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JOURNAL DES JOURNÉES
N° 24
le jeudi 1er octobre 2009, édition de 16h 09
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Jacques-Alain Miller : Débagoulage
L’affiche, le 4-pages, le bulletin d’inscription, sont sortis de l’imprimerie. J’en ai fait porter un exemplaire à mon amie Carla, en lui proposant de parler 5 ou 10 minutes de son rapport à l’analyse, dont elle m’avait entretenu l’an dernier : pertinente, émouvante. Viendra-t-elle ? Lundi prochain, et jusqu’au jeudi minuit, envois des exposés. Grosse opération. Autour de 200 contributions attendues, exigeant attention une par une. Naveau : il est au niveau ; bien organisé, méticuleux, impeccable ; saura-t-il aussi être rapide ? Dialectique masse/singularité : ce sera coton. Ne pas oublier : présence de la courbe de Gauss « dans le réel ». Conséquence : un petit nombre d’envois sera non conforme, et se perdra ; or, la grande majorité des auteurs est névrosée, même s’ils sont en voie d’apaisement passionnel ; donc, à prévoir : protestations et interprétations à tire-larigot. Plus : sélection en perspective. Aïe ! souffrances en vue. Résultat prévisible : ayant fonctionné jusqu’ici comme « presse-citron » (mot que vient de me dire P* sur le divan), je vais passer à occuper pour l’Ecole la place de son Autre méchant. Problème : comment assurer la fonction LSD (lecture, sélection, distribution, des travaux) tout en restant l’Autre gentil que j’étais à l’époque « projets » ? ou, du moins, l’Autre de bonne volonté. Une volonté bonne ? Kant ? Avec Sade. Bonne volonté = volonté de jouissance = volonté de faire jouir l’Ecole = volonté de jouir de l’Ecole. Point de jouissance, point de suisse (variation sur Clément Marot). « Quand tu ne peux jouir d’elle, la voir t’attriste », j’ai fait hier cette interprétation. Journées = jaculation, orgasme annuel de l’Ecole. L’Ecole peut parfaitement jouir d’un Autre méchant : cf. l’Ecole freudienne de Paris et Lacan (« je n’ai jamais dit que j’avais de bonnes intentions »). Je suis évidemment doté, moi aussi, d’un tempérament tyrannique - absolu, autoritaire, et surtout colérique, trait du tyran dans le théâtre grec, cf. l’excellent Diego Lanza, « Le tyran et son public » - mais j’en transfère les propriétés à plus grand que moi : à Lacan, et, au-delà de lui, à la Raison - d’où la postulation, néo-spinoziste en effet, de ma politique institutionnelle, comme l’a bien vu Cynthia hier. Hum… peut-être ne suis-je pas assez voisin de ma propre méchanceté… Tout de même, Freud croyait à « la voix de la raison ». Lacan : « ou la raison depuis Freud », titre alternatif de « L’instance de la lettre ». J’obéis toujours ( ?) à la déesse Raison (figure de mon surmoi), cad à la femme despotique qui est derrière l’impératif catégorique (Juvénal). Elle exige de moi : « Démontre ! ». C’est ma version du : « Jouis ! » L’orgasme comme CQFD. « Donc, se jouit ». Démonstration = jouissance. Stendhal : « tout bon raisonnement offense » ; Jam : tout bon raisonnement fait jouir. Qui jouit ? la déesse Raison ; l’Ecole qui idéalement l’incarne ; moi par la même occasion. Scilicet : tu peux savoir… Comment dire en latin : tu peux jouir de l’Ecole ? Schola gaudere tibi licet ? Conclusion : je dois commencer par démontrer à l’Ecole que je suis un Autre de bonne volonté dans l’organisation pratique des Journées. Donc : discuter dans le JJ les options qui s’offrent ; faire entrer dans mes raisons le public, et non pas seulement « l’équipe technique » recrutée par le Directoire ; faire participer chacun à mes choix. But : démontrer que ce n’est pas moi qui choisis - mon moi avec ses préjugés, son arrogance, son impatience, son âge - c’est la Déesse. Pour moi, la Raison est femme - une femme qui serait sans caprice. « Ah ! Qu’il serait beau de jouir d’une femme qui serait sans caprice ! » Une femme sans caprice, rationnelle de part en part, serait-elle encore une femme ? Plutôt l’Eve future de Villiers, qui fait « pâlir le désir », dit Lacan. Bon, en fait, j’aime qu’une femme ait de petits caprices, comme la belle Z*, qui irritent, provoquent - mais pas des grands, qui emm... Même Pallas Athéna, la travailleuse, la déesse de bon conseil, protectrice des peuples qui vont au combat, a des caprices. Quand la déesse Raison opère, une communauté peut se soumettre aux règles, à ses « statuts », sans intimidation, humiliation, tristesse - dans la « joie », au sens de Spinoza. Alors, c’est tous les jours dimanche. Divertissement, fête, carnaval. Versailles. Les Journées = les Plaisirs de l’Île enchantée. Comité scientifique = Comité des fêtes. Pour Z*, qui sait ce qu’elle veut, les Journées sont une occasion de faire des rencontres : j’ai dit non, très peu pour moi. C’est elle qui a raison. Interprétation : les jeunes du Champ freudien aspirent à se former en génération. C’est légitime. Il convient – decet – de leur faciliter ça, puisque l’avenir de la psychanalyse, n’est-ce pas, c’est la jeunesse, et non pas ces vieux c… qui la tiennent en main, comme nous l’a rappelé hier depuis Caracas, et non sans arrogance, ma collègue et amie, la spirituelle Raquel, entr’aperçue en 2000 à Buenos Aires. Mais pour qu’il y ait génération, il faut qu’il y ait événement. Sinon, c’est génération zéro. Donc, faire événement, c’est l’enjeu des Journées. Tâche : leur inventer un déroulement à la fois rationnel et festif. Par exemple, à l’ouverture des Journées, je verrai, plutôt qu’un discours, un acrobate, un jongleur, un funambule - est-il encore temps ? Consulter Anne Ganivet, la femme-ressource de l’Ecole. La Raison depuis Freud est rieuse, cf. le livre du Witz, cf. aussi l’humour anglo-saxon des philosophes logiciens, Russel, sacré cavaleur par ailleurs, ou Quine, lui puritain, il semble. Wittgenstein ? son « infernale ironie ». La bureaucratie ? elle régit au nom de la raison, mais elle est tout sauf rationnelle : silence, dissimulation, mépris, favoritisme, terreur - et confusion secrète. Le jeune Staline était en somme un joyeux drille, poète, séducteur, aventurier (cf. l’extraordinaire « Young Stalin », de Simon Sebag Montefiore), il a mal tourné. Mardi, j’ai rencontré un Turc dont la grand-mère avait dansé avec Ataturk ; son mari, un général, l’avait ramené vite fait à la maison, l’homme à la poigne de fer, qui inventa un pays, ayant un cœur d’amadou. Discipline : l’adresse au public ; interactivité constante (merci, Internet) ; discuter tous les arguments, un par un ; « que nul n’entre ici s’il n’est géomètre » = raisonne ; et : quiconque raisonne a ici sa place ; pas de privilège, pas de piédestal portatif ; ni infatués, ni princesses ; seule noblesse : travail et raison + colonne vertébrale. Travail : cette communauté travaille, c’est ce qui manque le moins. Raison : cette communauté est hautement ritualisée, rompue à d’innombrables automata jamais questionnés ; donc, elle ne raisonne pas ; mais elle respecte la raison, et peut être incitée à raisonner ; c’est mon pari. Colonne vertébrale : ah ! c’est ce qui manque le plus. Problème : comment greffer à l’Ecole une colonne vertébrale ? Contrairement à ce que, hier, H* m’a soudainement crié aux oreille, je ne demande nullement qu’on se soumette, qu’on soit docile : derrière chacun de mes choix, il y a des arguments ; si on demande à voir, je sors mon revolver à arguments : « Pan ! Poum ! ». C’est l’essence de mon problème avec H* : tout bon raisonnement sadise. Memento : la tyrannie de la Raison reste une tyrannie. C’est la poursuite de la tyrannie par d’autres moyens. C’est une tyrannie bien pire que le pouvoir personnel, puisque exercée au nom de 2+2=4, cad d’une fonction blocale, irréfutable, on doit s’incliner. Donc, toujours respecter l’objection hystérique, proche, ici, de la position Bartleby , « I prefer not to », cad le refus non motivé, le non pour le non, le caprice absolu. « 2+2 ? Je préfère ne pas dire 4 ». On a le droit. Cf. le cardinal Newman, sa Grammar of Assent, citée par Lacan - livre prêté jadis à mon copain Juanqui, de Buenos Aires, qui me l’a rendu, avis rara - et Wittgenstein, justement, ses Remarques sur le fondement des mathématiques. Oui, j’ai toujours le droit d’envoyer bouler l’Autre, quand il m’envahit avec ses bonnes, forcément bonnes raisons. Argu-ment : tout bon raisonnement ment. Bartleby, identification à l’objet a déchet. C’est : « I prefer no to - live ». Plutôt mourir. « La bourse ou la vie ? » - « Je choisis la mort ! » Bartleby incarne la pulsion de mort. Son acte propre est un acte suicide = ne rien vouloir savoir = refus de l’inconscient, d’y aller voir. Bref, c’est légitime, mais c’est à l’opposé du thème de ces Journées. Objection : l’inconscient ne démontre pas, il ne raisonne pas, il montre et il résonne. Réponse : mais il se démontre, et on raisonne sur lui, car c’est un savoir , supposé sans doute, mais un savoir néanmoins. Bref, suffit comme ça, pas de tergiversation, se remettre à l’ouvrage : il faut que je me décide à raisonner à nouveaux frais l’organisation pratique de ces Journées au Palais des Congrès, et la LSD des travaux. Tout repenser ; table rase ; les compteurs à zéro ; comme dit Lacan quelque part, « faire néant des habitudes ». Suite demain, si inspiré - et si ça plaît, ce débagoulage néo-analysant.
INFORMATIONS ET COMMUNIQUES
Communiqué aux membres de l’ECF :
Renouvellement des membres du Conseil et des Cartels de la passe (2010-2011)
Cher(e)s collègues,
Les Journées de l’École de la Cause freudienne sont proches. L’Assemblée Générale de l’École de la Cause freudienne aura lieu le samedi 7 novembre 2009, de 20h à 23h, dans l’amphithéâtre “Bordeaux” du Palais des Congrès de la Porte Maillot à Paris. Il est rappelé que, si vous êtes candidat(e) pour être membre du Conseil ou de l’un des deux Cartels de la passe, vous devez adresser votre candidature au Directoire de l’École de la Cause freudienne avant le 7 octobre minuit.
Dans le cas où vous seriez candidat(e) pour être membre du Conseil, vous êtes invité(e) à adresser au Directoire, et à Jacques-Alain Miller pour le *Journal des Journées*, un argument de candidature. Il est temps de se hâter.
Bien cordialement à vous, Pierre Naveau, pour le Directoire de l’ECF.
(Ce texte a été diffusé hier sur la liste interne de l’ECF, ecf-débats.)
ELECTIONS A L’ECF
Les textes de cette rubrique sont publiés dans leur ordre d’arrivée à l’adresse jam@lacanian.net Après Agnès Aflalo et Francesca Biagi-Chai, à paraître : textes de Jean-Daniel Matet, Dominique Holvoet, Anne Ganivet-Poumellec, Nathalie Georges, candidats au Conseil de l’ECF. Ci-dessous, texte de Philippe De Georges, candidat au Conseil.
Philippe De Georges : Les égrégaires conviviaux
J’assiste avec plaisir à l’effervescence suscitée par le thème des prochaines Journées d’Automne de l’Ecole. Tout ce qu’annonce le Journal des journées confirme la fécondité d’un pari sur l’évènement et sur la nouveauté. Je n’ai pas trouvé de Witz qui me permette de proposer la moindre intervention qui relève le gant de la question pourtant essentielle que Jacques-Alain Miller nous pose. Chercher pourquoi, ce serait déjà répondre. J’ai pris tranquillement le fait que « ce n’était pas pour cette fois ». Mon démon a droit aux vacances, et voir tant de collègues moins habitués des tribunes du Palais des Congrès s’emparer de cette offre et « l’ouvrir » suffisait à mon bonheur.
Mais Jacques-Alain Miller propose une session de rattrapage pour apparatchiks anciens ou nouveaux : il invite les candidats au Conseil à dire quelque chose de ce qui les pousse à postuler : « Candidater, ça vous démange, ou ça vous chatouille ? » N’est-ce pas une façon de dire qu’il y a là quelque chose qui n’est pas étranger à « l’inconscient, dont vous êtes sujet… » ?
Nous avons retenu que chaque membre de l’Ecole a à s’en sentir responsable ; ça trouve en moi l’écho de quelque idéal et de quelques exigences : Je préfère l’intranquillité de ceux qui ont les mains sales au confort du sleeping member.
Parmi les textes publiés dans le Journal, J’ai particulièrement aimé celui de Marco Mauas : « Un analyste doit subir le Herem comme de structure », dit-il. Il parle des analystes d’Israël, mais cela vaut pour toute la Diaspora analytique. C’était la position de Freud, « juif pour les chrétiens, et chrétien pour les juifs ». C’est aussi ce que soutenait Lacan, retenant dans le nom d’hérétique la signification du choix. Jacques-Alain Miller avait employé l’oxymore de foule solitaire, pour définir la « communauté » susceptible de s’agréger, à partir d’individus aussi peu grégaires.
Il convient pourtant de faire vivre cette communauté, et plus concrètement l’Ecole que Lacan avait adopté. Elle a les statuts d’une association d’utilité publique, qui font état d’un conseil élu par son assemblée.
Il y a l’organe, Conseil. Quelle est sa fonction ? Les nouveaux statuts ont permis de donner à l’Ecole un nouveau cours politique, avec un exécutif clairement situé, incarné par le président, secondé par l’équipe restreinte (élue par le Conseil) qu’on appelle à nouveau Directoire. Nous y avons gagné en efficacité et en cohérence. Mais les tâches du Conseil restent à inventer, et son style. Est-ce l’équivalent du Conseil d’Administration d’une PME, une chambre d’enregistrement, une sorte de Sénat romain, de Conseil constitutionnel ou de comité des Sages ? On imagine en effet très bien douze collègues siégeant au calme, tous anciens AE ou anciens présidents de l’Ecole, vêtus, comme il se doit, de probité candide et de lin blanc. On les verrait, donnant l’Imprimatur et le Nihil obstat, vérifiant les comptes et délivrant de temps en temps quelques imprécations…Mais les statuts comme l’usage supposent que le Conseil, représentant de l’Assemblée, reflète ce qui fait la diversité et la richesse de l’Ecole. Son centre et son cœur sont à Paris. Mais il y a plus de vingt régions et autant de collèges locaux où vit aussi la psychanalyse d’orientation lacanienne. Il est souhaitable que le Conseil contiennent quelques collègues qui connaissent la vie de ces régions, des ACF, des Sections cliniques, des groupes périphériques du Champ freudien.
Je n’en appelle pas à la France profonde, aux vrais gens, à la glèbe et au sillon, je ne chante pas les louanges du terroir, ni les cigales et l’accent du Midi (que je n’ai pas), mais à ce qu’on appelle en politique le terrain, et la représentation. Le Conseil est nécessairement hétéroclite, faisant série d’Achille Talon à Zorglub, d’Alice (aux pays des merveilles) à Zebulon…
Je me propose à nouveau pour être l’un de cette série.
Messages personnels
M. Miller, tout le mode ne sait pas forcément ce que c’est que l’ère Meiji…
Mais tout le monde sait que nous vivons à l’ère Wikipedia. Tapez donc voir <ère Meiji> sur http://fr.wikipedia.org/wiki/
Questions sur l’envoi des travaux: Dominique, domiller@hotmail.fr
Problèmes avec l’inscription aux Journées : Francesca, bia.chai@free.fr
Plaintes, protestations, concernant la préparation des Journées : Hugo, hfreda@free.fr
Mise en vente à la Librairie des Journées : Anne, annedg@wanadoo.fr
Réception du Journal, liste de distribution : Philippe philelis@noos.fr
Journal en pdf : Dominique, dominique.holvoet@gmail.com
Direction des Journées : JA, jam@lacanian.net
Les Journées 38 ont lieu les 7 et 8 novembre prochains
à Paris, au Palais des Congrès
ECF 1 rue Huysmans paris 6è Tél. + 33 (0) 1 45 49 02 68
S’inscrire sur www.causefreudienne.org
diffusé sur ecf-messager et sur forumpsy
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