Clinique sous transfert
Clinique sous transfert au CPCT-Paris
Quelle forme prend le transfert dans un traitement au CPCT ? La
brièveté et la gratuité du traitement ne le remettraient-ils pas en
question ? De quel transfert s’agit-il alors ? Et comment le manier en
seize séances ? Voici quelques questions que nous proposons de traiter
cette année, à travers l’exposé de cas, lors des traditionnels
rendez-vous cliniques du CPCT-Paris.
Freud a indiqué dès 1904, dans ses écrits sur la technique
psychanalytique, les règles qui régissent la mise en place du traitement
psychanalytique. Selon lui le transfert est un phénomène primordial,
nécessaire et spontané dans la relation de parole. Il permet d’entrer
dans le travail analytique et fait partie intégrante du traitement, même
s’il en constitue par la suite un obstacle.
Lacan précise que « Le phénomène de transfert est lui-même placé en position de soutien de l’action de la parole. »1. En 1964, lors de son séminaire, il posait la question de savoir Qu’est-ce qui fonde [la psychanalyse] comme praxis ?2
C’est en isolant ses quatre concepts fondamentaux, à savoir
l’inconscient, la répétition, la pulsion et le transfert, qu’il y
répond. Concepts sans lesquels la psychanalyse ne saurait être.
Le transfert est, en effet, un instrument essentiel au travail
analytique. Si l’année dernière lors de notre journée d’étude, nous
avons pu montrer en quoi la séance lacanienne au CPCT était l’occasion
d’une « tuchê », d’une rencontre avec l’inconscient, cette année sera
l’occasion de souligner que cette rencontre – avec l’inconscient – ne
peut se faire que sous transfert. L’inconscient est indissociable du
transfert. Pour autant, du fait du dispositif, le transfert au CPCT
comporte une coloration particulière.
En effet, comme l’énonce Lacan, « le transfert est une relation essentiellement liée au temps et à son maniement »3 et
au CPCT, du fait de la gratuité du traitement, le temps est compté. Si
le transfert en est impacté, ce n’est certes pas du côté d’une
précipitation mais bien plutôt dans les effets d’ouverture et de
fermeture de l’inconscient que la durée limitée produit. La brièveté du
traitement peut permettre une certaine ouverture de l’inconscient mais
il revient au praticien de manœuvrer afin que le transfert ne vienne
entraver le travail. Il s’agit là d’un maniement du transfert qui tienne
compte de la durée maximale des seize séances. En s’engageant dans un
traitement au CPCT, le patient se risque, bien souvent pour la première
fois, à une parole vraie. Et si la psychanalyse est « une pratique de
bavardage »4, celle-ci doit avoir lieu sous le registre du transfert et non du bla-bla.
Ainsi, en tant que lieu de consultations psychanalytiques dans la
Cité, le CPCT fonctionne, en lui-même, comme une opportunité de
transfert à la psychanalyse. À certains, il donne l’occasion de faire
l’expérience de l’inconscient et, grâce à cela, d’avoir la chance de
poursuivre l’aventure au-delà. Cela se joue au cas par cas. Finalement, à
chacun son transfert…
Ainsi, au CPCT, nous misons sur le transfert pour produire des
changements de position subjective – notamment quant à la part du sujet
prise dans sa plainte – ainsi que des effets thérapeutiques rapides et
durables. Et c’est bien parce que transfert il y a que les traitements
gratuits proposés au CPCT, si brefs soient-ils, sont de teneur
psychanalytique.
C’est ce que nous verrons cette année à travers l’exposé de cas, lors
de nos trois rendez-vous cliniques « Formes du transfert au CPCT » le
27 janvier avec Fabian Fajnwaks, « Maniement du transfert dans un
traitement bref » le 19 mai avec Sonia Chiriaco et « Transfert et fin de
traitement au CPCT » le 23 juin 2018 avec Jérôme Lecaux.
______________________
- Lacan J., Séminaire VIII, Paris, 1991, Seuil, p206
- Lacan J., Séminaire XI, Paris, 1973, Seuil, p11 et 15
- Lacan J., Écrits, Paris, 1966, Seuil, p844
- Lacan J., Le Séminaire, Le moment de conclure, « Une pratique de bavardage », Ornicar n°19, 1979
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