Herbert Graf metteur en scène
Inlassable metteur en scène des festivals européens, directeur de la scène du Metropolitan Opera, directeur du Grand Théâtre de Genève, précurseur du broadcast lyrique, Herbert Graf (1903-1973) a puisé son art dans la part jamais fanée des prodiges et des frayeurs de son enfance : le flux des tramways viennois, les chevaux qui s’emballent, les rires, les masques et les costumes, les foules qui se pressent à grand bruit, les instruments qui s’accordent et les langues qui se mêlent. En présentant sa thèse de musicologie en 1925 au Musikwissenschaft Institut de Vienne sous le titre Wagner metteur en scène, il dessinait à vingt trois ans quelques coordonnées essentielles de la mise en scène d’opéra pour le vingtième siècle : un lieu wagnérien, centré par la recherche de l’unité dramatique des différents arts qui composent la mise en scène lyrique, mais tenant compte de la critique de Frédéric Nietzsche ; un lieu magique inspiré par l’art de Max Reinhardt, qui venait en 1922 de créer le festival de Salzbourg, et avait émerveillé ses contemporains, Herbert Graf adolescent en particulier, jusqu’au coeur des années noires de la guerre ; un lieu freudien dans l’espace duquel Herbert Graf a poursuivi et développé de façon passionnée plusieurs des problèmes – la Phantasie, l’affect, les publics –, auxquels il avait été confronté lorsque Sigmund Freud et ses collaborateurs inventaient la psychanalyse avec lui, cet enfant que tous nommaient alors le petit Hans.
S’est réalisée dans l’oeuvre de Herbert Graf une politique artistique réceptive aux technologies du futur, réglée sur le drame subjectif et l’écriture musicale, dont le style et les développements vivent dans l’imaginaire contemporain.François Dachet
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