mardi 7 avril 2009
Lost in cognition* - Stella Harrison
Stella Harrison, psychanalyste, membre ECF
Ce livre est à lire, et encore, à relire. Il interprète avec vigueur la quintessence de nombre attaques de praticiens contre la psychanalyse aujourd’hui. Pour le psychanalyste, Éric Laurent, c’est clair : pas d’alliance, mais mur entre la psychanalyse et les neurosciences. Oui il y a mur entre le réel de la psychanalyse, et le symptôme, et la série des objets conformes produits par le discours scientifique. Pas d’alliance, mais mur entre la psychanalyse et les neurosciences. C’est ce que dit ce livre, riche d’enseignement, qui n’est pas un ouvrage de réconciliation molle, même si « les lois universelles définies par la biologie aboutissent inévitablement à produire de l’unique » (p.64), même si elles peuvent découvrir que « l’on ne se sert jamais deux fois du même cerveau » (p.64). « On ne peut réduire le sujet, le parlêtre, à un système de traces » (p.12).
Dans la partie « L’évaluation impossible » (p. 71-99), nous sommes éclairés sur la façon dont la clinique psychiatrique du DSM reposant sur l’Evidence based medecine commence à être critiquée. Éric Laurent apporte ici un espoir en faisant état de contre-feux à ce type delogique.
La troisième partie du livre, et particulièrement le dernier chapitre « Cognition et transfert dans la psychanalyse d’aujourd’hui » (p.125 à 136) sont des flèches incisives, des obus discrets, qui percent un mystère de taille : comment comprendre la place - forclose ? - laissée à la psychanalyse en notre siècle ? Déjà il y a peu, le débat entre Daniel Widlöcher et Jacques -Alain Miller édité sous le titre L’Avenir de la psychanalyse prenait à corps cette question.
Éric Laurent, ici, rend compte de griefs de nombre praticiens, contre la psychanalyse aujourd'hui. À l'arc -en-ciel de leurs doutes et de leur hargne confuse répond ici l’éclair. La question, si actuelle en 2009, est fondamentale pour nous tous : pourquoi tant de psychiatres, de psychologues, d'analystes ont-ils si souvent la tentation, à présent, d’abandonner la psychanalyse ? Cet âtre est brûlant et nous devons savoir de quels bois il se nourrit. Car lequel d'entre-nous, en institution, à l’hôpital, en CMP, n’entend-il pas ces appels répétés à utiliser plusieurs techniques, et surtout pas uniquement, la psychanalyse ?On encourage psychiatres et psychologues, « soignants »à courir vers le « multi-factoriel », le « pluri -disciplinaire », à s’intéresser davantage aux facteurs neurologiques, génétiques, aux méthodes Teach par exemple en matière d'autisme, etc. Il n’est pas sûr que cela ne soit que conséquences des rapports de l’INSERM, ou des plaintes de Bernard Accoyer.
Éric Laurent nous montre ici que certains psychanalystes eux-mêmes ont introduit par leurs doutes le ver dans le fruit de leur art : « (...) la tentation se fait grande, parmi les psychanalystes eux-mêmes de céder à leur angoisse et de laisser tomber la psychanalyse » (p. 136). Pourquoi ? À l'IPA, nous dit-il, en citant Jacques - Alain Miller, (La Cause freudienne n° 53), la notion de contre-transfert reste très opérante : l'analyste s'oriente de ses propres émotions. Dans un certain courant de cette association internationale, on voit donc s'effacer la dissymétrie entre analyste et analysant, ce qui « provoque aussi des effets troublants sur la position de l'analyste ». On saisit très bien, en conséquence, comment il deviendra impossible à l'analyste orienté du contre-transfert et de son flou, de diriger la cure et de mener la séance à son juste terme. Brouillé sera « son accès au savoir qui lui permet d'interpréter et de capitonner la séance » (p.126). C'est ainsi, développe Éric Laurent, que certains analystes en viennent à quêter une « expérience clef », enracinée dans l'insight, quand d'autres cherchent à atteindre un état « quasi hallucinatoire » pour capitonner la séance (p.127). Il en est aussi, comme Daniel Widlöcher, qui répond, nous le savons de son dialogue avec Jacques -Alain Miller en redonnant vigueur au « cadre fixé par l'horloge ». Difficulté donc à articuler le transfert comme « mise en acte de la réalité sexuelle de l'inconscient », embarras à y voir autre chose que la répétition ou la reproduction, comme le disait Jacques Lacan dans « l’Identification ». (p110- 111). Difficulté encore de ces analystes qui aseptisent la tâche analysante en cherchant avant tout à dissiper l’angoisse. N’oublions pas que Lacan encore avait pu, lui, en souligner bien souvent l’importance :
« Nous n'allons pas faire ce que nous reprochons à tous les autres, à savoir, du texte de l'expérience que nous interrogeons, élider l'analyste. L'angoisse sur laquelle nous avons ici à apporter une formule est une angoisse qui nous répond, une angoisse que nous provoquons, une angoisse avec laquelle nous avons à l'occasion un rapport déterminant » (J. Lacan, Le Séminaire, L'angoisse).
Éric Laurent, enfin, nous fait saisir comment c’est précisément la place congrue donnée par certains psychanalystes aux processus cognitifs, à la conscience, qui est regrettée par nombre d’entre eux. (p.129) Monsieur Fred Busch , psychanalyste américain ego psychologiste, se demande pourquoi l'apport des neurosciences est méconnu des psychanalystes kleiniens particulièrement…, quant à …l’inconscient, il n’est « qu'un processus cognitif pas encore conscient », (ibid), et les psys kleiniens n' ont hélas pas de théorie suffisante de l'ego.
Conclusion ? L’éthique analytique, seule, peut contrer ce gris Avenir de la psychanalyse là, en prenant à sa charge la question de l’angoisse.
* Eric Laurent, Lost in cognition, psychanalyse et sciences cognitives, Nantes, ed. C. Defaut, coll. Psyché, 2008
Lost in cognition* - Stella Harrison
Stella Harrison, psychanalyste, membre ECF
Ce livre est à lire, et encore, à relire. Il interprète avec vigueur la quintessence de nombre attaques de praticiens contre la psychanalyse aujourd’hui. Pour le psychanalyste, Éric Laurent, c’est clair : pas d’alliance, mais mur entre la psychanalyse et les neurosciences. Oui il y a mur entre le réel de la psychanalyse, et le symptôme, et la série des objets conformes produits par le discours scientifique. Pas d’alliance, mais mur entre la psychanalyse et les neurosciences. C’est ce que dit ce livre, riche d’enseignement, qui n’est pas un ouvrage de réconciliation molle, même si « les lois universelles définies par la biologie aboutissent inévitablement à produire de l’unique » (p.64), même si elles peuvent découvrir que « l’on ne se sert jamais deux fois du même cerveau » (p.64). « On ne peut réduire le sujet, le parlêtre, à un système de traces » (p.12).
Dans la partie « L’évaluation impossible » (p. 71-99), nous sommes éclairés sur la façon dont la clinique psychiatrique du DSM reposant sur l’Evidence based medecine commence à être critiquée. Éric Laurent apporte ici un espoir en faisant état de contre-feux à ce type delogique.
La troisième partie du livre, et particulièrement le dernier chapitre « Cognition et transfert dans la psychanalyse d’aujourd’hui » (p.125 à 136) sont des flèches incisives, des obus discrets, qui percent un mystère de taille : comment comprendre la place - forclose ? - laissée à la psychanalyse en notre siècle ? Déjà il y a peu, le débat entre Daniel Widlöcher et Jacques -Alain Miller édité sous le titre L’Avenir de la psychanalyse prenait à corps cette question.
Éric Laurent, ici, rend compte de griefs de nombre praticiens, contre la psychanalyse aujourd'hui. À l'arc -en-ciel de leurs doutes et de leur hargne confuse répond ici l’éclair. La question, si actuelle en 2009, est fondamentale pour nous tous : pourquoi tant de psychiatres, de psychologues, d'analystes ont-ils si souvent la tentation, à présent, d’abandonner la psychanalyse ? Cet âtre est brûlant et nous devons savoir de quels bois il se nourrit. Car lequel d'entre-nous, en institution, à l’hôpital, en CMP, n’entend-il pas ces appels répétés à utiliser plusieurs techniques, et surtout pas uniquement, la psychanalyse ?On encourage psychiatres et psychologues, « soignants »à courir vers le « multi-factoriel », le « pluri -disciplinaire », à s’intéresser davantage aux facteurs neurologiques, génétiques, aux méthodes Teach par exemple en matière d'autisme, etc. Il n’est pas sûr que cela ne soit que conséquences des rapports de l’INSERM, ou des plaintes de Bernard Accoyer.
Éric Laurent nous montre ici que certains psychanalystes eux-mêmes ont introduit par leurs doutes le ver dans le fruit de leur art : « (...) la tentation se fait grande, parmi les psychanalystes eux-mêmes de céder à leur angoisse et de laisser tomber la psychanalyse » (p. 136). Pourquoi ? À l'IPA, nous dit-il, en citant Jacques - Alain Miller, (La Cause freudienne n° 53), la notion de contre-transfert reste très opérante : l'analyste s'oriente de ses propres émotions. Dans un certain courant de cette association internationale, on voit donc s'effacer la dissymétrie entre analyste et analysant, ce qui « provoque aussi des effets troublants sur la position de l'analyste ». On saisit très bien, en conséquence, comment il deviendra impossible à l'analyste orienté du contre-transfert et de son flou, de diriger la cure et de mener la séance à son juste terme. Brouillé sera « son accès au savoir qui lui permet d'interpréter et de capitonner la séance » (p.126). C'est ainsi, développe Éric Laurent, que certains analystes en viennent à quêter une « expérience clef », enracinée dans l'insight, quand d'autres cherchent à atteindre un état « quasi hallucinatoire » pour capitonner la séance (p.127). Il en est aussi, comme Daniel Widlöcher, qui répond, nous le savons de son dialogue avec Jacques -Alain Miller en redonnant vigueur au « cadre fixé par l'horloge ». Difficulté donc à articuler le transfert comme « mise en acte de la réalité sexuelle de l'inconscient », embarras à y voir autre chose que la répétition ou la reproduction, comme le disait Jacques Lacan dans « l’Identification ». (p110- 111). Difficulté encore de ces analystes qui aseptisent la tâche analysante en cherchant avant tout à dissiper l’angoisse. N’oublions pas que Lacan encore avait pu, lui, en souligner bien souvent l’importance :
« Nous n'allons pas faire ce que nous reprochons à tous les autres, à savoir, du texte de l'expérience que nous interrogeons, élider l'analyste. L'angoisse sur laquelle nous avons ici à apporter une formule est une angoisse qui nous répond, une angoisse que nous provoquons, une angoisse avec laquelle nous avons à l'occasion un rapport déterminant » (J. Lacan, Le Séminaire, L'angoisse).
Éric Laurent, enfin, nous fait saisir comment c’est précisément la place congrue donnée par certains psychanalystes aux processus cognitifs, à la conscience, qui est regrettée par nombre d’entre eux. (p.129) Monsieur Fred Busch , psychanalyste américain ego psychologiste, se demande pourquoi l'apport des neurosciences est méconnu des psychanalystes kleiniens particulièrement…, quant à …l’inconscient, il n’est « qu'un processus cognitif pas encore conscient », (ibid), et les psys kleiniens n' ont hélas pas de théorie suffisante de l'ego.
Conclusion ? L’éthique analytique, seule, peut contrer ce gris Avenir de la psychanalyse là, en prenant à sa charge la question de l’angoisse.
* Eric Laurent, Lost in cognition, psychanalyse et sciences cognitives, Nantes, ed. C. Defaut, coll. Psyché, 2008
Lost in cognition* -
Stella Harrison, psychanalyste, membre ECF
Este libro es para leer, e incluso, para releer. Interpreta con vigor la quintaescencia de varios ataques de practicantes contra el psicoanálisis hoy. Para el psicoanálisis, Eric Laurent, es claro: no hay alianza sino un muro entre el psicoanálisis y las neurociencias. Sí, hay un muro entre lo real del psicoanálisis, y el síntoma, y la serie de objetos conformes producidos por el discurso científico. No hay alianza sino un muro entre el psicoanálisis y las neurociencias. Esto es lo que dice el libro, rico en enseñanzas, que no es una obra de reconciliación maleable, aunque las “leyes universales definidas por la biología alcancen inevitablemente a producir lo único”(p.64), mismo si ellas pueden descubrir que “ no hacemos uso dos veces del mismo cerebro” (p64). “ No podemos reducir el sujeto, el “parlêtre” a un sistema de huellas”. (p12)
En la parte de « la evaluación imposible » (p. 71-99), somos iluminados en el modo en que la clínica psiquiátrica del DSM que descansa sobre la evidencia “based medicine” comienza a ser criticada. Eric Laurent aporta una esperanza haciendo estado de contra-fuego a este tipo de lógica.
La tercera parte del libro, y particularmente el último capítulo “Conocimiento y transferencia en el psicoanálisis de hoy” (p125 a 136) son flechas incisivas, balas discretas, que atraviesan un misterio importante: ¿Cómo comprender el lugar -forclose- otorgado al psicoanálisis en nuestro siglo? Desde ya hay poco, el debate entre Daniel Widlocher y Jacques- Alain Miller editado bajo el título de El Futuro del psicoanálisis tomaba cuerpo en torno a esta cuestión.
Eric Laurent, aqui, da cuenta de los reclamos de varios practicantes, contra el psicoanálisis de hoy. En el arcoíris de sus dudas y de sus furias confusas responde aquí el trueno. La cuestión actual en 2009, es fundamental para todos nosotros:¿ porqué tantos psiquiatras, psicólogos, analistas, tienen una tentación muy fuerte de abandonar el psicoanálisis?
Este hogar está ardiendo y debemos saber de qué madera se nutre. Ya que, ¿Quién de entre nosotros en instituciones, en el hospital, en CMP, no escucha estos llamados reiterados a utilizar varias técnicas, y sobre todo no únicamente el psicoanálisis? Se incita psiquiatras y psicólogos, “curadores” a correr hacia el “multi-factorial”, el “multi-disciplinario”, a interesarse por los factores neurológicos, genéticos, por los métodos “Teach” por ejemplo en lo que respecta al autismo, etc. No es seguro que ello no sea consecuencia de la relación con el INSERM, o de las quejas de Bernard Accoyer.
Eric Laurent nos muestra aquí que algunos psicoanalistas han introducido por sus dudas el insecto en el fruto de su propio arte: “(…) la tentación es grande, entre los psicoanalistas de ceder a su angustia y de abandonar el psicoanálisis”.(p136). ¿Porqué? En IPA, nos dice, citando a Jacques-Alain Miller (La Cause Freudienne nº53) la noción de contra-transferencia, sigue operando: el analista se orienta por sus propias emociones. En cierta corriente de esta asociación internacional, vemos borrarse la disimetría entre analista y analizante lo cual “provoca también efectos emotivos en la posición del analista”. En consecuencia, podemos captar muy bien, cómo será imposible para el analista orientado por la “contra-transferencia” y su flujo, dirigir la cura y llevar la sesión al término justo. Confuso será “su acceso al saber que le permite interpretar y dirigir la sesión”.(p126). Es entonces, desarrolla Eric Laurent, que ciertos analistas buscan una “experiencia clave”, enraizada en l’insight , cuando otros buscan alcanzar un estado “casi alucinatorio” para comandar la sesión (p127). Del mismo modo, como Daniel Widlocher, quien responde, lo sabemos por el diálogo con JAM devolviendo el vigor al “cuadro fijado por el reloj”. Dificultad, entonces, para articular la transferencia como “puesta en acto de la realidad sexual inconsciente”, obstáculo para ver otra cosa que la repetición o la reproducción, como lo decía Jacques Lacan en l’identification (p110-111). Dificultad aún de estos analistas que aseptizan la tarea analizante buscando ante todo disipar la angustia. No olvidemos que Lacan había podido subrayar la importancia: “ No haremos aquello que le reprochamos a los otros, a saber, del texto de la experiencia que interrogamos, elidir al analista. La angustia sobre la cual debemos aportar una formula aquí, es una angustia que nos responde, una angustia que provocamos, una angustia con la cual tenemos una relación determinante.” (Jacques Lacan, El seminario, La Angustia).
Eric Laurent, finalmente, nos hace ocuparnos de cómo precisamente el lugar justamente dado por ciertos psicoanalistas a los procesos cognitivos, a la conciencia, que es lamentada por muchos de ellos. (p129). El señor Fred Busch, psicoanalista americano, ego psicologista, se pregunta por qué el aporte de las neurociencias es desconocido por los psicoanalistas kleinianos particularmente.., en cuanto al inconsciente, no es más que « un proceso cognitivo todavía no consciente » , (ibid), y los psicoanalistas kleinianos no tienen teoría suficiente del ego.
¿Conclusión? La ética analítica, sola, puede combatir este gris futuro del psicoanálisis, haciéndose cargo de la cuestión de la angustia. * Eric Laurent, Lost in cognition, psychanalyse et sciences cognitives, Nantes, ed. C. Defaut, coll. Psyché, 2008
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