aleman, je n’ai pas de mal à identifier l’origine du nouveau souffle que vous introduisez dans notre débat au JJ , oh combien franco-français ! Seule l’Amérique Latine peut encore nourrir “l’espoir” dans la gauche de nos jours. Je viens du Brésil où l’action de Lula, plébiscitée par une majorité de 80 % de brésiliens, a crée un enthousiasme inouï, un élan formidable, contagieux. Le Brésil était avant lui, éternellement promis à un avenir radieux d’où le titre d’un livre célèbre de Stefan Zweig , “Brésil, pays de l’avenir”. Or, il se trouve que désormais le Brésil est bien un PAYS DU PRÉSENT. Ce sentiment, partagé par la plupart les commentaires des spécialistes, de la presse, bref des intellectuels internationaux est fondé sur une avancée industrielle sans précédente du pays, par les conquêtes sociales obtenues par la partie la plus pauvre de la population. La “bourse famille”, par exemple, a fait sortir de la misère et de la faim plus de 40 millions de brésiliens. On note aussi la présence du pays dans le nouveau “concert des nations” (regardez Lula, au devant de la scène, à côté des grands de ce monde, juste à côté de Obama, sur la photo des chefs d’état présents au G20). Aujourd’hui, Charles de Gaulle qui ironisait quand il entendait parler du “Brésil pays d l’avenir” en disant “eh bien, il (le Brésil) le restera!”, ne pourrait plus émettre cette boutade.

Ce très GRAND HOMME de la France, ne pourrait plus ironiser de la sorte, lui, qui disait aussi que des brésiliens qu’ils « n’étaient pas très sérieux !”. D’ailleurs il n’avait pas tort en disant ça, car le Brésil était et est toujours le « Pays du Carnaval” et du « foot », très éloigné de l’esprit de sérieux des “français de souche”, de la “Vieille France” et encore plus de « La France qui moisit », titre d’un article publié dans Le Monde par l’écrivain Philippe Sollers. Aujourd’hui le Brésil se trouve à la tête de ces pays dits émergents, appartenant à l’ensemble dénommé BRIC (Brésil, Russie, Inde et Chine). Par conséquent, il n’est plus seulement le pays du carnaval, du foot, de la monoculture du café, du sucre et du cacao : le Brésil actuel exporte des avions militaires, des armes et de l’informatique. Il dispose de laboratoires de recherches qui rivalisent avec les meilleurs du monde, en biologie moléculaire par exemple où la Fiocruz de Rio est d’un niveau comparable à l’Institut Pasteur français ; en Physique, ses scientifiques entretiennent des nombreux échanges avec Orsay ; sans citer d’autres domaines de la Science moderne où le Brésil est devenu plus que performant. Dans l’élevage de bovins, par exemple, il a dépassé l’Argentine, c’est un des plus grands producteurs mondiaux de soja et de sucre, il est encore le plus grand fournisseur de fer à la Chine. Mais basta !!! Nous les analystes, nous n’avons rien à faire de cet “EU ME UFANISMO ” brésilien. C’est ainsi qu’on appelle ce sentiment ultranationaliste qui rend les brésiliens un peu, sinon trop « megalos », trait national très sensible dans des phrases, plutôt naïves, du genre : “Nous sommes les plus Grands, car cinq fois champions du Monde de football ; nous avons les plus beaux sites du monde, voyez Rio “A Cidade maravilhosa”). Même l’Amazonie est le sujet d’une fierté nationale, sa forêt n’est-elle pas “le poumon de la planète” ? J’en passe et des meilleurs.

Mais en fait, c’est tout le continent sud-américian qu’on trouve maintenant dans un tournant de gauche démocratique (soulignons-le), de progrès matériel et social sans précédent. Paradoxalement ces changements existent grâce à l’action d’anciens militants de la gauche et de l’extrême-gauche qui se sont trouvé à la tête de leurs pays après de longs séjours dans les geôles des dictatures militaires. Toutes ces dictatures du XX ème siècle qui ont plongé l’Amérique du Sud et Central dans la nuit noire, dans l’obscurantisme le plus long et sinistre de l’histoire du continent. Elles sont nombreuses les dictatures qui ont sévi en Amérique Latine dans le dernier siècle : la dictature militaire brésilienne a duré 24 ans, la dictature militaire argentine ne s’est écroulée qu’après la désastreuse aventure des Malouines. N’oublions pas non plus l’indestructible dictateur Stroessner du Paraguay, et last but not least l’inoubliable et exécrable PINOCHET. Quelle différence à l’orée du XXI ème siècle : Lula au pouvoir au Brésil, Ortega (ancien guerrillero) au pouvoir au Nicaragua, le “Grande comandante” Chavez, ce personnage qu’on dirait sorti d’une Opéra d’Offenbach. Ce « caudillo » populiste est convaincu d’être le digne successeur du plus vieux dictateur des Amériques, “El Lider Maximo”, Monsieur Fidel Castro. Ce même jour, PEPE, l’ancien guerrillero Tupamaros est en train de devenir le président de l’Uruguay, pays considéré pendant longtemps une démocratie modèle pour toute l’Amérique Latina, tombé pendant plusieurs années sous l’emprise des militaires. Longtemps après la fin de cette dictature, la Justice du pays a pu condamner à la prison son vieux dictateur cacochyme âgé maintenant de plus de 80 ans.

Vous le savez, vous qui êtes, on le sait , un érudit : ce qui est vrai en deçà des Pyrénées, ne l’est plus au delà, comme l’a dit un philosophe français. Cette idée connue est encore plus vraie et juste en ce qui concerne la vérité de l’une et de l’autre rive de l’Océan Atlantique. Ici, de ce côté de l’Atlantique, dans le “Vieux monde”, il n’y a pas eu qu’un un échec de la gauche, comme vous le dites, mais un vrai cataclysme. La fin du communisme à l’Est, la transformation de la Chine dans un exemple de système “communiste de marché » parmi les plus policiers et injustes du monde, capable maintenant, grâce à ses réserves en dollars de sauver le système capitaliste néo-libéral en crise, eh bien, tout ça a mis par terre la gauche européenne : les socialistes français se sont transformés en estimables gestionnaires du capitalisme, les travaillistes anglais des dignes successeurs de la politique de Mme. Thatcher ; par ailleurs, plus à gauche de l’échiquier politique, le Parti Communiste français, un de plus staliniens de l’Europe, est passé en 30 ans de 22% de l’électorat à 2%, le Parti Communiste Italien de Togliatti , le moins stalinien des PC(s) de l’Europe qui est arrivé jusqu’à 25% des électeurs italiens, est complètement disparu ; les grands syndicats de France et d’Italie « courroies de transmission » de ces mêmes partis se sont rétrécis comme peau de chagrin. Avec la collaboration des sociaux démocrates, la droite européenne a enfermé nos peuples d’Europe à l’intérieur d’espaces de plus en plus infranchissables (l’espace Schenguen, par exemple). Elle a dressé des barrières de toutes sortes contre l’immigration, elle a bâti un vrai “ Mur de la honte” fait de lois, de règlements kafkaïens contre « l’étranger », dans un réflexe de peur obsidionale.

Veuillez excuser ma franchise cher Jorge, mais quand vous faites un appel à la construction d’une gauche lacanienne, je ne peux qu’être sceptique. D’abord, parce que je ne pense pas que Lacan était un homme de gauche. Un homme de droite non plus ! Ce que je sais c’est que dans un de ses Séminaires (L’éthique de la Psychanalyse, si je ne me trompe), il renvoie dos à dos la gauche et la droite en traitant de façon péjorative l’une et l’autre, selon un chiasme fort curieux. Lacan considérait l’homme de droite collectivement comme une canaille et individuellement ingénu alors que l’homme de gauche était considéré par lui, collectivement ingénu et individuellement une canaille (ou vice-versa, je ne m’en souvient plus avec précision). Mais, n’oublions pas, Lacan ne croyait pas non plus à la Révolution, il la définissait en termes d’astronomie comme le retour au point de départ. Si on prend comme paradigme le cas de la Chine, Lacan n’avait pas tort. Les chinois non seulement ont rétabli un capitalisme pur et dur, ayant pour slogan « enrichissez-vous », mais en plus, ils ont réhabilité Conficius que Mao jetait aux orties. Je me souviens encore que quand une bonne partie de l’intelligentsia française (celle dont le monde se limite aux frontières du Quartier Latin) était fascinée par la Révolution Culturelle Chinoise, Lacan qu’on a questionné dans un de ses Séminaires de l’époque, a dit qu’il attendait pour voir avant de donner son opinion sur la dite Révolution. Et il avait encore une fois raison. Il n’a pas fallu longtemps pour qu’on s’aperçoive que cette soi-disant révolution était une boucherie, un des épisodes les plus sanglants de l’histoire du Communisme chinois, un coup tordu de génie du Grand Timonier. Le Guide Suprême n’était en fait, on le sait maintenant qu’un mégalomane inspiré par le despotisme du Premier Empereur qui a unifié la Chine du II siècle avant J. C., le nommé Ts’in Che-houang-ti, celui qui a mis lson pays à feu et à sang pour réaliser son rêve d’Immortalité. Immortalité qui s’est enfin réalisée sous la forme paradoxale d’une sépulture où l’on trouve la magnifique armée enterrée des soldats en terre cuite, censée protéger la tombe de l’extraordinaire despote. Les touristes du monde entier, viennent admirer en Chine d’aujourd’hui, pas très loin de la ville de Xian ce monument unique dans l’histoire de l’humanité.

Je ne voulais pas trop vous décevoir, mon cher Jorge, car il ne faut pas désespérer Billancourt, comme on le disait en France afin de disculper l’omission des intellectuels de gauche face aux dérives du PCF et du communisme stalinien à l’Est. Je dirais plutôt que maintenant, il ne faut surtout pas désespérer le peuple lacanien de l’Amérique Latine (celui de l’Europe, surtout parisien, est plutôt blasé, nourri par une sorte d’indifférence pour les souffrances du peuple sous le prétexte qu’en bon lacanien on n’a pas à se soucier de la justice distributive.

Pourtant, il me semble que JAM a fait à Comandatuba au Brésil, une analyse de la psychanalyse dans le monde post-moderne dont on n’a pas encore tiré toutes les conséquences. Le texte qui rend compte de cette allocution est pour moi un moment de bascule de la politique millerienne. Que dit-il dans ce discours publié dans la revue Mental n° 15 de février 2005 sous le titre « Une fantaisie ». entre parenthèses, JAM n’est pas sans savoir qu’en portugais, le mot fantaisie (fantasia) veut dire aussi bien fantasme et déguisement de carnaval. C’est que JAM a exposé à Comandatuba, une thèse absolument subversive pour le Discours analytique : le DA, selon ses dits, est devenu le discours dominant dans l’ère du capitalisme néo-libéral ! La prophétie de Lacan selon laquelle l’objet (a) atteindrait le zénith dans la vie sociale, était maintenant dans les faits. Même si les éléments qui constituent le Discours analytique se trouvent épars, non structurés. Il s’agit ici d’un paradoxe non négligeable. Car, ça veut dire que les quatre discours établis par Lacan pour rendre compte du lien social ne peuvent plus être, comme avant, l’unique boussole pour l’analyste dans la sociétépost-moderne. D’où la désorientation du psychanalyste de nos jours. C’est que le sujet lacanien a, lui aussi, changé de statut. Avec la clinique borroméenne, Lacan va promu le concept, non plus du sujet divisé par le signifiant, mais du « parlêtre » et qu’il mettra désormais dans son dernier enseignement au premier plan. Pour ce Lacan ce n’est plus le symptôme freudien (mais aussi marxiste) qui compte, mais le « sinthome », joycien de son nom. Par conséquent, le nœud borroméen axiome central de la pratique lacanienne et les notions de « sinthome » et du « parlêtre », provoque un déplacement qu’on ne peut plus ignorer du discours analytique lui même qui se déplace. La fin de l’analyse, par exemple, n’est plus vectorisée seulement par l’extraction de l’objet (a), pur semblant, mais elle vise désormais ce qu’il y a de réel sans loi dans le « sinthome ». Chose encore plus stupéfiante, JAM dit de la pratique psychanalytique, qu’elle n’aboutit à rien de moins qu’à un ratage, au contraire des autres pratiques ordonnées par les autres discours établis qui cherchent la réussite et l’efficacité à tout prix. Certes, il ne s’agit pas de d’échouer bêtement, de rater comme tout le monde, mais de rater de la bonne façon, c’est-à-dire, de faire avec le non-rapport sexuel par le truchement de l’amour.

JAM, dirais-je, pas plus que Lacan, n’est pas « un homme de gauche ». Il ne croit pas au progrès, donc il n’est pas un progressiste. Laca disait d’ailleurs du progrès que ce qu’on gagne d’un côté, on le perd de l’autre.

Dans un échange récent avec moi, paru dans notre JJ national, JAM se définit politiquement par un oxymoron digne du meilleur Lacan comme « un populiste, libéral au sens lacanien, soit, qui jouit et laisse jouir ! ».

Comment dans ce cas fonder une gauche lacanienne à partir de l’orientation lacanienne donnée par Jacques-Alain Miller, si l’on tient à garder le cap d’une nouvelle interprétation de la Psychanalyse de Jacques Lacan ?

Bien amicalement à vous, le « camarade » Paulo


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LA CORRESPONDANCE JALLEY-FRDM

frdm

Affinage de recherche sur les rapports d'évaluation des masters en psychologie par l'AERES, sur la "place" de la psychanalyse dans ces masters, et sur quelque incidence réciproque sur l'article 52 tel que modifié en 2009, relatif au titre de psychothérapeute. (…).


E. Jalley à frdm

Cher monsieur,

Merci de me communiquer votre travail, que je vous trouve vraiment très précieux.

Les « langages » auxquels vous appliquez vos patientes analyses sont produits dans une langue de bois de facture uniquement administrative, venue des châteaux d’Ubu Roi et de Kafka, étrangère à toute forme de critère intellectuel et de capacité, au moins identifiable et respectable, à discuter sur le fond des choses. Hormis le postulat passionnel d’isoler, avant de l’éliminer totalement un jour la psychanalyse, sauf peut-être pour une clientèle d’élite, celle - pourquoi pas ? - des bénéficiaires du bouclier fiscal. Les enfants de cette catégorie sociale ne seront jamais soumis, croyez-le bien, aux traitement par la Ritaline et autres médecines pour chevaux et chiens.

Ces « évaluations » sont produites, par delà l’appareil officiel déclaré et connu des « organismes » aux noms variables à travers le temps, par quelques personnages masqués toujours issus du même genre de généalogie : l’auto-cooptation dans l’environnement des directions ministérielles d’un petit nombre de hiérarques obséquieux, liés à quelques « laboratoires » de psychologie objectiviste et/ou de neurosciences. Ce mécanisme de pilotage des disciplines psychologiques est constant depuis des décennies, certes renforcé avec l’AERES : depuis les années 70 déjà, des « expertises » produites par un tissu de soi-disant « experts », sous le contrôle d’un petit nombre de « chargés de missions », « conseillers pédagogiques », voire « scientifiques », brutes incultes, cerveaux-machines dont le niveau scientifique et culturel a toujours été très faible, aujourd’hui réduit à néant, incapables de produire 10 pages à même de retenir la lecture de quelqu’un de réellement compétent.

Les choses ne changeraient pour la psychanalyse universitaire que si elle se décidait à prendre les moyens de redéfinir la topographie de son espace institutionnel. Mais elle y est encore peu décidée pour des questions d’opportunisme liées à des prétextes carriéristes, assurément compréhensibles mais sans finalité de bon sens à terme, en vertu enfin d’un blocage mental tenu par un véritable verrou institutionnel. Les universitaires français sont parmi les plus mal rémunérés de l’Europe développée. Ce n’est par une raison pour concourir davantage à la servitude volontaire. C’est la politique des nains dans les Nibelungen s’épuisant à chercher l’or au fond des entrailles de la terre.

La perspective récente admise par le Syndicat National des Psychologues de la création de deux CNU, c’est-à-dire de deux Gouvernements indépendants pour la psychologie « cognitive » et la psychanalyse à l’université serait un début d’une nouvelle politique allant dans le bon sens. Elle ne signifierait pas a priori d’ailleurs la mise en question du Titre de psychologue, qui est une autre question, sans rapport évident avec la première.

Merci encore, Monsieur et cher collègue, de votre patience et de votre compétence et du caractère irremplaçable de votre travail.


frdm

Merci pour votre appréciation de mes travaux et pour la diffusion large que vous en avez fait.

Je n'ai fait que des sondages dans les rapports Aeres indexés par Google, il faudrait une étude systématique de tous les rapports sur toutes les universités.

Les réponses des universités, qui sont annexées aux rapports par l'Aeres, sont de qualité très inégale.

Seule apparemment l'université de Strasbourg a présenté des réponses à la présentation uniformisée, et je pense que ces réponses ont été mises au point par le service juridique de l'université. Les autres semblent ne pas avoir compris l'enjeu des réponses, et que seuls des... juristes pouvaient s'opposer à la bureaucratie de l'Aeres, dans le cadre des rapports.

Séparer la psychologie cognitive et ce


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