8 de setembro de 2009

[forumpsy] Le Journal des Journées n°5

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JOURNAL DES JOURNéES

N° 05

le lundi 7 septembre 2009 (2)

Communiqué du directoire

Le Directoire se réjouit de communiquer aux membres de l’Ecole, aux membres des ACF, ainsi qu’à ses amis, que l’ECF vient de se voir reconnaître par l’ONU la qualité d’organisation non gouvernementale, et qu’elle figure désormais sur la liste officielle des ONG accréditées comme « interlocutrices » auprès des instances de la célèbre organisation internationale.

La nouvelle a été annoncée par téléphone à notre collègue Julia Richards, chargée par le Directoire de promouvoir la candidature de l’Ecole ; une confirmation écrite devrait nous parvenir avant la fin de l’année.

L’ECF a le statut d’organisation spéciale consultante. L’ONU pourra faire appel à elle dans son domaine de compétence, la psychanalyse. L’Ecole est tenue, en retour, de faire parvenir tous les quatre ans un rapport sur ses activités, au Département des affaires économiques et sociales de l’ONU.

Il appartiendra au prochain Directoire de déterminer les propositions d’action spécifique que l’Ecole pourra soumettre aux autorités compétentes de l’organisation internationale.

Paris, le 7 septembre 2009

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Philippe La Sagna : Le rêve des animaux-sinthomes

Theodor Reik, psychanalyste surpris, souligne que l’inconscient surprend le sujet en opérant comme le mot d’esprit par une levée de la répression et des inhibitions.

C’est en lisant Reik, et le numéro 279 de la Lettre mensuelle consacré aux Journées de Novembre, que je me suis endormi…

Pour continuer à réfléchir à la question, j’ai fait le rêve suivant : « La scène est en Italie, une place ensoleillée, Sienne ou, évidemment, Orvieto. Il y a sur cette place de jeunes animaux de taille adulte, tous curieux d’une façon ou d’une autre, ils ont un petit air de peluche, un petit air unheimlich aussi. Il y a un lion, une hyène, un grand vautour blanc, et un curieux singe albinos. Ces deux derniers animaux baignent dans leur déjection ou dans un liquide qui évoque aussi le méconium (la naissance, les enveloppes ?). Je suis frappé de la façon dont les habitants de la ville, qui ont l’air de grands pères bienveillants, les accueillent et les soignent »,.

C’est l’aspect étrange du singe (synge ?) albinos qui me réveille.

Il m’évoque un musicien de jazz et, de là, je pense aussitôt à la musique, au Carnaval des animaux de Saint-Saens. A la musique, et aussi au fait que le musicien avait censuré cette pièce jusqu’à sa mort. Il voulait faire rire, et n’avait pas été compris. De ce « saint sens », je passe en associant à sin-thome, c'est-à-dire à l’inverse du sens ; ces animaux étranges sont singuliers comme des sinthomes et ils sont aussi englués dans quelque chose qui m’évoque l’objet a, et aussi « l’humeur malsaine » qu’évoque Lacan.

Comment opérer, en effet, cette séparation de l’objet a et du sinthome, que ce rêve nous montre conjoints, pour un analyste ? Comment l’opérer pour lui et avec les autres ? C’est une question surtout dans la mesure où les analysants vont devoir se servir de l’analyste comme support de leur opération de transfert.

Cette opération place du coté de l’analyste le poids de l’objet a, poids qui peut venir dévier le chemin de l’analyste. Cette opération du transfert de l’objet explique l’allègement que créé le transfert pour l’analysant et aussi l’inertie à quoi l’analyste se doit d’échapper, non par la technique, mais par le désir. Le désir qui est là, plus qu’ailleurs, son interprétation. Ces animaux du rêve sont donc des sinthomes qui ne parlent pas, et s’occupent à se désengluer. Et ces grands-pères sont des images, sans doute, de mon Ego de jeune grand-père occupé à prendre soin (trop de soins, soit de souci thérapeutique ?) pour les soulager de leur détresse !

Cet « essaim » de jeunes animaux contraste ici avec le « saint sens » dont ils peuvent s’engluer. Comme moi en prenant parfois ce sens pour le miel ? Mais aussi bien ces « bêtes » (ces bêtises ?) figurent le lien unheimlich qui existe entre symbole et réel. La question de ce rêve est aussi celle de savoir ce qu’il faut supporter du sens, et du jouis-sens de l’objet, et comment opérer pour y faire obstacle sans couper trop tôt le fil des fantasmes et celui du transfert ? Pour enfin permettre une séparation de l’objet et du sinthome, séparation qui, comme la passe, est toujours recommencée. Non pas à recommencer, comme on dirait à refaire mais, en elle-même, re-commencement et non plus répétition. Ces animaux du rêve sont des sinthomes mais ils ne sont pas sans lien aussi avec les noms, les noms de la création, les noms-du-père, ils sont la figure donc d’un paradis ironique.

A y réfléchir mieux, le singe Gibbon était peut-être aussi un paresseux, qui m’a réveillé d’un geste lent (de ma paresse ?). Et le vautour est sans doute ici une allusion à Léonard de Vinci, et à la toujours tentante sublimation. La sublimation qui tend justement à cette confusion du sinthome comme réel et de l’objet plus-de-jouir. L’objet plus de jouir est en effet déjà toujours, comme l’art et l’artifice, trop socialisé à la différence su sinthome qui troue les effets de groupe.

Dans une phrase ajoutée par Francis Blanche sur un vieux disque du Carnaval des animaux, il est dit à propos de l’âne : « L’âne s’est mis un bonnet d’homme ! » Il ne lui reste plus maintenant qu’à mettre à la place celui du sinthome !

Finissons par Theodor Reik, qui illustre par une historiette l’intuition requise pour l’analyste surpris.

C’est une histoire du sud des Etats -Unis. Un cheval s’est perdu, et personne ne le trouve. On demande à un vieil homme noir s’il ne l’aurait pas vu. Celui-ci dit qu’il sait où le cheval se trouve, et il y amène aussitôt la foule. Interrogé par les gens pour savoir comment il a fait pour le trouver, le vieil homme dit qu’il s’est posé la question : « Si tu étais un cheval, où voudrais-tu aller ? ».

Peut-être est-ce là une façon de savoir où nous conduit le sinthome : s’dentifier à lui en partant de nos rêves, entrecoupés de trop brefs réveils….

Agnès aflalo : Remarques sur le thème

Faire une analyse. La condition pour devenir analyste est de faire une psychanalyse. Il faut pour cela rencontrer un psychanalyste. Or, Le psychanalyste n’existe pas. Ce qui existe, c’est un acte dont seuls les effets d’après-coup pourront légitimer qu’on dise qu’il y a eu analyse. La question « comment on devient analyste ? » se décline donc en différentes questions, dont celle du témoignage exposé, qui permet de vérifier la pertinence de la décision de fonctionner comme psychanalyste. Lacan a formalisé une fin logique de l’expérience qui passe par le témoignage de passe devant un jury restreint. Le thème des Journées que vous avez choisi appelle un témoignage pas si éloigné de la passe, puisqu’il s’agit d’exposer son propre parcours, et la décision prise d’occuper la place de variable dans la fonction de psychanalyste. Il y a de quoi relancer l’expérience, si les témoignages sont effectivement sériés dans leur diversité.

Le fait. Le moment de l’installation précède souvent le moment logique de la fin de l’expérience. C’est un fait l’analyste ne s’autorise que de lui-même, mais, aussi de quelques autres et c’est aussi un fait dans une École de Lacan.

Ne jamais cesser de mettre au travail le paradoxe. Il faut un psychanalyste pour faire exister l’inconscient. Et pas de psychanalyse sans analyste. Faire exister l’inconscient dépend de l’acte analytique.

La mise au point du désir dans l’analyse. On devient analyste parce qu’on le désire. Ce désir peut dater d’avant l’analyse - à l’adolescence, si, comme ce fut mon cas, la lecture de Freud fait événement. Mais ça ne suffit pas. Ce désir se décide par hasard au décours de l’analyse. Il s’impose comme l’alternative d’un choix forcé (les seuls qui comptent) : « ça, ou rien d’autre ». On devient analyste pour autant qu’on est habité par le désir que la psychanalyse ne disparaisse pas avec nous-mêmes - lorsqu’on décide que l’expérience subjective de l’analyse est tellement inouïe, qu’elle vaut la peine d’être transmise à d’autres.

Tirer les conséquences radicales de ce que l’Autre n’existe pas - mais pas moyen de faire une analyse sans la présence réelle de celui qui se voue à faire l’analyste. La psychanalyse et les psychanalystes, ça fait deux, mais pas moyen de faire exister le DA sans psychanalyste.

Ce qui fait chacun analyste, c’est, in fine, un avatar du symptôme - si la décision est prise que c’est assez de déchiffrer le vouloir-dire du symptôme, et que ce qui reste de vouloir jouir est assez évidé pour loger la plainte d’un autre. Autrement dit, décider de se faire le partenaire d’un autre sinthome que le sien, pour que s’accomplisse le trajet qui va d’un Autre à l’(a)utre.

Devenir analyste et le rester : relancer le pari éthique. Ça dépend de l’acte pour chaque patient, et à chaque séance. Ça comporte de réinventer l’analyse avec chacun, afin que les effets de vérité déchaînés par l’acte puissent se construire en un savoir singulier qui atteigne le réel du symptôme. Ça comporte des contrôles, et la reprise de tranche d’analyse, lorsque les restes actifs de symptôme le nécessitent.

Ne pas cesser de croire à l’inconscient, et de se faire responsable du symptôme. C’est savoir que le réel de l’inconscient ne cesse jamais d’engendrer sa propre méconnaissance. C’est vrai avant, pendant et après l’analyse. On devient analyste lorsqu’on consent à l’ascèse prescrite par la cause analytique, qui prescrit de défaire cette méconnaissance engendrée par le réel, et donc de n’être jamais quitte. C’est faire sa place à l’inconscient post-analytique, et pas seulement pour reprendre une tranche, mais aussi interpréter d’autres formations de l’inconscient, si c’est nécessaire, comme le fait d’analyser la logique d’un acte manqué.

À l’École de Lacan. Devenir analyste dans une École de Lacan, c’est décider de se faire responsable avec d’autre de la transmission du DA. ça comporte d’en passer par l’enseignement de Freud, de Lacan, sans fétichiser leurs concepts. Lorsque la Chose analytique ne vous laisse plus en paix, et qu’il est décidé d’en faire sa cause, et qu’elle pousse à réinventer la psychanalyse, mais pas sans une série d’autres qui ont pris la même décision, et pour des raisons communes.

La question est d’actualité, puisqu’il s’en est fallu de peu que le discours analytique ne disparaisse. Or, pour que la question puisse continuer de se poser, il est nécessaire que la psychanalyse ne soit pas décrétée hors la loi par le maître qui nous gouverne. On devient analyste quand on a l’idée que le psychanalyste est responsable de faire exister le discours analytique. Cela comporte d’analyser le malaise contemporain .

Les Journées 38 ont lieu les 7 et 8 novembre prochains à Paris, au Palais des Congrès

ECF 1 rue huysmans paris 6è Tél. + 33 (0) 1 45 49 02 68

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