[English version below]
Le
transfert dans tous ses états
Sauvage,
politique, psychanalytique
Le titre du prochain congrès met le
transfert dans tous ses états, et spécifie en sous-titre quelques uns de ces
états. L’ordre des termes désignant ces derniers, sauvage, politique et
psychanalytique, ne saurait relever d’une progression. Car ces états se
distinguent, s’articulent, se séparent aussi bien, peuvent parfois coexister,
se croiser voire se percuter.
Aussi, commencerons-nous par le
dernier, le transfert psychanalytique, qui nous impose de
mentionner les deux premiers, comme des états qui en effet existent mais qui
peuvent à l’occasion être subvertis par celui relevant spécifiquement de la
psychanalyse.
Le mot transfert, qui n’appartient pas
spécifiquement à la terminologie psychanalytique, a pris, tout d’abord en tant
que notion, une définition très large dans le champ de la psychanalyse en
correspondant à un ensemble de phénomènes relatifs aux relations du patient et
de l’analyste. Ceci donna lieu par conséquent à autant de conceptions que
d’observations propres à chaque analyste, d’où l’embrouillamini qui en découla
pour pouvoir en saisir le véritable ressort.
Un obstacle
Freud introduisit, dès 1895, dans ses Études
sur l’hystérie, le terme de transfert, Übertragung, en constatant
qu’il existait des résistances au traitement – quand il était alors question de
la méthode de l’imposition des mains ou d’hypnose –, et en s’interrogeant sur
plusieurs sortes d’obstacles. Il en releva un majeur, non pas « intérieur[1] », tel qu’il qualifie celui des résistances, mais « extérieur[2] » et qui ressortit à « ce qui se produit quand les relations du
médecin et de son malade sont troublées[3] ». Il distingua alors trois sortes de troubles tournant tous autour
de la personne du médecin. Le premier concerne un grief personnel ou
l’influence de propos entendus sur ce dernier ou sur sa méthode, le second, la
crainte de trop s’y attacher, et le troisième, la crainte de reporter sur lui
des représentations nées du contenu de l’analyse, en d’autres termes des désirs
sexuels. Freud fera ainsi du transfert un phénomène venant déranger la cure et
non pas ce sur quoi celle-ci repose essentiellement, à savoir le lien du
patient à l’analyste.
Par la suite, d’autres articles de
Freud témoigneront d’un changement de perspective. Par exemple, en 1904, aux
Etats-Unis, à La Clark University, quand il formulera
que « chaque fois que nous traitons psychanalytiquement un névrosé,
ce dernier subit l’étonnant phénomène que nous appelons transfert[4] ». Nous noterons qu’il ne s’agit plus alors de relations troublées
mais de quelque chose qui fait partie intégrante du traitement.
Pour Freud, il est clair que « La
cure psychanalytique ne crée pas le transfert, elle ne fait que le démasquer
comme les autres phénomènes psychiques cachés[5] », car contrairement à d’autres thérapies, dans le traitement
psychanalytique, « toutes les tendances même les tendances hostiles,
doivent être réveillées […][6] ». Ainsi, « Le transfert, destiné à être le plus grand obstacle
à la psychanalyse, devient son plus puissant auxiliaire[7] », à la condition toutefois de le repérer et de l’interpréter. L’on
voit déjà que traiter le transfert en termes positif ou négatif, ou encore
d’amour et de haine, ne fait pas avancer les choses, et l’on peut ainsi
comprendre que cette « énamoration primaire[8] » – qui s’observe au début du traitement et qui n’est autre que
la Verliebtheit de Freud jouant « un rôle pivot dans le transfert[9] », et ce, au plan de l’imaginaire – soit ensuite désignée par Lacan
avec un nouveau mot : « hainamoration[10] ».
Signalons encore comment Freud conclura
son texte de 1905 sur le cas Dora, un traitement dont la durée de trois mois
n’en fut pas moins riche d’enseignement, notamment avec ce que Lacan en
élaborera magistralement en 1951.
Freud écrit qu’il n’a pas réussi à se «
rendre maître du transfert »[11] et que l’empressement de Dora à lui fournir du matériel lui fit
oublier d’être attentif « aux premiers signes du transfert qu’elle
préparait au moyen d’une autre partie de ce même matériel[12] ». Il répertorie alors ce qu’il n’aurait pas vu et interprété, mais
ce ne sont là que suppositions.
Dora, en effet, « mit en action
une importante partie de ses souvenirs et de ses fantasmes, au lieu de les
reproduire dans la cure[13] » et le facteur du transfert, par lequel Freud rappela Mr. K. à Dora,
lui resta définitivement inconnu.
Une dialectique
Nous pouvons déjà noter combien le fait
qu’un patient se mette à parler et à associer librement, dès les premiers
entretiens, n’atteste en rien de l’état du transfert. L’articulation
signifiante, réduite à sa plus simple expression, l’écriture S1-S2, n’est pas
suffisante pour parler du transfert psychanalytique. Il n’y a donc pas
d’évidence du transfert en termes de linéarité, mais comme le développera
Lacan, le transfert est à définir en termes de pure dialectique voire de
renversements dialectiques[14]. Ainsi, Lacan donne-t-il une direction de la cure, qui va de « la
rectification des rapports du sujet avec le réel, au développement du
transfert, puis à l’interprétation[15] ». Dans les années 50, cette interprétation du transfert est
définie par Lacan comme « Rien d’autre que de remplir par un leurre le
vide de ce point mort. » « Mais ce leurre, poursuit-il, est utile car
même trompeur il relance le procès[16]. » Car il est, dans les moments de stagnation de la
dialectique de l’analyse, « l’apparition des modes permanents selon
lesquels [le sujet] constitue ses objets. » et c’est pour cela que cette
interprétation ne revient pas à une explication qui consisterait à dire au
patient qu’il fait erreur.
Nous avons déjà ici ce que Lacan
affirmera en 1964, en réinterrogeant sans cesse le concept du transfert, à
savoir que celui-ci est à considérer comme « ce qui dirige la façon de
traiter les patients[17] » – où nous noterons que ce n’est pas le patient qui est dirigé – et
ajoutant qu’« inversement, la façon de les traiter commande le concept[18] ». C’est bien pour cela que le transfert est la boussole qui indique
autant les moments d’errance de l’analyste que son orientation.
Dès lors, ce n’est plus seulement en
termes de dialectique que Lacan conçoit le transfert, mais comme ce qui est en
lien avec la pulsation temporelle de l’inconscient, plus précisément ce qui
n’ouvre pas à l’inconscient, mais en est bien plutôt la fermeture. Nous
rejoignons donc ce qu’avançait Freud, à savoir que le transfert constitue un
obstacle et, tel qu’il le remarquait en 1912, que l’arrêt des associations
indique que le patient est sous l’emprise d’une idée se rapportant à
l’analyste. Et que, si l’analyste le signale au patient, cette « absence
d’associations s’est transformée en un refus de parler[19] ». Lacan, cependant, franchira l’obstacle freudien et montrera en
quoi la position de l’analyste est ici décisive.
Un nœud : fermeture
et interprétation
Avec ce nouveau pas, Lacan va en effet
traiter le transfert comme un nœud, car il est le point d’un paradoxe :
d’un côté, il faudrait qu’il se soit développé pour ouvrir à l’interprétation,
et de l’autre, il coupe la voie d’accès à l’inconscient. C’est dire la
stratégie qui est attendue de la part de l’analyste pour manier ce nœud. Cette
stratégie où l’analyste est moins libre que dans sa tactique (ses
interventions), et qui fait partie des trois modes d’action de l’analyste, la
troisième étant sa politique, ne revient pas à faire « appel à la partie
saine du sujet, qui serait là dans le réel[20] », ainsi que nombre d’analystes confondant le moi avec le sujet ont
pu s’y égarer. Car ce serait « méconnaître que c’est justement cette
partie-là qui est intéressée dans le transfert, […] celle qui ferme la porte[21] »; et c’est pourquoi, c’est à ce moment-là qu’entre en action la
stratégie de l’analyste et son interprétation visant la réouverture de la
porte. Ne simplifions pas toutefois la topologie de cette ouverture-fermeture,
car l’inconscient n’est pas au-delà de la fermeture, caché, tel un dedans, mais
il est au-dehors[22], et c’est lui qui, via le sésame de l’interprétation de l’analyste,
en appellera à cette ouverture. Il est clair que le maniement du transfert
auquel l’analyste doit son attention est désormais crucial, quant au statut de
l’inconscient et à son ouverture dans la cure.
Une crise conceptuelle
Le transfert psychanalytique, si c’est
de l’amour voire un amour authentique, n’est cependant pas n’importe lequel, et
c’est pour cela qu’en 1960-1961, Lacan y consacrera tout un séminaire. Il faut
également souligner que l’année d’avant, en 1959 -1960, il avait déjà examiné
la question de l’amour sous l’angle de l’amour courtois, pour le distinguer de
l’amour chrétien. Il s’agit en effet pour Lacan de forger ce qu’il en est de la
place de l’amour dans le discours analytique, ce nouvel amour, et ce, à partir
du transfert. De plus, si Lacan fait ce long parcours concernant l’amour dans
son enseignement, notamment à propos du transfert, c’est aussi pour montrer en
quoi le désir qui avait été délogé par l’amour chrétien et son commandement,
« Aime ton prochain comme toi-même », lequel évacue le sexuel, doit
par la psychanalyse et le transfert retrouver sa place.
Pour Lacan, la question de savoir ce
qu’est le transfert est loin d’être résolue et un bon nombre de divergences à
ce sujet s’est manifesté au cours des étapes historiques de la psychanalyse. C’est
même le lieu d’une « crise conceptuelle permanente dans l’analyse[23] », crise nécessaire à l’existence même de la psychanalyse. Ainsi, la
participation de l’analyste au transfert ne saurait se ranger dans le
fourre-tout du contre-transfert, comme cela eut lieu ce qui empêcha dès lors
toute possibilité de questionnement.
« Quelle est donc la place de
l’analyste dans le transfert ? », est une question que les
analystes doivent se poser, car si le transfert existe en tant que concept, il
ne peut-être un concept mort.
La relation analytique s’engage au
départ sur un malentendu, une erreur sur la personne, avec les fantasmes que
l’analysant fait supporter à l’analyste et que celui-ci accepte de supporter. Cela
ne coïncide en rien avec ce qu’il deviendra à la fin de la cure, du fait de
l’analyse du transfert. Il n’en demeure pas moins que, pour l’analyste, savoir
ce qu’il en est d’une analyse, pour en avoir fait une, ne suffit pas. Il lui
faut s’interroger sur « sa position véritable[24] » dans le transfert pour pouvoir répondre convenablement à
l’analysant.
Or Lacan pose également cette question
au niveau même de l’organisation de la société psychanalytique, prémices de ce
qu’il mettra en œuvre peu après, avec la fondation de son Ecole et la procédure
de la Passe, et ce, pour interroger ce qu’est l’analyste.
C’est dire en quoi le transfert ne
relève point de l’évidence mais, comme nous l’avons déjà souligné, de la
stratégie de l’analyste sans oublier de sa politique où il est encore moins
libre que dans sa stratégie et sa tactique. Dès lors, le transfert pose la
question de la place de l’analyste mais aussi de son être, et s’avère un rouage
incontournable tant dans la cure que dans la masse analytique.
Un algorithme
En 1967, Lacan met le transfert au cœur
de sa « Proposition sur le psychanalyste de l’Ecole », sous la forme
d’un algorithme, y introduisant ce qui en fait le pivot : le sujet supposé
savoir[25]. Ceci pour le sortir de l’intersubjectivité qui colle à la peau de la
relation de l’analyste à l’analysant, et, comme le formule si bien Lacan, afin
« de décrotter ce sujet du subjectif[26] ». Cette relation analytique n’est point réduite à deux partenaires,
mais elle implique le ternaire qu’est le sujet supposé savoir, lequel n’est ni
l’analysant, ni l’analyste. S’il y a deux désirs en jeu dans une cure, celui du
sujet et celui de l’analyste, et qui ne sont pas équivalents, il n’y a qu’un
sujet en jeu.
Que pouvons-nous dire du transfert
sauvage, et du transfert politique après ces
développements sur le transfert psychanalytique ?
Une interprétation
sauvage
Le mot de « sauvage » est
apparu sous la plume de Freud « à propos de la psychanalyse dite
sauvage », qui est le titre d’un de ses articles de 1910. A le lire, l’on
constate, en effet, que celle-ci procède de la suggestion, du conseil, et ne se
préoccupe point de ce qu’il en est du transfert et de la place qu’y occupe en
l’occurrence le médecin. Une patiente vient demander des comptes à Freud, car
un confrère qui lui avait fait une interprétation sauvage en avait rendu
responsable Freud avec sa nouvelle manière de voir. C’est pour le moins quelque
chose de l’ordre d’un transfert sauvage. Ce que notera Freud, c’est que parmi
les divers conseils donnés par le médecin préalablement consulté, aucune place
n’est laissée à la psychanalyse. Ainsi le transfert sauvage, est ici ce qui
soutient une interprétation avant même que le transfert n’ait connu son
développement, au sens où l’analyste aurait repéré à quelle place il se trouve.
C’est donc un transfert sans l’analyse, c’est-à-dire sans l’interprétation. Et
c’est ce que nous voyons fleurir dans les thérapies qui œuvrent sous
suggestion.
Freud soulignera le succès
thérapeutique que peuvent néanmoins obtenir de telles méthodes, car pour le
patient, une fois qu’il « s’est suffisamment plaint de son médecin et
qu’il se sent capable d’échapper à l’influence de celui-ci, ses symptômes
s’atténuent[27] ». Ce n’est donc pas tant au patient que cette façon de faire nuit,
mais au médecin lui-même et partant à la cause de la psychanalyse. Freud parle
alors, dans ce même texte, de la fondation d’une association psychanalytique
internationale où les membres déclineraient toute responsabilité des façons de
procéder de ceux qui n’en font pas partie.
Hors analyse
Ces transferts sauvages peuvent aussi
se produire latéralement à une cure, et s’ils ne sont pas repérés à temps par
l’analyste, parce que l’analysant les tait, et que de la sorte ils ne peuvent
être interprétés, ils produisent un retour au moi, c’est-à-dire une fermeture
de l’inconscient. C’est pour cela que tout transfert latéral peut être dit
sauvage, et peut se faire sur la personne d’un conjoint, d’un collègue, d’un
autre qui devient à l’occasion conseiller, confident, thérapeute, maître à
penser, enfin tout ce qui relève du discours du maître et qui use d’un pouvoir
sur quelqu’un, alors que l’analyste, lui, se privera du pouvoir de la
suggestion pour pouvoir donner son développement au transfert. Dès lors, cela
suppose qu’une place soit faite à l’interprétation, mais aussi que l’analyste
sache de quelle place il la fait.
Un Acting out
Une interprétation peut s’avérer fausse
quand l’analyste répond de la place de son moi, c’est-à-dire lorsque ses
préjugés le fourvoie, entraînant ainsi son analysant dans une même régression
topique. L’interprétation peut être aussi inexacte, ouvrant à la scène de l’acting
out. Nous en avons de nombreux exemples dans la littérature
psychanalytique, tels que ceux de Dora, de la jeune homosexuelle ou de l’homme
aux cervelles fraîches, patient de Kris. Dans le cadre de la cure, l’acting
out est un appel à l’interprétation, un signe fait à l’analyste, si
toutefois celui-ci y prête attention.
Pour Lacan, « l’acting out, […],
c’est l’amorce du transfert. C’est le transfert sauvage[28] ». Il peut se produire pour quelqu’un qui n’est pas en analyse, comme
fausse solution à son désir, mais aussi dans l’analyse, et dans ce cas, il en
appelle à une plus juste interprétation quant à la place du désir.
Reste le transfert politique qui
serait à situer entre le transfert sauvage et le transfert psychanalytique. Serait-il
l’envers de celui relatif à la psychanalyse ?
Une sphère
En 1969-1979, Lacan tint un séminaire
qu’il intitula d’abord La psychanalyse à l’envers, à un moment où la
politique était dans la rue et où il n’hésita pas à aller à la rencontre d’un
nouveau discours du maître, celui de l’Université, mis en cause par les
étudiants en révolte contre celle-ci, tout comme à l’endroit d’autres institutions,
elles aussi sous la coupe du discours du maître.
C’était en outre un moment politique
important pour la psychanalyse, celui où Lacan avait créé son École et où il
formalisait ses quatre discours fondamentaux.
Ce qui est au cœur de ces discours,
c’est la question du désir de savoir, en partant de ceci que le maître, lui, ne
désire rien savoir, et que l’Université ne fait que prolonger cette ignorance
en estampillant le savoir comme un tout qui commande à la production
d’unités de valeur. Cette totalisation du savoir est selon Lacan
« immanente au politique en tant que tel[29] », cela fait partie de l’idée imaginaire qui nous vient de celle
« du corps, comme bonne forme de la satisfaction, sur ce qui à la limite
fait sphère [et] a toujours été utilisée dans la politique, par le parti de la
prêcherie politique[30] ». Notons que cela n’a jamais été aussi frappant et amplifié
aujourd’hui avec les images du corps, notamment des politiques, qui remplissent
nos écrans.
Dans la cure analytique, si les corps
sont présents, l’image du corps doit l’être le moins possible, et c’est
pourquoi, dès le développement du transfert, « ce n’est plus à celui [que
Freud] tient en sa proximité qu’il s’adresse, et c’est la raison pourquoi il
lui refuse le face à face[31] ». Si le corps dans le discours du Maître est produit comme
plus-de-jouir, dans le discours analytique il est réduit à un semblant d’objet,
soit un silence, une voix ou un regard que l’analyste prête à l’analysant, le
temps que celui-ci puisse cerner ce qui cause réellement son désir.
Un savoir-vérité
Dans le discours de l’analyste, le
savoir, S2, est de son côté, « il l’acquiert d’entendre son analysant[32] » – c’est bien là un transfert de savoir « […] qu’à un certain
niveau on peut limiter au savoir-faire analytique[33] ». Ainsi, l’analyste, via le transfert, approchera-t-il ce
savoir comme de la vérité, c’est-à-dire comme quelque chose qui n’est pas un
tout et qui ne peut que se dire à moitié. Ce savoir en tant que vérité, en
tant que mi-dire, c’est la structure même de l’interprétation qui est attendue
de l’analyste. Celle-ci est supposée conduire à un savoir dont l’analyste se
fait « l’otage, c’est-à-dire celui qui accepte d’avance d’être le produit
des cogitations du psychanalysant », produit qui « est, à la fin,
destiné à la perte, à l’élimination du processus[34] ». Nous retrouvons bien ici, dix ans plus tard, le prolongement de
l’articulation du sujet supposé savoir comme ternaire dans l’algorithme
du transfert, avec ce pas de plus de l’analyste comme semblant d’objet et
déchet du processus analytique.
Le savoir en jeu dans la cure, réduit à
un trou, celui de l’inconscient du sujet, est ainsi à situer à l’envers de la
politique prise au sens du discours du Maître voire de celui de l’Université.
Un lien social
Lacan souligna qu’il ne disait pas
« la politique, c’est l’inconscient, mais simplement l’inconscient, c’est
la politique[35] ». C’est ce qu’il formula à propos de la logique du fantasme,
précisant que ce qu’il voulait dire par cet aphorisme, c’est que ce qui lie les
hommes entre eux et ce qui les oppose est précisément du côté de ce qu’il
essaye d’articuler de cette logique. Lacan se demanda alors pourquoi
faudrait-il être admis plutôt que rejeté, ce qu’une morale bien-pensante
pourrait énoncer. Sans cette logique propre au fantasme, des « glissements
peuvent se produire, qui font qu’avant de s’apercevoir que pour être rejeté
soit essentiel comme dimension pour le névrotique, il faut en tout cas qu’il
s’offre[36] ». Ainsi, pour le névrosé comme pour l’analyste lui-même, et pas de
la même place bien sûr, ceci consiste, avec de l’offre, à essayer de faire de
la demande. C’est ce qui vaut pour le transfert dans l’analyse, mais aussi dans
la société, où le psychanalyste avec le discours qu’il offre peut créer de la
demande. C’est un autre type de demande que celle de la demande politique de
l’Autre « sous les aspects de la démocratie et du marché[37] ». Et, en ce sens, on peut dire avec Lacan « qu’être
psychanalyste peut être une place dans la société[38] ». Cette demande, peut en effet prendre le nom de transfert, et se
distinguer des effets de suggestion pour ne pas dire d’hypnose et
d’identification généralisée que produisent les autres discours.
[1] Freud S., Breuer J., Études sur l’hystérie, PUF, Paris, 1956, p. 244.
[2] Ibid.
[3] Ibid.
[4] Freud S., Cinq leçons sur la psychanalyse, Cinquième leçon, Petite bibliothèque Payot, n° 84, Paris, 1972, p. 61.
[5] Freud S., « Fragment d’une analyse d’hystérie (Dora) », Cinq psychanalyses, PUF, Paris, 1973, p. 88.
[6] Ibid.
[7] Ibid.
[8] Lacan J., « La direction de la cure » [1958], Écrits, Seuil, Paris, 1966, p. 602.
[9] Lacan J., Le Séminaire, livre I, Les écrits techniques de Freud, Seuil, Paris, 1975, p. 311.
[10] Lacan J., Le Séminaire, livre XX, Encore, Seuil, Paris, 1975, p. 90.
[11] Freud S., Cinq psychanalyses, op. cit., p. 88.
[12] Ibid.
[13] Ibid., p. 89.
[14] Lacan J., « Intervention sur le transfert » [1951], Écrits, op. cit., p. 218.
[15] Lacan J., « La direction de la cure », ibid., p. 598.
[16] Lacan J., « Intervention sur le transfert », ibid., p. 225.
[17] Lacan J., Le Séminaire, livre XI, Les quatre concepts fondamentaux de la psychanalyse, Seuil, Paris, 1973, p. 114.
[18] Ibid.
[19] Freud S., « La dynamique du transfert », La technique psychanalytique, PUF, Paris, 1972, p. 52.
[20] Lacan J., Le Séminaire, livre XI, Les quatre concepts fondamentaux de la psychanalyse, op. cit., p. 119.
[21] Ibid.
[22] Ibid.
[23] Ibid., p. 119.
[24] Lacan J., Le Séminaire, livre VIII, Le transfert, Seuil, Paris, juin 2001(2ème édition), p. 390.
[25] Lacan J., « Proposition du 9 octobre 1967 sur le psychanalyste de l’École », Autres écrits, Seuil, Paris, 2001, p. 248.
[26] Ibid.
[27] Freud S., « À propos de la psychanalyse dite sauvage », La technique psychanalytique, op. cit., p. 42.
[28] Lacan J., Le Séminaire, livre X, L’angoisse, Seuil, Paris, 2004, p. 148.
[29] Lacan J., Le Séminaire, livre XVII, L’envers de la psychanalyse, Seuil, Paris, 1991, p. 33.
[30] Ibid.
[31] Lacan J., « La direction de la cure », Écrits, op. cit., p. 597.
[32] Lacan J., Le Séminaire, livre XVII, L’envers de la psychanalyse, p. 38.
[33] Ibid.
[34] Ibid. p. 41.
[35] Lacan J., Le Séminaire, livre XIV, La logique du fantasme, leçon du 10 mai 1967, inédit.
[36] Ibid.
[37] Miller J.-A., Cours Orientation lacanienne III, 4, 15 mai 2002, inédit.
[38] Lacan J., Mon enseignement, Seuil, Paris, 2005, p. 64.
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In a State of
Transference
Wild, political,
psychoanalytic
The title of the next Congress puts
transference in a state, and specifies, with its subtitle, a few of
these states. The order of these terms – wild, political and psychoanalytic –
does not imply a progression. For these states differ, articulate and separate
in equal measure, and can sometimes coexist, intersect or even collide.
So, let us begin with the last, psychoanalytic
transference, which requires us to mention the first two as states
which exist but which may occasionally be subverted by the one pertaining
specifically to psychoanalysis.
The word “transference”, which does not
belong specifically to psychoanalytic terminology, acquired, first of all as a
notion, a very broad definition in the field of psychoanalysis, corresponding
to a set of phenomena relating to relations between the patient and the
analyst. Consequently, this led to each analyst having their own conceptions
and observations on the subject, hence the muddle that ensued in the attempt to
grasp its true meaning.
An Obstacle
Freud introduced the term
“transference” (Übertragung) as early as 1895 in his Studies on
Hysteria, noting the existence of resistance to treatment – at the time
when it was a question of either laying on hands or hypnosis – and reflecting
upon several kinds of obstacles. A major one he mentions, which he
qualifies not as “inherent in the material”[1] – a term he reserves for resistances properly speaking – but
as “external”,[2] concerns what happens “when the patient’s relation to the
physician is disturbed”.[3] He then distinguishes three kinds of disturbance, all
revolving around the person of the doctor. The first concerns a personal
reproach aimed at the doctor or the influence of what has been heard about him
or his method; the second, the fear of becoming too attached; and the third the
fear of transferring [reporter] onto him representations that concern
the content of the analysis, in other words sexual desires. In this way, Freud
goes on to define transference as a phenomenon that disturbs the treatment and
not as what essentially supports it, namely the patient’s connection to the
analyst.
After this, other articles by Freud
reveal a change of perspective. For example, in 1904, at Clark University in
the United States, he affirmed that “[i]n every psycho-analytic treatment of a
neurotic patient the strange phenomenon that is known as ‘transference’ makes
its appearance”.[4] It is thus no longer a question of a disturbed relationship,
but rather of something integral to the treatment.
For Freud, it is clear that
“[p]sycho-analytic treatment does not create transferences, it merely
brings them to light, like so many other hidden psychical factors”,[5] because unlike other therapies, in psychoanalytic treatment,
“all the patient’s tendencies, including hostile ones, are aroused [...]”.[6] In this way, “[t]ransference, which seems ordained to be the
greatest obstacle to psychoanalysis, becomes its most powerful ally”,[7] provided, however, that it is identified and interpreted. We
can already see that treating transference in positive or negative terms, or in
terms of love and hate, does not make things move forward any quicker, and we
can thus understand why this “initial infatuation” [“énamoration primaire”][8] – which can be observed at the beginning of the treatment and
which is none other than Freud’s Verliebtheit playing “a pivotal role in
the transference”,[9] and this at the level of the imaginary – is then designated by
Lacan with a new word, “hainamoration”.[10]
Let us note again how Freud concluded
his 1905 text on the Dora case, a treatment whose duration of three months was
nonetheless rich in teaching, especially given Lacan’s masterful commentary of
it in 1951.
Freud goes on to write that he “did not
succeed in mastering the transference”[11] and he admitted that Dora’s eagerness to provide him with
material made him forget to be attentive to “the first signs of transference,
which was being prepared in connection with another part of the same material”.[12] He then spells out what he should have seen and interpreted,
but these are just suppositions.
Dora, in fact, “acted out an
essential part of her recollections and phantasies instead of reproducing it in
the treatment”[13] and the factor of transference, through which Freud reminded
Dora of Herr K, remained definitively unrecognized by him.
A Dialectic
We can already note how the fact that a
patient may begin to speak and associate freely from the first interviews does
not in itself give any indication of the state of the transference. The
signifying articulation, reduced to its simplest expression, the writing S1-S2,
is not sufficient to speak of psychoanalytic transference. Thus linearity
provides no clear evidence of transference but, as Lacan will go on to develop,
transference is to be defined in terms of pure dialectics and even dialectical
reversals.[14] Thus, Lacan gives a direction for the treatment, which
“begins with rectification of the subject’s relations with reality [réel], and
proceeds to development of the transference, and then to interpretation”.[15] In the 1950s, this interpretation of transference is defined
by Lacan as “[n]othing but to fill the emptiness of this standstill with a
lure. But […] this lure serves a purpose by setting the whole process in motion
anew”.[16] For, at moments of stagnation in the dialectic of analysis,
transference is “the appearance […] of the permanent modes according to which
[the subject] constitutes her objects”.[17] And this is why interpretation cannot be reduced to an
explanation that would consist in telling the patient that she is mistaken.
We already have here what Lacan –
constantly interrogating the concept of transference – will underline in 1964,
namely that transference is to be considered as that which “directs the way in
which patients are treated”.[18] Here we can note that it is not the patient who is directed.
Lacan goes on to add that, “conversely, the way in which they are treated
governs the concept”.[19] This is why transference is the compass that indicates not
only the waywardness of the analyst, but also his orientation.
From then on, Lacan not only conceives
transference in terms of dialectics, but as that which is linked to the
temporal pulsation of the unconscious. More precisely, it is that which does
not open to the unconscious, but is rather its closing. We therefore agree with
Freud’s contention that transference constitutes an obstacle and, as he noted
in 1912, that the halting of associations indicates that the patient is under
the influence of an idea relating to the analyst, and that if the analyst
points it out to the patient, “the situation is changed from one in which the
associations fail into one in which they are being kept back”.[20] However, Lacan overcomes the Freudian obstacle and will show
how the position of the analyst is decisive in this regard.
A Knot: Closure and
Interpretation
With this new step, Lacan effectively
treats transference as a knot, because it presents itself as a paradox: on the
one hand, its development is necessary to open the way to interpretation, and
on the other, it cuts off the way to the unconscious. Hence the strategy
required of the analyst in handling this knot. This strategy, where the analyst
has less freedom than he does in his tactics (his interventions), and which is
one of the analyst’s three modes of action, the third being his politics,[21] does not amount to “appeal[ing] to some healthy part of the
subject thought to be there in the real”[22] in the way that many analysts, confusing the subject with the
ego, came to lose their way. For to do so would be “to misunderstand that it is
precisely this part that is concerned in the transference, [...] this part that
closes the door”;[23] and this is why it is at this point that the strategy of the
analyst and his interpretation come into play, which aim to reopen the door.
However, do not simplify the topology of this opening-closing, because the
unconscious is not beyond the closure, hidden, like an inside, it is outside,[24] and it is this that, through the analyst’s open-sesame of
interpretation, calls for the reopening of the shutter. It is clear that the
handling of the transference to which the analyst must pay attention is from
this moment on crucial, as regards the status of the unconscious and its
opening in the treatment.
A Conceptual Crisis
Psychoanalytic transference, if it is
love, even an authentic love, is however not just any love, and it is for this
reason that Lacan devotes a whole seminar to it in 1960-61. It must be
emphasized that in his preceding seminar of 1959-60, he had already examined
the question of love from the angle of courtly love, in order to distinguish it
from Christian love. For Lacan, what was at stake was to establish what place
love has – this new love – within the analytic discourse, and this on the basis
of transference. Moreover, if Lacan spends so long developing the theme of love
in his teaching, especially with regards to transference, it is also to show
how desire, which had been dislodged by Christian love and its commandment to
“Love thy neighbor as thyself” – which evacuates sexuality – must be returned
to its place through psychoanalysis and transference.
For Lacan, the question of knowing what
transference is was far from being resolved, and quite a number of diverging
views on the subject had been expressed at different stages in the history of
psychoanalysis. Lacan even referred to it as the site of a “permanent conceptual
crisis […] in analysis”,[25] a crisis that is necessary for the very existence of
psychoanalysis. Thus, the question of the analyst’s involvement within transference
cannot be swept away into the catch-all category of countertransference, which
is what had indeed occurred, preventing any possibility of questioning.
The question of the analyst’s place in
transference is one that analysts must fix their attention upon, because if
transference exists as a concept, it cannot be a dead concept.
The analytic relation starts with a
misunderstanding, an error concerning who he is [erreur sur la personne],
with the fantasies that the analysand makes the analyst support and that the
analyst accepts to bear. This bears no relation to what he will become at the
end of the treatment, due to the analysis of the transference. Nonetheless, for
the analyst, knowing what is involved in an analysis, having done one himself, is
not enough. To be able to respond appropriately to the analysand, he must
consider his “true position”[26] within the transference.
Yet, Lacan also poses this question at
the very level of the organization of the psychoanalytic society, the first
fruits of which will be implemented soon after with the founding of his School
and the procedure of the Pass, and this in order to question what an analyst is.
So, transference has nothing to do with
evidence, but rather, as we have already underlined, with the analyst’s
strategy, not to mention his politics, in which he is even less free than in
his strategy and tactics.[27] Therefore, transference raises the question of the analyst’s
place, but also of his being, and is an essential cog in both the treatment and
the analytic group [masse].
An Algorithm
In 1967, Lacan puts the transference at
the heart of his “Proposition… on the Psychoanalyst of the School” in the form
of an algorithm, introducing that which gives it its pivotal function: the
subject supposed to know.[28] This is so as to extract it from the intersubjectivity that
sticks to the skin of the relationship between analyst and analysand and, as
Lacan puts it so well, to “wipe away the subjective from this subject”.[29] This analytic relation is not reduced to two partners, but
implies a third: the subject supposed to know, which is neither the analysand
nor the analyst. If there are two desires involved in a treatment, that of the
subject and that of the analyst, and which are not equivalent, there is
nevertheless only one subject at stake.
What can we say about wild
transference and political transference after these developments on
psychoanalytic transference?
A Wild Interpretation
The word “wild” appears in the title of
one of Freud’s articles from 1910, “Wild Psychoanalysis”.[30] If you read it, you will notice that, in fact, this so-called
wild analysis is offered at the level of suggestion, as advice, and does not
concern itself with the nature of the transference and the place that, in this
case, the physician occupies within it. A patient comes to hold Freud to
account because a fellow doctor, in making a wild interpretation about her, had
justified himself by attributing it to Freud and his new way of seeing things.
This is, to say the least, something of the order of a wild transference. What
Freud notes is that within the various recommendations that the previously
consulted physician had provided, no place had been left for psychoanalysis.
Thus, wild transference is here what steps in to support an interpretation
before the transference has been allowed to develop, in a way that would have
made it possible for the analyst to identify what place he occupies within it.
It is thus a transference without analysis, in other words without
interpretation. And that’s what we see flourishing in therapies that work under
suggestion. Freud will even highlight the therapeutic success that such methods
can achieve, for once the patient “has abused the physician enough and feels
far enough away from his influence, his symptoms give way…”.[31] It is therefore not so much the patient that is harmed by
this way of conducting things, but the physician himself and the psychoanalytic
cause. Indeed, in the same text, Freud goes on to speak about the foundation of
an international psychoanalytic association in which the members renounce all
responsibility for the conduct of those who are not part of it.
Outside Analysis
These wild transferences can also occur
as an offshoot to a treatment if they are not spotted in time by the analyst or
because the analysand keeps quiet about them and as a result they cannot be
interpreted. They produce a return to the ego, that is to say, a closure of the
unconscious. This is why any lateral transference could be deemed to be wild.
This can happen with the person of a spouse, with a colleague, with any other
who becomes on occasion a counselor, a confidant, a therapist, a master of
thought, or everything that proceeds from the discourse of the master and that
makes use of the power that one has over someone, as opposed to the analyst who
deprives himself of the power of suggestion in order to allow the transference
to develop. This consequently supposes that a place be made for interpretation,
but also that the analyst should know from what place the interpretation is
made.
An Acting Out
An interpretation can prove to be false
when the analyst answers from the place of his ego, in other words when his
prejudices lead him astray, thus drawing his analysand into the same
topographical regression. The interpretation can also be inaccurate, opening
the way to the acting out. We have a number of examples of this in
psychoanalytic literature, such as the Dora case, the case of the young female
homosexual, or Ernst Kris’s fresh brains man. In the framework of the
treatment, acting out is a call to interpretation, a sign made to the
analyst, if the latter is paying attention to it.
For Lacan, “acting out is an inroad
into transference. It’s wild transference.”[32] It can happen for someone who is not in analysis, as a false
solution to his desire, but also in analysis, and in this case, it is calling
for a more accurate interpretation with respect to the place of desire.
This leaves political transference,
which would be situated between wild transference and psychoanalytic
transference. Could we say that it is the other side of the one pertaining to
psychoanalysis?
A Sphere
In 1969-1970, Lacan held a seminar
which he originally entitled La psychanalyse à l’envers,[33] at a time when politics took to the streets and where he did not hesitate
to go looking for a new discourse of the master – that of the University,
thrown into question by students in revolt against it as well as against other
institutions that were also under the sway of the master’s discourse.
It was furthermore an important
political moment for psychoanalysis: a moment when Lacan had created his School
and was formalizing his four fundamental discourses.
What is at the heart of these
discourses is the question of the desire to know, in so far as the master does
not wish to know anything and the University only prolongs this ignorance by
stamping knowledge with the mark of an all that governs the production
of units of value. This totalization of knowledge is, according to Lacan,
“immanent in politics as such”.[34] It is part of “the imaginary idea of the whole that is given
by the body, as drawing on the good form of satisfaction, on what, ultimately,
forms a sphere, [and that] has always been used in politics by the party of
political preaching”.[35] Note that this has never been so striking and amplified as
today, with body images, especially those of politicians, filling our screens.
In analytic treatment, if bodies are
present, the image of the body must be so as little as possible, and this is
why, from the moment the transference develops, Freud “no longer addressed the
person […] in his proximity, which is why he refused to work fact to face with
him”.[36] While, in the discourse of the master, the body is produced
as a surplus-enjoyment, in the discourse of the analyst it is reduced to being
a semblant of the object, namely to the silence, voice or gaze that the analyst
lends to the analysand for the time it takes for the latter to grasp what
really causes his desire.
A Truth-knowledge
In the discourse of the analyst,
knowledge, S2, is on his side: “He acquires this knowledge through listening to
his analysand”[37] – it is indeed a knowledge transference – “which at a certain
level can be limited to analytical know-how”.[38] Thus, via this transference, the analyst will approach this
knowledge as truth, that is to say as something that is not a whole and
can only be half-said. This knowledge as truth, as a half-saying, is the very
structure of the interpretation expected from an analyst. This is supposed to
lead to a knowledge to which the analyst makes himself “hostage”, “a knowledge
of which he is prepared, in advance, to be the product of the psychoanalysand’s
cogitations […] insofar as, as this product, he is in the end destined to
become a loss, to be eliminated from the process”.[39] Here we find, ten years on, the extension of the articulation
of the subject supposed to know as a ternary element in the algorithm of
transference, with this additional step of the analyst as a semblant of the
object and as the waste produced by the analytical process.
The knowledge at stake in the
treatment, reduced to a hole, that of the subject’s unconscious, must therefore
be situated as the other side of politics, as politics is taken up in the
discourse of the Master or in that of the University?
A Social Bond
Lacan emphasizes that he did not say
“politics is the unconscious, but quite simply the unconscious is politics”.[40] He formulates this with regard to the logic of the fantasy,
clarifying that what he means by this aphorism is that what binds men together
and what opposes them is precisely part of what he is trying to articulate with
this logic. Lacan then asks why it is better to be accepted rather than
rejected, which is what well-meaning morality might say. Without this logic
proper to fantasy, “slippages can occur, which entail that before noticing that
to be rejected is an essential dimension for the neurotic, it is in any case
necessary that he offer himself [s’offre]”.[41] So, for the neurotic, as for the analyst himself, though of
course not from the same place, this consists with the offer to try to do
something with demand. This is true for transference in analysis, but also in
society, where the psychoanalyst, with the discourse he offers, can create a
demand. It is not the same kind of demand as that of the Other of politics
“under aspects of democracy and the market”.[42] And it is in this sense that one can say, with Lacan, that
“being a psychoanalyst means having a place in society”.[43] In fact, this demand can be called transference and stand out from the
effects of suggestion, not to mention hypnosis, and also from the generalized
identifications produced by other discourses.
Translated by Philip Dravers
[1] Freud, S.,
Breuer J., Studies in Hysteria, SE II, p. 301.
[8] Lacan, J., “The
Direction of the Treatment and the Principles of Its Power”, Écrits, trans. B.
Fink, London & New York, Norton, 2006, p. 503.
[9] Lacan. J.,
The Seminar, Book I: Freud’s Papers on Technique, trans. J. Forrester, London
& New York, Norton, 1988, p. 282.
[18] Lacan, J.,
Seminar XI: The Four Fundamental Concepts of Psychoanalysis, trans. A.
Sheridan, London, Penguin, 1977, p. 124.
[19] Ibid.
[20] Freud, S.,
“The Dynamics of Transference”, SE XII, p. 101.
[21] Cf. Lacan,
J., “The Direction of the Treatment and the Principles of Its Power”, Écrits,
op cit., p. 493.
[22] Lacan, J.,
Seminar XI: The Four Fundamental Concepts of Psychoanalysis, op. cit., p. 131.
[23] Ibid.
[24] Ibid.
[25] Ibid.
[26] Lacan, J.,
Seminar VIII: Transference, trans. B. Fink, Cambridge, Polity, 2015, p. 329.
[27] Cf. Lacan,
J., “The Direction of the Treatment and the Principles of Its Power”, Écrits,
op. cit., p. 493.
[28] Lacan, J.,
“Proposition of the 9th October 1967 on the Psychoanalyst of the
School”, Analysis 6, 1995.
[29] Ibid.
[30] Freud, S.,
“Wild Analysis”, SE XI, pp. 219-27.
[31] Ibid.,
p. 227.
[32] Lacan. J.,
Seminar X: Anxiety, trans. A. Price, Cambridge, Polity, 2014, p. 125.
[33] [TN:
which could be translated either as Psychoanalysis Inside Out, Upside
Down, Backwards or the Wrong Way Around.]
[34] Lacan, J.,
Seminar XVII: The Other Side of Psychoanalysis, trans. R. Grigg, London,
Norton, 2007, p. 31.
[35] Ibid.
[36] Lacan, J.,
“The Direction of the Treatment and the Principles of Its Power”, Écrits, op.
cit., p. 499.
[37] Lacan. J.,
Seminar XVII: The Other Side of Psychoanalysis, op. cit., p. 35.
[38] Ibid.
[39] Ibid.,
p. 38.
[40] Lacan, J.,
Seminar XIV: The Logic of Fantasy, session of 10 May 1967, unpublished.
[41] Ibid.
[42] Miller,
J.-A., from his course, Orientation lacanienne, III, 4, 15 May 2002,
unpublished.
[43] Lacan J., “The Place, Origin and End of My Teaching”, trans. D. Macey,
My Teaching, London, Verso, 2008, p. 49.
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