Autisme : le défi du programme TEACCH
Mesibov Gary R. Autisme : le défi du programme TEACCH, Pro aid Autisme, Paris, 1995
par Maryse Roy
L'auteur a codirigé avec le fondateur Eric Schopler la division TEACCH à l'université de Caroline du Nord. Le programme y est né au sein d'un groupe psychanalytique, mais les fondateurs, considérant que la thérapie psychodynamique n'aidait pas les enfants et favorisait « leurs comportements anormaux », ont opté « pour une hypothèse radicale » selon laquelle l'autisme n'est pas provoqué par une relation pathologique avec les parents mais par une anomalie cérébrale organique inconnue, ce qui les amena à expérimenter de nouvelles stratégies.
Les fondateurs se sont par ailleurs opposés au « principe de normalisation » qui a eu une grande influence dans la mise en place d'un service public dans les années 70-90 aux Etats-Unis. L'auteur critique le fait que le principe était devenu une fin en soi qui ne tenait pas compte « des besoins individuels de chaque personne handicapée ».
La méthode est mise au point pour éduquer les enfants autistes dans le cadre de l'école. Elle s'appuie sur leurs « aptitudes visuelles » et « leur tendance aux routines ». Les renforcements sont utilisés « systématiquement pour en faire des outils efficaces ». Le programme insiste sur la nécessité d'évaluer les déficits et les compétences susceptibles d'amélioration. « Les efforts éducatifs » n'ont pas pour but de « rendre normal » mais de permettre à l'âge adulte l'insertion de « la personne autiste » dans la société en respectant les différences que « l'autisme crée en chaque élève ». Même si le thérapeutique se glisse parfois dans le vocabulaire il est surtout question d'élève et d'enseignement.
En filigrane nous pouvons percevoir une critique de la méthode ABA sans qu'elle ne soit citée. En effet « il ne suffit pas d'apprendre à obéir aux directives de l'enseignant et d'enseigner une palette de comportements » mais d'apprendre à l'élève que « son environnement a du sens » et « qu'une cause produit un effet ». La critique se porte de façon explicite contre la psychanalyse, mais l'auteur déplore que le rejet justifié de l'approche psychanalytique ait eu pour conséquence de compromettre toute approche de soin individuel ou « de groupe productif » nécessaire avec « les personnes autistes de haut niveau ».
Exemple de cette approche : un jeune autiste parle sans arrêt, « sa conversation passe d'idées intéressantes à des faits sans importance ». Ils ont d'abord « réduit ce qu'il a l'autorisation de dire »… mais « le jeune homme ne comprenait pas les discriminations qu'on lui imposait » ; un compromis a été trouvé : ses conversations sont restreintes à des temps limités et à d'autres moments il doit essayer de terminer les interventions dès qu'il dépasse deux phrases ou 25 mots au total !
Le travail d'éducateur des personnes autistes est « de voir le monde par leurs yeux et d'utiliser ce point de vue pour leur apprendre à fonctionner dans notre culture aussi indépendamment que possible ». L'autisme est un handicap définitif, il s'agit par conséquent de « proposer des services complets du premier au dernier jour de leur vie pour assurer la cohérence des stratégies ». Un programme plus doux que ABA mais hégémonique dans son application.
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