ECF Messager Courrier de l’Envers de Paris pour octobre 2010 « Edition spéciale »
Editorial de Marie-Claude Sureau
Editorial de Marie-Claude Sureau
« Guérir avec la psychanalyse, « Je viens pour ça », ce qu’on demande à un psychanalyste n’est pas toujours ce qu’on désire », tel est le titre des 40èmes Journées d’automne de l’ECF, qui vont se tenir à Paris, les 9 et 10 octobre, au Palais des Congrès. C’est très bientôt !
Bien sûr, les membres de l’Envers de Paris sont impatients de se rendre à ces 40èmes Journées..
Mais auparavant, ils sont invités à se retrouver dès ce lundi 4 octobre 2010 à 21h15, au 31 rue de Navarin, pour une conversation avec Laure Naveau. Notre invitée, à propos du thème de ces journées commentera quelques unes des propositions publiées dans le Point du Jour.
Nous aimerions y préciser en quoi la psychanalyse d’orientation lacanienne n’est pas une simple réponse thérapeutique à une demande de guérison.
J-A Miller l’indique dans le texte de présentation de ces journées : « Quand le souci thérapeutique domine, on ajourne ce qu’a de radical l’opération analytique et cela conduit à faire des impasses : ne pas donner l’interprétation qui, à ce moment-là serait trop dure à entendre, ou conduirait le sujet à fuir ce qui serait ainsi révélé, ou encore à amadouer le tranchant des choses pour qu’il reste cadré dans le procédé. Donc pas trop vite, pas trop fort. Une affaire de dosage.»
Cette affaire de dosage, qui parfois se calcule dans les contrôles des cures que dirigent les psychanalystes, qu’en faisons-nous ici ? Ainsi, quelques exemples cliniques seront évoqués. J’ai reçu trois patientes qui venaient parce que, brusquement, elles avaient été quittées. Pour la première, au « Je me suis fait larguer, c’est pour cela que je viens », suivra dans l’entretien une deuxième proposition qui éclaire la première : « Je viens car j’ai été violente avec lui, avec mon bébé dans les bras. Je ne me contrôle pas, c’est cela qui m’amène, cela ne peut plus durer ». Un désir de savoir d’où vient cette violence surprend le sujet, suivi de l’évocation de l’enfance, avec une mère seule face à l’éducation de ses enfants, la séparation des parents alors qu’elle est très jeune, etc..
Pour l’autre, son ami venait de partir après quelques mois de rencontre passionnée. Il lui a juste dit un matin « c’est fini, je ne sais pas pourquoi mais je ne t’aime plus, je pars ». Ce départ brusque, sans alerte, lui rappelle, après quelques séances, la mort de son père par infarctus. Elle était adolescente et seule avec lui. Il est mort une nuit, elle a entendu le bruit d’un souffle coupé, mais elle n’y a pas prêté attention. Elle a maintenant des crises d’étouffement, lorsque les choses ne vont pas comme elle veut. C’est donc peu à peu un lent travail autour de son insatisfaction avec les hommes et son amour pour son père qui commence à se déployer. C’est aussi sa colère contre sa mère et sa sœur, qui ont tout fait depuis la mort du père pour se passer de lui, comme si tout allait bien.
Pour la dernière, le départ d’un mari avec lequel elle a eu deux enfants, est la cause de sa demande. La vie était plus difficile entre eux depuis la mort de son père. Son mari n’a pas supporté un moment un peu dépressif de sa part. Il est parti avec une autre femme, une de ses amies. Le ravage de ce départ la laisse anéantie. Elle repère son exigence avec lui, ne supportant aucune faiblesse. Le divorce de ses parents, l’insatisfaction de sa mère avec son père et avec l’homme avec lequel elle vit, lui apparaissent. C’est sa difficulté à faire sans ce mari qu’elle a beaucoup aimé et qui lui manque et qui se sent maintenant persécuté par elle. Elle fait un rêve dans lequel elle aperçoit la première dame de France avec une dent en moins et un homme marqué par l’absence d’organe pénien, les associations l’amèneront à la question du manque, manque qu’elle a toujours tenté de mettre du côté du partenaire, elle-même première dame et mère comblée par ses enfants.
Bien sûr, les membres de l’Envers de Paris sont impatients de se rendre à ces 40èmes Journées..
Mais auparavant, ils sont invités à se retrouver dès ce lundi 4 octobre 2010 à 21h15, au 31 rue de Navarin, pour une conversation avec Laure Naveau. Notre invitée, à propos du thème de ces journées commentera quelques unes des propositions publiées dans le Point du Jour.
Nous aimerions y préciser en quoi la psychanalyse d’orientation lacanienne n’est pas une simple réponse thérapeutique à une demande de guérison.
J-A Miller l’indique dans le texte de présentation de ces journées : « Quand le souci thérapeutique domine, on ajourne ce qu’a de radical l’opération analytique et cela conduit à faire des impasses : ne pas donner l’interprétation qui, à ce moment-là serait trop dure à entendre, ou conduirait le sujet à fuir ce qui serait ainsi révélé, ou encore à amadouer le tranchant des choses pour qu’il reste cadré dans le procédé. Donc pas trop vite, pas trop fort. Une affaire de dosage.»
Cette affaire de dosage, qui parfois se calcule dans les contrôles des cures que dirigent les psychanalystes, qu’en faisons-nous ici ? Ainsi, quelques exemples cliniques seront évoqués. J’ai reçu trois patientes qui venaient parce que, brusquement, elles avaient été quittées. Pour la première, au « Je me suis fait larguer, c’est pour cela que je viens », suivra dans l’entretien une deuxième proposition qui éclaire la première : « Je viens car j’ai été violente avec lui, avec mon bébé dans les bras. Je ne me contrôle pas, c’est cela qui m’amène, cela ne peut plus durer ». Un désir de savoir d’où vient cette violence surprend le sujet, suivi de l’évocation de l’enfance, avec une mère seule face à l’éducation de ses enfants, la séparation des parents alors qu’elle est très jeune, etc..
Pour l’autre, son ami venait de partir après quelques mois de rencontre passionnée. Il lui a juste dit un matin « c’est fini, je ne sais pas pourquoi mais je ne t’aime plus, je pars ». Ce départ brusque, sans alerte, lui rappelle, après quelques séances, la mort de son père par infarctus. Elle était adolescente et seule avec lui. Il est mort une nuit, elle a entendu le bruit d’un souffle coupé, mais elle n’y a pas prêté attention. Elle a maintenant des crises d’étouffement, lorsque les choses ne vont pas comme elle veut. C’est donc peu à peu un lent travail autour de son insatisfaction avec les hommes et son amour pour son père qui commence à se déployer. C’est aussi sa colère contre sa mère et sa sœur, qui ont tout fait depuis la mort du père pour se passer de lui, comme si tout allait bien.
Pour la dernière, le départ d’un mari avec lequel elle a eu deux enfants, est la cause de sa demande. La vie était plus difficile entre eux depuis la mort de son père. Son mari n’a pas supporté un moment un peu dépressif de sa part. Il est parti avec une autre femme, une de ses amies. Le ravage de ce départ la laisse anéantie. Elle repère son exigence avec lui, ne supportant aucune faiblesse. Le divorce de ses parents, l’insatisfaction de sa mère avec son père et avec l’homme avec lequel elle vit, lui apparaissent. C’est sa difficulté à faire sans ce mari qu’elle a beaucoup aimé et qui lui manque et qui se sent maintenant persécuté par elle. Elle fait un rêve dans lequel elle aperçoit la première dame de France avec une dent en moins et un homme marqué par l’absence d’organe pénien, les associations l’amèneront à la question du manque, manque qu’elle a toujours tenté de mettre du côté du partenaire, elle-même première dame et mère comblée par ses enfants.
Voilà donc trois « Je viens pour ça » presque identiques au départ, mais dont les coordonnées sont à chaque fois très différentes, et pour lesquelles un remaniement subjectif est à l’œuvre.
Le « ça » de départ va peu à peu s’habiller de toute une chaîne signifiante, des objets de jouissance propre à chacune, la question va aussi se poser : Est-ce que je continue à venir si vous ne me donnez pas ce que je demande ? Si je vais toujours aussi mal ? Si le désir de savoir un bout de l’inconscient est moins important que le n’en rien vouloir savoir ?
Ces questions concernent le transfert, la mise en place d’un sujet supposé savoir suffisamment puissant pour aller au-delà d’une absence de réponse à la demande initiale.
Ces « Dits de divan » résonnent avec le joli titre du livre de Valérie Blanco, qui vient de sortir aux éditions de l’Harmattan, et que je vous recommande. À mettre entre les mains des jeunes analysants qui voudraient en savoir un peu plus sur ce qu’est la psychanalyse…
Nous vous attendons lundi prochain 4 octobre à 21h15, 31 rue de Navarin
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