5 de junho de 2010

Le feuilleton n°58

n° 58



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les ateliers du ri3


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danielroy@wanadoo.fr ; herve.damase@orange.fr


Modérateur : Jean-Robert Rabanel



La satisfaction de créer un objet


Benoît Arrial, Christophe Balguerie - itep de La Turmelière à Liré (49)




Max participe régulièrement et avec enthousiasme à l'atelier bois que nous animons pour les enfants du groupe des petits. Cependant, sa présence y est marquée par le rapport qu'il entretient avec un objet particulier, la clef. À chaque séance, Max exige d'ouvrir et de fermer lui-même les portes de l'atelier. C'est une exigence qui paraît conditionner sa participation. Pendant tout le déroulement de l'atelier, il ne cesse de réclamer la clef.



Une excitation sans limite


Dans un premier temps, il a été répondu positivement à sa demande de prendre la clef, allant même jusqu'à la disposer à portée de main, sur une étagère, sur une étagère, dans l'intention de le rassurer. Les effets, qui ne tardèrent pas à se manifester, se révélèrent désastreux. C'est devenu pour lui une véritable obsession, aux limites de la persécution : prendre la clef, ouvrir et fermer les portes, s'enfermer, nous enfermer… Rien n'avait plus de limite pour lui. Il était devenu le maître des lieux. Avoir la clef à sa disposition l'enfermait dans une jouissance toute, au point de remettre en cause l'existence même de l'atelier.



Remise en question de la clef


L'affaire de la clef est devenue une question clinique, qu'il s'agissait de traiter dans l'atelier bois. Comment sortir de cette impasse et alléger ce qui était devenu une fixation pour Max ? Nous étions nous-mêmes à la recherche d'une clef pour sortir de cette impasse. L'idée est alors venue d'inscrire l'usage de la clef dans le cadre d'un règlement régi par le Directeur, sous la forme de cet énoncé : « Monsieur le Directeur ne veut pas que je prête la clef aux enfants », sous-entendant : « Je n'en fais pas ce que j'en veux, je ne suis pas tout puissant, je suis soumis moi aussi au règlement édicté par le Directeur. » L'effet a été immédiat. La revendication de la clé a aussitôt cessé, n'étant plus dès lors une préoccupation constante, envahissante, pour Max. L'introduction de la règle, par la figure du Directeur brillant par son absence, a permis que s'ordonne un tant soit peu son monde : lui, l'adulte, l'objet du désir, la Loi. Certes, la question de la clef est toujours présente, mais elle a pris une nouvelle forme. On ne renonce pas sans une certaine contrepartie à l'objet de sa jouissance.



La solution de Max


La séance suivante, Max, qui vient de terminer sa voiture en bois, est en panne de réalisation. À la question : « Qu'est-ce que tu veux faire aujourd'hui ? », il répond sans coup férir : « Une grande clef. »


L'atelier bois aura permis à Max, au moins pour un temps, de passer de la clef réelle à la clef imaginaire. Le pouvoir ravageur que lui procurait la clef réelle s'est déplacé dans la grandeur physique qui caractérise la clef en bois. Max est parvenu à sublimer une part de sa jouissance en excès, en satisfaction de créer un objet qui le représente et qu'il s'est empressé de montrer à son éducatrice.


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