L’acte suicide du
terroriste, calculé pour commettre un meurtre, se présente comme un Janus. D’un
côté, le suicide donne à l’acte une tonalité mélancolique, que semblent
corroborer les auto-accusations dont témoignent certains candidats au djihad.
Sur son autre face, le « frère », bien loin d’éprouver un affect de tristesse,
manifeste une élation et un déchaînement de l’Idéal du moi d’allure maniaque.
Un enthousiasme indéfectible soutient ces deux registres qui sont
complémentaires et indissociables, puisqu’atteindre l’Autre est précisément ce
qui justifie le suicide.
À la différence des médias occidentaux, l’État Islamique (EI) ne parle jamais d’attentat suicide, celui-ci étant interdit par l’islam, mais il le qualifie d’opération martyre. Lacan, dans son commentaire d’Antigone, notait qu’« il n’y a que les martyrs pour être sans pitié ni crainte. Croyez-moi, le jour du triomphe des martyrs, c’est l’incendie universel »(1). Triomphe de l’objet – qui pour Lacan caractérise la mélancolie(2) –, triomphe de la religion(3), triomphe des martyrs. Ce triptyque déplié par Lacan est réel-isé avec éclat par l’acte du djihadiste, qui noue position de déchet, offrande au Dieu obscur et jouissance sans limite.
L’acte du martyr s’oppose au suicide altruiste décrit par la psychiatrie classique dans lequel, avant de se donner la mort, le sujet dit tuer ses proches pour leur épargner la douleur d’exister. Si ces deux modes opératoires visent l’Autre autant que le sujet lui-même, le suicide altruiste reste coupé de tout lien social, car aucun discours ne supporte son acte qui ne se soutient que d’un délire d’ordre privé. Au contraire, l’acte suicide et meurtrier du terroriste est pris dans un discours qui prescrit sa soumission à Dieu et la mise en œuvre d’une politique précise l’inscrivant dans un lien social puissant. Le djihad est en place de signifiant-maître qui, couplé à l’idéal religieux, commande au sujet d’orienter la pulsion vers le sacrifice. Le sujet se soumet à ce S1 – le $ restant résolument sous la barre, toute subjectivité étant écrasée par le poids du signifiant. L’impératif surmoïque, moteur du passage à l’acte, relaie la voix du commanditaire qui ordonne puis ponctue : « Allah a aidé nos frères [sic] et leur a accordé ce qu’ils espéraient [le martyre] »(4). C’est au nom d’un Autre vénéré que le suicide est commis ; ce qui, en l’absence de prise dans un discours, serait pure injonction délirante, est ici nommé, reconnu et valorisé par une communauté. Si cette modalité de la guerre ne date pas d’hier (j’en trouve, par exemple, la trace chez certains moudjahidines lors de la mutinerie des cipayes contre les Anglais de la Compagnie des Indes en 1857), notre époque lui imprime un mode de jouissance nouveau, qu’Éric Laurent qualifiait d’« altération particulière des idéaux qui ne tiendrait que par un pousse-au-jouir »(5).
Se faire un nom
La haine de l’Autre est à la parade, ce qui différencie les terroristes des sujets mélancoliques qui, eux, affichent une haine de soi, masquant ainsi avec succès leur haine de l’Autre, car comme Freud l’a explicitement indiqué « Toutes les paroles dépréciatives qu’ils prononcent à l’encontre d’eux-mêmes sont au fond adressées à l’encontre d’un autre »(6). Pourtant, si, comme l’a montré Réginald Blanchet, le martyr se constitue en objet sacré(7), il comporte aussi un versant d’objet impur offert en sacrifice à Dieu.
En l’absence d’une clinique du djihadiste, et a fortiori du martyr (faute de psy au paradis), deux ouvrages peuvent retenir notre attention : Les Français djihadistes de David Thomson, recueil d’interviews récentes de djihadistes partis en Syrie ou en instance de départ, et La Terre est plus belle que le Paradis de Khaled al-Berry, récit qui constitue un rare témoignage de « repenti ».
La culpabilité apparaît dans certains propos recueillis par D. Thomson, dévoilant comment l’idéal et le culte du Père (représenté par le Prophète et ses imams) peuvent, dans certains cas, opérer pour sortir le sujet d’une vie qu’il qualifie après coup d’impure (Haram), l’identifiant à « l’ignorance »(8) de la période pré-islamique. L’attrait de l’idéal traite l’absence de repères et donne une orientation au sujet déboussolé.
Le renoncement à la jouissance, qu’impliquent la conversion et l’engagement dans le djihad, ne se fait pas en pure perte : « c’est l’islam qui nous a donné notre identité »(9), dit l’un de ces jeunes ; renoncer au « bas monde matérialiste »(10) est une purification qui lave des péchés liés à une vie où la liberté sexuelle s’accompagnait volontiers de l’usage de drogues et d’alcool. Dans cette perspective « mélancolique » où le sujet s’auto-accuse, la voie du martyre est, selon l’un de ces candidats, « un accès VIP pour le paradis »(11) : « tous tes péchés passés seront effacés, toutes tes mauvaises actions transformées en bonnes actions »(12). Lacan parle de « l’opération religieuse » par laquelle ce qui est perdu de désir pour le bien, cette livre de chair, est justement ce que la religion, « toutes les religions », précise-t-il, « se font office et emploi de récupérer »(13). Par sa mort, il se fait un nom, il devient un martyr glorifié jouissant de la reconnaissance d’un Autre tout puissant et de celle de la communauté dans laquelle son acte l’inscrit. Sa famille est honorée et il est montré en exemple aux néophytes.
Une cause parfaite
L’ouvrage de Kh. al-Berry, La Terre est plus belle que le Paradis, date de 2002. Certes éloigné du contexte actuel de conversions de sujets qui ont connu les jouissances promues par le discours capitaliste, le récit de ce jeune Égyptien livre une version névrotique de sa bascule précoce dans le djihad.
Dès l’adolescence, il intègre la Jamma al-Islamiya qui prône l’installation par la force d’un État qui suivrait les préceptes du Coran et qui, sans attendre ce jour, fait siens les impératifs du surmoi le plus féroce. Sont bannis la télévision, le football, la musique profane et toute forme de rapprochement sexuel hors mariage. Khaled commence par fustiger ses petites voisines qui laissent voir leurs jambes en jouant dans la rue. Il deviendra un activiste renommé au lycée, puis un prédicateur talentueux à l’université, n’hésitant pas à humilier les enseignants et, au nom de la morale, à interrompre les conversations entre étudiants de sexes opposés. Il place la question sexuelle au cœur de son engagement intégriste (le chapitre central de son livre s’intitule « Le sexe »). Son inhibition avec les filles, qu’il nomme « timidité maladive », repose sur un affect de dégoût qui éclot à onze ans quand il apprend que « nous venons au monde à la suite d’une copulation ». Un symptôme se forme par lequel il dit non à la jouissance, refusant tant le sexe de la femme que la masturbation, qui le dégoûtent. Tandis que son « appétit sexuel s’amenuise», sonattrait pour l’idéal et les avoir des «frères»– leurs«savantes arguties » – croît irrésistiblement. Il est animé d’un désir de savoir qui sera un rempart à l’angoisse et un bouchon à la cause du désir : « la cause qui m’habitait était parfaite. Il me suffisait d’y avoir recours pour juger de toute chose »(14) ; dès lors, « toute implication personnelle devient hors de propos » et nul souci critique ne l’effleure jamais.
Il devient un « élu » dans sa communauté. Pourtant, la tyrannie de l’idéal ne suffit pas à traiter la pulsion et il vérifie l’assertion de Freud selon laquelle « les tentations ne font que croître dans le renoncement continuel »(15). Aussi s’installe- t-il bientôt dans le voyeurisme – passant ses soirées à épier ses voisines, celles-là mêmes qu’il fuit pendant la journée. Un brin poète, il s’interroge : « étrange n’est-ce-pas que, consumé de la voir, je baisse les yeux à la voir »(16).
L’idéal de sainteté chutera brutalement quand un frère respecté, un « modèle du Bien », sera dénoncé comme « atteint d’homosexualité » et à ce titre déchu et battu. Puis, après la rencontre d’une femme et leur fuite à l’étranger – l’amour tenant une place centrale dans cette bascule –, il se consacrera à l’écriture et découvrira « comment un mot a un sens et comment ce sens peut avoir plusieurs sens ».
Jacques-Alain Miller a pu parler de la « résistance méritoire à l’objet petit a [qui] est exercée par le côté islam des civilisations »(17). On voit ici comment cette résistance radicale peut s’accorder avec la névrose d’un sujet.
Le couple vertu-terreur
Les djihadistes contemporains ne refusent pas d’être nommés terroristes, au nom d’un idéal de pureté fondé dans une loi écrite. L’un d’eux, après un an passé en Syrie, revendique que les mécréants « utilisent la terreur pour imposer la démocratie. Moi je vais imposer la terreur contre eux pour imposer la charia. L’islam ça ne se demande pas, la charia ça se demande pas. Ça se prend et ça se donne »(18).
Le djihadiste qui se fait objet de sacrifice et de terreur obéit à un programme mélancolique installé par son maître : sa vie dissolue mérite la mort, mais en l’offrant à Dieu en même temps qu’il attente à celles des « idolâtres », il rachète ses fautes et réalise le programme de purification planifié par son mentor. Le discours de l’EI, qui exige le « divorce » de « la vie d’ici-bas »(19) et fait promesse d’un destin glorieux, annihile le sujet qui dès lors s’identifie à l’objet déchet, lui- même promis à un statut d’objet précieux.
Ce discours qui couple la prescription de la terreur à l’idéal de la vertu n’est pas sans résonner avec celui de Robespierre qui, en apôtre d’un désir pur, théorisait et, plus encore, mettait en acte, la nécessité d’un couple vertu-terreur : « le ressort du gouvernement populaire en révolution est à la fois la vertu et la terreur : la vertu, sans laquelle la terreur est funeste ; la terreur, sans laquelle la vertu est impuissante »(20). Ce couple animé par la pulsion de mort peut-il conduire le sujet à une autre issue que son anéantissement ? Kh. al–Berry nous rappelle qu’une bonne rencontre peut parfois déjouer un destin funeste.
À la différence des médias occidentaux, l’État Islamique (EI) ne parle jamais d’attentat suicide, celui-ci étant interdit par l’islam, mais il le qualifie d’opération martyre. Lacan, dans son commentaire d’Antigone, notait qu’« il n’y a que les martyrs pour être sans pitié ni crainte. Croyez-moi, le jour du triomphe des martyrs, c’est l’incendie universel »(1). Triomphe de l’objet – qui pour Lacan caractérise la mélancolie(2) –, triomphe de la religion(3), triomphe des martyrs. Ce triptyque déplié par Lacan est réel-isé avec éclat par l’acte du djihadiste, qui noue position de déchet, offrande au Dieu obscur et jouissance sans limite.
L’acte du martyr s’oppose au suicide altruiste décrit par la psychiatrie classique dans lequel, avant de se donner la mort, le sujet dit tuer ses proches pour leur épargner la douleur d’exister. Si ces deux modes opératoires visent l’Autre autant que le sujet lui-même, le suicide altruiste reste coupé de tout lien social, car aucun discours ne supporte son acte qui ne se soutient que d’un délire d’ordre privé. Au contraire, l’acte suicide et meurtrier du terroriste est pris dans un discours qui prescrit sa soumission à Dieu et la mise en œuvre d’une politique précise l’inscrivant dans un lien social puissant. Le djihad est en place de signifiant-maître qui, couplé à l’idéal religieux, commande au sujet d’orienter la pulsion vers le sacrifice. Le sujet se soumet à ce S1 – le $ restant résolument sous la barre, toute subjectivité étant écrasée par le poids du signifiant. L’impératif surmoïque, moteur du passage à l’acte, relaie la voix du commanditaire qui ordonne puis ponctue : « Allah a aidé nos frères [sic] et leur a accordé ce qu’ils espéraient [le martyre] »(4). C’est au nom d’un Autre vénéré que le suicide est commis ; ce qui, en l’absence de prise dans un discours, serait pure injonction délirante, est ici nommé, reconnu et valorisé par une communauté. Si cette modalité de la guerre ne date pas d’hier (j’en trouve, par exemple, la trace chez certains moudjahidines lors de la mutinerie des cipayes contre les Anglais de la Compagnie des Indes en 1857), notre époque lui imprime un mode de jouissance nouveau, qu’Éric Laurent qualifiait d’« altération particulière des idéaux qui ne tiendrait que par un pousse-au-jouir »(5).
Se faire un nom
La haine de l’Autre est à la parade, ce qui différencie les terroristes des sujets mélancoliques qui, eux, affichent une haine de soi, masquant ainsi avec succès leur haine de l’Autre, car comme Freud l’a explicitement indiqué « Toutes les paroles dépréciatives qu’ils prononcent à l’encontre d’eux-mêmes sont au fond adressées à l’encontre d’un autre »(6). Pourtant, si, comme l’a montré Réginald Blanchet, le martyr se constitue en objet sacré(7), il comporte aussi un versant d’objet impur offert en sacrifice à Dieu.
En l’absence d’une clinique du djihadiste, et a fortiori du martyr (faute de psy au paradis), deux ouvrages peuvent retenir notre attention : Les Français djihadistes de David Thomson, recueil d’interviews récentes de djihadistes partis en Syrie ou en instance de départ, et La Terre est plus belle que le Paradis de Khaled al-Berry, récit qui constitue un rare témoignage de « repenti ».
La culpabilité apparaît dans certains propos recueillis par D. Thomson, dévoilant comment l’idéal et le culte du Père (représenté par le Prophète et ses imams) peuvent, dans certains cas, opérer pour sortir le sujet d’une vie qu’il qualifie après coup d’impure (Haram), l’identifiant à « l’ignorance »(8) de la période pré-islamique. L’attrait de l’idéal traite l’absence de repères et donne une orientation au sujet déboussolé.
Le renoncement à la jouissance, qu’impliquent la conversion et l’engagement dans le djihad, ne se fait pas en pure perte : « c’est l’islam qui nous a donné notre identité »(9), dit l’un de ces jeunes ; renoncer au « bas monde matérialiste »(10) est une purification qui lave des péchés liés à une vie où la liberté sexuelle s’accompagnait volontiers de l’usage de drogues et d’alcool. Dans cette perspective « mélancolique » où le sujet s’auto-accuse, la voie du martyre est, selon l’un de ces candidats, « un accès VIP pour le paradis »(11) : « tous tes péchés passés seront effacés, toutes tes mauvaises actions transformées en bonnes actions »(12). Lacan parle de « l’opération religieuse » par laquelle ce qui est perdu de désir pour le bien, cette livre de chair, est justement ce que la religion, « toutes les religions », précise-t-il, « se font office et emploi de récupérer »(13). Par sa mort, il se fait un nom, il devient un martyr glorifié jouissant de la reconnaissance d’un Autre tout puissant et de celle de la communauté dans laquelle son acte l’inscrit. Sa famille est honorée et il est montré en exemple aux néophytes.
Une cause parfaite
L’ouvrage de Kh. al-Berry, La Terre est plus belle que le Paradis, date de 2002. Certes éloigné du contexte actuel de conversions de sujets qui ont connu les jouissances promues par le discours capitaliste, le récit de ce jeune Égyptien livre une version névrotique de sa bascule précoce dans le djihad.
Dès l’adolescence, il intègre la Jamma al-Islamiya qui prône l’installation par la force d’un État qui suivrait les préceptes du Coran et qui, sans attendre ce jour, fait siens les impératifs du surmoi le plus féroce. Sont bannis la télévision, le football, la musique profane et toute forme de rapprochement sexuel hors mariage. Khaled commence par fustiger ses petites voisines qui laissent voir leurs jambes en jouant dans la rue. Il deviendra un activiste renommé au lycée, puis un prédicateur talentueux à l’université, n’hésitant pas à humilier les enseignants et, au nom de la morale, à interrompre les conversations entre étudiants de sexes opposés. Il place la question sexuelle au cœur de son engagement intégriste (le chapitre central de son livre s’intitule « Le sexe »). Son inhibition avec les filles, qu’il nomme « timidité maladive », repose sur un affect de dégoût qui éclot à onze ans quand il apprend que « nous venons au monde à la suite d’une copulation ». Un symptôme se forme par lequel il dit non à la jouissance, refusant tant le sexe de la femme que la masturbation, qui le dégoûtent. Tandis que son « appétit sexuel s’amenuise», sonattrait pour l’idéal et les avoir des «frères»– leurs«savantes arguties » – croît irrésistiblement. Il est animé d’un désir de savoir qui sera un rempart à l’angoisse et un bouchon à la cause du désir : « la cause qui m’habitait était parfaite. Il me suffisait d’y avoir recours pour juger de toute chose »(14) ; dès lors, « toute implication personnelle devient hors de propos » et nul souci critique ne l’effleure jamais.
Il devient un « élu » dans sa communauté. Pourtant, la tyrannie de l’idéal ne suffit pas à traiter la pulsion et il vérifie l’assertion de Freud selon laquelle « les tentations ne font que croître dans le renoncement continuel »(15). Aussi s’installe- t-il bientôt dans le voyeurisme – passant ses soirées à épier ses voisines, celles-là mêmes qu’il fuit pendant la journée. Un brin poète, il s’interroge : « étrange n’est-ce-pas que, consumé de la voir, je baisse les yeux à la voir »(16).
L’idéal de sainteté chutera brutalement quand un frère respecté, un « modèle du Bien », sera dénoncé comme « atteint d’homosexualité » et à ce titre déchu et battu. Puis, après la rencontre d’une femme et leur fuite à l’étranger – l’amour tenant une place centrale dans cette bascule –, il se consacrera à l’écriture et découvrira « comment un mot a un sens et comment ce sens peut avoir plusieurs sens ».
Jacques-Alain Miller a pu parler de la « résistance méritoire à l’objet petit a [qui] est exercée par le côté islam des civilisations »(17). On voit ici comment cette résistance radicale peut s’accorder avec la névrose d’un sujet.
Le couple vertu-terreur
Les djihadistes contemporains ne refusent pas d’être nommés terroristes, au nom d’un idéal de pureté fondé dans une loi écrite. L’un d’eux, après un an passé en Syrie, revendique que les mécréants « utilisent la terreur pour imposer la démocratie. Moi je vais imposer la terreur contre eux pour imposer la charia. L’islam ça ne se demande pas, la charia ça se demande pas. Ça se prend et ça se donne »(18).
Le djihadiste qui se fait objet de sacrifice et de terreur obéit à un programme mélancolique installé par son maître : sa vie dissolue mérite la mort, mais en l’offrant à Dieu en même temps qu’il attente à celles des « idolâtres », il rachète ses fautes et réalise le programme de purification planifié par son mentor. Le discours de l’EI, qui exige le « divorce » de « la vie d’ici-bas »(19) et fait promesse d’un destin glorieux, annihile le sujet qui dès lors s’identifie à l’objet déchet, lui- même promis à un statut d’objet précieux.
Ce discours qui couple la prescription de la terreur à l’idéal de la vertu n’est pas sans résonner avec celui de Robespierre qui, en apôtre d’un désir pur, théorisait et, plus encore, mettait en acte, la nécessité d’un couple vertu-terreur : « le ressort du gouvernement populaire en révolution est à la fois la vertu et la terreur : la vertu, sans laquelle la terreur est funeste ; la terreur, sans laquelle la vertu est impuissante »(20). Ce couple animé par la pulsion de mort peut-il conduire le sujet à une autre issue que son anéantissement ? Kh. al–Berry nous rappelle qu’une bonne rencontre peut parfois déjouer un destin funeste.
1 Lacan J., Le Séminaire, livre VIII, L’éthique de la psychanalyse, Paris, Seuil, 1986, p. 311. 2 Cf. Lacan J., Le Séminaire, livre X, L’angoisse, Paris, Seuil, 2004, p. 387.
3 Lacan J., Le Triomphe de la religion, Paris, Seuil, 2005.
4 Communiqué de l’EI du 14 novembre 2015.
5 Laurent É., « Jouissance et radicalisation », Lacan Quotidien, n° 528, 17 juillet 2015.
6 Freud S. : « Deuil et mélancolie », Métapsychologie, Paris, Gallimard, Idées, 1977, p. 157.
7 Cf. Blanchet R., « Victimes sacrificielles », Lacan Quotidien, n° 528, 17 juillet 2015.
8 Thomson D., Les Français djihadistes, Paris, Les Arènes, 2014, p. 24.
9 Ibid.
10 Ibid., p. 145.
11 Ibid., p. 35.
12 Ibid., p. 218.
13 Lacan J., Le Séminaire, livre VIII, L’éthique..., op. cit., p. 371.
14 Al-Berry Kh., La Terre est plus belle que le paradis, Paris, J.-C. Lattès, 2002, p. 46.
15 Freud S., Malaise dans la civilisation, Paris, PUF, 1983, p. 83.
16 Al-Berry Kh., La Terre est plus belle que le paradis, op. cit. p .126.
17 Miller J.-A., « Une fantaisie », Mental, n° 15, NLS, 2005, p. 18.
18 Thomson D., Les Français djihadistes, op. cit., p. 226.
19 Communiqué de l’EI du 14 novembre 2015.
4 Communiqué de l’EI du 14 novembre 2015.
5 Laurent É., « Jouissance et radicalisation », Lacan Quotidien, n° 528, 17 juillet 2015.
6 Freud S. : « Deuil et mélancolie », Métapsychologie, Paris, Gallimard, Idées, 1977, p. 157.
7 Cf. Blanchet R., « Victimes sacrificielles », Lacan Quotidien, n° 528, 17 juillet 2015.
8 Thomson D., Les Français djihadistes, Paris, Les Arènes, 2014, p. 24.
9 Ibid.
10 Ibid., p. 145.
11 Ibid., p. 35.
12 Ibid., p. 218.
13 Lacan J., Le Séminaire, livre VIII, L’éthique..., op. cit., p. 371.
14 Al-Berry Kh., La Terre est plus belle que le paradis, Paris, J.-C. Lattès, 2002, p. 46.
15 Freud S., Malaise dans la civilisation, Paris, PUF, 1983, p. 83.
16 Al-Berry Kh., La Terre est plus belle que le paradis, op. cit. p .126.
17 Miller J.-A., « Une fantaisie », Mental, n° 15, NLS, 2005, p. 18.
18 Thomson D., Les Français djihadistes, op. cit., p. 226.
19 Communiqué de l’EI du 14 novembre 2015.
20 Robespierre M., « Discours sur les principes de morale politique qui doivent guider la Convention », prononcé le 5 février 1794.
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