Bulletin électronique des cartels de l’ECF
i 4+1 se veut un bulletin résolument hors série. On connaissait les morceaux choisis, eh ! bien on aura là plutôt des éléments décomplétés, des éclats, des flashs sur les avancées, les créations de repères des cartellisants. i 4+1 sera moyen de faire tourbillonner les témoignages d’embruns des vagues nées de l’agitateur de trouvailles qu’est le cartel sur les thèmes qui orientent et traversent l’École, sur les inventions, petites ou grandes, concernant les usages du cartel. Ces usages sont à revisiter à l’heure où l’École, les Sections cliniques, les ACF, les groupes du Champ freudien font valoir auprès d’un public élargi, hors de notre communauté, la clinique et l’éthique, le lien social que le discours analytique fait surgir.
Qui sont les auteurs d’i 4+1 ? Les cartellisants qui adressent leurs textes à la commission éditoriale composée de J.D Matet, P.Pernot, T.Vigneron. La curiosité des lecteurs est-elle mobilisée ? Ils pourront prendre contact directement avec les auteurs dont le mail est communiqué. Une piste pour de nouvelles formes d’inter-cartels ?
Quatre rubriques articulent ce premier envoi : * vers les Journées de l’ECF * les usages des cartels * les cartels fulgurants et le site Internet de l’ECF * l’agenda rendant compte des manifestations importantes dont vous nous ferez part en régions et à Paris. De cette rubrique est attendu qu’elle favorise de nouveaux modes d’échanges.
Les cartellisants qui souhaitent recevoir i 4+1 et ne sont pas abonnés aux listes ECFdébats et ecf-messager auront à nous communiquer leurs coordonnées.
P.Pernot
VERS LES JOURNÉES DE L’ÉCOLE LE RAPPORT SEXUEL AU XXIÈME SIÈCLE
En ACF-IdF, deux cartels express préparent les Journées des 12 et 13 octobre sur le rapport sexuel au XXI° siècle.
Marie-Hélène Blancard, Plus-Un de l’un d’eux, oriente la construction des cas à partir de l’interrogation sur l’invention sintomatique comme solution d’écriture du rapport sexuel qu’il n’y a pas. Elle en témoigne ainsi :
Des couples et des symptômes
« L’expérience de la psychanalyse nous permet de saisir les nouveaux semblants qui président
à la rencontre amoureuse, comme autant de suppléances à l’absence de rapport sexuel. L’amour n’est pas toujours ce qui fait lien dans un couple, parfois c’est un contrat de jouissance qui signe le partenariat (…) les modalités nouvelles de rencontre du partenaire, le choix d’un objet sélectionné selon des critères objectifs, les pratiques du corps, l’abstinence sexuelle, l’impuissance, etc.,sont comme autant de manières de faire avec le phallus défaillant ou absent …». Lire l’article page 3.
Catherine Bonningue, Plus-Un du second cartel express suit, chez Lacan , le passage du « pas d’acte sexuel » au « il n’y a pas de rapport sexuel ». Ses indications, qui comprennent les commentaires de J-A Miller sur ce point, ont guidé la présentation des cas construits par les cartellisants avec lesquels vous pouvez débattre.
Acte et rapport
« Avant de formuler Il n’y a pas de rapport sexuel, Lacan avait énoncé Il n’y a pas d’acte sexuel. Nous verrons que J-A Miller les fait d’une certaine façon équivaloir. (…)Voici quelques références de Lacan sur la notion de l’acte sexuel, que l’on retrouve également tout au long du Séminaire XIV. (…)Dans « L’acte psychanalytique », Lacan aborde la question de l’acte sexuel.(…). Dans « Cause et consentement », le 23 mars 1988, J-A Miller souligne … » Lire l’article page 4.
Marie-Odile Nicolas rapproche la hantise du vide juridique, démon contemporain, de la béance de l’impossibilité d’inscrire le rapport sexuel dans la structure.
Le rapport n’est pas la loi.
«… Lacan met en évidence qu’à la place du rapport qui ne peut s’écrire s’est logée la loi sexuelle – œdipienne dans notre culture. Là où il y a une béance au regard de la jouissance, la culture, la société, met la loi – cf. le "vide juridique", démon du XXIème siècle qu’il faut combattre sans relâche – ou le mythe … ». Lire l’article page 6.
LES USAGES DES CARTELS
Adela Bande-Alcantud, déléguée aux cartels de l’ACF-IdF, propose cette réflexion sur les cartels express.
Du cartel fulgurant au cartel-express
« L’intérêt du cartel (…) se voit redoublé par la fonction de la hâte dans les cartels-express (…) préparatoires aux Journées; la dissolution du cartel étant fixée à l’avance, chacun saisit à sa façon une contingence … ». Lire l’article page 6.
S’inscrivant à la suite des critiques de Lacan contre le behaviorisme, Winnicott, en 1969 déclarait la guerre contre le comportementalisme anglais.
Le début du XXIème siècle mondialise cette guerre (« il faudra la guerre et la guerre sera politique comme entre une dictature et la démocratie » annonçait Winnicott). cf. Quarto n° 85, pp.12-13
Comment utilisons-nous le cartel pour faire valoir, hors de notre École, « les devoirs [de la psychanalyse] dans les termes qui sauvegardent les principes de la vérité » ?
Michèle Astier adresse ces précisions.
Le cartel, un outil politique pour la psychanalyse
« Le cartel est une invention qui s’enracine dans la victoire anglaise de la seconde guerre mondiale, victoire due à la position éthique « d’un rapport (…) au réel ». Les anglais se sont référés à la sociologie des petits groupes (…). Lacan s’enseigne de cet envers d’un idéal référé à un chef pour « sauvegarder les principes de la vérité »…. Lire l’article page 7.
LE SITE INTERNET DE L’ÉCOLE ET LES CARTELS FULGURANTS
Le site internet de l’École évolue. Sur des problématiques fondamentales de la psychanalyse quiconque consultera ce site pourra trouver des éclairages témoignant de ce que l’orientation lacanienne peut apporter au public. Des textes seront proposés par des cartels fulgurants. Certains sont déjà constitués sur les thèmes … Lire la suite page 8.
AGENDAViennent d’avoir lieu
* ACF-IdF . Après-midi préparatoire aux Journées de l’ECF, animée par les cartels express, 20 septembre 2008.
Prendre contact avec Bernard Jothy bernardjothy@hotmail.fr
* ACF-VLB. « De l’utilité des cartels ; ses usages ». Après-midi des cartels et tirage au sort. Prendre contact avec Jeanne Joucla jeanne-joucla@wanadoo.fr
Claude Oger claude.oger@wanadoo.fr
* ACF Aquitania. Journée de rentrée des cartels. 20 septembre à Bordeaux.
Contact : Christiane Siret csiret@wanadoo.fr
Sont prévus
* ACF Esterel Côte d’Azur. Jeudi 2 octobre à Nice.
Contact : Chantal Bonneau bonneau5.chantal@orange.fr
* ACF Rhône Alpes. Montélimar le 2 octobre. Grenoble le 9 octobre. Lyon le 21 octobre.
Contact : P.Michel vp.michel@wanadoo.fr
* ACF Midi Pyrénées. 15 novembre à Toulouse
Contact : Chantal Simonetti simodau@wanadoo.fr
@@@@@@@@@@@@@@@@@@@@@@@@@@@@@@@@@@@@@
Marie-Hélène Blancard Des couples et des symptômes
L’expérience de la psychanalyse nous permet de saisir les nouveaux semblants qui président à la rencontre amoureuse, comme autant de suppléances à l’absence de rapport sexuel. L’amour n’est pas toujours ce qui fait lien dans un couple, parfois c’est un contrat de jouissance qui signe le partenariat. De tels liens, consentis, assumés, n’assurent cependant pas une identité définie car, comme le dit J. Lacan, « … aucun acte de copulation ne peut délivrer au sujet la certitude d'appartenir à un sexe ».
Quel que soit son rapport au phallus, le sujet névrosé est dans l’impossibilité de penser le rapport à l’Autre sexe, comme de jouir du corps de l’Autre. Le non-rapport sexuel souligne l’absence dans l’inconscient du signifiant de "La" Femme, mais aussi l’importance du fantasme qui, par l’entremise de l’objet (a), vient suppléer cette absence et permettre la rencontre avec le partenaire. En revanche, le sujet psychotique est contraint d’inventer à chaque fois une solution originale qui lui permette de pallier le défaut de la signification phallique.
Nous interrogeons tout ce qui, dans la vie d’un sujet, peut faire symptôme contemporain :
les modalités nouvelles de rencontre du partenaire, le choix d’un objet sélectionné selon des critères objectifs, les pratiques du corps, l’abstinence sexuelle, l’impuissance, etc., comme autant de manières de faire avec le phallus défaillant ou absent. La clinique nous sert à situer le cadre fantasmatique et les coordonnées signifiantes déterminant un choix d’objet pour un sujet. Les cas seront exposés selon les axes de contingence, de singularité et d’invention, indiqués par Jacques-Alain Miller.
(1) (2) Miller J-A.,La Lettre mensuelle n° 225.
Plus-un : Marie-Hélène Blancard, mhblancard@orange.fr ,
Eliane Calvet, ecalvet@cegetel.net
Marguerite Ginestet, marguerite.ginestet@wanadoo.fr
Miguel Urrutia, miguelazo2@yahoo.fr
Corinne Prugnaud, cprugnaud@wanadoo.fr
Catherine Bonningue Acte et rapport
Avant de formuler Il n’y a pas de rapport sexuel, Lacan avait énoncé Il n’y a pas d’acte sexuel. Nous verrons que J-A Miller les fait d’une certaine façon équivaloir.
Voici quelques références de Lacan sur la notion de l’acte sexuel, que l’on retrouve également tout le long du Séminaire XIV. Lacan commence à évoquer l’acte sexuel dans le Séminaire « La logique du fantasme ».
Dans Mon enseignement, page 32 : « La sexualité fait trou dans la vérité. La sexualité est justement le terrain où on ne sait pas sur quel pied danser à propos de ce qui est vrai. Un acte, ce n’est pas simplement quelque chose qui vous sort comme ça, une décharge motrice […]. On se demande dans cette relation [sexuelle], quand on est un homme par exemple, si on est vraiment un homme, ou pour une femme, si on est vraiment une femme. […] Quand je parle d’un trou dans la vérité, […] c’est l’aspect négatif qui apparaît dans ce qui est du sexuel, justement de son inaptitude à s’avérer. C’est de ça qu’il s’agit dans une psychanalyse. »
À Yale University, en 1975 : « La soi-disant fondamentale sexualité de Freud consiste à remarquer que tout ce qui a affaire avec le sexe est toujours raté. […] Le ratage lui-même peut être défini comme ce qui est sexuel dans tout acte humain. C’est pourquoi il y a tant d’actes manqués. Freud a parfaitement indiqué qu’un acte manqué a toujours affaire avec le sexe. L’acte manqué par excellence est précisément l’acte sexuel. […] C’est ce dont toujours les gens parlent. »
Lacan commence à évoquer l’acte sexuel dans le Séminaire « La logique du fantasme ». Le 22 février 1967, le 12 avril 1967, il déclare successivement : « le grand secret de la psychanalyse c’est qu’il n’y a pas d’acte sexuel. (…). Y a-t-il dans l’acte sexuel, ce quelque chose où selon la même forme le sujet s’inscrirait comme sexué instaurant du même acte sa conjonction au sujet du sexe qu’on appelle opposé ? » Puis : « J’effacerai ce que j’ai dit du grand secret […]en ceci, justement, que ce n’est pas un grand secret, que c’est patent, que l’inconscient ne cesse de le crier à tue-tête […]si nous le répétons avec lui on ne viendra plus nous trouver ! Ah quoi bon, s’il n’y a pas d’acte sexuel ? Alors on met l’accent sur le fait qu’il y a de la sexualité, en effet, c’est bien parce qu’il y a de la sexualité qu’il n’y a pas d’acte sexuel. »
Dans « L’acte psychanalytique », Lacan aborde la question de l’acte sexuel et de l’acte psychanalytique le 15 novembre 1967, puis le 22 novembre 1967, il parle du « caractère irréductible de l’acte sexuel à toute réalisation véridique. » Le 10 janvier 1968, il évoque la béance propre à l’acte sexuel et le 17 janvier 1968, il remarque: « Il n’est pas de réalisation subjective possible du sujet comme élément, comme partenaire sexué dans ce qui s’imagine comme unification dans l’acte sexuel. »
Dans le Séminaire XVI, à la page 207 : « […] À prendre acte dans l’accent structural où seul il subsiste, nous pouvons énoncer qu’il n’y a pas d’acte sexuel. » Page 277 : « […]il n’y a rien de structurable qui soit proprement l’acte sexuel. » Page 346 : « […] Il n’y a pas d’acte sexuel, au sens où cet acte serait celui d’un juste rapport, et, inversement, il n’y a que l’acte sexuel, au sens où il n’y a que l’acte, pour faire le rapport. » «[…] la dimension […]de l’acte sexuel […]c’est l’échec. C’est pour cette raison qu’au cœur du rapport sexuel, il y a dans la psychanalyse ce qui s’appelle la castration. »
Dans le Séminaire XVIII, pages 33 et 37, Lacan nous dit aborder Il n’y a pas d’acte sexuel sous un autre angle : « Dire que la chose ne peut s’écrire que l’achose veut dire qu’elle est absente là où elle tient sa place. Ou, plus exactement, que, une fois ôté, l’objet petit a qui tient cette place n’y laisse, à cette place, que l’acte sexuel tel que je l’accentue, c’est-à-dire la castration. »
Voyons maintenant ce que nous en dit J-A Miller dans son cours l’Orientation lacanienne.
Dans « Des réponses du réel », le 20 juin 1984, il note que ce qu’avance Lacan avec Il n’y a pas d’acte sexuel, est que « l’acte sexuel n’est pas de nature à engendrer dans le sujet la certitude ». Plus loin, il souligne que Lacan nous a donné « les mathèmes de deux sexuations distinctes, mais pas le mathème de l’acte sexuel, ni non plus celui du rapport sexuel. Le rapport sexuel serait le mathème qui pourrait s’écrire de l’acte s’il y en avait un. »
Dans « 1, 2, 3, 4 », le 29 mai 1985, J-A Miller revient sur le lien entre ces deux formules lacaniennes : « Il n’y a pas d’acte sexuel présage Il n’y a pas de rapport sexuel. »
Dans « Extimité », le 9 avril 1986, il précise : « Lacan a corrigé ce Il n’y a que l’acte sexuel d’un Il n’y a pas d’acte sexuel. […]C’est bien parce que l’acte sexuel ne délivre pas une certitude d’identité sexuelle, que Lacan en abandonnera la formule pour mettre en fonction le rapport sexuel. L’acte, en effet, vaut la certitude. »
Dans « Cause et consentement », le 23 mars 1988, J-A Miller souligne que chez l’homme aux loups l’observation de l’acte sexuel entre les parents gouverne les choix érotiques. Il ajoute : « Selon Freud, c’est à partir de ce qu’il pourrait bien avoir observé de l’acte sexuel entre ses parents, que le sujet cherche à se repérer sur ce que c’est qu’être un homme et sur ce que c’est qu’être une femme. »
Dans « De la nature des semblants », le 17 juin 1992, nous trouvons ce commentaire : « l’acte sexuel, est ce qui ferait qu’on arriverait au ergo sum sexuel par la voie de la relation sexuelle. » Mais « c’est la castration, non la copulation, qui apparaît le pivot, le foncteur de l’assomption sexuelle. »
Dans « Donc », le 22 juin 1994, il énonce « le mathème de la passe est une résolution de l’impasse de l’acte sexuel. La passe constitue une issue au regard de l’impasse qu’est l’inexistence de l’acte sexuel ». Il note à propos du cas Dora : « Le cas achoppe sur ce forçage de Freud qui s’imagine que de l’impasse pour Dora, c’est de se réaliser comme sujet dans l’acte sexuel. […] Chaque fois que Freud prône l’acte sexuel ou qu’il voit dans l’acte sexuel la solution de l’impasse du sujet, il maçonne cette identification phallique du sujet. »
Le 29 juin 1994 : « Lacan a […]affirmé qu’il y avait un acte qui peut toucher le rapport du sujet à la jouissance (la passe). » « Ce qui fonde ce qu’on appelle l’acte sexuel, c’est le transfert de jouissance du corps propre au corps de l’Autre. »
Dans « Une lecture de D’un Autre à l’autre », 3 mai 2006, 17 mai 2006, (La Cause freudienne n° 64 à 67) J-A Miller articule acte sexuel et défense : « L’acte sexuel ne répond pas pour le sujet à la question Suis-je homme ou femme ? […] Il prend Il n’y a que l’acte sexuel comme donnant la raison de toute défense. Lacan évoque ici que toute défense serait défense contre l’acte sexuel, ce dont on trouve l’écho dans D’un Autre à l’autre, lorsqu’il évoque une logistique de la défense. (Séminaire XVI page 230) Le savoir des pulsions suffit pour rendre problématique l’acte sexuel, dans la mesure où les pulsions sont capables de se satisfaire hors du but sexuel. […]Si l’acte subsiste comme sexuel, il ne peut pas faire le rapport sexuel, parce que c’est un acte toujours manqué, entendons toujours manqué à atteindre le point à l’infini de la jouissance. C’est pourquoi il donne à ce manqué de l’acte sexuel la présence, au cœur du rapport sexuel, de la castration, le a venant alors se substituer à la béance du rapport sexuel. »
Plus-Un : Catherine Bonningue catherine.bonningue@hotmail.fr
Michèle Bouvard michele.bouvard1@orange.fr
DamienGuyonnetdamien.guyonnet@free.fr
LaurenceHemmler laurehemmler@yahoo.fr l
MarcSchaffauser marcschaffauser@orange.fr
Marie-Odile Nicolas Le rapport n’est pas la loi.
Freud a inscrit la polarité sexuelle via le phallus, dans un l’avoir ou pas sur quoi s’échafaude le complexe d’Œdipe à partir de la loi du père. Mais Freud lui-même repère que sa théorie laisse ainsi de côté la sexualité féminine.
Lacan pose un « ça rate » entre les sexes : la dualité, en forme de complétude, du principe mâle et du principe femelle, ne peut se soutenir comme telle du fait de l’intrusion du phallus. « La fonction du phallus rend désormais intenable la bipolarité sexuelle, et intenable d’une façon qui volatilise littéralement ce qu’il en est de ce qui peut s’écrire de ce rapport ».(1)
Un rapport, cela s’écrit . S’il n’est pas possible d’écrire a→b c’est qu’il n’est pas possible d’écrire un rapport.
« Cette intrusion du phallus, […] ce n’est pas du manque de signifiant qu’il s’agit, mais de l’obstacle fait à un rapport ».(2)
Dans cet impossible d’écrire le rapport sexuel, Lacan met ici l’accent sur la fonction du phallus en tant qu’il a rapport avec la jouissance tant du petit garçon que de la petite fille. La jouissance phallique vaut pour les deux sexes, mais ne fait pas rapport entre les sexes. Elle y fait même obstacle. Lacan décentre la proposition freudienne l’avoir ou pas en l’être ou l’avoir, deux éléments de nature et de fonction différentes qu’il n’est pas possible de mettre en relation dans un rapport. Mais la jouissance phallique n’est pas le tout de la jouissance, il y en a une autre, supplémentaire parce que non bornée par un signifiant, la jouissance féminine.
Lacan met en évidence qu’à la place du rapport qui ne peut s’écrire s’est logée la loi sexuelle – œdipienne dans notre culture. Là où il y a une béance au regard de la jouissance, la culture, la société, met la loi – cf. le "vide juridique", démon du XXIème siècle qu’il faut combattre sans relâche – ou le mythe.
Ce qui ne peut s’écrire du rapport sexuel concerne la jouissance des corps sexués des êtres parlants. Puisqu’il n’y a pas d’universel de la jouissance entre deux partenaires, cela ouvre à « la contingence, à la singularité, à l’invention ».(3)
(1) Lacan J., Le Séminaire, Livre XVII, « d’un discours qui ne serait pas du semblant », p. 67, 1970/1971, Paris, Seuil, 2006.
(2) Lacan J., Ibid, p.67.
(3) Miller J.-A., « L’avenir du mycoplasma laboratorium », la Lettre mensuelle, n° 267, p. 11.
Marie-Odile Nicolas mo-nicolas@wanadoo.fr
Adela Bande-Alcantud Du cartel fulgurant au cartel-express
L’intérêt du cartel, dans la création des liens de travail pour l’étude de la psychanalyse dans l’ ACF-IdF, se voit redoublé par la fonction de la hâte dans les « cartels-express »(1). L’instant de voir, marqué par la considération du thème Le rapport sexuel au XXI° siècle, vient faire trou dans le savoir pour les onze membres de l’ACF- IdF prenant le pari du cartel pour élaborer à partir du réel du « il n’y a pas … ». Le moteur qui mobilise la recherche bibliographique et la construction de cas cliniques sur ce thème est en marche.
Le temps de comprendre se voit limité et borné à l’avance par la date d’envoi de l’argument d’un exposé à proposer aux Journées, par la date de l’après-midi préparatoire de l’ACF- IdF (3) où on exposera à ciel ouvert les produits des cartels, par les dates des diverses soirées préparatoires à l’ECF, à l’Envers de Paris, dans les autres ACF… , par la date des Journées elles-mêmes. Ces dates deviennent autant de possibles moments de conclure. Pour les cartellisants, le savoir dans le cartel, à l’envers de celui de l’inconscient, est un savoir qui réveille. Chaque cartellisant à partir du savoir textuel acquis par nos lectures prend position en le mettant, ce savoir, à l’épreuve de l’acte de l’énonciation, tandis que le Plus-Un assure la décomplétude du groupe.
Lacan nous invite, au sein de son École , à faire usage de cet outil pour travailler en petit groupe, hors des effets de colle. Le cartel est solidaire de l’Autre qui n’existe pas et de la solution par l’acte, à la place même où le savoir défaille. Dans le cartel, l’acte d’énonciation peut faire moment de conclure sur la position du sujet face à son « je ne veux pas savoir ». Dans les cartel express préparatoires du thème des Journées, la dissolution du cartel étant fixée à l’avance, chacun saisit à sa façon une contingence qui lui permet de conclure par son énonciation. À la différence de la modalité de préparation des journées par l’invitation de quelques personnes qui exposent leur travail individuellement, l’expérience des deux cartels express dans l’ACF-IdF en 2007(3) nous avait déjà fait saisir l’efficacité d’un dispositif par lequel les liens se nouent, non pas à partir d’un savoir qui laisse de côté la question de la vérité, mais à partir de l’énonciation des cartellisants avec la part mi-dite de vérité qu’elle implique(4).
(1)Cartels fulgurants rebaptisés « express » dans l’ACF- IdF
(2) « Le temps logique et l’assertion de certitude anticipée », Écrits, p.197-213.
(3)Cartels préparatoires à Pipol 3 et aux Journées de l’ECF 2007
(4)Sur l’énonciation et son rapport à la vérité mi-dite dans le dernier enseignement de Lacan, voir J- A Miller in Le sinthôme, Le Séminaire, livre XXIII, p 236-238.
Adela Bande-Alcantud aba3@free.fr
Michèle Astier Le cartel, un outil politique pour la psychanalyse
Le cartel est une invention qui s’enracine dans la victoire anglaise de la seconde guerre mondiale, victoire due à la position éthique « d’un rapport véridique au réel »1.
À l’envers de sa Massenpsychology, Freud soulignait cette objection à la foule : comme l’amour, la névrose, « exerce sur la foule une action désagrégeante »2. Les anglais ont traité cette désagrégation en se référant à la sociologie des petits groupes. En 1945, Lacan s’enseigne « de cette révolution qui transporte tous nos problèmes à l’échelle collective » à l’envers de l’idéal unifiant référé à un chef. La fin du texte est prémonitoire : c’est une déclaration politique pour « sauvegarder les principes de la vérité » et répondre à ce qui s’annonce de « maniement concerté des images et des passions […] et autres « nouveaux abus de pouvoir » contre notre jugement, notre résolution, notre unité morale ».
C’est pour l’engagement dans son Ecole que Lacan invente le cartel en 1964, dans la note adjointe à l’Acte de fondation , après avoir précisé que cet acte « tient pour néant de simples habitudes ». Le cartel est un groupe sans chef pour une « expérience inaugurale » dont Lacan « laisse à chacun d’en découvrir les promesses et les écueils ». Mais il bute sur un « effet de colle »3 qui fait obstacle à l’élaboration et à la production. Ce à quoi Lacan répond par l’invention d’un « +1 » qui, d’être en plus, fait objection au Un du groupe, fait soustraction. Cette invention, directement issue de l’expérience, distingue le cartel des autres groupes : il porte la marque du discours du psychanalyste. C’est cette orientation que Lacan renouvelle en 1980 lorsqu’il fonde – encore – la Cause freudienne et « restaure […] l’organe de base repris de la fondation de l’Ecole, soit le cartel ».
Le cartel est orienté. Il ne fait pas l’impasse sur le réel. C’est l’outil que Lacan nous laisse pour renouveler l’inscription de la psychanalyse dans le monde.
(1) Lacan J ;, « La psychiatrie anglaise et la guerre », Autres écrits, p. 101 et suivantes.
(2) Freud S., Essais de psychanalyse, PBP, pp. 237-240.
(3) Lacan J., « D’écolage ».
Michèle Astier Michele.ASTIER@wanadoo.fr
Site de l’École
Certains des cartels fulgurants préparant des textes pour le site internet de l’École sont déjà constitués sur les thèmes :
- Qu’est-ce que l’inconscient ? Plus-Un :Catherine Bonningue
- Qu’est-ce qu’un psychanalyste ? Plus-Un : Rose-Paule Vinciguerra
- Le transfert . Plus-Un : Jean Claude Razavet
- Le phallus et l’objet a dans l’expérience analytique. Plus-Un : Yasmine Grasser
- Du sujet au parlêtre. Plus-Un : Pascal Pernot
- De l’Autre de la garantie à l’autre qui n’existe pas. Plus-Un : Jacqueline Dhéret - Du symptôme au sintome. Plus-Un : Nathalie Charraud
- RSI. Plus-Un : Alfredo Zenoni
- La psychanalyse et la science. Plus-Un : Gilles Chatenay
- Les mathèmes de Lacan. Plus-Un : Guy Briole
- Tout le monde délire. Plus-Un : Dominique Wintrebert
- Psychanalyse pure, psychanalyse appliquée. Plus-Un : Jean-François Cottes
- La grande affaire du traumatisme. Plus-Un : Éric Blumel
Adressez vos textes et agendas à pernotpascal@wanadoo.fr