JOURNAL DES JOURNÉES
Le vendredi 8 janvier 2010, édition de 15h 15
N° 80
« Qu’il connaisse bien la spire où son époque l’entraîne
dans l’œuvre continuée de Babel,
et qu’il sache sa fonction d’interprète dans la discorde des langages. »
Jacques Lacan, Ecrits, p. 321
Rappels
Le vendredi 8 janvier 2010, édition de 15h 15
N° 80
« Qu’il connaisse bien la spire où son époque l’entraîne
dans l’œuvre continuée de Babel,
et qu’il sache sa fonction d’interprète dans la discorde des langages. »
Jacques Lacan, Ecrits, p. 321
Rappels
- Les textes destinés au Journal sont à envoyer en document attaché, texte justifié, par mail uniquement, objet : JOURNAL, à l’adresse jam@lacanian.net
- Pour mon cours, les demandes sont à envoyer par mail uniquement, objet COURS, à l’adresse : n.marchaison@gmail.com (300 demandes parvenues à 14h 53).
- Conférence sur la passe (réservée aux 105 inscrits) : pour le déjeuner du dimanche 17, envoyez un chèque de 35 euros à l’ordre de « ECF », et l’adresser à ECF-Passe, 1, rue Huysmans, 75006 Paris, et ce avant lundi prochain.
- Forum du 7 février, « Évaluer tue », présidé par BHL : de 10h à 19h, à la Mutualité, 24, rue Saint-Victor, 75005 Paris.
- Pour mon cours, les demandes sont à envoyer par mail uniquement, objet COURS, à l’adresse : n.marchaison@gmail.com (300 demandes parvenues à 14h 53).
- Conférence sur la passe (réservée aux 105 inscrits) : pour le déjeuner du dimanche 17, envoyez un chèque de 35 euros à l’ordre de « ECF », et l’adresser à ECF-Passe, 1, rue Huysmans, 75006 Paris, et ce avant lundi prochain.
- Forum du 7 février, « Évaluer tue », présidé par BHL : de 10h à 19h, à la Mutualité, 24, rue Saint-Victor, 75005 Paris.
Clotilde Leguil, Lettre à Elisabeth Roudinesco
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LETTRES ET MESSAGES
Dominique Holvoet, Emoi particulier
Jean-Claude Trodaec, L’Ecole si agalmatique quand on a 26 ans
Marjorie Métayer, Franchise
Sarah Abitbol, En lisant le Journal des Journées
Philippe Hellebois, La question ni… ni…
Hebe Tizio, Psychologie des groupes
Yves Depelsenaire, Réponse à J.A. Miller
*
POLITIQUE DE L’AMP
Eric Laurent, Rapport moral du 24 janvier 2009
*
DÉBAT DE L’ÉCOLE UNE
Marco Focchi, Estela Paskvan, Maurizio Mazzotti,
Vilma Coccoz, José R. Ubieto, Montserrat Puig
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COURRIER DE RENNES
RÉPONSE À ELISABETH ROUDINESCO
par Clotilde leguil
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LETTRES ET MESSAGES
Dominique Holvoet, Emoi particulier
Jean-Claude Trodaec, L’Ecole si agalmatique quand on a 26 ans
Marjorie Métayer, Franchise
Sarah Abitbol, En lisant le Journal des Journées
Philippe Hellebois, La question ni… ni…
Hebe Tizio, Psychologie des groupes
Yves Depelsenaire, Réponse à J.A. Miller
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POLITIQUE DE L’AMP
Eric Laurent, Rapport moral du 24 janvier 2009
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DÉBAT DE L’ÉCOLE UNE
Marco Focchi, Estela Paskvan, Maurizio Mazzotti,
Vilma Coccoz, José R. Ubieto, Montserrat Puig
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COURRIER DE RENNES
RÉPONSE À ELISABETH ROUDINESCO
par Clotilde leguil
Réponse de à Elisabeth Roudinesco suite à son article sur les nouvelle traductions et révisions de Freud paru dans Le Monde des Livres du 8 janvier 2010
Madame,
Je suis surprise du ton sur lequel vous vous permettez de parler de mon travail de présentation des nouvelles traductions du Malaise dans la civilisation et de Totem et tabou dans Le Monde des Livres du 8 janvier 2010. En trois phrases, vous vous posez du côté du sérieux face à ma prétendue légèreté dans ces préfaces. Mon engagement dans la psychanalyse, depuis ma position de philosophe et de jeune psychanalyste, m’a conduite au contraire à prendre très au sérieux la demande qui m’était faite par les Editions du Seuil, de présenter ces œuvres toujours subversives et dont la portée n’a pas fini de produire des effets inattendus dans une civilisation prônant le bonheur sur commande et la rentabilité des conduites. Je ne crois pas qu’il soit interdit d’avoir une culture philosophique pour saisir les enjeux de la psychanalyse au XXIème siècle ni non plus de situer l’apport incomparable de Freud par rapport à ce qui l’a précédé du point de vue des idées. Il me semble que c’est au contraire lui rendre hommage de montrer que la route qu’il a tracée vers une certaine vérité n’avait pas été aperçue avant lui. Je ne vois vraiment pas où vous êtes allée dénicher ce « Freud naturaliste néokantien » dans mon interprétation de ces œuvres. Votre critique ne correspond pas aux exigences de clarté qui sont les miennes lorsque je parle du travail des autres. Je vois dans la façon dont vous balayez ce travail l’indice d’une suffisance qui ne m’est pas familière.
Madame,
Je suis surprise du ton sur lequel vous vous permettez de parler de mon travail de présentation des nouvelles traductions du Malaise dans la civilisation et de Totem et tabou dans Le Monde des Livres du 8 janvier 2010. En trois phrases, vous vous posez du côté du sérieux face à ma prétendue légèreté dans ces préfaces. Mon engagement dans la psychanalyse, depuis ma position de philosophe et de jeune psychanalyste, m’a conduite au contraire à prendre très au sérieux la demande qui m’était faite par les Editions du Seuil, de présenter ces œuvres toujours subversives et dont la portée n’a pas fini de produire des effets inattendus dans une civilisation prônant le bonheur sur commande et la rentabilité des conduites. Je ne crois pas qu’il soit interdit d’avoir une culture philosophique pour saisir les enjeux de la psychanalyse au XXIème siècle ni non plus de situer l’apport incomparable de Freud par rapport à ce qui l’a précédé du point de vue des idées. Il me semble que c’est au contraire lui rendre hommage de montrer que la route qu’il a tracée vers une certaine vérité n’avait pas été aperçue avant lui. Je ne vois vraiment pas où vous êtes allée dénicher ce « Freud naturaliste néokantien » dans mon interprétation de ces œuvres. Votre critique ne correspond pas aux exigences de clarté qui sont les miennes lorsque je parle du travail des autres. Je vois dans la façon dont vous balayez ce travail l’indice d’une suffisance qui ne m’est pas familière.
Attentivement, avec ma parfaite considération,
Clotilde Leguil
le calendrier pour les journées de Rennes, établi par Jacques-Alain Miller, est consultable sur le blog de Rennes, en page d’accueil :
Clotilde Leguil
LETTRES ET MESSAGES
Dominique Holvoet, Emoi particulier
Je ne sais pas exactement pourquoi mais ma lecture - pourtant rapide, vive comme un poisson qui fraye dans son bocal avec un soudain désir d'en sortir pour aller vers la haute mer, comme le Nemo du dessin animé - de votre réponse à Yves Depelsenaire et surtout la petite suite du 79 sur le "suivisme" a produit chez moi un émoi particulier, avec l'idée que là, avec le témoignage de Guillaume Roy en épingle, on était vraiment dans l'ECF 3, dans la psychanalyse et son avenir tel qu'il se dessine entre les lignes de votre extraordinaire Journal des Journées.
[Extraordianire ? Il est utile, voire même nécessaire. Mais je ne puis tout de même pas poursuivre comme ça indéfiniment, cela me prend trop de temps. Comment faire ?]
Jean-Claude Trodaec, L’Ecole si agalmatique quand on a 26 ans
M. Miller, vous posez une vraie question : pourquoi L’Ecole de la Cause Freudienne, est-elle si agalmatique en 2010 pour un jeune (de 26 ans) ? J’essaie d’y répondre, « comme une flèche », comme vous dites :
Car en effet cette Ecole est importante à mes yeux.
A l’âge de 14 ans : Contexte familial douteux, échec scolaire, etc… je rencontre un ami, cher, dont les parents sont psychologues et membres d’une ACF. Un jour où je circule chez eux, et regarde attentivement un livre nommé Le Séminaire de Jacques Lacan, Livre X, L’angoisse, je suis comme attiré par la fourmi et le signifiant « angoisse ». Comme une belle photographie, l’image du livre reste dans ma mémoire. Puis une affiche, dans la cuisine, (j’allais souvent chez eux, j’en profite pour les remercier !), d’une Journée de l’Ecole, portant le signifiant : « désir » (je ne me rappelle plus du titre en entier). Dernier point du souvenir, un jour, je me mets à parler à un des parents de mes problèmes d’ado avec les filles, toujours dans cette cuisine. Je suis surpris que ce ne soit pas de mes parents que je parle, des difficultés que je fuyais en venant chez eux. Ce fut très particulier, comme si c’était le moment où le Sujet-Supposé-Savoir se mettait en marche chez moi, puisque j’adressais quelque chose pour la première fois à un autre du savoir. D’ailleurs précisément au moment où je suis surpris de mon énoncé. J’ai parlé longtemps ce jour-là. Durant cette première séance, aucune interprétation, aucun conseil, aucune phrase de réconfort : juste le silence de l’écoute. J’avais été entendu. Cela restera très fort chez moi : une vraie écoute. Ce rapport à la psychanalyse naissant, nouée immédiatement à celui de l’Ecole, je m’en rappelais lorsque quelques années plus tard, je souffrais effectivement d’angoisse, j’allais voir un analyste, membre de l’ECF.
Pour l’écoute et la surprise.
Puis la fac de psycho, à Rennes 2, j’y vais pour la psychanalyse, je rencontre au bout de trois ans l’Ahnon !, mené par Caroline Pauthe-Leduc, intervenante aux journées, qui défend alors cet enseignement, informe, humorise, tout ça avec finesse, je m’inscris, activement. Puis Laetitia Belle, intervenante également, maitre de conférence à Rennes 2, nous propose à la fin d’un TD l’idée du cartel : « On peut ? », répond le petit groupe de psychanalysant dans lequel je suis. Elle avait entendu quelque chose de notre désir de travail.
Puis je rentre à la Section Clinique au bout de quatre ans, et découvre l’enseignement des ACF.
Ce moment correspond effectivement, comme vous le dites Mr Miller, aux Forums des psys. J’y vais pour et avec l’Ahnon ! qui se fait entendre par le biais de Carole Pineau, alors Présidente, encore une fois, nous sommes entendus.
Puis le forum de Rennes, nous y sommes invités par Roger Cassin, l’Ahnon ! se fait entendre par le biais d’un texte auquel je me suis fortement impliqué. Nous sommes dans la publication du recueil. Nous sommes entendus à nouveau.
Dernièrement une belle rencontre avec Yann Divry, et sa revue Sigma, nouvellement entrée sur le site de l’Ecole, au moment où ce dernier me propose d’écrire et de m’occuper de la diffusion. Encore entendu.
Puis un projet, en suspens actuellement, envoyé à un membre actif de l’ECF, Fabien Grasser, qui m’a soutenu, accusé réception, m’a relancé. Entendu.
Alors qu’en dire de l’accueil de la froide Ecole ?
Bien sûr, elle fascine, par son faible nombre de membre, au regard du nombre de sympathisant. Je me dis qu’un jour j’en serais membre, car c’est prestigieux l’Ecole, on y rentre pas comme ça. Je croyais d’ailleurs, jusqu’aux dernières Journées et JJ, que seule la passe, pouvait y mener. C’est du moins comme cela que j’entends la Proposition d’octobre où Lacan en créant son Ecole crée la passe, comme concept clef, indissociable pour en faire partie. Ainsi, il faut comprendre que je ne dissocie pas Lacan de l’ECF.
Je peux supposer que je ne suis pas seul, parmi les jeunes, dans ce cas là. Comment cela a-t-il réussi à perdurer pour autant de monde ? Comme la fidèle Ecole de Platon, et de ses successeurs.
Car très tôt, en licence, auprès d’un autre étudiant, isolé, allant dans une autre école contre l’Ecole, Lacan et Miller, je me suis surpris à défendre ces trois noms propres (sans vraiment les connaître). Pourquoi ? Pourquoi « JAM », si connu était si critiqué ? même gentiment dans l’ECF ? C’était au bout de 5 ans, en master 2. Je me suis jeté dans votre cours, lu le Neveu de Lacan, cherchant vos articles dans la Cause Freudienne, Quarto etc… Enfin, un autre jeune hostile à l’Ecole disait que dans d’autres écoles et ailleurs, tout le monde lisait du Miller, sous le manteau…
J’ai été surpris, là encore, de la clarté de votre propos sur Lacan. Cela m’aiguillait dans un stage en psychiatrie très difficile. Un autre membre de l’ACF, Alain Le Bouëtté, alors maître de stage, par son écoute m’a choisit, comme pour me sortir de là, un de vos texte (« clinique ironique »).
Puis la réflexion sur l’évaluation, le politique et le monde psy, votre enseignement, celui d’autres membres, je pense aux excellents livres de Maleval, aux articles riches mais difficiles de Roch, et tant d’autres membres qui par leur invention, en y mettant du leur, livrent des textes, des interventions, des livres, des films maintenant. Ainsi en pensant aux jeunes justement enveloppés par la psychanalyse par la contingence, un peu comme moi, l’Ecole devient, par tout cela, nécessaire.
Car souhaitant me former à la psychanalyse, me former à la défendre, me former à la transmettre, l’Ecole est une voie royale vers l’inconscient, tout simplement.
[Oui, quand on voit où en sont les autres groupes lacaniens en France, on a le sentiment que l’ECF a fait le trou, s’est échappée.]
Marjorie Métayer, Franchise
Vous donnez le change aux plaintes des membres de l'ECF : vos rectifications (subjectives ?) sont toujours fort intéressantes. Je vous remercie de les publier avec autant de franchise, car cela situe votre pratique du maniement des discours institutionnels, et je pense sincèrement que c'est cela que j'attends des "anciens" de l'Ecole. Votre réponse est la preuve que vous ne pratiquez pas le "suivisme" sur vous-même, et vous avez la modestie de ne pas vous prendre pour JAM, celui au nom duquel se dit tout et n'importe quoi. C'est ce qui a fondé ma confiance en vous : une vacuité que vous habitez avec élégance et d'une façon suffisamment preste pour être efficace.Oui, nos années de naissance sont un ordre auquel nous ne pouvons déroger. Oui, nous avons été enthousiasmés par les Forums en 2003 : c'était ma première manifestation politique, j'avais 24 ans. Plus que les forums, c'est votre "Lettre à l'opinion éclairée", qui a été le manifeste, le libelle qui a parlé.Mais l'âge ne fait pas de notre banalité une exception, et c'est la passe qui est la seule apte à faire valoir notre voix. Libre à nous de la faire entendre ou pas. Et l'inhibition se cache derrière beaucoup de râles moqueurs, cela m'arrive aussi parfois.L'Ecole n'a pas à donner sa place à chacun, mais que chacun y fasse sa place, s'il le veut, et quelques autres aussi.Le JJ est la preuve que la transparence n'a pas que des mauvais côtés, si elle fait la place aux zones d'ombre.
[Mes « confessions » intéressent, mais il ne faudrait pas que cela devienne envahissant.]
Sarah Abitbol, En lisant le Journal des Journées
La première chose qui m’a fait sourire en lisant le Journal, c’est l’annonce que votre séminaire aura lieu au centre Rashi. Dans un lieu dédié à celui qui a passé sa vie durant à commenter et déchiffrer des textes, c’est là que vous allez commenter les textes de Freud et Lacan. Ayant eu une éducation israélienne, Rashi était au programme du bac. Vous savez sûrement que Rashi a commenté toute la Bible, les cinq livres de la Torah, les Prophètes et les Ecrits, verset après verset, ainsi que tout le Talmud. Deux points, à mon sens, le rendent particulier en tant que commentateur.
Rashi
Le premier, c’est qu’il a un style très concis, qu’il aime la clarté, et qu’il a une démarche de linguiste dans son interprétation : il s’intéresse au mot. Aussi, chaque verset a deux types d’interprétations, le « pshat » et le « drash ». Le simple, c’est à dire le sens premier du verset, et le sens complexe, figuré.
La seconde particularité, c’est qu’il était français, et sa langue était donc le français. Ceci a comme effet que, dans ses commentaires, on retrouve des mots en français du 11ème siècle. Lorsqu’il ne trouvait pas de mot en hébreu pour expliquer quelque chose, il utilisait le français. Il précisait alors : « comme on dit en laaz» (langues des gentils).
Afin de distinguer son commentaire du texte même, il l’a écrit dans une écriture à caractères petits, que l’on appelle l’écriture Rashi. Cette écriture est enseignée, car elle se différencie tout de même de l’hébreu. Les commentaires de Rashi ont été utilisés par des linguistes qui étudiaient l’étymologie du français au Moyen âge. Ce mouvement de l’hébreu au français pour interpréter des textes écrits en hébreu m’a semblé amusant replacé dans le contexte de votre enseignement au centre Rashi. La structure de la langue hébraïque, comme vous le savez, se prête facilement à l’équivoque à partir de son système de racines. Et Lacan, nous montre sans cesse dans la langue française la possibilité de l’équivoque.
Contre l’unanimité
La deuxième chose dont je voulais vous faire part, et qui est plus personnelle, est liée à votre échange avec YD sur l’unanimité et le « suivisme ». Je suis moi aussi toujours réticente face aux phénomènes d’identifications et de masse inhérents à tout groupe. Je crains l’unanimité, et j’ai d’ailleurs été réticente dans un premier temps face à l’engouement pour les Journées de l’ECF. J’avais l’idée que, malgré la nouveauté, la démocratie, que vous avez permise, une nouvelle vague de masse, d’identifications, allait se produire. Deux moments m’ont fait changer d’avis.
Le premier a eu lieu lors du tirage au sort des salles, au local de l’ECF, en vous écoutant commenter chaque témoignage, et nous transmettre les raisons ayant présidé à la constitution des binômes. J’étais alors témoin du désir qui vous anime, et qui a eu comme effet votre implication et engagement vis-à-vis de chaque analyste qui a témoigné.
Le second a eu lieu lors de la clôture de ces Journées, lorsque vous nous avez rappelé que Freud a dû payer de sa personne pour transmettre, et permettre que la psychanalyse existe, et que, si l’on veut que la psychanalyse survive, il faut également payer de sa personne.
Ces deux points sont pour moi essentiels, car ils me permettent d’accepter le reste. Et en effet, mis à part l’importance dans une association de modifier une politique, une organisation, et d’inventer des choses pour s’adapter à l’air du temps, cela permet aussi de limiter les phénomènes d’identifications et de démocratiser la structure, cela permet un débat, même si c’est à minima.
[Vous vous décomptez. Mais à l’ECF, chez les névrosés, chacun se décompte aussi bien.]
Philippe Hellebois, La question ni… ni…
J'ai lu avec attention, mais sans effort, votre réponse détaillée aux voeux circonstanciés de mon ami Depelsenaire, et le paragraphe intitulé "Ni... ni" m'a beaucoup retenu. Je ne saurais dire si je suis d'accord ou pas, mais je voudrais y ajouter le témoignage de ma mince expérience personnelle.
Je suis de ceux que l'Ecole a bien traité depuis longtemps, même si ce n'est pas depuis toujours. Il ne faut bien sûr pas trop en demander et les années 80 pendant lesquelles je fis antichambre m'apparaissent aujourd'hui comme un temps de formation bien nécessaire pour le blanc-bec que j'étais. Autrement dit, j'ai souffert un peu, pas trop, la belle a fini par se rendre et ne cesse de me récompenser depuis. En outre, en me faisant attendre, elle m'a appris à jouer du violon ! Merci ma chérie ! Je ne cesse de m'en réjouir, même les mauvais jours parce que je me dis souvent que sur le plan qui compte vraiment ˆ l'amour, le désir, la jouissance, etc ˆ je n'habite nulle part ailleurs depuis plus de vingt ans (j'en ai cinquante-trois) que dans le champ freudien. Ce qui m'inquiète un peu, à la lecture de votre réponse, c'est la légère impression d'appartenir à une espèce en voie d'extinction, les ni...ni. Cela ne me fait pas plaisir parce que c'est la mienne et que je n'en veux pas d'autre. S'il m'était donné de tout recommencer, je ne serais bien évidemment plus historien, sans doute philosophe mais jamais au grand jamais psychologue ou psychiatre. C'est mon bovarysme à moi. Loin de moi un quelconque mépris pour ceux qui le sont parmi nous ˆ des amis et plus encore...ˆ mais moi je ne veux pas, ni dans cette vie ni dans l'autre et je ne veux pas que cela devienne une condition pour vivre où je vis. C'est l'une des raisons pour lesquelles j'aime cette Ecole, c'est de m'avoir aidé à vivre comme je vis.
J'ai adoré la guerre Accoyer, ce mouvement de révolte qui ne nous laissait aucune chance et où l'heure était trop grave pour passer des compromis. "Cela ne se passera pas dans les bureaux des ministères mais sur la place publique. Nous sommes des va-nu-pieds mais nous gagnerons." disiez-vous. Vous ne doutiez de rien, du coup nous non plus et cela a sans doute sauvé l'Ecole, pas seulement des griffes de nos adversaires mais de nous-même. Comme vous le notiez, les jeunes l'ont rejointe ensuite, avant ils faisaient défaut.
"Se faire psychologue, ce n'est pas le bout du monde" écrivez-vous. Oui et non.
Non, à comparer cette perspective avec le sort du malheureux Laplanche enjoint par Lacan de se faire médecin et même à ne la comparer avec rien du tout. C'est seulement ennuyeux mais peut-être, hélas, dans certains cas, nécessaire, un conseil pragmatique à donner aux jeunes. Une espèce de recul stratégique ou comme vous dites de compromis révolutionnaire. Ce n'est pas le bout du monde mais c'est dangereux quand même. Du compromis révolutionnaire au compromis réaliste et à la résignation, je crains de voir se dessiner demain une route rectiligne. Une espèce d'espoir à l'envers.
Oui, et je crains que les inconvénients ne l'emportent alors sur les avantages.
En effet, aujourd'hui, qui est l'ennemi, sinon le psychologue (le corps universitaire, non pas les psychologues un par un), qu'il soit comportementaliste, humaniste ou quoi que ce soit d'autre en -iste? La question de l'analyse profane ne devrait-elle être actualisée tant ce n'est plus contre le médecin que nous devons conquérir notre indépendance mais contre le psychologue?
Le médecin a évidemment une conception pyramidale du monde ˆ rien de ce qu'il voit du sommet ne lui est étranger ˆ mais qui les prend encore au sérieux aujourd'hui? En Belgique, où je me suis occupé naguère de ces questions de très près, les médecins ne se sentaient pas vraiment concernés sinon certaines franges extrémistes qui se voyaient traiter les psychologues comme des paramédicaux et envoyer les ni..ni...dans les limbes. J'en ris encore parce que je pense que ça n'a aucune chance de passer, c'est le mérite de ce genre d'outrances, de plus les psychologues universitaires sont puissants et ne se laisseront pas faire.
Par contre, le péril pour nous me semble beaucoup plus grand avec les psychologues, qui, doucereux, sont prêts à nous faire croire que nous sommes du même côté, des compagnons de route ! Rien n'est plus faux ! Ils partagent ou veulent patager la même pyramide que les médecins et n'hésiteront jamais à s'entendre avec eux sur notre dos.
Ne faut-il pas défendre la catégorie ni..ni comme Freud l'a fait dans son texte pour les non-médecins (qu'il appelle psychologues ! ) et vous dans la guerre Accoyer ?
Cela dit, les ni...ni... les meilleurs ne sont certainement pas ceux que l'on pense si l'on s'avise qu'ils se répartissent en deux groupes qu'il ne faut pas confondre: les universitaires et les analystes. Les premiers ne sont pas le sel de la terre et encore moins des analystes nés. Les seconds, c'est évidemment autre chose puisqu'il n'y a d'analyste que ni...ni ...!
[Le décrêt à venir de l’amendement Accoyer pourrait permettre d’ouvrir une autre voie que le « devenir psychologue », qui ne m’enthousiasme pas plus que vous.]
Hebe Tizio, Psychologie des groupes
Lacan pensó la Escuela como alternativa a Psicología de las masas-IPA. Es decir, como alternativa a una comunidad de sujetos obsesivizados. Pero la nuestra es una escuela de analizantes, lo que cambia mucho las cosas, todos histerizados! En varias ocasiones he dicho que haciamos, yo y otros, psicología de las masas pero eso no implicaba que usted fuera un amo sino que me refería a cómo tomabamos sus enunciados. Dicho en otros términos, estamos muy histerizados y construimos un amo para reinar sobre él, para hacerlo producir.Su Suite lo deja muy claro . Esto me ha llevado a pensar si la famosa pasividad no es en parte algo dedicado a usted para desesperarlo y hacerlo trabajar. Siempe me había llamado la atención lo rápido que se salía de la pasividad, el acontecimiento ECF lo muestra de manera palpable, en cuanto usted se ponía manos a la obra.
[On serait passif pour me désespérer, m’obliger à sortir de mon terrier, et produire. Thèse subtile, qui fait penser. Elle me fait penser ceci : que mon nom, ou mon personnage, fait partie du logiciel de l’Ecole, du Champ freudien ; que je n’y peux rien, ni personne ; que ça, c’est désespérant. Tout de même, ce qui m’a fait sortir du bois, ce n’est pas la passivité, c’est au contraire un activisme s’exerçant dans un sens que j’ai considéré comme aberrant, et qui, sous prétexte que la « psychanalyse appliquée » serait le stade suprême de la psychanalyse du 21e siècle, conduisait à reformater l’Ecole pour en faire un super-CPCT, piloté par un pseudopode du ministère de la Santé. Mais il est vrai que, si j’ai réagi, c’est parce que personne ne réagissait. Cela reste très inquiétant pour l’avenir. Et c’est mon échec. ]
Yves Depelsenaire, Réponse à J.-A. Miller
Merci, cher Jacques-Alain Miller, pour vos commentaires à ma lettre du 1er janvier.
Je voudrais les reprendre, répondre aux questions que vous m’adressez, et en soulever quelques autres sans doute.
Vous rappelez d’abord la différence de contexte entre l’Ecole à sa naissance, esquif fragile né d’un désastre obscur, et l’Ecole de 2010, devenue un établissement respecté et puissant, et pièce d’un vaste réseau international. Il est certain que cette évolution s’accompagnait forcément d’un changement des conditions de recrutement des membres, et qu’une « croissance mesurée » des admissions, selon votre expression, était de mise. Ce n’est pas ce que je mets en question. Cette politique ne m’a jamais choqué. L’esprit de l’Ecole de 1980 ne tenait pas à son ouverture au tout venant, mais à la fidélité à Lacan, et Lacan s’en était remis au nombre. « Les mille » fut le signifiant de ce pari. Certains y lirent aussitôt avec effroi « les Miller ». Pas moi. Miller et les mille, pour moi, font la paire. Lacan vous faisait confiance, ça me suffisait comme gage. Et depuis je vous fais confiance. S’il m’arrive de ne pas me trouver en accord avec vous, ça n’y change rien sur le fond. Car à bien des égards, vous incarnez ce que j’appelais l’esprit de l’Ecole.
L’esprit de l’Ecole (formule bien hégelienne !) ne tient pas à mes yeux, quel que soit le prix qu’on peut accorder à cet aspect (et croyez bien que je m’en réjouis), à son succès comme institution reconnue socialement. Il tient surtout à ce que vous-même avez placé en tête du dernier numéro du Journal des journées, à savoir à l’Ecole au sens quasi antique du mot, l’Ecole comme style de vie, arriva-t-il même à Lacan de dire.
Le nombre n’est certes pas un but en soi. Au même moment où il en appelait à lui, je me souviens que Lacan lâcha aussi qu’il n’avait pas besoin de beaucoup de monde et qu’il y avait du monde dont il n’avait pas besoin. Reste que le nombre est un recours auquel vous-même ne dédaignez pas de faire appel, comme ce fut le cas avec les Forums, et comme ce fut encore le cas avec les récentes Journées, où nous étions deux fois mille.
Croissance mesurée, d’accord donc. Mais malthusianisme non. Et vous ne m’ôterez pas de l’idée que l’Ecole a péché par ce côté-là. Rien n’en a fait la démonstration mieux que ces Journées, où nous avons pu découvrir tant de voix inconnues jusqu’alors. Et sur ce point, je vous soupçonne d’être d’avantage d’accord avec moi que vous ne voulez bien le dire
J’ai fait allusion dans ma lettre du 1er janvier à deux passeurs, dont je regrettais qu’ils n’aient toujours pas été accueillis dans l’Ecole, plus de dix ans plus tard. Qui sont-ils ? me demandez-vous. Ne comptez pas sur moi pour le dire. Ils sont assez grands pour le faire savoir eux-mêmes s’ils le souhaitent. Peut-être notre échange les y poussera-t-il. Ce serait fort bien.
En vérité, j’ai peu de goût pour la « tyrannie de la transparence ». Et je doute que ce mot d’ordre réjouisse notre ami Gérard Wajcman. Que les débats au sein de l’Ecole se fassent au maximum à ciel ouvert, d’accord. Mais la transparence, et surtout sa tyrannie galopante dans notre monde, que le Ciel nous en protège.
En revanche, comment ne pas être d’accord avec votre conception de l’Ecole comme pari sur l’avenir ? De même quant à la présence souhaitable de médecins nombreux en son sein. Mais il me semble que cela ne nous dispense pas de défendre avec conviction le principe de la psychanalyse profane. Vous évoquez Lacan invitant Lagache à faire des études de médecine. En quelle année au juste ? En tous cas, en 64, il ne vous a demandé rien de tel. Quant aux études de psycho, ce n’est peut-être pas la mer à boire, ou le bout du monde, mais c’est tout de même plus qu’une facture de gaz ! C’est une potion bien indigeste.
J’en viens à présent à vos remarques à propos de l’unanimisme. Suivisme vous parait plus juste, mais c’est parce que vous vous êtes senti trop rapidement la cible de mon propos. Du coup vous me faites dire, non seulement des choses que je ne pense pas, mais des choses que je désapprouve. Jamais je n’ai eu l’idée que « Miller change d’idées comme de chemises ». S’il y a bien une chose dont il faut vous faire crédit, c’est d’une constance remarquable. Dire blanc après avoir dit noir, non, je ne vous instruirai jamais ce procès-là. C’est notre communauté que j’ai voulu interroger. Qu’est-ce que c’est, par exemple, que cet engouement pour la psychanalyse appliquée à la thérapeutique et les CPCT, et puis le dénigrement systématique de ceux-ci ? De votre côté, il me semble que vous n’avez jamais jeté le bébé avec l’eau du bain.
Je ne suis pas revenu de tout. Et d’ailleurs je ne me sens pas spécialement vieux, même si je sais que je n’ai plus toute la vie devant moi. L’élan donné par les dernières Journées me ravit.
Une fois admis quelques représentants de ceux que vous appelez la génération Forums, j’espère qu’il restera vif.
Je ne sais pas exactement pourquoi mais ma lecture - pourtant rapide, vive comme un poisson qui fraye dans son bocal avec un soudain désir d'en sortir pour aller vers la haute mer, comme le Nemo du dessin animé - de votre réponse à Yves Depelsenaire et surtout la petite suite du 79 sur le "suivisme" a produit chez moi un émoi particulier, avec l'idée que là, avec le témoignage de Guillaume Roy en épingle, on était vraiment dans l'ECF 3, dans la psychanalyse et son avenir tel qu'il se dessine entre les lignes de votre extraordinaire Journal des Journées.
[Extraordianire ? Il est utile, voire même nécessaire. Mais je ne puis tout de même pas poursuivre comme ça indéfiniment, cela me prend trop de temps. Comment faire ?]
Jean-Claude Trodaec, L’Ecole si agalmatique quand on a 26 ans
M. Miller, vous posez une vraie question : pourquoi L’Ecole de la Cause Freudienne, est-elle si agalmatique en 2010 pour un jeune (de 26 ans) ? J’essaie d’y répondre, « comme une flèche », comme vous dites :
Car en effet cette Ecole est importante à mes yeux.
A l’âge de 14 ans : Contexte familial douteux, échec scolaire, etc… je rencontre un ami, cher, dont les parents sont psychologues et membres d’une ACF. Un jour où je circule chez eux, et regarde attentivement un livre nommé Le Séminaire de Jacques Lacan, Livre X, L’angoisse, je suis comme attiré par la fourmi et le signifiant « angoisse ». Comme une belle photographie, l’image du livre reste dans ma mémoire. Puis une affiche, dans la cuisine, (j’allais souvent chez eux, j’en profite pour les remercier !), d’une Journée de l’Ecole, portant le signifiant : « désir » (je ne me rappelle plus du titre en entier). Dernier point du souvenir, un jour, je me mets à parler à un des parents de mes problèmes d’ado avec les filles, toujours dans cette cuisine. Je suis surpris que ce ne soit pas de mes parents que je parle, des difficultés que je fuyais en venant chez eux. Ce fut très particulier, comme si c’était le moment où le Sujet-Supposé-Savoir se mettait en marche chez moi, puisque j’adressais quelque chose pour la première fois à un autre du savoir. D’ailleurs précisément au moment où je suis surpris de mon énoncé. J’ai parlé longtemps ce jour-là. Durant cette première séance, aucune interprétation, aucun conseil, aucune phrase de réconfort : juste le silence de l’écoute. J’avais été entendu. Cela restera très fort chez moi : une vraie écoute. Ce rapport à la psychanalyse naissant, nouée immédiatement à celui de l’Ecole, je m’en rappelais lorsque quelques années plus tard, je souffrais effectivement d’angoisse, j’allais voir un analyste, membre de l’ECF.
Pour l’écoute et la surprise.
Puis la fac de psycho, à Rennes 2, j’y vais pour la psychanalyse, je rencontre au bout de trois ans l’Ahnon !, mené par Caroline Pauthe-Leduc, intervenante aux journées, qui défend alors cet enseignement, informe, humorise, tout ça avec finesse, je m’inscris, activement. Puis Laetitia Belle, intervenante également, maitre de conférence à Rennes 2, nous propose à la fin d’un TD l’idée du cartel : « On peut ? », répond le petit groupe de psychanalysant dans lequel je suis. Elle avait entendu quelque chose de notre désir de travail.
Puis je rentre à la Section Clinique au bout de quatre ans, et découvre l’enseignement des ACF.
Ce moment correspond effectivement, comme vous le dites Mr Miller, aux Forums des psys. J’y vais pour et avec l’Ahnon ! qui se fait entendre par le biais de Carole Pineau, alors Présidente, encore une fois, nous sommes entendus.
Puis le forum de Rennes, nous y sommes invités par Roger Cassin, l’Ahnon ! se fait entendre par le biais d’un texte auquel je me suis fortement impliqué. Nous sommes dans la publication du recueil. Nous sommes entendus à nouveau.
Dernièrement une belle rencontre avec Yann Divry, et sa revue Sigma, nouvellement entrée sur le site de l’Ecole, au moment où ce dernier me propose d’écrire et de m’occuper de la diffusion. Encore entendu.
Puis un projet, en suspens actuellement, envoyé à un membre actif de l’ECF, Fabien Grasser, qui m’a soutenu, accusé réception, m’a relancé. Entendu.
Alors qu’en dire de l’accueil de la froide Ecole ?
Bien sûr, elle fascine, par son faible nombre de membre, au regard du nombre de sympathisant. Je me dis qu’un jour j’en serais membre, car c’est prestigieux l’Ecole, on y rentre pas comme ça. Je croyais d’ailleurs, jusqu’aux dernières Journées et JJ, que seule la passe, pouvait y mener. C’est du moins comme cela que j’entends la Proposition d’octobre où Lacan en créant son Ecole crée la passe, comme concept clef, indissociable pour en faire partie. Ainsi, il faut comprendre que je ne dissocie pas Lacan de l’ECF.
Je peux supposer que je ne suis pas seul, parmi les jeunes, dans ce cas là. Comment cela a-t-il réussi à perdurer pour autant de monde ? Comme la fidèle Ecole de Platon, et de ses successeurs.
Car très tôt, en licence, auprès d’un autre étudiant, isolé, allant dans une autre école contre l’Ecole, Lacan et Miller, je me suis surpris à défendre ces trois noms propres (sans vraiment les connaître). Pourquoi ? Pourquoi « JAM », si connu était si critiqué ? même gentiment dans l’ECF ? C’était au bout de 5 ans, en master 2. Je me suis jeté dans votre cours, lu le Neveu de Lacan, cherchant vos articles dans la Cause Freudienne, Quarto etc… Enfin, un autre jeune hostile à l’Ecole disait que dans d’autres écoles et ailleurs, tout le monde lisait du Miller, sous le manteau…
J’ai été surpris, là encore, de la clarté de votre propos sur Lacan. Cela m’aiguillait dans un stage en psychiatrie très difficile. Un autre membre de l’ACF, Alain Le Bouëtté, alors maître de stage, par son écoute m’a choisit, comme pour me sortir de là, un de vos texte (« clinique ironique »).
Puis la réflexion sur l’évaluation, le politique et le monde psy, votre enseignement, celui d’autres membres, je pense aux excellents livres de Maleval, aux articles riches mais difficiles de Roch, et tant d’autres membres qui par leur invention, en y mettant du leur, livrent des textes, des interventions, des livres, des films maintenant. Ainsi en pensant aux jeunes justement enveloppés par la psychanalyse par la contingence, un peu comme moi, l’Ecole devient, par tout cela, nécessaire.
Car souhaitant me former à la psychanalyse, me former à la défendre, me former à la transmettre, l’Ecole est une voie royale vers l’inconscient, tout simplement.
[Oui, quand on voit où en sont les autres groupes lacaniens en France, on a le sentiment que l’ECF a fait le trou, s’est échappée.]
Marjorie Métayer, Franchise
Vous donnez le change aux plaintes des membres de l'ECF : vos rectifications (subjectives ?) sont toujours fort intéressantes. Je vous remercie de les publier avec autant de franchise, car cela situe votre pratique du maniement des discours institutionnels, et je pense sincèrement que c'est cela que j'attends des "anciens" de l'Ecole. Votre réponse est la preuve que vous ne pratiquez pas le "suivisme" sur vous-même, et vous avez la modestie de ne pas vous prendre pour JAM, celui au nom duquel se dit tout et n'importe quoi. C'est ce qui a fondé ma confiance en vous : une vacuité que vous habitez avec élégance et d'une façon suffisamment preste pour être efficace.Oui, nos années de naissance sont un ordre auquel nous ne pouvons déroger. Oui, nous avons été enthousiasmés par les Forums en 2003 : c'était ma première manifestation politique, j'avais 24 ans. Plus que les forums, c'est votre "Lettre à l'opinion éclairée", qui a été le manifeste, le libelle qui a parlé.Mais l'âge ne fait pas de notre banalité une exception, et c'est la passe qui est la seule apte à faire valoir notre voix. Libre à nous de la faire entendre ou pas. Et l'inhibition se cache derrière beaucoup de râles moqueurs, cela m'arrive aussi parfois.L'Ecole n'a pas à donner sa place à chacun, mais que chacun y fasse sa place, s'il le veut, et quelques autres aussi.Le JJ est la preuve que la transparence n'a pas que des mauvais côtés, si elle fait la place aux zones d'ombre.
[Mes « confessions » intéressent, mais il ne faudrait pas que cela devienne envahissant.]
Sarah Abitbol, En lisant le Journal des Journées
La première chose qui m’a fait sourire en lisant le Journal, c’est l’annonce que votre séminaire aura lieu au centre Rashi. Dans un lieu dédié à celui qui a passé sa vie durant à commenter et déchiffrer des textes, c’est là que vous allez commenter les textes de Freud et Lacan. Ayant eu une éducation israélienne, Rashi était au programme du bac. Vous savez sûrement que Rashi a commenté toute la Bible, les cinq livres de la Torah, les Prophètes et les Ecrits, verset après verset, ainsi que tout le Talmud. Deux points, à mon sens, le rendent particulier en tant que commentateur.
Rashi
Le premier, c’est qu’il a un style très concis, qu’il aime la clarté, et qu’il a une démarche de linguiste dans son interprétation : il s’intéresse au mot. Aussi, chaque verset a deux types d’interprétations, le « pshat » et le « drash ». Le simple, c’est à dire le sens premier du verset, et le sens complexe, figuré.
La seconde particularité, c’est qu’il était français, et sa langue était donc le français. Ceci a comme effet que, dans ses commentaires, on retrouve des mots en français du 11ème siècle. Lorsqu’il ne trouvait pas de mot en hébreu pour expliquer quelque chose, il utilisait le français. Il précisait alors : « comme on dit en laaz» (langues des gentils).
Afin de distinguer son commentaire du texte même, il l’a écrit dans une écriture à caractères petits, que l’on appelle l’écriture Rashi. Cette écriture est enseignée, car elle se différencie tout de même de l’hébreu. Les commentaires de Rashi ont été utilisés par des linguistes qui étudiaient l’étymologie du français au Moyen âge. Ce mouvement de l’hébreu au français pour interpréter des textes écrits en hébreu m’a semblé amusant replacé dans le contexte de votre enseignement au centre Rashi. La structure de la langue hébraïque, comme vous le savez, se prête facilement à l’équivoque à partir de son système de racines. Et Lacan, nous montre sans cesse dans la langue française la possibilité de l’équivoque.
Contre l’unanimité
La deuxième chose dont je voulais vous faire part, et qui est plus personnelle, est liée à votre échange avec YD sur l’unanimité et le « suivisme ». Je suis moi aussi toujours réticente face aux phénomènes d’identifications et de masse inhérents à tout groupe. Je crains l’unanimité, et j’ai d’ailleurs été réticente dans un premier temps face à l’engouement pour les Journées de l’ECF. J’avais l’idée que, malgré la nouveauté, la démocratie, que vous avez permise, une nouvelle vague de masse, d’identifications, allait se produire. Deux moments m’ont fait changer d’avis.
Le premier a eu lieu lors du tirage au sort des salles, au local de l’ECF, en vous écoutant commenter chaque témoignage, et nous transmettre les raisons ayant présidé à la constitution des binômes. J’étais alors témoin du désir qui vous anime, et qui a eu comme effet votre implication et engagement vis-à-vis de chaque analyste qui a témoigné.
Le second a eu lieu lors de la clôture de ces Journées, lorsque vous nous avez rappelé que Freud a dû payer de sa personne pour transmettre, et permettre que la psychanalyse existe, et que, si l’on veut que la psychanalyse survive, il faut également payer de sa personne.
Ces deux points sont pour moi essentiels, car ils me permettent d’accepter le reste. Et en effet, mis à part l’importance dans une association de modifier une politique, une organisation, et d’inventer des choses pour s’adapter à l’air du temps, cela permet aussi de limiter les phénomènes d’identifications et de démocratiser la structure, cela permet un débat, même si c’est à minima.
[Vous vous décomptez. Mais à l’ECF, chez les névrosés, chacun se décompte aussi bien.]
Philippe Hellebois, La question ni… ni…
J'ai lu avec attention, mais sans effort, votre réponse détaillée aux voeux circonstanciés de mon ami Depelsenaire, et le paragraphe intitulé "Ni... ni" m'a beaucoup retenu. Je ne saurais dire si je suis d'accord ou pas, mais je voudrais y ajouter le témoignage de ma mince expérience personnelle.
Je suis de ceux que l'Ecole a bien traité depuis longtemps, même si ce n'est pas depuis toujours. Il ne faut bien sûr pas trop en demander et les années 80 pendant lesquelles je fis antichambre m'apparaissent aujourd'hui comme un temps de formation bien nécessaire pour le blanc-bec que j'étais. Autrement dit, j'ai souffert un peu, pas trop, la belle a fini par se rendre et ne cesse de me récompenser depuis. En outre, en me faisant attendre, elle m'a appris à jouer du violon ! Merci ma chérie ! Je ne cesse de m'en réjouir, même les mauvais jours parce que je me dis souvent que sur le plan qui compte vraiment ˆ l'amour, le désir, la jouissance, etc ˆ je n'habite nulle part ailleurs depuis plus de vingt ans (j'en ai cinquante-trois) que dans le champ freudien. Ce qui m'inquiète un peu, à la lecture de votre réponse, c'est la légère impression d'appartenir à une espèce en voie d'extinction, les ni...ni. Cela ne me fait pas plaisir parce que c'est la mienne et que je n'en veux pas d'autre. S'il m'était donné de tout recommencer, je ne serais bien évidemment plus historien, sans doute philosophe mais jamais au grand jamais psychologue ou psychiatre. C'est mon bovarysme à moi. Loin de moi un quelconque mépris pour ceux qui le sont parmi nous ˆ des amis et plus encore...ˆ mais moi je ne veux pas, ni dans cette vie ni dans l'autre et je ne veux pas que cela devienne une condition pour vivre où je vis. C'est l'une des raisons pour lesquelles j'aime cette Ecole, c'est de m'avoir aidé à vivre comme je vis.
J'ai adoré la guerre Accoyer, ce mouvement de révolte qui ne nous laissait aucune chance et où l'heure était trop grave pour passer des compromis. "Cela ne se passera pas dans les bureaux des ministères mais sur la place publique. Nous sommes des va-nu-pieds mais nous gagnerons." disiez-vous. Vous ne doutiez de rien, du coup nous non plus et cela a sans doute sauvé l'Ecole, pas seulement des griffes de nos adversaires mais de nous-même. Comme vous le notiez, les jeunes l'ont rejointe ensuite, avant ils faisaient défaut.
"Se faire psychologue, ce n'est pas le bout du monde" écrivez-vous. Oui et non.
Non, à comparer cette perspective avec le sort du malheureux Laplanche enjoint par Lacan de se faire médecin et même à ne la comparer avec rien du tout. C'est seulement ennuyeux mais peut-être, hélas, dans certains cas, nécessaire, un conseil pragmatique à donner aux jeunes. Une espèce de recul stratégique ou comme vous dites de compromis révolutionnaire. Ce n'est pas le bout du monde mais c'est dangereux quand même. Du compromis révolutionnaire au compromis réaliste et à la résignation, je crains de voir se dessiner demain une route rectiligne. Une espèce d'espoir à l'envers.
Oui, et je crains que les inconvénients ne l'emportent alors sur les avantages.
En effet, aujourd'hui, qui est l'ennemi, sinon le psychologue (le corps universitaire, non pas les psychologues un par un), qu'il soit comportementaliste, humaniste ou quoi que ce soit d'autre en -iste? La question de l'analyse profane ne devrait-elle être actualisée tant ce n'est plus contre le médecin que nous devons conquérir notre indépendance mais contre le psychologue?
Le médecin a évidemment une conception pyramidale du monde ˆ rien de ce qu'il voit du sommet ne lui est étranger ˆ mais qui les prend encore au sérieux aujourd'hui? En Belgique, où je me suis occupé naguère de ces questions de très près, les médecins ne se sentaient pas vraiment concernés sinon certaines franges extrémistes qui se voyaient traiter les psychologues comme des paramédicaux et envoyer les ni..ni...dans les limbes. J'en ris encore parce que je pense que ça n'a aucune chance de passer, c'est le mérite de ce genre d'outrances, de plus les psychologues universitaires sont puissants et ne se laisseront pas faire.
Par contre, le péril pour nous me semble beaucoup plus grand avec les psychologues, qui, doucereux, sont prêts à nous faire croire que nous sommes du même côté, des compagnons de route ! Rien n'est plus faux ! Ils partagent ou veulent patager la même pyramide que les médecins et n'hésiteront jamais à s'entendre avec eux sur notre dos.
Ne faut-il pas défendre la catégorie ni..ni comme Freud l'a fait dans son texte pour les non-médecins (qu'il appelle psychologues ! ) et vous dans la guerre Accoyer ?
Cela dit, les ni...ni... les meilleurs ne sont certainement pas ceux que l'on pense si l'on s'avise qu'ils se répartissent en deux groupes qu'il ne faut pas confondre: les universitaires et les analystes. Les premiers ne sont pas le sel de la terre et encore moins des analystes nés. Les seconds, c'est évidemment autre chose puisqu'il n'y a d'analyste que ni...ni ...!
[Le décrêt à venir de l’amendement Accoyer pourrait permettre d’ouvrir une autre voie que le « devenir psychologue », qui ne m’enthousiasme pas plus que vous.]
Hebe Tizio, Psychologie des groupes
Lacan pensó la Escuela como alternativa a Psicología de las masas-IPA. Es decir, como alternativa a una comunidad de sujetos obsesivizados. Pero la nuestra es una escuela de analizantes, lo que cambia mucho las cosas, todos histerizados! En varias ocasiones he dicho que haciamos, yo y otros, psicología de las masas pero eso no implicaba que usted fuera un amo sino que me refería a cómo tomabamos sus enunciados. Dicho en otros términos, estamos muy histerizados y construimos un amo para reinar sobre él, para hacerlo producir.Su Suite lo deja muy claro . Esto me ha llevado a pensar si la famosa pasividad no es en parte algo dedicado a usted para desesperarlo y hacerlo trabajar. Siempe me había llamado la atención lo rápido que se salía de la pasividad, el acontecimiento ECF lo muestra de manera palpable, en cuanto usted se ponía manos a la obra.
[On serait passif pour me désespérer, m’obliger à sortir de mon terrier, et produire. Thèse subtile, qui fait penser. Elle me fait penser ceci : que mon nom, ou mon personnage, fait partie du logiciel de l’Ecole, du Champ freudien ; que je n’y peux rien, ni personne ; que ça, c’est désespérant. Tout de même, ce qui m’a fait sortir du bois, ce n’est pas la passivité, c’est au contraire un activisme s’exerçant dans un sens que j’ai considéré comme aberrant, et qui, sous prétexte que la « psychanalyse appliquée » serait le stade suprême de la psychanalyse du 21e siècle, conduisait à reformater l’Ecole pour en faire un super-CPCT, piloté par un pseudopode du ministère de la Santé. Mais il est vrai que, si j’ai réagi, c’est parce que personne ne réagissait. Cela reste très inquiétant pour l’avenir. Et c’est mon échec. ]
Yves Depelsenaire, Réponse à J.-A. Miller
Merci, cher Jacques-Alain Miller, pour vos commentaires à ma lettre du 1er janvier.
Je voudrais les reprendre, répondre aux questions que vous m’adressez, et en soulever quelques autres sans doute.
Vous rappelez d’abord la différence de contexte entre l’Ecole à sa naissance, esquif fragile né d’un désastre obscur, et l’Ecole de 2010, devenue un établissement respecté et puissant, et pièce d’un vaste réseau international. Il est certain que cette évolution s’accompagnait forcément d’un changement des conditions de recrutement des membres, et qu’une « croissance mesurée » des admissions, selon votre expression, était de mise. Ce n’est pas ce que je mets en question. Cette politique ne m’a jamais choqué. L’esprit de l’Ecole de 1980 ne tenait pas à son ouverture au tout venant, mais à la fidélité à Lacan, et Lacan s’en était remis au nombre. « Les mille » fut le signifiant de ce pari. Certains y lirent aussitôt avec effroi « les Miller ». Pas moi. Miller et les mille, pour moi, font la paire. Lacan vous faisait confiance, ça me suffisait comme gage. Et depuis je vous fais confiance. S’il m’arrive de ne pas me trouver en accord avec vous, ça n’y change rien sur le fond. Car à bien des égards, vous incarnez ce que j’appelais l’esprit de l’Ecole.
L’esprit de l’Ecole (formule bien hégelienne !) ne tient pas à mes yeux, quel que soit le prix qu’on peut accorder à cet aspect (et croyez bien que je m’en réjouis), à son succès comme institution reconnue socialement. Il tient surtout à ce que vous-même avez placé en tête du dernier numéro du Journal des journées, à savoir à l’Ecole au sens quasi antique du mot, l’Ecole comme style de vie, arriva-t-il même à Lacan de dire.
Le nombre n’est certes pas un but en soi. Au même moment où il en appelait à lui, je me souviens que Lacan lâcha aussi qu’il n’avait pas besoin de beaucoup de monde et qu’il y avait du monde dont il n’avait pas besoin. Reste que le nombre est un recours auquel vous-même ne dédaignez pas de faire appel, comme ce fut le cas avec les Forums, et comme ce fut encore le cas avec les récentes Journées, où nous étions deux fois mille.
Croissance mesurée, d’accord donc. Mais malthusianisme non. Et vous ne m’ôterez pas de l’idée que l’Ecole a péché par ce côté-là. Rien n’en a fait la démonstration mieux que ces Journées, où nous avons pu découvrir tant de voix inconnues jusqu’alors. Et sur ce point, je vous soupçonne d’être d’avantage d’accord avec moi que vous ne voulez bien le dire
J’ai fait allusion dans ma lettre du 1er janvier à deux passeurs, dont je regrettais qu’ils n’aient toujours pas été accueillis dans l’Ecole, plus de dix ans plus tard. Qui sont-ils ? me demandez-vous. Ne comptez pas sur moi pour le dire. Ils sont assez grands pour le faire savoir eux-mêmes s’ils le souhaitent. Peut-être notre échange les y poussera-t-il. Ce serait fort bien.
En vérité, j’ai peu de goût pour la « tyrannie de la transparence ». Et je doute que ce mot d’ordre réjouisse notre ami Gérard Wajcman. Que les débats au sein de l’Ecole se fassent au maximum à ciel ouvert, d’accord. Mais la transparence, et surtout sa tyrannie galopante dans notre monde, que le Ciel nous en protège.
En revanche, comment ne pas être d’accord avec votre conception de l’Ecole comme pari sur l’avenir ? De même quant à la présence souhaitable de médecins nombreux en son sein. Mais il me semble que cela ne nous dispense pas de défendre avec conviction le principe de la psychanalyse profane. Vous évoquez Lacan invitant Lagache à faire des études de médecine. En quelle année au juste ? En tous cas, en 64, il ne vous a demandé rien de tel. Quant aux études de psycho, ce n’est peut-être pas la mer à boire, ou le bout du monde, mais c’est tout de même plus qu’une facture de gaz ! C’est une potion bien indigeste.
J’en viens à présent à vos remarques à propos de l’unanimisme. Suivisme vous parait plus juste, mais c’est parce que vous vous êtes senti trop rapidement la cible de mon propos. Du coup vous me faites dire, non seulement des choses que je ne pense pas, mais des choses que je désapprouve. Jamais je n’ai eu l’idée que « Miller change d’idées comme de chemises ». S’il y a bien une chose dont il faut vous faire crédit, c’est d’une constance remarquable. Dire blanc après avoir dit noir, non, je ne vous instruirai jamais ce procès-là. C’est notre communauté que j’ai voulu interroger. Qu’est-ce que c’est, par exemple, que cet engouement pour la psychanalyse appliquée à la thérapeutique et les CPCT, et puis le dénigrement systématique de ceux-ci ? De votre côté, il me semble que vous n’avez jamais jeté le bébé avec l’eau du bain.
Je ne suis pas revenu de tout. Et d’ailleurs je ne me sens pas spécialement vieux, même si je sais que je n’ai plus toute la vie devant moi. L’élan donné par les dernières Journées me ravit.
Une fois admis quelques représentants de ceux que vous appelez la génération Forums, j’espère qu’il restera vif.
6 janvier 2010
PS : Je reçois, au moment où je m’apprêtais à vous envoyer ces mots la nouvelle livraison du JJ., dans laquelle je lis : «cette affaire de suivisme me trotte par la tête ». Vraiment ce serait bien si vous nous éclairiez d’avantage sur votre lecture de ce qui s’est joué avec les CPCT.
[Oui, l’Ecole a des engouements, quand on lui en donne l’occasion. Comme groupe, ce n’est ni l’armée, ni l’Eglise, mais l’Ecole des femmes, si je puis reprendre le titre de Molière. Donc, elle ne marche jamais comme un seul homme. C’est une collection de Moins-uns : « Tous sauf moi ». C’est très sympathique. Le problème, c’est quand elle perd la tête. Comment lui mettre un peu de plomb dans la cervelle ? Je la croyais mariée à la psychanalyse, et épouse fidèle, il n’en est rien. Demain, elle pourrait très bien basculer dans la psychothérapie sans même s’en rendre compte, en baptisant « psychanalyse » ce qui ne serait plus que psychothérapie. Comment se prémunir contre ça ? On peut dire, et c’est le message que nous adresse « la civilisation » : la psychothérapie est l’avenir de la psychanalyse. Le premier étage du graphe va de soi, il suffit de parler ; le second, il faut le faire exister, le désirer. Là intervient le désir de l’analyste ; là s’inscrit « l’éthique » de la psychanalyse. Si le désir cède, ce second étage n’est plus que fiction. Donc, c’est fragile. Heureusement, il n’y a pas seulement le désir de l’analyste, il y a aussi la jouissance de l’analysant. C’est peut-être, en définitive, ce qui nous sauve.]
PS : Je reçois, au moment où je m’apprêtais à vous envoyer ces mots la nouvelle livraison du JJ., dans laquelle je lis : «cette affaire de suivisme me trotte par la tête ». Vraiment ce serait bien si vous nous éclairiez d’avantage sur votre lecture de ce qui s’est joué avec les CPCT.
[Oui, l’Ecole a des engouements, quand on lui en donne l’occasion. Comme groupe, ce n’est ni l’armée, ni l’Eglise, mais l’Ecole des femmes, si je puis reprendre le titre de Molière. Donc, elle ne marche jamais comme un seul homme. C’est une collection de Moins-uns : « Tous sauf moi ». C’est très sympathique. Le problème, c’est quand elle perd la tête. Comment lui mettre un peu de plomb dans la cervelle ? Je la croyais mariée à la psychanalyse, et épouse fidèle, il n’en est rien. Demain, elle pourrait très bien basculer dans la psychothérapie sans même s’en rendre compte, en baptisant « psychanalyse » ce qui ne serait plus que psychothérapie. Comment se prémunir contre ça ? On peut dire, et c’est le message que nous adresse « la civilisation » : la psychothérapie est l’avenir de la psychanalyse. Le premier étage du graphe va de soi, il suffit de parler ; le second, il faut le faire exister, le désirer. Là intervient le désir de l’analyste ; là s’inscrit « l’éthique » de la psychanalyse. Si le désir cède, ce second étage n’est plus que fiction. Donc, c’est fragile. Heureusement, il n’y a pas seulement le désir de l’analyste, il y a aussi la jouissance de l’analysant. C’est peut-être, en définitive, ce qui nous sauve.]
POLITIQUE DE L’AMP
Rapport moral présenté devant
l’Assemblée Générale de l’AMP le 24 janvier 2009
l’Assemblée Générale de l’AMP le 24 janvier 2009
L’assemblée de ce soir, la VIIe, est aussi une première. Elle est la première à nous réunir sous la forme nouvelle autorisée par les statuts adoptés en avril 2008, lors de notre VIe Congrès. Cette modification, comme nous l’avions évoqué à l’occasion de l’adoption des nouveaux statuts, s’inspire du modèle standard recommandé pour les associations reconnues d’utilité publique.
Une des nouveautés de ces nouveaux statuts, qui ont été adressés par mail à tous les membres, est de rendre annuelles les assemblées où sont présentées le rapport moral et le rapport de trésorerie. Ce sera donc la seconde assemblée en 8 mois.
Nos nouveaux statuts prévoient la possibilité de recueillir sans numerus clausus des pouvoirs pour l’assemblée. Une procédure a été mise en place dans les Ecoles et vous avez été prévenus le 25 octobre de la marche à suivre pour adresser vos pouvoirs. Après diffusion de l’ordre du jour de l’Assemblée Générale, les membres de l’AMP qui le souhaitent, pouvaient donner une procuration aux votes de l’Assemblée. Pour recueillir ces procurations, on a procédé de la façon suivante :
I. Les présidents des Ecoles de l’AMP, sollicités un mois auparavant, ont fait connaître à la date du 20 décembre la liste de toutes les personnes ayant donné procuration à un membre du conseil susceptible d’être présent lors de l’Assemblée Générale. En règle générale, il s’agissait d’un des membres du conseil de l’Ecole sollicitée.
II. Si un membre d’une école a souhaité assister à l’Assemblée Générale, il l’a fait savoir à la date du 20 décembre, auprès du secrétaire du bureau de l’AMP.
La procédure, qui va maintenant figurer dans le règlement intérieur, a bien fonctionné. Nous avons recueilli de nombreux pouvoirs dans toutes les Ecoles, soit en tout 717, tel que le Secrétaire, Gil Caroz, l’a établi. Avec les présents ici réunis, nous sommes près de huit cents, c’est-à-dire plus nombreux qu’à Buenos Aires lors de notre assemblée d’avril.
Nous avons donc maintenant l’obligation de présenter devant vous les comptes de l’Association annuellement. Pour nous rapprocher du modèle standard, nous avons, pour la première fois fait appel à un comptable qui s’occupera maintenant de la tenue de nos comptes. Ceux-ci étaient d’ailleurs suffisamment bien tenus pour qu’il puisse penser présenter de façon conforme aux règles de l’art les comptes déjà approuvés pour 2006 et 2007.
Le Bureau a procédé au recueil et à la préparation des données pour ce qui pouvait apparaître manquer et nous avons pu transmettre dans les délais à notre expert comptable. C’est ce qui va permettre la présentation des comptes par notre trésorier, Javier Esque.
Avec ses nouveaux statuts et ses nouvelles règles comptables, l’AMP n’en cesse pas moins d’être elle-même. Elle l’est simplement davantage. Il lui reste cependant à se doter d’un règlement intérieur, comme l’indique l’article 18 de nos statuts.
En tant qu’Ecole-Une, l’actualité de l’AMP est marquée par l’examen à travers chacune des Ecoles de la place et de la situation de la psychanalyse appliquée. Les « Entretiens d’actualité » publiés sur Internet ont lancé cet examen depuis octobre à travers toute l’AMP. Cet examen a permis de mieux comprendre comment et pourquoi, pour maintenir le cap de la relation de l’Ecole-Une avec la psychanalyse comme telle il fallait que les succès remportés dans le champ de la psychanalyse appliquée soient remis à leur juste place. Ces succès sont le résultat de l’emphase mise depuis 2001 et accentuée après l’affaire Accoyer de 2003 sur l’importance de la psychanalyse appliquée. Dans le texte de présentation de Pipol 4, Jacques-Alain Miller reconstruit l’historique de ce développement. Au-delà de cette période récente, dans son cours, il a pu aussi examiner les conséquences du « retour à la clinique » opérée dès le départ de l’Ecole de la Cause freudienne et transmis à l’ensemble de l’AMP. Le mouvement de déplacement, d’exportation du cabinet du psychanalyste vers des lieux distincts, originaux, n’en reste pas moins un acquis à reconsidérer à la lueur des développements récents.
Le succès de l’exploration des nouvelles formes d’application de la psychanalyse a rencontré l’intérêt du discours du maître contemporain d’une façon telle que nous nous sommes retrouvés pris dans la trame de son discours de façon inédite. Ce maître contemporain par l’intermédiaire des bureaucraties sanitaires propose des rêves inédits aux populations dont il veut toucher le cœur. Prophylaxie de la dépression en France et en Europe, construction d’un système de distribution de psychothérapies prescriptives pour remettre au travail les déprimés en Angleterre, en Amérique du Nord, accent mis sur les modèles comportementaux, partout un intérêt renouvelé pour la réglementation des psychothérapies.
La phase de dérégulation a construit le mythe de l’Agence d’évaluation indépendante comme lieu stratégique de la reconfiguration et de modernisation bureaucratique. Le retour à une phase de nouvelles régulations va sans nul doute toucher à ce mythe et redonner de l’importance au contrôle direct des appareils de surveillance. La bureaucratie américaine est maintenant remise au niveau des meilleures bureaucraties européennes. Nous verrons quelle forme vont prendre les nouveaux espoirs d’une régulation qui serait enfin la bonne. La fétichisation des chiffres et des normes n’est encore pas suffisamment critiquée. Il faudra maintenir notre effort pour faire entendre les conséquences catastrophiques de cette fétichisation dont certains se rendent compte. La redéfinition du rapport de la psychanalyse appliquée avec le discours du maître est aussi un réexamen de notre rapport avec le discours du maître, le rappel que la psychanalyse est résolument son envers. C’est pourquoi l’enjeu de l’Ecole n’est pas de se replier sur les formes classiques d’exercice de la psychanalyse. Il s’agit d’accentuer l’approfondissement du rapport de l’Ecole-Une avec la psychanalyse comme telle. En ce sens, l’opposition psychanalyse pure – psychanalyse appliquée qui nous a servi à ordonner un certain nombre de phénomènes n’est pas suffisante pour nous faire apercevoir que la psychanalyse pure n’est pas l’application de la psychanalyse sur une autre personne mais que la cure elle-même est une application. Le problème clef sur lequel Freud termine son texte sur « analyse finie – analyse infinie » est celui du psychanalyste lui-même.
L’horizon vers lequel la politique lacanienne des Ecoles s’avance est celle de renforcer l’intérêt des psychanalystes eux-mêmes pour leur inconscient. L’analyste lorsqu’il parle, le fait en tant qu’analysant. Le post-analytique est un « toujours analysant ». La surface sur laquelle s’inscrit le discours analytique inclut le point à l’infini, avec les paradoxes que les trajets sur une telle surface incluent. On en sort pour y rentrer de nouveau. Lorsque le psychanalyste s’adresse au discours psychanalytique, il ne cesse de se réinclure comme analysant.
L’extension de l’AMP l’a aussi amené non seulement au contact du discours du maître, mais aussi au contact avec les nouvelles formes du discours universitaire. Ce dernier a été profondément altéré par les rêves du savoir absolu managérial qu’a représenté l’évaluation. Les dégâts ont été les plus grands en Angleterre mais partout l’Université est touchée. Il faut toute la puissance des universités américaines de la Ivy League pour ironiser sur les méfaits de l’évaluation. Nous sommes amenés à intéresser les universitaires eux-mêmes à ces effets comme symptômes du malaise dans la civilisation.
Le Congrès de l’AMP se situe aussi dans cet horizon. Nos travaux ont pour intention de renforcer notre lien avec le réel de l’inconscient, noyau du sinthome, au-delà des semblants qui se proposent pour nous faire oublier l’impossible qui est en jeu. L’effort de l’AMP est aussi d’obtenir de chaque Ecole pour atteindre ces buts un style de travail différent, qui tienne compte de son moment propre, de la relation singulière qu’entretiennent ses membres avec le discours psychanalytique. En ce sens, il n’y a pas de meilleur aperçu du moment d’une Ecole que la façon dont elle présente ses admissions pour homologation. Le renforcement du rapport à la psychanalyse comme telle a eu pour conséquence qu’une aussi grande Ecole que l’ECF ne présente cette année à l’homologation que trois candidats. Nous avons insisté sur la nécessité de la particularisation de l’examen des demandes, au-delà de toute identification groupale homogénéisante (les jeunes, les CPCT, les élèves de l’Institut). Ce problème a été spécialement important pour l’EBP. Déjà, la conversation que j’avais eue avec le conseil de cette Ecole lors de mon voyage en novembre avait préparé ce changement d’horizon. Mais dans le dialogue du Conseil de l’AMP avec chacun des conseils des Ecoles, nous les avons encouragées à tenir compte de l’exemple de l’ECF.
La discussion du document de travail préparé pour la réunion du Conseil, véritable somme sur la politique lacanienne des Ecoles a donné lieu à un vaste tour d’horizon prometteur pour la préparation du point d’orgue du Congrès 2010 durant lequel aura lieu une importante permutation du Conseil AMP.
Venons-en maintenant à l’examen des différentes écoles, en commençant par les écoles américaines. Honneur à l’Amérique ainsi puisque nous pourrons écouter lundi 26 janvier dans ce local de l’ECF les membres américains du Conseil de l’AMP qui nous parleront du thème du Congrès de 2010. La place de la psychanalyse appliquée n’est pas la même dans les trois écoles américaines. C’est dans l’EBP que le nombre des CPCT est le plus important. La NEL compte seulement trois sièges, Caracas, Guyaquil et Guatemala sur seize où des institutions de psychanalyse appliquée se sont créées. A Caracas c’est en réponse à des appels d’offre de programmes d’Etat. A Guyaquil et Guatemala le centre de consultation émane de l’Ecole. L’EOL, quant à elle, n’a pas de CPCT mais un centre d’urgence original, « Pausa ». L’EBP est la plus intéressée aux institutions relevant de la psychanalyse appliquée, son Conseil a donc développé davantage son travail de réorientation de l’intérêt qui leur était porté. Il a été amené à réaffirmer trois points forts importants sur la formation, le contrôle, et des mesures pour les CPCT.
Sur la formation, le Conseil rappelle : « -Il n’y a pas de didactique de la formation, ce qui ne veut pas dire qu’il n’y a pas un programme de formation,-Le locus de cette formation est l’École « lieu où la question [du désir de l’analyste] peut devenir effective ». Le Conseil distingue ensuite précisément le contrôle du « travail d’élucidation de la pratique mené en groupe par des cartels de travail au CPCT. » Enfin, quant aux CPCT, le Conseil se propose de: I. Limiter la croissance des expériences de l’EBP – Bahia e Minas Gerais. II. Promouvoir la permutation régulière des pratiquants, des consultants et des coordinateurs. III. Mettre en place des discussions régulières à propos de l’élaboration des pratiques, qui doivent être distinguées du contrôle. IV. Mettre l’accent sur la formation des pratiquants: l’analyse personnelle, le contrôle, la participation dans les séminaires de l’orientation lacanienne, l’étude des textes fondamentaux, animés par l’École. V. Il n’y a pas d’enseignement de psychanalyse appliquée, mais seulement de psychanalyse pure dans l’École et les Instituts.
L’EOL souligne par la voix de sa Présidente qu’elle n’a jamais connu « le problème de l’opposition entre psychanalyse pure et psychanalyse appliquée, car il a toujours été clair dans notre Ecole que c’était la psychanalyse pure, la passe, qui était son horizon… Nous sommes une école qui a toujours pris soin de la passe. Il n’y eut pas dans l’Ecole de crise de la passe. Il y eut une crise du dispositif. » Cependant, la psychanalyse appliquée n’est pas laissée hors de l’Ecole puisqu’il y eut pour la première fois en 2008 « un Séminaire de recherche sur la psychanalyse appliquée, à la charge de la Présidente et de deux collègues du Conseil. Il s’agit d’un Séminaire d’élaboration provoquée, de recherche sur le contenu de ce que nous disons lorsque nous parlons de psychanalyse appliquée. » Pour les institutions, il faut souligner que « Pausa fonctionne sans aucune subvention de l’Etat ou d’autres institutions que l’EOL elle-même ». La « Red Asistencial » a été refondue et relancée autour d’une initiative nouvelle où le Conseil de l’EOL a un rôle déterminant. C’est l’occasion de mettre l’accent sur la formation et l’implication des membres de l’Ecole dans ce nouveau projet. Si elle est plus à distance du discours du maître, l’EOL ne serait pas à l’abri d’une prise dans une sorte de pédagogisation de la psychanalyse aux prises avec de puissantes universités et leurs mastères de psychanalyse. L’EOL n’est pas à l’abri des phénomènes d’identification de groupe, puisqu’elle admet la structure originale des « grups » qui participent à son fonctionnement.
Pour la NEL, son Président, Juan-Fernando Perez souligne que, dans les débats récents, il retient comme principe essentiel que « le principe peut-être unique de la psychanalyse est de maintenir la différence absolue entre son discours et les autres » et que l’intérêt des analystes en formation pour les institutions de psychanalyse appliquée témoigne de leur « avidité pour des expériences cliniques dans lesquelles les Ecoles ont une participation essentielle car les institutions de santé mentale telles qu’elles existent ne permettent pas de faire progresser une formation. » Cependant, lorsqu’il y a de tels centres animés par la psychanalyse, le risque est grand que toute l’énergie des membres s’y épuise.
Il faut noter qu’une des particularités de la NEL est de ne pas encore avoir d’AE et que le recentrage sur la psychanalyse pure depuis octobre « a été un soulagement » et a recentré l’Ecole sur elle-même. Un séminaire itinérant clinique du Conseil a été mis en place pour aider à la lecture de textes fondamentaux qui orientent la pratique clinique.
Pour les écoles européennes, au nombre de 4 (ELP, ECF, NLS, SLP), nous commencerons par suivre la mise en place de leur Fédération, la Fédération Européenne des Ecoles de Psychanalyse (FEEP). Son Conseil se réunit maintenant régulièrement à l’occasion de des différentes Journées des Ecoles européennes. Il débat des thèmes communs aux Ecoles et des particularités de chacune. Son Président a pour fonction d’assurer le secrétariat de la passe de l’ELP en collaboration avec un secrétariat propre à cette Ecole. Il le fait en accord avec le Secrétariat de la Passe de l’AMP. Le Président veille aussi sur la communauté des lecteurs de la revue « Mental », qui n’est plus « Revue de psychanalyse appliquée », mais « Revue de psychanalyse de la FEEP ». La rencontre internationale Pipol sera maintenant la journée de la FEEP. L’objectif de la rencontre Pipol et celui de « Mental » se rejoignent, dit Vicente Palomera : « aider à créer l’instance de coordination de la lutte contre les idéologies de l’évaluation et de l’épidémiologie dans le champ de la santé mentale ».
La rencontre Pipol s’adresse à un public au-delà des Ecoles qui travaille dans le champ institutionnel. Pour lutter contre les effets d’identification institutionnels et plus généralement de groupe, il est précisé que les interventions dans la Rencontre sont faites à titre personnel, au nom de chacun. Les relations entre psychanalyse appliquée et psychanalyse dans chacune des Ecoles européennes est différente. La situation de la SLP est d’emblée particulière puisque c’est le seul pays où nous avons une Ecole régie par une loi qui définit la psychothérapie et le psychothérapeute. L’Istituto lié à notre orientation délivre ce diplôme depuis 15 ans.
Depuis octobre 2007, à la suite d’une réunion tenue à Milan entre les membres et Jacques-Alain Miller, un nouveau tournant a été pris par la SLP. La relation entre l’Ecole et l’Institut n’est plus une mais multiple. Des membres ont pris l’initiative de proposer la reconnaissance d’autres instituts, deux à ce jour, ou encore d’autres initiatives d’enseignement diversifiées. Une assemblée extraordinaire, le 20 décembre 2008, tenue en la présence des présidents de la FEEP et de l’AMP, a confirmé ce tournant vers le multiple. Au-delà de cette question des Instituts habilitant à la psychothérapie, la nomination d’AE italiens en 2007, leurs témoignages, leur enseignement, participe à la mise au travail de l’Ecole autour d’un questionnement propre à la psychanalyse comme telle. C’est cette dimension qui doit être privilégiée dans l’orientation de l’Ecole. Elle doit atteindre la dimension d’un véritable « programme de travail ».
Pour l’ELP, sa présidente souligne que « la permutation de ses instances se produisit (5 novembre 2008) dans l’après-coup immédiat de l’intervention de Jacques-Alain Miller à la fin des Journées de l’ECF, du débat Internet des « entretiens d’actualité » et un jour après son intervention lors de la première journée du RIPA-Espagne à Barcelone intitulé « Sur le désir d’insertion et d’autres thèmes… ». L’Ecole s’est aussi orientée vers le refus décidé d’admettre une « spécialisation » entre psychanalyse pure et psychanalyse appliquée, mais plutôt de maintenir dans tous ses dispositifs institutionnels (surtout les CPCT), la rigueur de la formalisation et de la conversation clinique permanente ». L’Ecole souhaite se rassembler autour de l’interrogation sur la relation de l’analyste avec l’inconscient. De nouvelles demandes de passe sont un signe favorable.
Pour la NLS, l’accent mis l’année dernière sur la relation à l’inconscient de ses nouvelles recrues, un « engagement pour la cause psychanalytique, l’emportant sur la volonté d’être reconnu ou mentionné dans un annuaire d’école » a porté ses fruits. Un débat a traversé l’Ecole et un appel s’est produit à ce que puissent se tenir à Londres et à Varsovie des Forums rassemblant autour de Jacques-Alain Miller un front des critiques envers des formes de législation sur les psychothérapies hostiles à la psychanalyse.
Il faut encore noter la mise en œuvre d’une revue de la NLS, « revue de qualité internationale publiée uniquement en anglais et qui remplacera le Bulletin bilingue. Le premier numéro est déjà composé, la rédaction en est assumée par Sophie Marret. Son titre est repris de Shakespeare : Hurly Burly, soit le « tohu-bohu » du monde. Cette nouvelle revue a impliqué pour l’AMP la réorganisation de ses publications en anglais. Elle a constitué pour ce faire un comité éditorial en anglais de l’AMP : « The WAP English editorial committee » à la tête duquel est le Président de l’AMP avec un représentant de chaque publication, existante ou à venir de l’AMP en anglais. Pour le moment en font partie Héloïsa Caldas (Psychoanalysis online, UK), Sophie Marret ( Hurly Burly), un représentant des Psychoanalytical Notebooks et un pour le Lacanian Compass (USA).
L’effet des deux forums, à Londres le 20 septembre 2008, tenu sous le titre « Au-delà des fausses promesses de la sécurité » et à Varsovie le 17 janvier 2009 sous le titre « Les leçons de Lacan : clinique, société, philosophie » ainsi que les effets du débat confirment la nouvelle dynamique de la NLS. De même, le « Secrétariat à la reconquête de l’Est » dirigé par Judith Miller, avec Daniel Roy et Philippe Stasse, est très actif en Bulgarie et en Russie. Il veille à éviter la formation de fausses identifications groupales au sein des différentes « Antennes ». Le prochain congrès le la NLS, le 9 mai prochain à Paris est annoncé comme une véritable refondation.
Pour l’ECF, le réaménagement de la place des CPCT dans l’Ecole a donné lieu à un débat débouchant sur des mesures précises qui ont été prises, en sept points énoncés à Antibes le 9 décembre 2008 : suppression de la RIM, gestion du CPCT bien séparée, sélection des patients selon nos critères, une sélection des intervenants qui doit avoir lieu, une refonte du CPCT Chabrol, une permutation effective et une interrogation du rapport à la gratuité.
Pour la Passe et sa place dans l’ECF, deux interprétations s’opposent. Le fait que peu d’analystes s’aventurent dans la procédure est interprété par le Président de l’Ecole comme un besoin de relancer l’enthousiasme de façon active. L’ancienne Présidente de l’Ecole considère plutôt que l’enthousiasme est là, que l’expérience est réservée à peu de personnes, et qu’il faut se méfier des relances institutionnelles de l’enthousiasme.
Un mot pour terminer sur la liste Uqbar de l’AMP qui est ouverte à des inscriptions d’amis de l’AMP dûment présentés. Elle a maintenant 2171 souscriptions, soit environ 700 de plus que les membres de l’Association. Le blog de l’AMP a connu 180,005 visites jusqu’à janvier 2009. En deux années de fonctionnement, il a accueilli 1544 posts avec en moyenne 9000 visites par mois et 15000 pages vues. Il s’oriente vers une formule accueillant davantage le multimedia tout en restant simple dans la présentation.
Nous pouvons donc dire que dans l’ensemble de l’AMP, les derniers mois ont donné lieu à des débats féconds. Elle est maintenant à même d’affronter les défis qui se poseront en Europe, les législations sur les psychothérapies, et en Amérique les remaniements des pratiques par les rêves scientistes et les bureaucraties sanitaires privées ou publiques.
Par son dialogue avec les pouvoirs publics, par ses prises de position sur les législations qui nous concernent, par son commentaire continu des formes actuelles du malaise dans la civilisation, l’AMP manifeste l’utilité publique du discours psychanalytique, dans sa spécificité irréductible. C’est pour cela qu’elle poursuivra dans la voie de la reconnaissance comme organisation non gouvernementale d’utilité publique. C’est pour cette orientation que je demande donc, chers collègues, l’approbation de ce rapport moral. – Eric Laurent. Samedi 24 Janvier 2009
Une des nouveautés de ces nouveaux statuts, qui ont été adressés par mail à tous les membres, est de rendre annuelles les assemblées où sont présentées le rapport moral et le rapport de trésorerie. Ce sera donc la seconde assemblée en 8 mois.
Nos nouveaux statuts prévoient la possibilité de recueillir sans numerus clausus des pouvoirs pour l’assemblée. Une procédure a été mise en place dans les Ecoles et vous avez été prévenus le 25 octobre de la marche à suivre pour adresser vos pouvoirs. Après diffusion de l’ordre du jour de l’Assemblée Générale, les membres de l’AMP qui le souhaitent, pouvaient donner une procuration aux votes de l’Assemblée. Pour recueillir ces procurations, on a procédé de la façon suivante :
I. Les présidents des Ecoles de l’AMP, sollicités un mois auparavant, ont fait connaître à la date du 20 décembre la liste de toutes les personnes ayant donné procuration à un membre du conseil susceptible d’être présent lors de l’Assemblée Générale. En règle générale, il s’agissait d’un des membres du conseil de l’Ecole sollicitée.
II. Si un membre d’une école a souhaité assister à l’Assemblée Générale, il l’a fait savoir à la date du 20 décembre, auprès du secrétaire du bureau de l’AMP.
La procédure, qui va maintenant figurer dans le règlement intérieur, a bien fonctionné. Nous avons recueilli de nombreux pouvoirs dans toutes les Ecoles, soit en tout 717, tel que le Secrétaire, Gil Caroz, l’a établi. Avec les présents ici réunis, nous sommes près de huit cents, c’est-à-dire plus nombreux qu’à Buenos Aires lors de notre assemblée d’avril.
Nous avons donc maintenant l’obligation de présenter devant vous les comptes de l’Association annuellement. Pour nous rapprocher du modèle standard, nous avons, pour la première fois fait appel à un comptable qui s’occupera maintenant de la tenue de nos comptes. Ceux-ci étaient d’ailleurs suffisamment bien tenus pour qu’il puisse penser présenter de façon conforme aux règles de l’art les comptes déjà approuvés pour 2006 et 2007.
Le Bureau a procédé au recueil et à la préparation des données pour ce qui pouvait apparaître manquer et nous avons pu transmettre dans les délais à notre expert comptable. C’est ce qui va permettre la présentation des comptes par notre trésorier, Javier Esque.
Avec ses nouveaux statuts et ses nouvelles règles comptables, l’AMP n’en cesse pas moins d’être elle-même. Elle l’est simplement davantage. Il lui reste cependant à se doter d’un règlement intérieur, comme l’indique l’article 18 de nos statuts.
En tant qu’Ecole-Une, l’actualité de l’AMP est marquée par l’examen à travers chacune des Ecoles de la place et de la situation de la psychanalyse appliquée. Les « Entretiens d’actualité » publiés sur Internet ont lancé cet examen depuis octobre à travers toute l’AMP. Cet examen a permis de mieux comprendre comment et pourquoi, pour maintenir le cap de la relation de l’Ecole-Une avec la psychanalyse comme telle il fallait que les succès remportés dans le champ de la psychanalyse appliquée soient remis à leur juste place. Ces succès sont le résultat de l’emphase mise depuis 2001 et accentuée après l’affaire Accoyer de 2003 sur l’importance de la psychanalyse appliquée. Dans le texte de présentation de Pipol 4, Jacques-Alain Miller reconstruit l’historique de ce développement. Au-delà de cette période récente, dans son cours, il a pu aussi examiner les conséquences du « retour à la clinique » opérée dès le départ de l’Ecole de la Cause freudienne et transmis à l’ensemble de l’AMP. Le mouvement de déplacement, d’exportation du cabinet du psychanalyste vers des lieux distincts, originaux, n’en reste pas moins un acquis à reconsidérer à la lueur des développements récents.
Le succès de l’exploration des nouvelles formes d’application de la psychanalyse a rencontré l’intérêt du discours du maître contemporain d’une façon telle que nous nous sommes retrouvés pris dans la trame de son discours de façon inédite. Ce maître contemporain par l’intermédiaire des bureaucraties sanitaires propose des rêves inédits aux populations dont il veut toucher le cœur. Prophylaxie de la dépression en France et en Europe, construction d’un système de distribution de psychothérapies prescriptives pour remettre au travail les déprimés en Angleterre, en Amérique du Nord, accent mis sur les modèles comportementaux, partout un intérêt renouvelé pour la réglementation des psychothérapies.
La phase de dérégulation a construit le mythe de l’Agence d’évaluation indépendante comme lieu stratégique de la reconfiguration et de modernisation bureaucratique. Le retour à une phase de nouvelles régulations va sans nul doute toucher à ce mythe et redonner de l’importance au contrôle direct des appareils de surveillance. La bureaucratie américaine est maintenant remise au niveau des meilleures bureaucraties européennes. Nous verrons quelle forme vont prendre les nouveaux espoirs d’une régulation qui serait enfin la bonne. La fétichisation des chiffres et des normes n’est encore pas suffisamment critiquée. Il faudra maintenir notre effort pour faire entendre les conséquences catastrophiques de cette fétichisation dont certains se rendent compte. La redéfinition du rapport de la psychanalyse appliquée avec le discours du maître est aussi un réexamen de notre rapport avec le discours du maître, le rappel que la psychanalyse est résolument son envers. C’est pourquoi l’enjeu de l’Ecole n’est pas de se replier sur les formes classiques d’exercice de la psychanalyse. Il s’agit d’accentuer l’approfondissement du rapport de l’Ecole-Une avec la psychanalyse comme telle. En ce sens, l’opposition psychanalyse pure – psychanalyse appliquée qui nous a servi à ordonner un certain nombre de phénomènes n’est pas suffisante pour nous faire apercevoir que la psychanalyse pure n’est pas l’application de la psychanalyse sur une autre personne mais que la cure elle-même est une application. Le problème clef sur lequel Freud termine son texte sur « analyse finie – analyse infinie » est celui du psychanalyste lui-même.
L’horizon vers lequel la politique lacanienne des Ecoles s’avance est celle de renforcer l’intérêt des psychanalystes eux-mêmes pour leur inconscient. L’analyste lorsqu’il parle, le fait en tant qu’analysant. Le post-analytique est un « toujours analysant ». La surface sur laquelle s’inscrit le discours analytique inclut le point à l’infini, avec les paradoxes que les trajets sur une telle surface incluent. On en sort pour y rentrer de nouveau. Lorsque le psychanalyste s’adresse au discours psychanalytique, il ne cesse de se réinclure comme analysant.
L’extension de l’AMP l’a aussi amené non seulement au contact du discours du maître, mais aussi au contact avec les nouvelles formes du discours universitaire. Ce dernier a été profondément altéré par les rêves du savoir absolu managérial qu’a représenté l’évaluation. Les dégâts ont été les plus grands en Angleterre mais partout l’Université est touchée. Il faut toute la puissance des universités américaines de la Ivy League pour ironiser sur les méfaits de l’évaluation. Nous sommes amenés à intéresser les universitaires eux-mêmes à ces effets comme symptômes du malaise dans la civilisation.
Le Congrès de l’AMP se situe aussi dans cet horizon. Nos travaux ont pour intention de renforcer notre lien avec le réel de l’inconscient, noyau du sinthome, au-delà des semblants qui se proposent pour nous faire oublier l’impossible qui est en jeu. L’effort de l’AMP est aussi d’obtenir de chaque Ecole pour atteindre ces buts un style de travail différent, qui tienne compte de son moment propre, de la relation singulière qu’entretiennent ses membres avec le discours psychanalytique. En ce sens, il n’y a pas de meilleur aperçu du moment d’une Ecole que la façon dont elle présente ses admissions pour homologation. Le renforcement du rapport à la psychanalyse comme telle a eu pour conséquence qu’une aussi grande Ecole que l’ECF ne présente cette année à l’homologation que trois candidats. Nous avons insisté sur la nécessité de la particularisation de l’examen des demandes, au-delà de toute identification groupale homogénéisante (les jeunes, les CPCT, les élèves de l’Institut). Ce problème a été spécialement important pour l’EBP. Déjà, la conversation que j’avais eue avec le conseil de cette Ecole lors de mon voyage en novembre avait préparé ce changement d’horizon. Mais dans le dialogue du Conseil de l’AMP avec chacun des conseils des Ecoles, nous les avons encouragées à tenir compte de l’exemple de l’ECF.
La discussion du document de travail préparé pour la réunion du Conseil, véritable somme sur la politique lacanienne des Ecoles a donné lieu à un vaste tour d’horizon prometteur pour la préparation du point d’orgue du Congrès 2010 durant lequel aura lieu une importante permutation du Conseil AMP.
Venons-en maintenant à l’examen des différentes écoles, en commençant par les écoles américaines. Honneur à l’Amérique ainsi puisque nous pourrons écouter lundi 26 janvier dans ce local de l’ECF les membres américains du Conseil de l’AMP qui nous parleront du thème du Congrès de 2010. La place de la psychanalyse appliquée n’est pas la même dans les trois écoles américaines. C’est dans l’EBP que le nombre des CPCT est le plus important. La NEL compte seulement trois sièges, Caracas, Guyaquil et Guatemala sur seize où des institutions de psychanalyse appliquée se sont créées. A Caracas c’est en réponse à des appels d’offre de programmes d’Etat. A Guyaquil et Guatemala le centre de consultation émane de l’Ecole. L’EOL, quant à elle, n’a pas de CPCT mais un centre d’urgence original, « Pausa ». L’EBP est la plus intéressée aux institutions relevant de la psychanalyse appliquée, son Conseil a donc développé davantage son travail de réorientation de l’intérêt qui leur était porté. Il a été amené à réaffirmer trois points forts importants sur la formation, le contrôle, et des mesures pour les CPCT.
Sur la formation, le Conseil rappelle : « -Il n’y a pas de didactique de la formation, ce qui ne veut pas dire qu’il n’y a pas un programme de formation,-Le locus de cette formation est l’École « lieu où la question [du désir de l’analyste] peut devenir effective ». Le Conseil distingue ensuite précisément le contrôle du « travail d’élucidation de la pratique mené en groupe par des cartels de travail au CPCT. » Enfin, quant aux CPCT, le Conseil se propose de: I. Limiter la croissance des expériences de l’EBP – Bahia e Minas Gerais. II. Promouvoir la permutation régulière des pratiquants, des consultants et des coordinateurs. III. Mettre en place des discussions régulières à propos de l’élaboration des pratiques, qui doivent être distinguées du contrôle. IV. Mettre l’accent sur la formation des pratiquants: l’analyse personnelle, le contrôle, la participation dans les séminaires de l’orientation lacanienne, l’étude des textes fondamentaux, animés par l’École. V. Il n’y a pas d’enseignement de psychanalyse appliquée, mais seulement de psychanalyse pure dans l’École et les Instituts.
L’EOL souligne par la voix de sa Présidente qu’elle n’a jamais connu « le problème de l’opposition entre psychanalyse pure et psychanalyse appliquée, car il a toujours été clair dans notre Ecole que c’était la psychanalyse pure, la passe, qui était son horizon… Nous sommes une école qui a toujours pris soin de la passe. Il n’y eut pas dans l’Ecole de crise de la passe. Il y eut une crise du dispositif. » Cependant, la psychanalyse appliquée n’est pas laissée hors de l’Ecole puisqu’il y eut pour la première fois en 2008 « un Séminaire de recherche sur la psychanalyse appliquée, à la charge de la Présidente et de deux collègues du Conseil. Il s’agit d’un Séminaire d’élaboration provoquée, de recherche sur le contenu de ce que nous disons lorsque nous parlons de psychanalyse appliquée. » Pour les institutions, il faut souligner que « Pausa fonctionne sans aucune subvention de l’Etat ou d’autres institutions que l’EOL elle-même ». La « Red Asistencial » a été refondue et relancée autour d’une initiative nouvelle où le Conseil de l’EOL a un rôle déterminant. C’est l’occasion de mettre l’accent sur la formation et l’implication des membres de l’Ecole dans ce nouveau projet. Si elle est plus à distance du discours du maître, l’EOL ne serait pas à l’abri d’une prise dans une sorte de pédagogisation de la psychanalyse aux prises avec de puissantes universités et leurs mastères de psychanalyse. L’EOL n’est pas à l’abri des phénomènes d’identification de groupe, puisqu’elle admet la structure originale des « grups » qui participent à son fonctionnement.
Pour la NEL, son Président, Juan-Fernando Perez souligne que, dans les débats récents, il retient comme principe essentiel que « le principe peut-être unique de la psychanalyse est de maintenir la différence absolue entre son discours et les autres » et que l’intérêt des analystes en formation pour les institutions de psychanalyse appliquée témoigne de leur « avidité pour des expériences cliniques dans lesquelles les Ecoles ont une participation essentielle car les institutions de santé mentale telles qu’elles existent ne permettent pas de faire progresser une formation. » Cependant, lorsqu’il y a de tels centres animés par la psychanalyse, le risque est grand que toute l’énergie des membres s’y épuise.
Il faut noter qu’une des particularités de la NEL est de ne pas encore avoir d’AE et que le recentrage sur la psychanalyse pure depuis octobre « a été un soulagement » et a recentré l’Ecole sur elle-même. Un séminaire itinérant clinique du Conseil a été mis en place pour aider à la lecture de textes fondamentaux qui orientent la pratique clinique.
Pour les écoles européennes, au nombre de 4 (ELP, ECF, NLS, SLP), nous commencerons par suivre la mise en place de leur Fédération, la Fédération Européenne des Ecoles de Psychanalyse (FEEP). Son Conseil se réunit maintenant régulièrement à l’occasion de des différentes Journées des Ecoles européennes. Il débat des thèmes communs aux Ecoles et des particularités de chacune. Son Président a pour fonction d’assurer le secrétariat de la passe de l’ELP en collaboration avec un secrétariat propre à cette Ecole. Il le fait en accord avec le Secrétariat de la Passe de l’AMP. Le Président veille aussi sur la communauté des lecteurs de la revue « Mental », qui n’est plus « Revue de psychanalyse appliquée », mais « Revue de psychanalyse de la FEEP ». La rencontre internationale Pipol sera maintenant la journée de la FEEP. L’objectif de la rencontre Pipol et celui de « Mental » se rejoignent, dit Vicente Palomera : « aider à créer l’instance de coordination de la lutte contre les idéologies de l’évaluation et de l’épidémiologie dans le champ de la santé mentale ».
La rencontre Pipol s’adresse à un public au-delà des Ecoles qui travaille dans le champ institutionnel. Pour lutter contre les effets d’identification institutionnels et plus généralement de groupe, il est précisé que les interventions dans la Rencontre sont faites à titre personnel, au nom de chacun. Les relations entre psychanalyse appliquée et psychanalyse dans chacune des Ecoles européennes est différente. La situation de la SLP est d’emblée particulière puisque c’est le seul pays où nous avons une Ecole régie par une loi qui définit la psychothérapie et le psychothérapeute. L’Istituto lié à notre orientation délivre ce diplôme depuis 15 ans.
Depuis octobre 2007, à la suite d’une réunion tenue à Milan entre les membres et Jacques-Alain Miller, un nouveau tournant a été pris par la SLP. La relation entre l’Ecole et l’Institut n’est plus une mais multiple. Des membres ont pris l’initiative de proposer la reconnaissance d’autres instituts, deux à ce jour, ou encore d’autres initiatives d’enseignement diversifiées. Une assemblée extraordinaire, le 20 décembre 2008, tenue en la présence des présidents de la FEEP et de l’AMP, a confirmé ce tournant vers le multiple. Au-delà de cette question des Instituts habilitant à la psychothérapie, la nomination d’AE italiens en 2007, leurs témoignages, leur enseignement, participe à la mise au travail de l’Ecole autour d’un questionnement propre à la psychanalyse comme telle. C’est cette dimension qui doit être privilégiée dans l’orientation de l’Ecole. Elle doit atteindre la dimension d’un véritable « programme de travail ».
Pour l’ELP, sa présidente souligne que « la permutation de ses instances se produisit (5 novembre 2008) dans l’après-coup immédiat de l’intervention de Jacques-Alain Miller à la fin des Journées de l’ECF, du débat Internet des « entretiens d’actualité » et un jour après son intervention lors de la première journée du RIPA-Espagne à Barcelone intitulé « Sur le désir d’insertion et d’autres thèmes… ». L’Ecole s’est aussi orientée vers le refus décidé d’admettre une « spécialisation » entre psychanalyse pure et psychanalyse appliquée, mais plutôt de maintenir dans tous ses dispositifs institutionnels (surtout les CPCT), la rigueur de la formalisation et de la conversation clinique permanente ». L’Ecole souhaite se rassembler autour de l’interrogation sur la relation de l’analyste avec l’inconscient. De nouvelles demandes de passe sont un signe favorable.
Pour la NLS, l’accent mis l’année dernière sur la relation à l’inconscient de ses nouvelles recrues, un « engagement pour la cause psychanalytique, l’emportant sur la volonté d’être reconnu ou mentionné dans un annuaire d’école » a porté ses fruits. Un débat a traversé l’Ecole et un appel s’est produit à ce que puissent se tenir à Londres et à Varsovie des Forums rassemblant autour de Jacques-Alain Miller un front des critiques envers des formes de législation sur les psychothérapies hostiles à la psychanalyse.
Il faut encore noter la mise en œuvre d’une revue de la NLS, « revue de qualité internationale publiée uniquement en anglais et qui remplacera le Bulletin bilingue. Le premier numéro est déjà composé, la rédaction en est assumée par Sophie Marret. Son titre est repris de Shakespeare : Hurly Burly, soit le « tohu-bohu » du monde. Cette nouvelle revue a impliqué pour l’AMP la réorganisation de ses publications en anglais. Elle a constitué pour ce faire un comité éditorial en anglais de l’AMP : « The WAP English editorial committee » à la tête duquel est le Président de l’AMP avec un représentant de chaque publication, existante ou à venir de l’AMP en anglais. Pour le moment en font partie Héloïsa Caldas (Psychoanalysis online, UK), Sophie Marret ( Hurly Burly), un représentant des Psychoanalytical Notebooks et un pour le Lacanian Compass (USA).
L’effet des deux forums, à Londres le 20 septembre 2008, tenu sous le titre « Au-delà des fausses promesses de la sécurité » et à Varsovie le 17 janvier 2009 sous le titre « Les leçons de Lacan : clinique, société, philosophie » ainsi que les effets du débat confirment la nouvelle dynamique de la NLS. De même, le « Secrétariat à la reconquête de l’Est » dirigé par Judith Miller, avec Daniel Roy et Philippe Stasse, est très actif en Bulgarie et en Russie. Il veille à éviter la formation de fausses identifications groupales au sein des différentes « Antennes ». Le prochain congrès le la NLS, le 9 mai prochain à Paris est annoncé comme une véritable refondation.
Pour l’ECF, le réaménagement de la place des CPCT dans l’Ecole a donné lieu à un débat débouchant sur des mesures précises qui ont été prises, en sept points énoncés à Antibes le 9 décembre 2008 : suppression de la RIM, gestion du CPCT bien séparée, sélection des patients selon nos critères, une sélection des intervenants qui doit avoir lieu, une refonte du CPCT Chabrol, une permutation effective et une interrogation du rapport à la gratuité.
Pour la Passe et sa place dans l’ECF, deux interprétations s’opposent. Le fait que peu d’analystes s’aventurent dans la procédure est interprété par le Président de l’Ecole comme un besoin de relancer l’enthousiasme de façon active. L’ancienne Présidente de l’Ecole considère plutôt que l’enthousiasme est là, que l’expérience est réservée à peu de personnes, et qu’il faut se méfier des relances institutionnelles de l’enthousiasme.
Un mot pour terminer sur la liste Uqbar de l’AMP qui est ouverte à des inscriptions d’amis de l’AMP dûment présentés. Elle a maintenant 2171 souscriptions, soit environ 700 de plus que les membres de l’Association. Le blog de l’AMP a connu 180,005 visites jusqu’à janvier 2009. En deux années de fonctionnement, il a accueilli 1544 posts avec en moyenne 9000 visites par mois et 15000 pages vues. Il s’oriente vers une formule accueillant davantage le multimedia tout en restant simple dans la présentation.
Nous pouvons donc dire que dans l’ensemble de l’AMP, les derniers mois ont donné lieu à des débats féconds. Elle est maintenant à même d’affronter les défis qui se poseront en Europe, les législations sur les psychothérapies, et en Amérique les remaniements des pratiques par les rêves scientistes et les bureaucraties sanitaires privées ou publiques.
Par son dialogue avec les pouvoirs publics, par ses prises de position sur les législations qui nous concernent, par son commentaire continu des formes actuelles du malaise dans la civilisation, l’AMP manifeste l’utilité publique du discours psychanalytique, dans sa spécificité irréductible. C’est pour cela qu’elle poursuivra dans la voie de la reconnaissance comme organisation non gouvernementale d’utilité publique. C’est pour cette orientation que je demande donc, chers collègues, l’approbation de ce rapport moral. – Eric Laurent. Samedi 24 Janvier 2009
DÉBAT DE L’ÉCOLE UNE
Marco Focchi, Président de la SLP
Du côté de l’inconscient
Les autres textes de Estela Paskvan, Maurizio Mazzotti, Vilma Coccoz, José R. Ubieto et Montserrat Puig, sont publiés dans le document en attaché.
Marco Focchi, Président de la SLP
Du côté de l’inconscient
Un air de renouveau est en train de traverser l’AMP. Le débat actuel dans le Journal des journées en est l’écho constant : la passe est enfin retournée au centre de l’attention, la figure de l’analyste se transforme, en se plaçant, par rapport à l’inconscient, du côté de l’analysant, la clinique se centre sur le thème des semblants et du symptôme.
Ces trois grands thèmes seront les axes portants du congrès de l’AMP qui se tiendra à Paris en avril prochain. Qui ne sera présent à cet important rendez-vous sera en peine de saisir la portée d’innovation qui donnera le ton à la psychanalyse ces prochaines années. Une société fortement conditionnée par le conformisme scientiste crée, en effet, l’espace pour une position antagoniste où la psychanalyse a, et aura toujours plus, un rôle de premier plan.
Il est absolument nécessaire que la SLP se syntonise avec les grands thèmes du débat international et unisse sa propre voix donnant, ainsi, sa contribution originale.
A cette fin, il faut ouvrir une ample discussion entre tous, membres et non membres, tous ceux qui sont intéressés à participer à l’élan propulsif que peut donner la psychanalyse à notre époque
La nouveauté du congrès de l’AMP est qu’effectivement il sera ouvert également aux contributions des non membres. Et ce sera ainsi pour le congrès de la SLP : tous sont invités à donner des propositions d’intervention.
Il est vrai que l’accélération due aux exigences du moment dépasse parfois les temps, nécessairement plus longs, de programmation de nos rencontres.
Nous devons donc être prêts à sentir les changements afin d’être en résonance avec ce qui est en train de se produire. C’est ce qu’a fait le Conseil en programmant les choses de façon à ce que le prochain Congrès de Turin devienne le test de la nouvelle forme que devra prendre l’Ecole. Celle-ci, en effet, ne devra pas être seulement le point d’arrivée de l’analyste qui a accompli sa formation personnelle, mais plutôt le lieu dynamique où le travail sur l’inconscient des analysants se situe du même côté que ceux qui ont commencé à exercer la psychanalyse, et qui continuent à se laisser interroger sur leur rapport à l’inconscient. Elle devra être le terrain d’entente entre la réflexion et l’élaboration de l’expérience de la psychanalyse. Elle devra se rendre sensible aux mouvements de transfert qui se produisent dans le social afin qu’ils ne soient pas interceptés par les dispositifs répressifs de pouvoir, créateurs de faux consensus, qui stérilisent le désir à travers un déluge d’objets pacotille.
Nous devons faire en sorte que le travail sur l’inconscient devienne la lame qui sépare la société du spectacle, l’océan de fausse science agité par les mass media, des semblants qui portent au réel.
C’est de la rencontre ENAPOL de nos collègues argentins, qu’est venu l’énoncé, amplifié par Twitter avec un effet de circulation immédiate d’un continent à l’autre, qui incite à dés uniformiser notre énonciation.
Dirigeons-nous donc dans cette direction. Pour être en syntonie avec cette vague de renouveau qui déplace les vieilles idées dans notre communauté, le Conseil a retenu indispensable de modifier le thème du Congrès de Turin, qui est reformulé ainsi : Du côté de l’inconscient.
Si nous ne voulons pas voir le psychanalyste simplement comme un parmi tant d’autres experts dont s’est rempli le monde empreint d’utilitarisme, si nous voulons voir comment se présente le nouveau semblant du psychanalyste qui n’abandonne pas son propre rapport à l’inconscient, nous devons nous interroger du côté de l’inconscient, là où émerge le point d’énonciation de chacun.
Ce communiqué a valeur de lancement du débat dans l’Ecole sur ces thèmes, qui nous portent vers le rendez-vous d’avril à Paris et de juin à Turin, tous les deux à ne pas perdre. Tous sont invités à participer et à animer ce débat. Essayons d’entrer dans le nouvel ordre d’idées et ne nous mettons pas à la fenêtre dans l’attente de voir les interventions des autres. Pour nous tous c’est le moment où nous pouvons dire. tua res agitur, c’est de toi qu’il s’agit, en première personne et pour tous il y a un espace de parole et d’expression, de la manière la plus ouverte et la moins hiérarchisée possible.
Ces trois grands thèmes seront les axes portants du congrès de l’AMP qui se tiendra à Paris en avril prochain. Qui ne sera présent à cet important rendez-vous sera en peine de saisir la portée d’innovation qui donnera le ton à la psychanalyse ces prochaines années. Une société fortement conditionnée par le conformisme scientiste crée, en effet, l’espace pour une position antagoniste où la psychanalyse a, et aura toujours plus, un rôle de premier plan.
Il est absolument nécessaire que la SLP se syntonise avec les grands thèmes du débat international et unisse sa propre voix donnant, ainsi, sa contribution originale.
A cette fin, il faut ouvrir une ample discussion entre tous, membres et non membres, tous ceux qui sont intéressés à participer à l’élan propulsif que peut donner la psychanalyse à notre époque
La nouveauté du congrès de l’AMP est qu’effectivement il sera ouvert également aux contributions des non membres. Et ce sera ainsi pour le congrès de la SLP : tous sont invités à donner des propositions d’intervention.
Il est vrai que l’accélération due aux exigences du moment dépasse parfois les temps, nécessairement plus longs, de programmation de nos rencontres.
Nous devons donc être prêts à sentir les changements afin d’être en résonance avec ce qui est en train de se produire. C’est ce qu’a fait le Conseil en programmant les choses de façon à ce que le prochain Congrès de Turin devienne le test de la nouvelle forme que devra prendre l’Ecole. Celle-ci, en effet, ne devra pas être seulement le point d’arrivée de l’analyste qui a accompli sa formation personnelle, mais plutôt le lieu dynamique où le travail sur l’inconscient des analysants se situe du même côté que ceux qui ont commencé à exercer la psychanalyse, et qui continuent à se laisser interroger sur leur rapport à l’inconscient. Elle devra être le terrain d’entente entre la réflexion et l’élaboration de l’expérience de la psychanalyse. Elle devra se rendre sensible aux mouvements de transfert qui se produisent dans le social afin qu’ils ne soient pas interceptés par les dispositifs répressifs de pouvoir, créateurs de faux consensus, qui stérilisent le désir à travers un déluge d’objets pacotille.
Nous devons faire en sorte que le travail sur l’inconscient devienne la lame qui sépare la société du spectacle, l’océan de fausse science agité par les mass media, des semblants qui portent au réel.
C’est de la rencontre ENAPOL de nos collègues argentins, qu’est venu l’énoncé, amplifié par Twitter avec un effet de circulation immédiate d’un continent à l’autre, qui incite à dés uniformiser notre énonciation.
Dirigeons-nous donc dans cette direction. Pour être en syntonie avec cette vague de renouveau qui déplace les vieilles idées dans notre communauté, le Conseil a retenu indispensable de modifier le thème du Congrès de Turin, qui est reformulé ainsi : Du côté de l’inconscient.
Si nous ne voulons pas voir le psychanalyste simplement comme un parmi tant d’autres experts dont s’est rempli le monde empreint d’utilitarisme, si nous voulons voir comment se présente le nouveau semblant du psychanalyste qui n’abandonne pas son propre rapport à l’inconscient, nous devons nous interroger du côté de l’inconscient, là où émerge le point d’énonciation de chacun.
Ce communiqué a valeur de lancement du débat dans l’Ecole sur ces thèmes, qui nous portent vers le rendez-vous d’avril à Paris et de juin à Turin, tous les deux à ne pas perdre. Tous sont invités à participer et à animer ce débat. Essayons d’entrer dans le nouvel ordre d’idées et ne nous mettons pas à la fenêtre dans l’attente de voir les interventions des autres. Pour nous tous c’est le moment où nous pouvons dire. tua res agitur, c’est de toi qu’il s’agit, en première personne et pour tous il y a un espace de parole et d’expression, de la manière la plus ouverte et la moins hiérarchisée possible.
Traduction de Brigitte Laffay
Les autres textes de Estela Paskvan, Maurizio Mazzotti, Vilma Coccoz, José R. Ubieto et Montserrat Puig, sont publiés dans le document en attaché.
vers Rennes 2010 :
Au début du xxie siècle, comment naît le désir de l’analyste
Au début du xxie siècle, comment naît le désir de l’analyste
le calendrier pour les journées de Rennes, établi par Jacques-Alain Miller, est consultable sur le blog de Rennes, en page d’accueil :
ANALYSANTS ET ANALYSTES FUN AMBULENT DE PARIS À RENNES
par Hélène Parvillé
par Hélène Parvillé
Étymologiquement, funambule vient du latin funis qui veut dire « corde » et de ambulare qui signifie « se promener », ce qui donne littéralement : se promener sur la corde. Pourquoi pas dérouler le fil du funambule proposé à Paris pour se rendre à Rennes ? Une façon parmi d’autres d’appréhender ces prochaines journées.
Philippe Petit est l’auteur d’un ouvrage intitulé « Le traité du funambulisme » (Actes Sud, 1997). « On y retrouve à la fois l'art et la science du funambule, le lyrisme et les exigences techniques du métier et pourtant il ne s'agit ni d'une méthode ni d'un manuel d'instruction", écrit Paul Auster en préface. Ce commentaire ne pourrait-il pas s’appliquer aux interventions des précédentes journées ?
Les Journées furent en effet gaies et dynamiques en ce mois de novembre à Paris. Une fun ambulation, certes, mais aussi sérieuse. Le funambule monté sur scène le dimanche nous a tenus en haleine comme avait pu le faire le travail accompli la veille par nos collègues.
Aujourd’hui est arrivé le temps de préparer des Journées de printemps à Rennes. Si Philippe Petit a marché entre les deux tours de Notre-Dame de Paris, celles du World Trade Center, et a traversé les chutes du Niagara, eh bien nous, nous traversons de Paris à Rennes, chacun à notre façon, suivant notre propre fil.
Philippe Petit est l’auteur d’un ouvrage intitulé « Le traité du funambulisme » (Actes Sud, 1997). « On y retrouve à la fois l'art et la science du funambule, le lyrisme et les exigences techniques du métier et pourtant il ne s'agit ni d'une méthode ni d'un manuel d'instruction", écrit Paul Auster en préface. Ce commentaire ne pourrait-il pas s’appliquer aux interventions des précédentes journées ?
Les Journées furent en effet gaies et dynamiques en ce mois de novembre à Paris. Une fun ambulation, certes, mais aussi sérieuse. Le funambule monté sur scène le dimanche nous a tenus en haleine comme avait pu le faire le travail accompli la veille par nos collègues.
Aujourd’hui est arrivé le temps de préparer des Journées de printemps à Rennes. Si Philippe Petit a marché entre les deux tours de Notre-Dame de Paris, celles du World Trade Center, et a traversé les chutes du Niagara, eh bien nous, nous traversons de Paris à Rennes, chacun à notre façon, suivant notre propre fil.
Sommaire du blog : les nouveautés
http://rennes2010.wordpress.com
Orientation
Stella Harrison : La passe, munitions contre la critique obsolète ?
Mariana Alba de Luna Chourreu : « De tordre ce tort et ce désir… je ris »
Twitter
Jean-Pierre Klotz : Passer par Twitter
N’hésitez pas à commenter les textes déjà publiés
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hébergement
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Une liste d’hôtels est à présent disponible sur le blog des Journées : http://rennes2010.wordpress.com/
Si vous comptez venir à Rennes, il est fortement conseillé de réserver rapidement car juillet est une période de tourisme et de festivals à Rennes, donc assez chargée…
Home in Brittany
Nous vous proposons également des hébergements chez l’habitant, des collègues ou des étudiants ayant offert d’accueillir ceux qui le souhaiteraient.
Si ce type de solution vous intéresse, il vous faut contacter les collègues qui ont bien voulu se charger de centraliser propositions et demandes :
Isabelle Delattre : delattre.isabelle@laposte.net et
Alice Le Glaunec : aliceleglaunec@hotmail.com .
Nous attendons vos contributions pour le blog des Journées de Rennes : réactions, suggestions diverses, réflexions sur l’orientation de ces prochaines Journées. Tout format, tout style.
http://rennes2010.wordpress.com
Vos textes sont à adresser à Caroline Pauthe-Leduc (caro.pauthe.leduc@gmail ) et Sophie Marret (sophie.marret@wanadoo.fr )
Pour la rubrique des Journées de Rennes du JJ, les textes (au format défini par Jacques-Alain Miller de 4500 signes maximum) sont à adresser à Jacques-Alain Miller (ja.miller@orange.fr ), ainsi qu’en copie à Sophie Marret et Caroline Pauthe-Leduc.
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Si ce type de solution vous intéresse, il vous faut contacter les collègues qui ont bien voulu se charger de centraliser propositions et demandes :
Isabelle Delattre : delattre.isabelle@laposte.net et
Alice Le Glaunec : aliceleglaunec@hotmail.com .
Appel à contributions
Nous attendons vos contributions pour le blog des Journées de Rennes : réactions, suggestions diverses, réflexions sur l’orientation de ces prochaines Journées. Tout format, tout style.
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Vos textes sont à adresser à Caroline Pauthe-Leduc (caro.pauthe.leduc@gmail ) et Sophie Marret (sophie.marret@wanadoo.fr )
Pour la rubrique des Journées de Rennes du JJ, les textes (au format défini par Jacques-Alain Miller de 4500 signes maximum) sont à adresser à Jacques-Alain Miller (ja.miller@orange.fr ), ainsi qu’en copie à Sophie Marret et Caroline Pauthe-Leduc.
16 et 17 janvier : Conférence du Journal sur la passe (fermé)
23 et 24 janvier : Journées du RI 3 à Bordeaux
7 février : Forum des psys sur l’évaluation
11 avril : Forum des psys sur la justice
26-30 avril : Congrès de l’AMP
29 mai : Journée du Cereda
5 juin : Colloque du Cien à Nancy
26 et 27 juin : Journées de la NLS à Genève
10 et 11 juillet : Journées de l’Ecole à Rennes
25 et 26 septembre : “Médecine et Psychanalyse” à Clermont-Ferrand
9 et 10 octobre : Journées de l’Ecole à Paris
23 et 24 janvier : Journées du RI 3 à Bordeaux
7 février : Forum des psys sur l’évaluation
11 avril : Forum des psys sur la justice
26-30 avril : Congrès de l’AMP
29 mai : Journée du Cereda
5 juin : Colloque du Cien à Nancy
26 et 27 juin : Journées de la NLS à Genève
10 et 11 juillet : Journées de l’Ecole à Rennes
25 et 26 septembre : “Médecine et Psychanalyse” à Clermont-Ferrand
9 et 10 octobre : Journées de l’Ecole à Paris
www.causefreudienne.org
ECF 1 rue Huysmans paris 6è Tél. + 33 (0) 1 45 49 02 68
diffusé sur ecf-messager, forupsy, et amp-uqbar
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Um comentário:
El blog deberia desarrollar especificamente el Dbate de la Escuela Una - en mi opinion. JAM
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