Compte-rendu des 1ères journées d'étude du groupe NLS-QUÉBEC à Montréal
les 1er & 2 mars 2014
La voie du désir
Par Anne Béraud
Ces 1ères journées d'étude à Montréal du groupe NLS-Québec furent un événement, avec la présence du Vice-Président de la NLS, Yves Vanderveken, et d'un AE, Bruno de Halleux.
Elles réunirent dans une salle comble, 35 personnes (un nombre
conséquent pour le Québec) inscrites à l'avance, très attentives et
participantes avec de nombreuses questions montrant l'implication de
chacun. La marque du style de ces journées fut l'élan et l’enthousiasme
qui présidèrent à la constitution du groupe NLS-Québec.
NLS-Québec compte, à ce jour, sept membres actifs au Québec, dont six ont présenté un travail au cours de ces journées.
Dans l'après-coup de ces
journées, les commentaires des participants indiquent le pas franchi, le
quelque chose de plus auquel nous sommes passés. Ces journées firent
événement.
Anne Béraud
ouvrit ces journées par une question : « Pourquoi la création d'un
nouveau groupe ? » La fondation de NLS-Qc, située dans une perspective
de formation des analystes orientés par Lacan et par l'orientation
lacanienne de J.-A. Miller, donne ainsi une présence concrète à l’École
au Québec. NLS-Québec a été créé, s'ajoutant au travail du Pont
Freudien, pour viser un point au-delà du Pont Freudien avec l'École pour
horizon. Donner une place aux psychanalystes et à leur formation, ainsi
qu'à ceux qui sont « travaillés » par la cause analytique, en tant que
cliniciens, analysants, futurs analysants..., et ainsi produire un effet
d'inscription de la transmission de la psychanalyse lacanienne au
Québec, nécessitent un nouage orienté vers et par l'École. Nous
travaillons en lien avec la NLS, traitant, de concert avec les autres
groupes et sociétés de la NLS, les thèmes des congrès de cette École.
La voie du désir fut le titre de ces journées, dans la perspective du thème du prochain congrès de la NLS (Ce qui ne peut se dire – fantasme, désir, réel).
La voie du désir est opposée à celle du père, et c'est cette voie que choisit Lacan à partir du Séminaire VI. Nous avons tenté de suivre la voie qu'il nous ouvre dans la construction des cas cliniques présentés.
Yves Vanderveken introduisit le thème. Les
trois termes - désir, fantasme, réel - sont supposés avoir une relation
avec « ce qui ne peut se dire », titre du prochain congrès de la NLS.
C’est dans ce fil qu'Yves Vanderveken a placé son intervention
d’ouverture.
Avec la question du
désir, énonça-t-il, nous sommes plongés au cœur de l'expérience
analytique, qui consiste à reconnaître, en l'interprétant, un désir.
Faute de quoi, il fabrique des symptômes.
Le désir n'a pas d'objet naturel, son objet est fantasmatique. Le désir inconscient est donc habité d'une jouissance du fantasme qui le détermine. Ainsi,
le désir de l'être humain est extravagant, toujours une protestation
aux normes, et l'humanité habitée par une jouissance qu'il ne faut pas.
Le désir se fait entendre sur fond de ce qui ne peut pas se dire.
La
voie du désir est la prise en compte du fait qu’il y a un trou dans
l’Autre de la loi où défaille à s’ordonner le tout de la jouissance.
Le Séminaire VI Le désir et son interprétation part du désir pour aller vers le fantasme. Yves Vanderveken s'est appuyé sur le Chapitre XXIV, La dialectique du désir chez le névrosé. Le désir devient « une défense contre la jouissance de l’Autre qui ne se laisse résorber dans aucune loi, une jouissance au-delà du phallus, dite pour cela jouissance féminine. » Le fantasme est alors un point de recours. Au moment de rencontre avec l'irreprésentable qui le laisse sans recours, le sujet répondra toujours à partir de son fantasme. Hamlet, comme le petit Hans, rencontre un désir qui excède la norme chez la mère et le plonge dans le plus grand désarroi. Face à cela, le désir névrotique se constitue comme défense par rapport au désir de l'Autre.
Le Séminaire VI Le désir et son interprétation part du désir pour aller vers le fantasme. Yves Vanderveken s'est appuyé sur le Chapitre XXIV, La dialectique du désir chez le névrosé. Le désir devient « une défense contre la jouissance de l’Autre qui ne se laisse résorber dans aucune loi, une jouissance au-delà du phallus, dite pour cela jouissance féminine. » Le fantasme est alors un point de recours. Au moment de rencontre avec l'irreprésentable qui le laisse sans recours, le sujet répondra toujours à partir de son fantasme. Hamlet, comme le petit Hans, rencontre un désir qui excède la norme chez la mère et le plonge dans le plus grand désarroi. Face à cela, le désir névrotique se constitue comme défense par rapport au désir de l'Autre.
L'accent mis sur la clinique, dans le programme de ces journées, orienta le travail sur la pratique, à partir de la spécificité de la clinique psychanalytique. Ne
récusant pas le type clinique auquel tout sujet appartient, la clinique
du cas s'attache à révéler la particularité de l'inconscient et
l'incomparable de chaque Un.
Ainsi, cinq cas cliniques ont été présentés, puis discutés avec la salle et commentés par B. de Halleux et Y. Vanderveken.
Deux cas en analyse, mais de courte durée. Ruzanna Hakobyan
a présenté le cas d'un sujet venu la rencontrer depuis peu. Cas d'un
homme dont la particularité est la prévalence donnée à l'image pour se
soutenir. Devant son identité énigmatique, le vide surgit et l'image
vient se substituer à ce vide ; avec le regard qui à la fois le soutient
et le persécute.
Anne Béraud a
déplié le parcours de deux années d'analyse d'une adolescente, qui
mettait en évidence comment le sujet névrosé répond avec son fantasme à
la question de l'énigme radicale du désir de l'Autre ; ainsi que
l’articulation de la névrose de la fille à celle de la mère. Cette jeune
fille a pu trouver son style.
Puis l'après-midi, trois cas rencontrés en institutions très variée ont été présentés. Geneviève Houde rapporta
le cas d'un jeune autiste qui l'a interpellée au cours d'un stage au
Courtil. Il passe de l'auto-mutilation comme tentative d'inscrire un
moins là où l'objet perdu ne s'est pas constitué, à la constitution d'un
objet qu'il détruit ensuite. Ouverture-fermeture vient se substituer à
l'auto-mutilation. Quand l'objet devient trop vivant, il le casse.
Tahar Amghar
présenta le cas d'une femme rencontrée au centre de crise où il
travaille. Face à la sexualité de sa mère qui excédait les normes - voir
sa mère embrasser un ami de la famille et aller le dire à son père,
fit, à l'âge de 7 ans, trauma pour elle. Être irréprochable fut la réponse du sujet comme indexe de son fantasme.
Fernando Rosa
présenta le cas d'un homme schizophrène, rencontré dans une maison
d'hébergement, autour de la question de « qu'est-ce qu'un corps ? » Il
nous enseigna sur la réponse singulière de cet homme qui put se
construire un savoir sur ce qu'est un corps, se constituer une
géographie de son corps, une extension trouée, mais à partir de
l'accueil que lui réserva Fernando Rosa, à partir d'une rencontre
inédite fondée sur le désir du côté de l'intervenant. F. Rosa témoigna
du fait que « plus la dynamique du désir fonctionne (dans le milieu de
travail), plus l'intervenant s'oriente en fonction de la reconnaissance
du singulier, du cas par cas ».
Le dimanche fut consacré à une séquence d'A.E. avec Bruno de Halleux. Il témoigna de son cas sous le titre : « Qu'est-ce qu'une analyse dans l'École de Lacan ? »
Son exposé fut suivi d'une conversation. Tout ce qu'il a fait dans sa
vie a été indexé par le fantasme. Nous reprîmes particulièrement trois
interprétations des deux derniers analystes qui l'ont marqué, jusqu'à
saisir le moment où le signifiant ne se connecta plus au signifiant
d'après.
Pour mettre à profit cette séquence d'A.E. et en tirer un enseignement, la plupart de l'auditoire avait participé à une soirée préparatoire où huit textes des témoignages de B. de Halleux avait été étudiés.
La passe permet, entre
autres, de tirer un enseignement de ce qui fait qu'une analyse est menée
à son terme. Avec l'intervention de Bruno de Halleux, nous fûmes au
cœur d'un travail d'École.
Succéda à cette séquence un cartel fulgurant, où trois participants avec le Plus-Un, Yves Vanderveken, suivirent chacun un fil, à partir des chapitres 20, 21 et 22 du Séminaire VI Le désir et son interprétation de Jacques Lacan. Ce cartel exista le temps de l'exercice, qui comprit un moment d'échange avec la salle.
Tahar Amghar, Anne Béraud et Anne Marché Paillé se prêtèrent à l'exercice. La discussion dégagea une question : l'objet a du fantasme est-il i(a) ou le petit a cause du désir, donc devant ou derrière le sujet ?
C'est sous le signe de
l’enthousiasme que se déroulèrent ces deux journées de travail intense,
ce qui ne laisse aucun doute sur la reconduction d'une formule dans un
style semblable pour les deuxièmes journées d'étude prévues en 2015.
La 1ère Assemblée Générale de NLS-Québec eut lieu dimanche après-midi, réunissant les sept membres du groupe avec Yves Vanderveken et Bruno de Halleux.
Montréal, le 18 mars 2014.
Sur le Mont-Royal à Montréal, par -24o, le 3 mars 2014 : Bruno de Halleux, Anne Béraud, Yves Vanderveken
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